Ils sont souvent décriés par la critique, et ne sont pour la plupart pas considérés comme de grands écrivains et pourtant ce sont eux qui font tourner le monde de l'édition. Les auteurs à succès sont peu nombreux mais ils génèrent tellement de rentrées d'argent qu'ils permettent au secteur de l'édition d'afficher une relative bonne santé.
Selon Gfk et les échos, pour la période de janvier 2005 à septembre 2008 le quinte de tête composé de Marc Levy, Anna Gavalda, Guillaume Musso, Fred Vargas, et Bernard Werber a généré dans les 206 millions d'euros de CA pour environ 20 millions d'exemplaires vendus que ce soit en édition originale ou en poche. Ces chiffres ne tiennent pas compte des ventes en clubs.
Pour certaines maisons d'édition, les auteurs à succès sont même une planche de salut, qui leur permettent de subsister et de se faire une place honorable dans le paysage de l'édition. On pensera sans frémir au Dilettante et son fer de lance, Anna Gavalda. La plupart sont fidèles et négocient leurs contrats à prix d'or. Retenir un auteur à succès nécessite de gros compromis : à-valoir conséquents, un bon pourcentage sur les ventes, et parfois même la cessation des droits à l'étranger (comme pour Bernard Werber qui a gardé ces droits pour l'édition en Corée).
Bien évidemment les maisons d'édition tiennent ces contrats secrets. C'est une sorte d'assurance contre la concurrence et contre la mutinerie d'auteurs aux contrats moins avantageux.
Un autre facteur entre encore en ligne de compte et donne encore plus de poids à ces éléphants de l'édition, ce sont les adaptations cinématographiques de leurs romans. Même si l'auteur et la maison d'édition ne touchent qu'un faible pourcentage sur les entrées, cela représente encore des rentrées d'argent conséquentes si le film marche bien. Là encore, les auteurs imposent souvent leur loi et insistent pour se retrouver à la place du réalisateur ou du scénariste.
Puissance et décadence
Une idée qui n'est pas forcément heureuse pour s'en convaincre il suffit de voir le nombre d'entrées des films de Werber, Nos amis les terriens, et de Houellebecq, La possibilité d'une île, qui n'ont rassemblé respectivement que 59 705 et 20 000 spectateurs, toujours selon Gfk et les échos.
Cette poignée d'auteurs suivis par un grand nombre de lecteurs impose donc ces quatre volontés et fait tourner le monde de l'édition, mais eux qui sont si puissants maintenant, le seront-ils encore dans dix ans, dans vingt ans. Alors que les écrivains maudits traversent les âges sans vraiment prendre de rides, les écrivains populaires eux semblent être limités dans le temps. Pour preuve les auteurs de best-sellers des années 1980-90 écrivent toujours certes mais leurs romans n'ont plus le même impact sur les foules. Ils passent presque inaperçus.