Aaronson a eu un accident mortel alors qu’il courait sur un rond point.
Ashley, qui conduisait la voiture qui l’a renversé, eut toutes les peines du monde, le lendemain, pour livrer le colis qui lui avait été confié.
Baumann, à qui le colis était destiné, avait la manie de nettoyer frénétiquement les ordures ramassées dans les poubelles.
Boiman, qui observait parfois le maniaque, le suivit jusqu’au magasin tout proche où il le vit ranger les ordures nettoyées sur les étals, à côté des produits neufs.
Etonné par ce qu’il avait vu, il fut interpellé, à sa sortie du magasin, par Camer pour être soumis aux questions d’une enquête d’opinion.
La dernière question de l’enquête concernait Cohen, un homme submergé de tics lesquels éloignaient de lui toute vie sociale.
Malgré cette copraxie, il fut invité par Diamond à qui elle rappelait, peut-être, cette époque où, enseignant, les ordures non collectées par la ville avaient envahi son école dans laquelle il avait pourtant persisté à enseigner à vingt-deux enfants ainsi devenus des Hommes.
Einhorn, l’un de ces enfants, devint gérant d’un hôtel de passe où une seule femme officiait.
Glasser vint un jour à l’hôtel malgré le lourd handicap que lui procurait le rattachement à une énorme batterie alimentant un cœur artificiel.
Goldberg, la prostituée, …..
Etc., etc., etc.,
Sautant d’un personnage à l’autre, va nous amener jusqu’au sujet principal de son roman qui lui donne le titre.
Touche après touche, selon une mécanique huilée qui semble passer du coq à l’âne – mais n’en fait rien – il joue avec des photos de mannequins d’exposition qui figurent progressivement un fil conducteur dont l’aboutissement ne peut évidemment qu’être Matteo.
En découle ensuite toute une étonnante dissertation sur le hasard, le début, l’enchaînement ou la fin qui n’est que le début d’autre chose, qui pourrait être modifiée par tant d’impondérables ou à laquelle devraient succéder alphabétiquement tout un tas d’évènements jusqu’à un potentiel retour au point de départ.
Chacune des vies rencontrées tout au long de ces enchaînements est la source d’une réflexion quant au sens de leurs activités, de leur vie, de leurs desseins.
Est-ce qu’il y a un hasard ? Que se passe-t-il si l’histoire ne commence pas à la lettre “A” ? Que deviennent les vies ainsi évitées ? Que devient l’histoire si le lien entre deux personnages est changé et que, parmi les innombrables possibilités, c’en soit une autre qui soit choisie par le narrateur ?
Un exercice rafraîchissant – et pourtant très puissant – qui laisse au lecteur toute latitude pour trouver ses propres réponses et poursuivre comme il veut le roman avec celui qui est là, en attente, comme en point de suspension après sa rencontre avec le héros, au départ d’autre chose : Nedermeyer !…