L'Union européenne vient de se faire prendre à parti, avec plusieurs autres acteurs du commerce, d'Allemagne, d'Angleterre, de France et d'ailleurs, par l'Independent Online Booksellers Association. Dans une lettre ouverte publiée sur son site, l'IOBA fait part de ses inquiétudes concernant les mesures prises récemment par Amazon.
Le cybermarchand a dernièrement tenté d'imposer aux libraires indépendants de pratiquer des prix de vente égaux ou inférieurs aux sites où les lecteurs peuvent les acheter.
La présidente Karin Bergsagel explique qu'Amazon a contacté plusieurs vendeurs d'Angleterre, de France et d'Allemagne, en exigeant d'eux que leurs produits soient vendus aux tarifs énoncés plus haut, sous peine de se voir radier de la possibilité de vendre sur Amazon.
L'IOBA représente plus de 250 libraires en ligne de par le monde - avec une grande majorité outre-Atlantique, certes, mais près d'une vingtaine dans les trois pays cités, qui seraient directement impactés par la nouvelle politique tarifaire qu'Amazon veut mettre en place pour l'Amazon Marketplace.
Un fragile modèle économique
À travers cet espace, tout le monde, ou presque, peut proposer à la vente ses produits au grand public. Ce qui implique des libraires indépendants, et plus particulièrement ceux qui n'officient que sur la toile. Or, la plupart du temps, ces boutiques sont présentes sur différents types de plateformes de vente, pour parvenir à générer assez de trafic et de revenus. Pour optimiser leur activité en fait. Et Amazon reste, quoi qu'on en dise, l'un des acteurs incontournables de cette situation.
Pour eux, deux solutions : soit une ponction au pro-rata des ventes, soit un abonnement mensuel, pour figurer dans la liste des vendeurs recensés par la plateforme en question. Chez Amazon UK, par exemple, il en coûte 25 £ mensuelles, auxquelles s'ajoutent des frais sur les ventes. Pour la France, deux formules sont proposées : « 1,14 Euros par produit vendu et une commission sur chaque produit vendu » (pour 40 transactions mensuelles) ou « nombre de transactions illimitées pour un forfait mensuel de 44,85 Euros et une commission sur chaque produit vendu ».
Pour supporter ce surcoût, les vendeurs proposent donc des tarifs plus élevés que les produits disponibles sur Amazon - chose qui leur serait prochainement donc interdite. Une pratique dangereusement anti-concurrentielle, estime l'IOBA, puisqu'elle ne manquera pas de nuire aux indépendants, particulièrement fragiles, comme on le sait.
Sur le site français du MarketPlace, on peut même la noble déclaration suivante :
Marketplace n'est pas une plate-forme d'enchère ; les vendeurs fixent le prix de chacun des articles qu'ils mettent en vente.
Tant qu'ils se réfèrent aux conditions fixées par le cybermarchand, donc.
« Cette politique supprime également la liberté des libraires indépendants de fixer les prix qu'ils souhaitent pour les livres qu'ils vendent sur leur propre site », peut-on lire. Une stratégie payante pour Amazon, qui se place en position dominante et dicte alors ses conditions.
La raison du plus fort ne doit pas primer, souligne l'IOBA...