Ce n'est pas parce que son spectacle joue à guichet fermé que l'on vous privera de quelques mots sur la dernière performance de Gad Elmaleh. Performance, ou contre-performance d'ailleurs. Car on le sait, Gad est un élève brillantissime : capable d'étonner, attendrir, décortiquer et pointer du doigt nos petits travers avec une telle acuité qu'on cède au rire, voire aux larmes d'en rire.
Hier soir, donc, nous avons eu l'occasion d'assister à Papa est en haut, suite de L'autre c'est moi. Pas de doute, la salle était unanime : Gad séduit toujours. Mais à quel prix ? Le titre a pu vous aiguiller : revisionnez le précédent spectacle, et comptabilisez le nombre d'itérations des mots conneries, merde et putain. Dès la sortie du DVD, répétez l'opération. VIendra un moment où vous vous demanderez si ce n'est pas du Bigard, que vous avez finalement acheté.
Merde, connerie, putain en pagaille
Gad était franchement vulgaire. Et pour rien, car il n'en a nul besoin. Mais le plus troublant, c'est de considérer l'ensemble de son spectacle : une dissertation fouillie, un décousue, sans réel fil, ni continuité - rendons-lui la grâce d'une vague thématique sur la paternité... « Mais tu n'as rien compris, c'est un stand-up à l'américaine, c'est tout nouveau et forcément tu ne comprends pas. » Pardon, mais au contraire. J'ai surtout compris hier que Gad était loin de maîtriser l'exercice.
Du tout. Après L'autre c'est moi, nous avons tous entendu, dans le bus, au travail, entre amis, une France entière qui reprenait en choeur les thématiques, les parodies, le Blond, le sac Bob l'éponge, la mâche à 5 h du mat' au retour de boîte... Une nouvelle mythologie était née. Et le public était ravi. Au sortir de Papa est en haut, le public est ravi : mais il ne retiendra rien. Car rien de neuf n'a été présenté hier. Des tests, oui, en pagaille, une interaction probablement plus grande avec le public, évidemment, mais avant qu'une nouvelle page de la légende s'écrive...
Des reprises pour s'en sortir
Il était flagrant, de remarquer à quel point Gad reprenait des éléments de L'autre, quand il sentait que sa vanne n'était pas efficace, ou qu'un flottement s'installait. Mais pour son prochain spectacle, il ne pourra rien reprendre de Papa ; il faudra vraiment donner du neuf au public. Réellement. Et travailler un peu plus, car l'élève Gad, pour intelligent et perspicace qu'il soit, n'a pas fait grand-chose ce trimestre. Et il doit sérieusement faire attention à son langage.
C'est pas très sérieux, tout ça
Après, tout n'est pas noir, évidemment. Gad sait faire rire, retourner les situations et trouver les astuces. Mais celles d'hier n'avaient pas toute la saveur que l'on attendait. Heureusement, il a su nous gratifier de nouveaux talents, en s'accompagnant d'un piano, dont il semble jouer magnifiquement - mais est-ce lui qui joue ? (attention, ceci est une référence directe au spectacle... où Gad pose la question au moment même où il commence à pianoter) - ou encore dans son exercice de Djumbé-guitare, où il excelle plus encore...
On ne sort pas déçu : juste avec l'impression d'une copie qui avait tout pour être intéressante, et qui a vraiment été bâclée... Mais Gad sait nous séduire, et on lui fait confiance pour la suite...