Le Théâtre Hans-Otto à Postdam explique que sa version, qui met en scène 12 acteurs est la première présentation théâtralisée du roman. Au sein des personnages se trouve un prophète du nom de Mahound, une référence faussement déguisée à Mohammed.
La pièce a été retravaillée pour la mise en scène par le directeur du théâtre Hans Otto, Uwe Eric Laufenberg avec l’aide du dramaturge Marcus Mislin et l’accord de l’auteur. Le directeur du théâtre à Postdam avance que le livre est disponible dans toutes les bibliothèques, que la controverse date de 20 ans, et pense donc que le pays devrait prendre le risque de montrer la pièce. N'oublions d'ailleurs pas que la dernière traduction des Versets avait suscité une vive polémique.
L’ancien chef révolutionnaire d’Iran, Ayatollah Ruhollah Khomeini avait publié une fatwa (décret religieux) en 1989 exhortant les musulmans à assassiner Rushdie considérant son livre comme une insulte à l’Islam. Officiellement, la fatwa est toujours valable. Rushdie, un musulman natif d’Inde et éduqué en Grande-Bretagne, avait dû se cacher pendant près d’une décennie.
Poudrière satanique ?
On craignait dimanche que la pièce devienne une autre poudrière entre l’Europe et le monde musulman. Il y a eu de nombreuses protestations dans plusieurs pays islamiques après que des journaux danois aient de nouveau sorti un dessin le mois dernier mettant en scène le Prophète Mohammed. La police avait découvert un complot pour assassiner l’auteur du dessin.
Le parlementaire danois d’extrême droite, Geert Wilders avait provoqué la colère cette semaine en publiant son film sur Internet « Fitna, » film qui attaque l’idéologie islamique.
Vendredi, le président du Conseil allemand pour l’Islam, Ali Kizilkaya, déclarait dans le journal AFP que son organisation s’était plainte publiquement. « Nous déplorons que les sentiments religieux des musulmans soient traités de façon provocatrice », avait-il dit. Le secrétaire général du Conseil Central des musulmans en Allemagne, Aiman Mazyek, exhortait les musulmans à rester calmes et à engager « un dialogue constructif et critique » à propos des controverses soulevées par la pièce.
Et vive la liberté d'expression
« La liberté d’expression et de l’art est importante, mais les offenses contre ce qui est sacré dans une religion sont quelque chose qui nous est cher », insistait-il sur la radio publique RBB
Il n’y a pas eu de menaces spécifiques, pourtant on pouvait apercevoir une présence, certes modérée de la police à l’intérieur et à l’extérieur du lieu « comme mesure préventive » suite aux plaintes de quelques groupes musulmans, déclarait le porte-parole de la police. « Tout s’est bien passé », ajouta-t-il. Le prochain livre de Salman Rusdhie sortira le 3 juin prochain, publié par Random House.