Il y a fort à parier que notre président de la République trouvera le temps nécessaire afin de se rendre prochainement dans les salles obscures pour y apprécier la justesse, ou la maladresse, de l’adaptation cinématographique de La Princesse de Montpensier, roman de Madame de Lafayette (1634-1693). Connaissant l’amour de Nicolas Sarkozy pour cette auteure classique, il ne pourra rester indifférent à la vision que nous en propose le réalisateur Bertrand Tavernier.
Plus sérieusement, si chacun d’entre nous a plus ou moins eu l’occasion de tenir en main une fois dans sa vie un exemplaire de La Princesse de Clèves (1678), ils sont beaucoup moins nombreux ceux qui ont lu avec application les aventures de La Princesse de Montpensier. Sans doute pour d’étranges raisons que l’on s’explique mal, cette dernière œuvre est nettement moins proposée à l’étude aux élèves.
Bertrand Tavernier a jugé bon de nous la faire redécouvrir. Prenant une flopée d’acteurs célèbres (Lambert Wilson, qui joue le comte de Chabannes, ou encore Grégoire Leprince-Ringuet pour le rôle du prince de Montpensier), et d’actrices qui ne le sont pas moins (avec Mélanie Thierry dans le rôle de Marie de Montpensier), il semble s’assurer un succès facile pour une œuvre qui ne l’est pas tant. Pour ceux qui en auraient perdu la mémoire, vous pourrez la retrouver surHerodote.net.
Sachant que dans une édition de poche, le texte ne dépasse pas la centaine de pages, simplement quelques heures vous seront nécessaires pour mesurer l’écart entre l’adaptation cinématographique de Tavernier et l’histoire contée par Madame de Lafayette.
Pour vous remettre un peu dans le bain, donnons déjà le contexte. Parue en 1662, cette œuvre retrace les amours de la princesse de Montpensier qui voit autour d’elle un nombre important de prétendants. Parmi ces derniers, on retrouve son mari, le prince de Montpensier, Henri de Guise, un autre Henri, duc d’Anjou et futur Henri III (roi de France de 1574 à 1589) ou encore le comte de Chabannes.
Pour étoffer un peu cette histoire qui se déroule quelques années avant le massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572), Bertrand Tavernier a jugé utile de nous dépeindre ces hommes partagés, comme c’était souvent le cas à l’époque, entre la légèreté des intrigues amoureuses et la dureté des combats qui déchirent alors la France en pleine guerre civile.
On regrettera la lourdeur de certains dialogues mal portés par des acteurs et des actrices peu au fait de leur rôle, souvent trop jeunes pour endosser avec justesse le poids de leur costume. Au bénéfice de l’âge, c’est sans doute ici Lambert Wilson (âgé de 52 ans) qui s’en sort le mieux face à une Mélanie Thierry pas encore trentenaire et un frêle Grégoire Leprince-Ringuet qui n’a pas 23 ans…