Notre Louvre

Le premier tome de Bokurano de Mohiro Kitoh nous avait franchement étonnés pour ne pas dire destabilisés. Le deuxième tome avait confirmé nos impressions, nous tenions dans les mains un drame psychologique avec des mecchas. Le troisième tome reste sur la même optique apportant au passage des éléments nouveaux et creusant les rapports entre certains personnages.

Le fait de se savoir condamné a plongé Isao Kako dans une profonde dépression. Il n'ose plus sortir de chez lui, et tremble à l'idée d'être appelé par Truckifouette pour aller se battre. D'ailleurs c'est à ce moment que Truckifouette fait son apparition pour lui annoncer qu'il va bientôt devoir prendre les commandes de Zearth. Kako refuse mais Truckifouette ne lui laisse pas le choix.

Avant de partir, il lui révèle aussi que Yosuke et Chizuru sont en très bon terme. Et qu'il devrait faire ce qu'il rêve de faire avant de mourir, histoire de ne rien regretter. Kako, dont les capacités de jugement ne sont plus ce qu'elles étaient, décide de se rendre chez Chizuru. Il compte coucher avec elle de grès ou de force, mais la petite Chizuru n'est pas la jeune fille fragile que l'on imagine.

Peur et vengeance

Si le tome 2 de Bokurano était consacré à la dignité. Le tome 3 lui est centré sur la peur et la vengeance jusqu'à la folie aveugle. Des personnages qui paraissent stables succombent tout à coup à des ressentiments. Avec une mort annoncée en toile de fond les enfants ne parviennent pas vraiment à dominer leurs pulsions. Kako est obsédé par sa peur de la mort qui le paralyse d'un côté et lui fait envisager de faire des actes répréhensibles envers des personnes qu'il apprécie.

Quant à Chizuru, elle sombre dans un besoin de vengeance viscéral qui va l'aveugler et lui faire détruire une partie de la ville au mépris des innocents qui se trouveront sur son passage. Innocents abusés dont elle a elle-même fait partie un jour, et c'est d'ailleurs le moteur de sa soif de vengeance. Vous l'aurez compris ce troisième tome de Bokurano est tout aussi dur que les précédents. Mohiro Kitoh n'épargne personne et n'hésite pas à rentrer dans des sujets très sensibles. La prostitution était évoquée dans le tome précédent, dans ce tome on aborde la pédophilie.

De lourdes pertes humaines

En dehors, des drames personnels des personnages principaux, il y a aussi le drame des pertes humaines lors des combats de Zearth. Très peu traité jusque-là, il prend dans ce tome une place plus importante avec notamment l'intervention de l'armée. En effet, les enfants sont identifiés comme étant les pilotes du robot. Et l'armée compte bien faire en sorte que le nombre de morts lors des combats n'aille plus crescendo. Le problème c'est que les armes humaines sont inefficaces contre les envahisseurs et que seuls les enfants sont habilités à piloter Zearth. L'avenir est entre les mains d'enfants parfois instables, ce qui ne devrait manquer de créer des tensions.

Encore une fois Mohiro Kitoh nous régale avec un troisième tome entre troubles émotionnels et psychologiques sous fond de mort pour les personnages et risque de grand cataclysme pour l'humanité avec déjà de nombreux morts. Nous rappelons que c'est un manga dur et qu'il s'adresse à un public averti.

Bokurano, notre enjeu tome 3 de Mohiro Kitoh est édité par Asuka. Et vous serez happés par ces 224 pages pour 7,95 €. Le tome 4 devrait sortir le 12 décembre.

« Personnellement, j'ai une quinzaine de stigmates. Le mot me va mieux. Stigmate c'est plus énergique que cicatrice. » Dès les premières pages de ce petit livre vert et rose, le ton est donné : l'héroïne, Mukagatare, rebaptisée , n'est pas une pleurnicheuse. Elle l'affirme et s'affirme, au fil des mots simples qui tissent une histoire de sang et de peur. Celle des massacres de 1994 au Rwanda. Elle nous dit la fuite, le cœur qui cogne, la fièvre qui ronge, la langue hutu interdite, les mensonges des adultes, l'oubli volontaire – « Il ne faut pas se poser de questions quand on court. Ni regarder en arrière. » Elle nous dit la mort sur la route, les corps qui s'abattent comme des herbes fauchées. Elle nous dit l'indicible, , elle qui a choisi ce prénom français pour « être une souriante et gaie, capable de combattre la peur qui se cache partout, dans les hommes et les cases, dans les questions qui n'ont pas de réponse, dans les silences qui se gonflent de mots interdits. »

L'horreur est sans larmes. Pleurer est notre affaire, nous qui compatissons sans toujours savoir ce que ce mot signifie, nous qui lisons ce livre fulgurant, tendu comme un arc entre l'histoire de Mukagatare / Vestine et la nôtre. Vestine marche, pleure, rit : emboîtons-lui le pas.

Pour le 5e numéro de sa collection BD en partenariat avec Futuropolis, le Louvre a choisi Hirohiko Araki. Une consécration bien méritée après des années de talent au service de la BD japonaise. L'auteur de Jojo's bizarre Adventure fêtait il y a peu la sortie du 100e volume de sa série déjà culte au Japon.
Rohan au Louvre sera donc le premier manga de la collection de bandes dessinées éditées par le musée. C'est une pièce originale et malgré la colorisation et le format particulier propre à la collection, les éditions futuopolis et le musée ont choisi de conserver le sens de lecture japonais. Un détail que l'on apprécie particulièrement et qui démontre le respect apporté au travail du mangaka.

Le 8 avril Rohan Kishibe, le héros de ce titre, nous entraînera donc au coeur du Musée parisien à la recherche d'un mystérieux tableau... Les amateurs de shônen et les inconditionnels d'Araki ne manqueront pas de saluer cette parution, mais il est évident que le talent de l'auteur en convertira plus d'un.

Une nouvelle expérimentation dans l'univers graphique, qui poursuit notamment l'exposition de représentations de la Joconde, commencée en janvier 2009 et mettant la BD à l'honneur dans le célèbre musée.

A l’occasion des 400 ans de la ville du Québec, le Musée national des Beaux-Arts du Québec accueillera, le temps de la saison estivale et d’une partie de l’automne, 274 sculptures, dessins, peintures appartenant au Palais du Louvre.

L’institution française a puisé dans les collections de ses huit départements pour proposer un voyage à travers 5000 ans d’histoire et de civilisations. Plutôt qu’un parcours chronologique, l’exposition offre au public une rencontre originale avec les arts à travers des thèmes universels, comme l’amour, la fête, l’apprentissage ou la mort. C'est à voir jusqu'au 26 octobre.

Intitulée Les arts et la vie, l’exposition proposera à ses visiteurs des chefs d’œuvre de l’histoire artistique humaine. Les œuvres réunies dans le cadre de cette exposition sont dispersées habituellement dans des salles très éloignées l’une de l’autre. Cela permettra à l’amateur de comparer plus facilement des courants artistiques et des époques très différentes.

Une présentation inhabituelle :

Autre rapprochement inhabituel, celui qui permet d’établir des dialogues entre des civilisations différentes. Tout au fond de la salle consacrée à l’habitat et à l’embellissement, une tapisserie du XIVe siècle attire l’œil. L’offrande du cœur met en scène un homme offrant son cœur à sa dame, dans la plus pure tradition de l’amour courtois. Sur le gant de sa belle, un faucon, signe de sa qualité aristocratique.

L’oiseau chasseur se retrouve justement sur l'un des multiples brûle-parfums en métal venus d’Iran au XIe siècle, placés dans une vitrine toute proche où l'on peut voir aussi le magnifique vase Barberini, couvert d’une fine écriture cursive et de scènes de chasse, originaire de Syrie, autant de pièces faisant partie de la collection des arts de l’Islam.

Un regard neuf sur des œuvres anciennes :

La fermeture temporaire de ce département a permis l’envoi à Québec de nombreux chefs-d’œuvre, à l'instar de ces panneaux en céramique souvent fabriqués à Iznik en Turquie et qui, en pleine domination ottomane, déclinaient leurs subtiles combinaisons de bleus et de vert émeraude sur les murs des demeures de l’Empire.

En favorisant le dialogue entre les œuvres, l’exposition révèle aussi l’importance de l’héritage artistique. Dans la salle consacrée à la célébration et au divertissement, voici ce relief romain dit Les danseuses Borghèse, où le sculpteur a saisi le mouvement des jeunes filles main dans la main. À quelques pas, voilà la Danseuse au tambourin du sculpteur néo-classique Jean-François Lorta, qui au XIXe siècle rend hommage à sa façon à la fête antique, et à l’art des maîtres d’alors.

Une expérience qui pourrait faire des petits :

Une nouvelle mise en place, et cela offre tout de suite la possibilité de poser un regard neuf sur une œuvre bien connue du public. On pourra tourner autour des grandes vitrines protégeant les objets prêtés, afin de découvrir ici une inscription à l’arrière, là toutes les facettes d’une lampe à six becs.

La salle Aimer et mourir prend, elle, des allures de mausolée. Les sculptures de couples célèbres comme Daphnis et Chloé, Zéphyr et Psyché ou des gisants médiévaux comme Charles IV et Jeanne d’Evreux jaillissent littéralement du décor voûté pour raconter l’amour à travers le temps. Ce type de dialogue artistique, qui transcende les époques et les styles, a séduit la direction du Musée du Louvre. Ses conservateurs et son directeur songent déjà à tirer parti de l’expérience québécoise pour l’antenne du Louvre qui ouvrira dans quelques années à Lens, dans le Nord de la France.

Pour vous faire une idée plus précise de l'exposition, le Musée des Beaux-Arts du Québec a mis en place un site internet pour présenter la manifestation.

Le 20 novembre est la journée mondiale de l'enfance. Créée en 1954 par l'Assemblée générale de l'U.N.E.S.C.O visant à instituer une journée de « fraternité mondiale et de compréhension entre les enfants, et d'activités favorisant le bien-être des enfants du monde entier. » qui donna trente-cinq ans plus tard, la convention relative aux droit de l'enfant.

Cette convention, selon le site de l'U.N.E.S.C.O, « définit une liste de droits de l'enfant comprenant le droit à la vie, à la santé, à l'éducation et le droit de jouer, ainsi que le droit à une vie de famille, à être protégé de la violence et de la discrimination, et de faire entendre sa voix. »

Après la magnifique lettre ouverte de , nous avons cherché quelques titres à paraître ou parus récemment qui développeraient un peu cette idée et notre choix s'est porté sur quatre livres : 

16 chansons originales et imagées pour présenter 16 droits extraits de la Convention Internatinale des droits de l'enfant.
Titres interprétés par Denis Alber et la chorale d'enfants de Monthey.

Textes et dessins Léopoldine Gorret.

Formulettes éditions

Parrainé par l'Institut international des droits de l'enfant.

Parution, le 8 décembre 2015.

Citoyenneté, opinion, civilité, religions, tolérance, liberté d'expression... Les valeurs de la République s'apprennent à l'école, à travers la vie scolaire ou à travers des actions éducatives spécifiques. Cet ouvrage présente ces notions importantes pour réaffirmer le lien entre éducation, citoyenneté et solidarité.

Nicolas Rousseau

Castordoc

L'histoire bouleversante du célèbre docteur Janucz Korczak qui, en 1942, refusa la liberté pour accompagner dans leur tragique destin les enfants juifs dont il s'occupait.

Ce jour de novembre 1940, 170 enfants juifs marchent dans les rues de Varsovie. Le coeur serré mais la tête haute, conduits par le grand docteur Korczak, ils quittent leur bel orphelinat pour rejoindre le ghetto. Leur nouvelle maison est beaucoup plus petite, et le ghetto ressemble à une prison où sont enfermés les Juifs, chaque jour plus nombreux. Heureusement, le docteur Korczak veille sur eux…

Par la voix d'un enfant de l'orphelinat, d'une justesse remarquable, l'auteure nous livre un témoignage poignant sur un homme d'exception, pédagogue célèbre, modèle d'humanité, de bienveillance et de respect, qui a posé les bases de la Convention internationale des droits de l'enfant.

Le dernier voyage, le Docteur Korczak et ses enfants

Irène Cohen-Janca (auteur),

Maurizio A.C. Quarello (illustrateur)

Les éditions de l'Éléphant

Malala Yousafzai est pakistanaise et musulmane. Depuis l'âge de onze ans, elle dénonce les intégristes musulmans qui considèrent que l'école, ce n'est pas pour les filles. Pour tenter de la faire taire, ils ont même tiré sur elle. Par bonheur, Malala est toujours debout. Aujourd'hui récompensée par le prix Nobel de la paix, elle poursuit son combat avec plus de force encore afin que tous les enfants aient le droit d'aller à l'école, qu'ils soient fille ou garçon, pauvre ou riche. 

Malala, Pour le droit des filles à l'éducation

Auteur / illustratrice : Raphaële Frier

Ed. Rue du Monde