Valérie Pécresse amorce le processus d'autonomie des universités d'un pas serein, du côté ministériel, comme de celui des facultés. Sur BFM, la ministre affirmait sa confiance : « Il n'y a pas eu du tout d'hésitation à s'engager dans la voie de l'autonomie, les perturbations de novembre n'ont pas du tout ralenti le mouvement. »
Voilà 6 mois que le texte de loi a été promulgué et déjà on perçoit çà et là que des modifications se dessinent. Sur les 85 établissements que compte le pays, quasiment toutes ont déjà opté pour des conseils d'administration de 30 membres (plafond légal), un rétrécissement malgré une tentative d'ouverture la plus vaste possible.
Pour une dizaine d'entre elles, les trois conseils constituant la faculté (scientifique, d'administration, des études) ont connu une réélection. Pour certaines, les présidents même ont été changés.
Le Grand Capital dans les universités
Mais ce qui fut tant redouté par les syndicats d'étudiants est pourtant arrivé : l'ouverture vers extérieur des campus, et tout particulièrement le pied qu'y posent les entreprises, qu'elles soient grandes, PME ou PMI.
Dans chacune, un intervenant professionnel participera donc au Conseil Administratif. Pour certains, les relations étaient déjà établies, de sorte que l'on ne découvre pas son interlocuteur professionnel. Il s'agit de partager avant tout « une vision stratégique de l'université ».
Fundraising ou collecte de fonds
Dans un autre domaine, cette loi donne la possibilité de mettre au point des fondations, récoltant des fonds d'origine privée. Une évidente rivalité se profile donc, entre universités et écoles privées, mais pour le plus grand bénéfice des étudiants ?
Car ce modèle anglo-saxon ne manque pas d'inquiéter. Si outre-Manche, comme outre-Atlantique, les sommes brassées impressionnent, en France des problématiques juridiques, autant qu'éthiques jaillissent de toutes parts. L'enfant d'un riche donateur pourra-t-il être renvoyé pour des résultats catastrophiques ou une attitude déplorable, sans risque de voir la manne financière se tarir ?
Uni ou multiversités ?
Le Fundraising, ou collecte de fonds, qui est en anglais dans le texte, sur toutes les bouches se heurtera sans doute à la nécessaire mutation des mentalités. De même, bien que plusieurs universités accueillent des entreprises, en particulier pour des masters « professionnalisant », ce nouveau rapport à l'enseignement supérieur va bouleverser la fac.
À n'en point douter, une période de véritable mutation est en route, dans laquelle on s'interroge sur le sort des facs de lettres, ou de toute autre matière réputée comme peu rentable. Pourtant, un professeur de lettres américain avait perçu un salaire colossal, pour enseigner l'écriture à ses étudiants.
La date du 11 août 2008 aura le rôle de butoir, pour tous les retardataires qui n'ont pas encore commencé à franchir le pas.