Antoine Chereau

Pour mettre un peu de joie et d’allégresse dans la rentrée littéraire, Antoine Chereau croque l’édition, à pleines dents. Chaque semaine, l’auteur de Du moment qu’on s’aime fera un petit clin d’œil dans les colonnes de ActuaLitté. L’industrie du livre, ses petits travers et ses grands moments de solitude subissent l’humeur de Chereau.

Ce soir, c’est le Grand Soir : chaussures flambantes et neuves, lunettes nettoyées à l’eau de source, veste élégante et sourire travaillé deux cents fois devant le miroir. Ce soir, c’est rencontre en librairie, et dédicace. Faites chauffer la table !

Avec la rentrée, c’est la promotion des romans qui bat son plein. Les médias impatients commentent les œuvres, les interrogent et parfois même semblent avoir lu les ouvrages dont ils parlent. C’est que les auteurs, avec une malice ingénue, s’évertuent à inventer des histoires dont on ne démêle pas si aisément le faux du vrai...

Ah, la légende du manuscrit envoyé par La Poste, dont les vertus instantanément reconnues par l’éditeur donneront à son auteur la chance d’être publié. Tenace cette affaire, assurément entretenue par des histoires qui reviennent ici et là. Pour un peu, il faudrait inventer un prix, pour ces livres inespérés... Diable, cela existe déjà !

« Un an, c’est long, surtout quand les sondages sont défavorables », répétait encore un président sur le départ. Un an d’amour avec Antoine Chereau, ça passe vite : heureusement, il y eut gâteaux et bougies, fête et bulles. Tout cela fut dignement célébré. 

Le salon Livre Paris a ouvert ses portes au public à 10 h étincelantes, sous un soleil discret, mais qui réchauffait le cœur de chacun. Après l’innnnnnterminable visite d’inauguration du président Macron — à qui les organisateurs ont hésité à laisser les clefs pour qu’il éteigne — vient enfin le temps des livres, des auteurs et des belles rencontres.

Tout artiste logé au creux de sa mansarde sous un clair de lune blafard – et manquerait plus qu’il soit plein, le satellite ! – le sait : la Postérité est une ingrate déesse. Et plus encore, peut-être, la reconnaissance de son vivant par le public. 

À quelques jours des États généraux du livre, les auteurs se demandent si, en France, le pouvoir se préoccupe réellement de ce que l’on pourra lire demain. Après tout, c’est une méthode radicale pour lutter contre la surproduction : diminuer le nombre d’auteurs, en diminuant leurs revenus.

Dans quelques jours maintenant, on célébrera les dindes, les paquets cadeaux, autour d’une belle table. Du moins, voilà bien le pire que l’on vous souhaite. Mais pour titiller la mauvaise conscience, songez à ces dessinateurs qui n’auront que leurs crayons pour la représenter sur une feuille A4, cette dinde. Et un dessin, dans une assiette vide, c’est tout de même moins goûtu... 

Alors que les mordus de polars et de mauvais genre s’en donneront à cœur joie ce week-end à Lyon — Quais du polar prend ses quartiers ! –, les amateurs de BD ne seront pas en reste. Malgré quelques couacs sur l’opération en Belgique, les 48 H BD reprennent du service. 

On y est presque, le sommet de la pyramide professionnelle, le dernier étage de l’ascenseur social, il suffit de faire un effort, un dernier. Encore un petit effort !, propose Antoine Chereau dans un album réunissant des dessins de presse. Il partage la joie du monde de l’entreprise, avec de saynètes fulgurantes, grinçantes et particulièrement justes.

Il nous est revenu bronzé comme un dieu grec, son torse d’airain puissant et musclé, sa chevelure étincelante balayée par le vent... Dans une main, une plume de phœnix immortel, dans l’autre un sablier pour surveiller la cuisson des œufs à la coque... Enfin, Maître Chereau était là : la rentrée pouvait commencer, nous étions sauvés.

Il faut plus de librairies, de meilleures librairies, parce qu’on le sait : rien ne remplace le conseil d’un être humain pour une lecture susceptible de changer une vie. Les robots, les intelligences artificielles, les algorithmes... tous ces substituts finiront peut-être par faire de l’humanité des piles (pas à lire), mais d’ici là...

Ah, les frémissements de l’inspiration, quand la plume frétille et que les premiers mots jaillissent. Sûr, certain, ce sera le best-seller de l’année qui est en train de naître. Cependant, un bon ouvrier a toujours ses outils : encore faut-il donc disposer des siens.

Si plaie d’argent n’est pas mortelle, plaie d’amour fait tout de même assez mal. Et forte heureusement, depuis Les souffrances du jeune Werther, on ne déplore plus de vagues de suicides quand un roman sort. C’est pourtant dans ces amours manquées que l’on puise les plus grandes sources d’inspiration.

Comment sauver les systèmes de santé ? Il semble bien que l’on ait établi un lien entre, au sein de nos sociétés modernes, entre la dépression et la sécurité des soins. Soumis à une forte pression, les milieux hospitaliers inquiètent et leurs personnels en appel à une prise de conscience. Il serait temps. 

Silencieux depuis quelques semaines, notre héraut, Antoine Chereau, resurgit tel un beau diable pour les fêtes de fin d’année. Un ultime dessin avant d’entamer le parcours du combattant, traverser la Trève des Confiseurs et revenir du Réveillon de la Saint-Sylvestre. Et pas des moindres, car Maître Chereau nous parle de famille…

Le pire du métier, c’est de finir par aimer ce que l’on vend, et non plus vendre ce que l’on aime. C’est une grande éditrice * qui l’avait dit, déplorant l’évolution que prenait le monde du livre. La nécessité des best-sellers d’un côté, les ouvrages confidentiels de l’autre : les libraires jouent aux schizophrènes...

Les auteurs auront été payés – on l’espère –, les exposants repartent avec des avis mitigés, sur une palette d’émotions allant de l’ire à l’exultation... La grande librairie de la Porte de Versailles a fermé ses portes, ouvertes avec la polémique macronienne, autour du stand la Russie. Invité d’honneur, le pays eut du mal à avaler la pilule.

Alors que des centaines de romans déferlent durant la période de la rentrée, le lecteur reste dernier à décider de ses choix. Ajoutez la polémique Renaudot-Amazon qui plonge toutes les professions dans une certaine perplexité et plus personne ne sait où donner de la tête. 

En période de rentrée littéraire, c’est Noël tous les matins ou presque en librairie : on reçoit des cartons, on ouvre des cartons et on découvre plein de surprises. Ne manquent que le papier cadeau et le bolduc, au pied d’un sapin enguirlandé pour l’ambiance. L’euphorie est cependant de courte durée...

Deuxième manche pour le Goncourt et bien d’autres prix littéraires de l’automne : chacun, à son tour, présente sa deuxième sélection de titres retenus. Et chez les éditeurs, c’est le souffle que l’on retient, en découvrant les listes : sera, sera pas, sera... 

Mais qu’est-ce qui fait courir les écrivains ? Le public, la reconnaissance, le succès, l’argent, la vente des droits audiovisuels et l’adaptation cinématographique ? Ou plus simplement un prix littéraire ? Un p’tit Goncourt, qu’on mettrait sur la cheminée à côté de la médaille de judo du cadet ? Hmm...

C’est connu, il suffit parfois de mourir pour connaître un succès auquel jamais, de son vivant, on n’aurait pu accéder. Rance est la rançon du succès, comme le clamait le chanteur, qui continue pourtant de remplir bien des salles, de son vivant. Mais que voulez-vous, ma bonne dame, on fait ce qu’on peut.

Tous les chefs, des premières pousses aux plus confirmés ont affronté la terrible question : que faire avec le croupion ? décemment, propose-t-on à la carte, ou en plat du jour, un morceau qui prête aux allusions les plus graveleuses ? La raie, passe encore, mais le croupion ?

Voici l’histoire d’un ex-ministre de la République française qui, durant quatre mois, va ouvertement mentir à tout un pays, avec cette expression qui restera célèbre : « Les yeux dans les yeux. » Jérôme Cahuzac, détenteur d’un compte en Suisse, alors qu’il était en responsabilité, s’est mis dans une sacrée panade. Jugé pour fraude fiscale, ce dernier pose quelques interrogations.

Les résultats économiques de l’enseigne Amazon font des bonds, des p’tits bonds, encore des p’tits bonds. Pour le 4e trimestre, hausse de 38,2 % du chiffre d’affaires. Et dans la foulée, un montant de 60,45 milliards $ pour cette période. Le tout avec un bénéfice de 1,86 milliard $. Champagne !

Les débuts d’année sont propices aux bilans, et dans le livre, on n’y coupe pas. Avec une certaine satisfaction, Guillaume Musso s’est vu de nouveau sur le haut du podium pour les ventes de romans. Et peu après, probablement plus prévisible encore, on apprenait qu'Astérix remportait lui aussi la mise pour 2017, catégorie BD.

Voici le métier le plus méconnu du grand public et pourtant si essentiel dans toute l’industrie du livre. Cheville ouvrière du métier, il s’agit de l’intermédiaire indispensable entre les journalistes et les œuvres, les auteurs, les maisons... Bref, une responsabilité terrifiante. Et sous-estimée.

Lire pour s’évader, lire pour partager, lire pour découvrir... mais avant tout, lire pour enrichir les auteures et auteurs, qui depuis leurs résidences somptueuses sur la côte amalfitaine, observent les foules avec satisfaction. Mais détrompez-vous, ce n’est pas parce que l’on a une piscine dans sa villa de Positano, que l’on a changé...