Si vous êtes un peu cultivés, comme nous le sommes aux Histoires sans Fin, vous avez une vague idée de ce qu'est la prison de Guantanamo, un goulag ou le génocide rwandais. Bon, ça y est, vous revoyez le truc ? Eh bien, préparez-vous car vous allez pénétrer de plein pied au coeur de toutes les horreurs réunies. Oui, soyez les bienvenus dans le Demi-Monde, un univers virtuel imaginé pour préparer les G.I. à vivre l'enfer et surtout, à y survivre.
En effet, ce décorum, ô combien réaliste, compte trente millions de personnages numériques complexes dans leur violence et malignité propres, gouvernés par les avatars des plus célèbres monstres de l'Histoire, tout ça figé en 1870, interdisant ainsi toute technologie aidante. Misogynie, racisme, eugénisme ne sont ici que les idéaux les plus doux. Un seul ordinateur, ABBA (rien à voir avec le groupe suédois), gère en génie omnipotent cette société labile. Or, lorsque Norma, la progéniture du président des USA, y reste coincée, tout risque de changer. L'on se demande alors quelle réalité va supplanter l'autre...
Avec dessine un scénario que nous pourrions qualifier “d'extrêmement bien fichu”, tant il nous séduit et nous enthousiasme. Voilà un architecte de la pensée très très compétent, qui fait basculer le rationnel vers l'inconcevable et transforme le fictif en tangible. Les portraits sont riches, l'univers, compliqué, dense et passionnant.
Même si les premières pages restent laborieuses, prenez le temps de vous faire à l'étrangeté de l'ambiance, assimilez les plans, les cartes, le contexte. Luttez. C'est vraiment, vraiment pour la bonne cause...