The Guardian, un essai signé Agatha Christie, commandé en 1945 par le ministère de l'information britannique, est enfin accessible aux lecteurs du Royaume-Uni. L'auteure livre, à travers ces lignes retrouvées, ses louanges et sa critique du roman policier d'outre-Manche. L'ouvrage commandé à des fins de propagande avait été égaré jusqu'en 1997. Celui-ci n'avait jamais été publié auparavant dans le royaume, et figure désormais en qualité de préface dans la réédition d'une oeuvre collaborative originalement publiée en 1933 : Ask a Policeman.
David Brawn, qui publie Agatha Christie chez Harper Collins, a découvert l'essai en passant en revue les archives de l'écrivaine, mais il n'avait pas encore eu l'occasion de le publier. Il a confié :
« Bien qu'il ait été publié dans un magazine russe en 1947, il n'a auparavant jamais été vu dans le Royaume-Uni. Agatha Christie a été commissionnée pour l'écrire par le ministère de l'information en Grande-Bretagne dans le but de le semer à l'international. C'est vraiment une pièce de propagande : ils essayaient, je pense, de vanter les vertus du mode de vie britannique et occidental, et ainsi le gouvernement lui a demandé d'écrire cet essai sur le sujet de la littérature du genre policier. »
L'analyse d'Agatha Christie fait la louange de Sir Conan Doyle, considéré comme « le pionnier de l'écriture de détective. » L'auteure cite également John Dickinson Carr comme « un maître magicien... le prestidigitateur suprême, le roi de l'art du détournement. »
Se présentant elle-même, entre autres auteurs, elle se désigne humblement comme une artisane industrieuse. Elle ironise sur les titres pompeux que lui ont accordés les journaux, et rit des dangers pour les écrivains de traîner au fil de leur carrière un personnage aussi célèbre qu'Hercule Poirot.
Ask a Policeman, qui héberge désormais la préface, constitue la seconde nouvelle policière rédigée par un groupe d'auteurs britanniques fondé dans les années 1930 : le Detection Club. Le collectif, rassemblant des écrivains du genre, produisait des nouvelles avec l'objectif de réunir les fonds nécessaires au financement de ses soirées dînatoires.
Agatha Christie était membre du club. Elle a notamment contribué à leur première nouvelle collaborative : The Floating Admiral. Et si la reine du crime n'a pas participé à l'écriture de Ask a Policeman, l'éditeur a néanmoins jugé que cette réédition était l'opportunité idéale de remettre l'essai oublié à l'honneur.
Milward Kennedy est à l'origine du titre de la nouvelle, tandis que la plume de John Rhode a brossé le portrait des suspects et imaginé le meurtre. Gladys Mitchell, Helen Simpson, Sayers et Anthony Berkeley ont mis à contribution leurs personnages de détectives pour démêler l'intrigue.
Ces enquêteurs fictifs ont été ensuite échangés entre auteurs, leur permettant quelques moqueries ludiques.