Les éditeurs le savent, un livre adapté (surtout en littérature jeunesse), c'est souvent un livre qui redémarre sa carrière… Même si le film fait un flop, les ventes font un véritable bond en avant.
Aux États-Unis, l'application (A.R) de la société Renaissance Learning est utilisée par 30 000 écoles et 10 millions d'étudiants. Celle-ci permet d'analyser les lectures de chacun, et « d'aider les parents, les enseignants et les bibliothécaires à identifier des livres que les enfants [aiment] et veulent lire » explique , l'un des responsables de la société. Avec cette application, il a été remarqué que quelques mois avant la sortie de tel ou tel film adapté d'un roman, celui-ci est beaucoup plus lu.
Ainsi, selon le site internet de The Atlantic, l'expérience a été faite avec quelques romans, dont Hunger Games. Et il est vrai que c'est extrêmement parlant.
Les données ci-dessous montrent clairement la progression de la lecture du roman depuis octobre 2008. En septembre 2010, les premiers extraits du film ont dû commencer à poindre sur les réseaux sociaux, on y voit clairement l'augmentation de lecture. Grosse baisse en juillet 2011, forcément les vacances ne sont pas ou peu comptabilisées. Et ça reprend en septembre en ne cessant d'augmenter jusqu'au mois de la sortie du film, mars 2012 (ligne orange), avec plus de 180 000 lectures pour avril, le mois suivant.
Pour The Maze Runner qui vient de sortir aux États-Unis (Le Labyrinthe adapté du roman James Dashner (Éd. PKJ) – sortie en France, le 15 octobre prochain) c'est encore plus clair. Chaque mois depuis sa parution en octobre 2009, les lectures ont augmenté. Comme chaque année, petite baisse en juin-juillet. En septembre 2011, annonce de l'adaptation et par conséquent visible augmentation de la lecture du roman. Le bouche à oreilles se fait, on parle de plus en plus du film, les lectures augmentent en même temps. Et l'on passe de 3000 lectures en septembre 2011 à plus de 10 000, exactement trois ans plus tard.
Le journaliste remarque également que si le livre est en pleine progression à cause de l'annonce du film, c'est aussi parce que le producteur du film a vu l'intérêt grandissant du livre chez les lecteurs. Le serpent qui se mord la queue, la poule, l'œuf, etc…
Eric Stickney explique ce phénomène d'un point de vue social, les jeunes lecteurs « veulent être en mesure de parler du film et du livre avec leurs amis »
The Atlantic révèle aussi deux exemples étonnants pour les films Le Lorax adapté du roman du Dr Seuss (Le Grinche et le Chat Chapeauté) et The Giver (adapté du roman Le Passeur de Loïs Lowry – École des loisirs, sortie en France le 29 octobre prochain). Pour ces deux livres, il n'y a pas eu de réel bond en avant dans les lectures. Pour Le Lorax, c'est uniquement en mars 2012, mois de sortie du film d'animation que la lecture a décollée ( oujours la ligne orange…) et, par la suite est retombée à son niveau normal, le mois suivant.
Pour The Giver, les lectures, par rapport à la sortie du film n'ont pas produit réellement une grande avancée. The Atlantic explique le phénomène assez facilement, Le Lorax est paru en 1971, The Giver en 1993. 42 ans pour l'un, 21 pour l'autre, les deux romans ont eu le temps d'entrer dans les programmes scolaires, ce sont devenu des classiques et donc l'attente était, tout de suite, moindre. Il en a été de même pour l'adaptation au cinéma de Gatsby le Magnifique.
Si l'an dernier, on a pu voir grâce à Accelerated Reader que les élèves ont lu 330 millions de livres, on ne peut pas tirer de réelles conclusions sur la lecture des jeunes aux États-Unis, mais l'on peut comprendre quelques tendances et quel sont les liens avec l'actualité culturelle directe.