Grâce à mon frère aîné, j'ai lu très tôt de nombreux romans d'épouvante édités par Marabout, des livres de poche qui ne payaient pas de mine, mais constituaient pourtant une remarquable bibliothèque de l'horreur ! J'adorais les textes de Jean Ray, et je découvrais aussi des textes mythiques comme de Matthew Gregory Lewis, ou de Bram Stoker : le plus beau roman jamais écrit, selon Oscar Wilde !!!
Avec BDfugue
Conjointement aux adaptations cinématographiques de Terence Fisher pour la fameuse maison de production britannique Hammer Films, ma vision des vampires s'en trouva fixée dans une esthétique bien précise, que je retrouve aujourd'hui avec D d'Alain Ayroles et Bruno Maiorana (Delcourt)
De Ayroles scénariste, j'ai adoré De cape et de crocs (Delcourt) d'une finesse d'écriture renversante, et Garulfo (Delcourt), hilarante parodie des contes de fée avec déjà Maiorana au dessin. Longtemps attendu, le deuxième volume de D vient de paraître et maintient l'intérêt au plus haut niveau : dans les pas de Richard Drake, nous continuons d'arpenter les ruelles ténébreuses et les salons luxueux de cette fascinante époque victorienne qui n'a pas fini d'exciter les imaginations...
D, Lady D'Angerès, sur BDFugue.com
Mister Drake est un explorateur de haut vol qui fréquente les réceptions organisées par la bonne société de Londres : on est entre personnes comme il faut, nobles ou gens d'esprit, le dandysme y est exacerbé et les bons mots fusent ! Drake peut y sembler comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, mais il lui faut bien récolter des fonds pour financer ses voyages...
Beau mâle viril, il attire les regards féminins et justement, la belle Catherine Lacombe est à son goût ! Mais elle semble obnubilée par le ténébreux Lord Faureston : un rival, donc ? Oui, mais bien particulier selon mister Jones, sage employé de banque le jour et chasseur de vampires la nuit... car selon lui, les vampires existent et Lord Faureston en est un !!! Richard Drake d'abord sceptique finit par être convaincu et commence alors un combat sans merci, porté par la finesse du dessin, la subtilité des couleurs et le charme de l'écriture.
L'impeccable hommage aux classiques histoires de vampires se complexifie astucieusement dans ce deuxième volume quand Betty, cousine de Catherine découvre dans les livres de Drake que celui-ci a partagé la coutume de certains indigènes consistant à boire du sang frais ! Quand Jones fait la lecture du Journal d'un mort-vivant du comte Drakul, membre de l'ordre du dragon… Drakul... Dragon... Drake... Coïncidence ? Ultime rebondissement, la mystérieuse Lady D'Angerès apparaît à la fin de l'album, mais semble tirer toutes les ficelles depuis le début : vite, la suite !
Long John Silver, sur BDfugue.com
Ce que j'apprécie dans la série D, c'est cette impression de retour aux sources du mythe et de ses premières adaptations littéraires, et on peut en dire autant, dans la veine des récits de piraterie, de Long John Silver de Xavier Dorison et Mathieu Lauffray (Dargaud) qui ne se veut pas une suite proprement dite à L'île au trésor de Robert-Louis Stevenson mais plutôt un hommage amoureux !
Lord Hastings découvrant après des années de recherches la cité de Guyanacapac et - peut-être - son fabuleux trésor fait savoir à sa femme restée en Angleterre qu'elle doit se retirer dans un couvent !!! Celle-ci ne l'entend pas de cette oreille et décide de rejoindre son mari pour toucher sa part du gâteau : il lui faut un homme d'action pour l'accompagner dans ce périlleux voyage, et ce sera Long John Silver, le fameux personnage du roman de Stevenson...
Habile scénario d'aventure qui se teinte peu à peu d'une inquiétante noirceur et d'un dessin plus qu'impressionnant, qui me fait penser irrésistiblement au film de Victor Fleming où tous les protagonistes semblent sortir des gravures de William Hogarth : yo oh oh et une bouteille de rhum !