L'auteur de l'Alchimiste ou de la Sorcière de Portobello a vendu 100 millions de livres l'an dernier, mais derrière l'auteur se cache aussi un pirate de haute voltige, qui s'attaque... à ses propres oeuvres.
Ainsi, Coelho voit dans le réseau de P2P BitTorrent, dont il s'est servi pour partager ses livres, une grande raison de son succès. « Depuis la nuit des temps, les humains ont ressenti le besoin de partager — de la nourriture à l'art. Le partage fait partie de la condition humaine. Une personne qui le ne pratique pas n'est pas seulement égoïste, mais amère et seule », explique-t-il. Tout commença pour lui, dans la piraterie, avec Pirate Coelho, justement, un blog où il souhaitait donner aux gens la possibilité d'essayer son livre. Et ce, malgré le désaccord de son éditeur...
Le blog de Coelho a fait son oeuvre dans les mentalités et les chiffres confortant l'initiative, tout a pris une tournure différente, dans l'esprit des maisons d'édition. HarperCollins a depuis emboîté le pas, en offrant des livres gratuitement à la lecture.
Être lu, avant toute chose
Après avoir eu recours à BitTorrent, Coelho encourage ses confrères à suivre son exemple : « Le but ultime de l'auteur est d'être lu », clame-t-il. Mais dans les rangs, on grince des dents : « Évidemment, c'est facile, pour lui qui a déjà vendu des millions de livres », entend-on. Mais pour Paulo, cela n'a rien à voir : la situation fait boule de neige et un téléchargement entraîne un lecteur supplémentaire potentiellement... Du gagant-gagnant, en somme.
« Quand un lecteur a la possibilité de lire quelques chapitres, il a d'autant plus le choix d'acheter par la suite la totalité de l'oeuvre », poursuit-il. Les blogs, les pages personnelles, la facilité à monter un site : les gens sont dans tous les cas incités à écrire et à lire, et « l'industrie du livre a déjà trouvé de nouveaux talents sur Internet », conclut Paulo. On se souviendra de Laurent Terry, récompensé du prix des Blogauteurs.
Film et musique, pas le même combat
Pour lui, il est par ailleurs difficile de comparer la copie non autorisée de musique et films avec celle d'un livre. C'est un principe de consommation qui s'applique, estime-t-il et de facilité d'usage. Les gens préfèrent d'ailleurs encore lire un vrai livre de papier et pour l'heure, les ebooks et autres ne l'impressionnent pas du tout. « Un vrai livre se dévore n'importe où, s'emporte où l'on veut, et lire sur un écran reste fastidieux et toujours plus coûteux, tant à fabriquer qu'à se procurer. »
La prochaine aventure ? Il l'a montée lui-même en encourageant les lecteurs de La Soricère de Portobello à réaliser leur propre film, quand Hollywood se ruait sur les droits...