Voici le dernier roman de Lionel-Edouard Martin, qui, une fois encore, donne l'impression d'être sorti de la bouche d'un poète centenaire à qui rien n'échappe des émotions de chaque âge, depuis le nourrisson qui s'agrippe à la vie du bout des doigts jusqu'au grand-père qui se dirige vers la mort, un papillon posé sur le pied. L'auteur entretient en effet avec les mots une relation fusionnelle, extrémiste, sentimentale, exigeante, les adjectifs pourraient continuer de s'accumuler, puisqu'il faut qu'ils vivent à travers les siècles selon lui. C'est donc sous cette plume qu'il nous présente une saga, particulière, écrite avec une caméra mentale dont les mouvements, fluides ou saccadés, sont autant de respirations de secours. Naviguant entre les générations d'une famille grevée d'absents, de pièces rapportées et de cœurs gonflés décrits avec une gourmandise inquiète, l'auteur joue avec les époques.