Sam Taplin, Fabiano Fiorin

Dans la Pharmacie du Lion où officie son père, un jeune garçon sent monter en lui le besoin de maitriser ces substances dont il observe la manipulation précautionneuse et de délivrer aux clients les décoctions qui leur ont été prescrites et qu’ils viennent chercher.

Entre les enseignements préliminaires de son père (« tu travailleras comme apprenti les soirs, les dimanches et le jours fériés »), le latin et l’arithmétique qu’il continue à apprendre à l’école (« …tu feras de ton mieux pour suivre les cours »), la douce présence de sa mère (« l’étoile (…) n’est pas une étoile mais la planète Vénus"), le jeune garçon trouve encore force et patience pour s’occuper de ses neuf frères et sœurs qu’il entoure d’attention et de son affection tout en déployant des trésors de subtilité pour leur apprendre à parler.

Les parents disparus, c’est lui qui va prendre la relève à la pharmacie tout en conservant près de lui ses frères et sœurs qu’il occupe comme assistants à ses côtés.

Des assistants que n’attirent que certains côtés bien particuliers du métier de pharmacien…

La composition de ce roman est obsédante : écrit par tout petits paragraphes de quelques lignes seulement, il laisse en suspens tout ce qui peut se passer entre deux et oblige le lecteur à faire preuve d’une immense imagination pour arriver à combler les vides délibérément laissés.

Tout est esquissé, commencé, entamé. Rien n’est jamais véritablement terminé, complété, mené à son issue finale.

Et pourtant, la ligne discontinue est suffisamment visible et marquée pour ne pas être perdue dans cette narration à la fois hachée et ininterrompue.

Le fil rouge, c’est le sentiment de responsabilité du grand frère à l’égard de la fratrie né quand, étant le plus âgé, c’est lui qui devait montrer le chemin. Mais ce sentiment se transforme rapidement en contrôle obsessionnel interdisant aux cadets et cadettes toute initiative, toute prise de liberté, tout éloignement, toute tentative pour échapper à la dépendance.

Rien, en dehors de son travail, déterminant et obsessionnel aussi, ne peut détacher l’ainé du rôle qui lui a été abandonné par ses parents : être le guide. Et il fait souvent penser à la cane qui mène ses petits canetons derrière elle, sans les quitter d’un œil, avec attention et fermeté, avec maternité et intransigeance. Mais, lui, ne laisse aucun de ses frères et sœurs prendre ni le large, ni sa liberté. Ne s’accordant à lui-même aucune liberté, aucune déviation en dehors du chemin tracé, dès l’origine, par le « Code Pharmaceutique ».

Ses sentiments sont complètement écrasés par ses principes, ses responsabilités. Il ne laissera jamais les premiers prendre le pas sur les seconds.

Jusqu’à la dernière page, le roman de est une surprise. Agréable et fine. Même si la rigueur, la raideur même du grand frère est parfois incompréhensible voire dérangeante.

Premier volet d'un triptyque, le livre de , écrivain et dramaturge, couronné par l'équivalent du prix du Livre Inter en Suède, a de quoi surprendre par sa tonalité et son écriture mais saura séduire le lecteur sensible et ouvert, nostalgique des vieilles officines, des histoires simples de famille, attaché à la poésie des mots, au mystère et au rythme scandé du récit, charmé d'être désorienté (mais sans jamais se perdre) avec élégance et en douceur, balancé entre légèreté et gravité, amusé et ému. Rarement indifférent.

L'histoire se passe à Lund, dans le sud de la Suède, à une époque indéterminée mais d'un autre temps, de celle où "odeurs de vert-de-gris cristallisé, de sucre de plomb, d'acide acétique, de tanin, d'acide nitrique, d'acide saccarique, de lanoline, d'amadou, de graisse de porc fondue, de blanc d'œuf, d'alun de plume, d'huile de ricin et de liqueur d'ammoniaque" se mélangent et imprègnent l'apothicairerie.

Jens, le narrateur et fils aîné d'une fratrie de dix frères et sœurs, souhaite, à l'instar de ses parents, devenir pharmacien. Commence alors son apprentissage, entre école et officine, formules latines et code pharmaceutique, préparation de potions et d'élixirs, gardes de nuit et surveillance bienveillante de ses frères et sœurs, occupés à disparaître.

Dans une ambiance presque irréelle, très sensitive, Jens se construit, possède bientôt le savoir-faire ancestral de la pharmacie du Lion et peut alors succéder à ses parents qui meurent rapidement et enseigner ensuite à ses frères et sœurs les principes du métier. Mais moins habiles et moins rigoureux, ils détournent rapidement les préparations pharmaceutiques vers des usages moins vertueux…

Au-delà de l'histoire insolite, pleine de fantaisie et desubtilité mais parfois féroce, portée par des couleurs délicieusement surannées, se dessine un personnage assez cynique et fascinant, d'un pragmatisme si excessif qu'il en devient absurde et déconcertant.

Mais le ton léger et poétique ne transforme jamais le récit en comédie noire ; sa construction originale et claire, ses phrases concises et ses dialogues souvent communs en apparence, maintiennent en effet, une tonalité détachée et contenue, sans excès dramatique, proche de l'ordinaire.

Et là où le livre déborde et respire vraiment, se pare d'effets et décuple les sensations, c'est dans la description de la pharmacie, dans la multiplicité et la précision des odeurs, si évocatrices  qu'elles   prennent d'emblée le contrôle de la lecture et ne viennent l'interrompre qu'à la dernière page.

"Les odeurs d'anis étoilé, de bois jamaïcain, de pomme de chêne, de gomme-gutte, de gingembre etde saindoux […] Les odeurs d'huile américaine, de phénol, de gypse, de craie, de poudre blanchissante, de mousse irlandaise et abracadabra."

Ainsi, malgré la multiplicité des traducteurs (15 au total !), le livre  a su conserver une fluidité et une grâce ;  se hume autant qu'il se lit.

Sam est une sorcière. Elle a deux cent douze ans mais c'est encore une petite fille. Sam n'a ni balai (pour quoi faire?), ni chapeau pointu (ça donne une tête vraiment naze). Mais la petite sorcière a un chat. Pas un vrai, elle est allergique. Son chat est juste l'ombre d'un chat, une «découpule» (une silhouette découpée dans la peau de nuit). La vie avec un chat est plutôt chouette mais Sam voudrait avoir une sœur. Alors elle s'en crée une! Mais, raté, la silhouette est mal coupée. Il faut dire qu'il est difficile de découper des couettes sans s'énerver. Bref, cette première petite sœur est une peste. La deuxième est parfaite: c'est la réplique parfaite de Sam et elle s'appelle «Sa». L'autre sœur ne fait que des bêtises et décide de s'appeler «ça». Comment faire pour discipliner ça et être enfin heureuse avec Sa?

Les découpules de nuit sont très bien faites: on a vraiment l'impression de voir des morceaux de nuit devenus tissus. Leur bleu profond parsemé d'étoiles entre parfaitement en harmonie avec les autres matières et couleurs utilisées: rouge, jaune, violet, vert, rose; collages, peintures, photographies, techniques numériques... Chaque double page met en opposition les tonalités et joue avec les différences: de quoi donner envie d'observer les pages pendant longtemps! En plus, l'histoire est racontée avec beaucoup d'humour et Sam ressemble vraiment à une petite fille comme les autres (un peu sorcière, certes). , de Jérôme Noirez est un album dynamique et haut en couleurs qu'on ne se lassera pas de relire!

Comment l’amour inconditionnel d’un chien peut sauver un jeune homme de la dérive.

Mathieu est un jeune homme qui vit dans la rue. Il survit tant bien que mal avec Sam, sa chienne pitbull qui est tout pour lui. Son ancrage, son lien aux autres, son dernier repère lié à son passé.

« Notre première nuit dehors, le centre-ville était si désert qu’on aurait dit que mes pleurs résonnaient dans tout Montréal, qu’ils rebondissaient d’immeuble en immeuble, de portes barrées en fenêtres fermées… p’têt’ jusqu’à elle. 

Sam m’a donné sa patte et elle m’a regardé. Dans le noir, je voyais juste ses yeux orange qui reflétaient la lumière d’un lampadaire…

J’ai reniflé un bon coup. Trop. J’ai failli vomir. Sam s’est couché à côté de moi. La lumière s’est éteinte. C’est ça notre vie, maintenant. Arrête de pleurer et dors. Je suis là, ça va bien aller. » 

Un jour, comme à son habitude, il l’attache à un banc pour s’acheter à manger, quand il ressort de la boutique, il découvre qu’elle a disparu.

Commence alors une quête effrénée pour tenter de la retrouver. Et peu à peu nous en apprenons plus sur le passé de Mathieu, sur sa vie d’avant. 

Jeune garçon trop sensible étouffé par une mère manipulatrice et un père édulcoré, adolescent amoureux fou d’une jeune fille qui ne rêve que d’ailleurs. 

Ce livre est bouleversant d’humanité, de sensibilité, d’amour, mais aussi bouleversant d’horreur face à ce que vit Mathieu.

Difficile de parler de tout sans trop dévoiler l’intrigue tirée d’une histoire vécue. 

L’histoire vraie et terrible d’un jeune homme trop sensible qui a tout perdu, ou presque…

Par Céline, Furet du Nord Beauvais 

             

Difficile de faire plus efficace que le premier tome de « Lucifer Sam » en matière de thriller satanique : deux pages suffisent à intriguer le lecteur, les suivantes le happent dans un tourbillon qui s'accélère puis le laisse, aux abois, à la fin du premier tome. L'éditeur en annonce trois. Il va falloir s'armer de patience pour tenir le coup après cette mise en bouche haletante.

Syd Frazier est fils d'une romancière à succès américaine, auteure d'une série de romans satanistes vendus à plusieurs millions d'exemplaires. Syd a tout juste dix-huit lorsque sa mère lui offre un voyage à Paris, clef en main. L'avion, la tour Eiffel... comme si cela ne suffisait pas, voilà que le gaillard rencontre à l'aéroport Sylvie, un top modèle qu'il connaît par le calendrier Pirelli et qui se révèle être fan... des romans sataniques de Liz Frazier. Elle prend carrément la liberté de venir s'asseoir à côté de Syd, dans l'avion qui les transporte vers la France. Trop beau pour être vrai ? Bien entendu, le rêve ne va pas tarder à se transformer en cauchemar. 

Michelangelo La Neve a peaufiné un scénario diabolique, où les événements s'enchaînent implacablement et les horribles retournements de situation entraînent petit à petit son héros vers... l'enfer. L'auteur n'hésite pas à faire appel aux animaux pour appuyer sa cause. Les lecteurs se souviendront longtemps d'une meute de dobermans déchaînés, et bien plus encore des chats qui passent la porte de la cellule où le héros se retrouve enfermé.

Étonnamment, c'est à la fin de la lecture que j'ai découvert que l'album était traduit de l'italien. Je ne l'avais pas du tout pressenti au cours de la lecture. Bravo à Hélène Dauniol-Remaud, la traductrice, qui a accompli un travail remarquable. Le texte français est d'un naturel parfait.

Au dessin, Marco Nizzoli a choisi une représentation très réaliste et glacée, qui tranche avec la fièvre de l'histoire. Les personnages semblent un peu raides, parfois trop figés ou impassibles. Il parvient pourtant à se déchaîner dans quelques scènes d'action.

C'est la colorisation de l'album – signée par le custom Art Studio Chenxin – qui est la plus inégale. Certaines planches sont très réussies, brûlant d'une ardeur quasi maléfique, tandis que d'autres, trop ternes viennent alourdir le trait déjà raide de Nizzoli.

Ces petits défauts ne suffisent pas à entamer l'efficacité du récit : on reste scotché par la noirceur qui s'empare de l'histoire et par la machination redoutable dans laquelle le héros semble avoir mis le pied bien malgré lui... depuis très très longtemps. Vivement la parution du tome 2 pour qu'on entrouvre un peu plus les portes de l'enfer !

Bébé blaireau et renardeau découvrent ce qu'est l'amitié et à quel point il est bon d'avoir des amis. L'éléphanteau comprend grâce à sa maman que le petit éléphant qui lui ressemble tant au fond du lac n'est autre que son reflet. Le petit agneau ne sait pas encore ce qu'est le printemps, mais il n'a pas envie de le voir arriver : c'est si drôle de jouer dans la neige ! Lapinou apprend que les mots permettent de tout nommer, même ce doux sentiment qu'il ressent quand il est avec son frère et son papa : la joie.

Bébé crocodile a du mal à prendre bébé tigre pour un singe juste parce qu'il fait « ouh ouh ah ! », mais finalement c'est plutôt rigolo de jouer à faire semblant. Bébé ours aimerait bien être grand comme papa, mais être petit a quand même bien des avantages !

offre dans cet album cartonné six courtes histoires pleines de tendresse qui expliquent aux enfants desconcepts pas si simples que cela à expliquer : l'amitié, la joie, le printemps…Les illustrations douces et colorées de enrichies de légers reliefs sur lesquels les enfants pourront faire courir leurs petits doigts.

Histoires de bébés animaux enchantera les tout-petits qui s'identifieront facilement à tous ces bébés animaux qui découvrent eux aussi le monde qui les entoure. Et c'est si simple de retrouver son histoire préférée grâce aux onglets à l'effigie du héros de l'histoire !

San Francisco est une ville légendaire. Ici vous descendrez et remonterez ses 42 collines à pied, en voitures ou en funiculaire.

Vous découvrirez également son équipe de base ball, sa baie, son célèbre pont suspendu, sa prison d' Alcatraz et plongerez ainsi tête la première dans une ville cosmopolite et originale.

Les éditions Casterman ressuscitent la collection d'albums documentaires de paru à l'origine dans les années 60.

Dessins naïfs et colorés, textes simples et pleins d'humour composent ce San Francisco. Les enfants peuvent y découvrir l'architecture, l'Histoire mais aussi l'ambiance et les particularités de cette ville dans un style qui n'a rien perdu de son charme et de son élégance.

Enfin, pour continuer le voyage, vous pourrez découvrir également dans la même série d'albums voyageurs dans l'espace et le temps, les villes de Hong-Kong, Paris ou Rome entre autres. Tous ces ouvrages étant la reproduction fidèle des éditions originales à l'exception d'un petit lexique sur la dernière page expliquant les changements opérés dans ces villes depuis la première parution des albums.

Le président et la vice-présidente du conseil des élèves seraient parfaits l'un pour l'autre... Mais leur fierté énorme les pousse à se livrer à un combat stratégique pour pousser l'autre à avouer ses sentiments en premier!

À cette comédie romantique déjantée viennent se mêler l'excentrique Chika qui n'a pas son pareil pour mettre les pieds dans le plat, le comptable associal et mordant Yuu, et maintenant Miko, la petite seconde beaucoup trop sérieuse pour son bien.

Suivez le quotidien de combats romantiques et de quiproquos gigantesques de cette bande d'adolescents toujours dans l'excès. Un régal qui ne dément pas sur la longueur.

   

C'est la fête du sport à l'académie Shûchin ! De quoi pimenter la guerre des cerveaux qui fait toujours rage entre Shirogane et Shinomiya... S'avoueront-ils enfin leurs sentiments ? Et si le papa de Shirogane s'en mêle ? Et plus important encore, Ishigami survivra-t-il à l'équipe des supporters ?!

Un nouveau tome toujours aussi déjanté et jouissif, avec une touche d'émotion en plus quand nous découvrons le passé d'Ishigami au collège. Alors que la saison 3 de l'anime est en diffusion au Japon, c'est le moment où jamais de se plonger dans cette incontournable rom-com.

Vivement le tome 10 !

   

Une impression de vieille France, une image du XIXème siècle, un gros soupçon de nostalgie… C’est ce qui vous attend à la lecture de ce récit. A la suite d’un petit séjour prolongé au fin fond de la France rural, l’auteur y trouve un petit village pittoresque entre la Saine et l’Ain qui a toute une histoire à raconter. Cette histoire, c’est celle d’un passage d’une époque à une autre, d’une France agraire de la fin du XVIIIème siècle à un pays en pleine industrialisation. Syam, les débuts du capitalisme au fer, tient là les vestiges d’une épopée familiale…

Envolées lyriques, descriptions des lieux à outrance, phrases interminables… On ne peut dire que M. Bergounioux n’est pas de coup de cœur pour ce coin de terroir. Malheureusement, il est bien le seul et ne s’attache pas vraiment l’attention de son lecteur. Inutile de dire que l’on s’ennuie avec ce livre, qui se lit très vite certes (80 pages environ) mais qui sent la poussière à plein nez. Rien de nouveau du côté de chez nous avec cette description des prémisses de l’industrialisation qui vient transformer nos régions agricoles.

L’esprit entrepreneurial y est encensé, mais voilà désormais tout ça est bel et bien terminé… et pas la plus petite allusion sur ce qui s’y passe aujourd’hui. Sinon, que le coin est très beau, désert et tombe en ruine. Intéressant donc... Par ailleurs, vous y apprendrez la fabrication de la fonte, l’acier, bref le guide du parfait ouvrier prolétaire du début du XXème siècle. La suite n’est qu’histoire familiale, France 2 n’aurait pas fait mieux en trois épisodes…

Et si un sac à main n'était pas l'objet inoffensif que l'on croit ? Si c'était en fait un horrible monstre goulu ? Sinon où passerait tout ce que les mamans y mettent ?

On peut d'ailleurs se demander d'où vient l'attachement des mamans pour ce véritable animal sauvage. Il ne présente pourtant aucun des avantages que peut avoir un animal domestique : ni joueur comme un chien, ni câlin comme un chat, ni joli comme un poisson… juste malfaisant. Et si l'explication était là ? S'il protégeait les mamans des requins qu'elles côtoient au travail ?

Mais à la maison, il faut réussir à le tenir tranquille, en le gavant de vieux jouets, par exemple. Mais ne risque-t-il pas, un jour, de se lasser des jouets et de se tourner vers de la chair fraîche ? Heureusement, la petite héroïne de veille !

Le sac à main des mamans est bien souvent un sujet de fascination et de fantasme pour les enfants. Avec cet album, André Bouchard s'est mis dans la peau d'une petite fille dont l'imagination a transformé cet objet du quotidien en véritable monstre prêt à tout. Ne l'a-t-elle pas un jour surpris sur le point de dévorer son petit frère ?

Les illustrations mêlent habilement la couleur et le noir et blanc pour transformer notre quotidien en un univers farfelu dans lequel l'horreur peut surgir à tout moment. Drôle, plein de situations cocasses, cet album fera rire aussi bien les enfants que leurs parents.

C'est l'histoire d'une adolescente mal dans sa peau et dont la mère enchaîne les séjours en hôpital psychiatrique. C'est aussi le récit d'une bande d'amis qui décide de tout plaquer et de partir faire un demi-tour du monde en bateau. C'est surtout une histoire d'amour. Ce qui frappe dès les premières pages de Lâcher sa main, c'est sa ressemblance avec un long poème. En effet, se jouant des codes établis, alterne passé et présent, prend à partie le lecteur, joue de la métaphore et finalement livre un récit difficilement résumable et presque inclassable. Souvent émouvant, Lâcher sa main possède également les défauts de ses qualités. Ainsi, à la fin du récit, l'on aimerait en savoir un peu plus, continuer ce très court bout de chemin avec Fleur et ses amis. On apprécierait que le poème se change en roman et nous fasse poursuivre un peu plus l'aventure. Toutefois malgré cette petite réserve, le livre de Séverine Vidal saura toucher les lecteurs par sa sincérité et son très joli style.

Critique de Petite Bichette, originellement publiée sur Babelio, partenaire de l'opération.

#PrixPorteDoree23 - Voilà une lecture qui a tenu ses promesses, je m'en lèche encore les babines !

L'autrice, d'origine russe, nous narre avec beaucoup d'humour son enfance avec ses grands-parents et parents à Moscou, puis son déracinement en France, à Saint-Etienne, nécessaire au travail de son père.

Polina a dû se battre pour apprivoiser le français, elle se remémore l'exclusion en maternelle et en élémentaire que cela lui a valu, sa soudaine perte de mots quand français et russe se bousculaient au portillon de sa langue. Langue qu'elle a d'ailleurs bien pendue, et elle ne mâche pas ses mots quand elle nous dit sa sidération et sa colère quand elle comprend que sans en avoir conscience, elle a été dépossédée de son prénom, transformé en Pauline, sans qu'on lui demande son avis, lors de sa naturalisation. C'est son père, pensant faciliter son intégration en France, qui a demandé ce changement.

Mais Polina, à l'âge adulte, ne l'entend pas de cette oreille et nous raconte sa bataille judiciaire pour récupérer son prénom de naissance et pouvoir le mentionner sur ses papiers officiels. Car ce prénom n'est pas juste une sonorité, il raconte avant tout qui elle est, son histoire. Ce prénom est celui choisi par sa grand-mère d'origine juive pour se cacher, fuir les nazis et surtout protéger son fils en demandant à russiser son propre prénom Pessah en Polina.

L'autrice, elle, veut porter son prénom et ses origines en étendard. Elle est fière. Son objectif est que sur l'acte de naissance de son enfant qui viendra un jour, figure le prénom Polina que ses parents lui ont donné à la naissance.

Un livre plus profond qu'il n'en a l'air et qui m'a charmé par la verve de son autrice, une grande simplicité et une franchise désarmante qui émeut. Polina nous tire la langue avec irrévérence et c'est extrêmement réjouissant !

Le roman est sélectionné dans le cadre du Prix de la Porte dorée 2023.

             

#PrixFrontieres23 – Arrivée en France, Polina a dû se battre. Un nouveau pays, une nouvelle culture, une nouvelle langue... un nouveau prénom ? On l’a obligée. Et l’autre, l’ancien, le vrai ? Elle en a été privée, dépossédée. Il a été modifié et transformé.

Quand elle rentre à l’école, un « e » change tout. Pauline. Cette simple lettre était censée faciliter son intégration en France. Un changement qui, parvenue à l’âge adulte, ne plaît pas du tout à la jeune femme. Ce prénom, c’était le sien. C’était son histoire, son passé. Et pas seulement le sien, mais aussi celui de sa grand-mère.

Quand elle voulut inscrire Paulina sur ses papiers d’identité, rien n’est allé comme prévu. Elle essuie un refus ferme : désormais, Pauline a remplacé Polina. Mais ces syllabes incarnaient plus qu’une sonorité : elles portaient tout un héritage. Et son objectif, c’est de le regagner.

Commence alors une bataille entre Polina et la justice pour retrouver officiellement son prénom de naissance.

         

Les Editions pensent aux femmes pressées, aux femmes modernes, aux femmes actives en créant cette nouvelle collection, tendance girly (c'est ce qu'on dit aujourd'hui, semble-t-il) « les recettes du sac à main ».

Conçus effectivement pour tenir dans un sac (mais toutes les femmes n'ont pas de sac à main !), ces livres de recette sans textes superflus,  se veulent efficaces et  pratiques, séducteurs avant tout. Le concept étant de charmer ses hôtes.

Par des titres que certains jugeront plutôt racoleurs et futiles (« avoir des câlins et même plus » ou « mettre les escarpins sous la table ») et d'autres simplement drôles et évocateurs (« light et joyeuses »), cette collection, malgré tout un brin hostile aux autres femmes et indifférente envers les hommes qui aiment cuisiner (mais pas ceux qui aiment bien manger !), s'enferme dans un genre assez superficiel et ringard ou bien affiche une autodérision épatante. Au lecteur d'apprécier.

Si l'on se détache du concept un peu réac, les recettes proposées, pas forcément innovantes mais intéressantes cependant ont l'avantage d'être simples à réaliser, n'utilisent que des produits faciles à trouver.

40 recettes dans chaque livre, toutes illustrées avec gourmandise et un certain raffinement. Aussi le lecteur se laisse tenter.

Deux autres titres sont parus avec cet ouvrage. L'un, adapté au couple propose des recettes élaborées juste pour deux personnes. L'autre  (« mettre les escarpins sous la table ») est réservé à celles et ceux qui n'ont pas envie de passer des heures en cuisine mais cherchent tout de même à épater les convives ou à assurer le quotidien sans prise de tête et avec variété.

Des astuces pour être efficace et rapide sans se ruiner et faire plaisir.

Une autre série parue le 13 juin propose des recettes estivales et conviviales(« 10 copains débarquent », » « à emporter dans sa valise »,  « des apéros sans cacahuètes »).

J’avais tenté il y a 1 an de lire Être à sa place de Claire Marin et vraiment je me suis sentie absolument ignare à la lecture, je ne comprenais pas grand-chose, j’ai abandonné au premier tiers, convaincu de ma stupidité.

Je ne comprends pas pourquoi parfois certains livres restent hors de notre portée, même quand fondamentalement les mots ne nous sont pas étrangers.

Les notes de lectures sont proposées par la librairie Un livre à soi.

« Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage. On a le sentiment de ne pas « être à sa place ». Mais qu'est-ce qu'être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ?

Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l'intérieur et s'y créer une place à soi ? » Claire Marin