Ce petit recueil composé de huit nouvelles a de quoi surprendre, détendre, amuser et intéresser, sans prétention mais avec sympathie. Grâce à un style vif, un rythme entraînant, une écriture plutôt moderne et une tonalité assez proche de l'oralité, l'auteur met en scène des personnages bien trempés, attachants ou décalés, pathétiques et farfelus, cyniques parfois, sur fond d'ambiances mélangées entre polar et actualité, bribes autobiographiques et pointe d'absurdité, jamais loin du
Noche triste revit la demi-finale France-Allemagne de la coupe du monde de football 1982 à Séville, grâce à un chroniqueur musique (« l'homme de la situation, bordel de dieu ! »), un expert en foot, (« qui parle allemand pas trop mal parce que ses parents, au collège, ont voulu qu'il apprenne la langue de Goethe ») de jeunes et belles artistes fumeuses de shit, (« à en juger par les mégots de pétard dans le cendrier ») des supporters allemands plutôt expressifs, Tony et Karl.
Patchwork facial est une histoire étrange de tissu cousu sur la joue, d'un rapt et d'un concept commercial novateur. « Décorateur de bébés, le concept flirtait avec le mauvais goût. » Assez fantaisiste et décalé, le récit peut laisser perplexe ou amuser, c'est selon.
Un ange passe est l'histoire d'un coureur à pied qui rêve de devenir écrivain, collectionne les fait-divers comme matière d'écriture et devient lui-même héros de fait-divers à défaut d'être romancier. Drôle et loufoque, sans pour autant convaincre. « Quand je vais courir, je pars à mon travail d'écrivain. Aller chercher au fond de moi le meilleur et le plus saugrenu. »
L'âme de fond raconte comment un donneur d'organe revit dans un autre corps, un autre foie (« j'aurais préféré sauver un gosse mais ça a été un champion de la cirrhose ») et Une pause, évoque avec une certaine émotion, l'homme qui sombre dans une sorte de léthargie dépressive, un soir en bord de mer et se réveille à l'hôpital. Avec l'air de rien, comme sans y toucher et avec peu de mots, l'instant fragile retient le lecteur.
La nouvelle Méandres met en scène plusieurs personnages, Bernard, Sonia, Chris et Adèle et tel un mini-vaudeville compose, décompose puis recompose les couples. C'est plutôt drôle au départ, puis grinçant et glauque au final.
Pauline loves Polly Jean, comme un clin d'œil à PJ Harvey, aux usines qui ferment, entre en résonance avec Un ange passe et reprend l'un des personnages, prolonge sa destinée, sur fond de crise économique tragique.
Enfin, Petit périple au Mexique, démarre d'un fait-divers évoqué dans Un ange passe et se poursuit grâce à l'imagination de l'auteur, avec un certain bonheur. Un homme décide de voler une citerne transportant l'essence qu'il ne pourra bientôt plus mettre dans sa vieille R5, réglementation oblige, et se lie d'amitié avec le routier qui la transporte.
Un ensemble de textes plutôt homogène et agréable, assurément prometteur. Le coureur à pied pourrait bien devenir écrivain.