de Sébastien Broca
Du bricolage informatique à la réinvention sociale
Préface de Christopher M. Kelty
De Wikipédia aux licences Creative Commons, d’Hadopi à Prism, de l’imprimante 3D à la freedombox, de Google, Amazon et consorts au "néomanagement", du copyright au brevetage du vivant, du do it yourself aux makers faires, des hackers aux Zones à défendre (ZAD)... cet ouvrage propose une nouvelle clé d'entrée pour des enjeux tels que la protection des données personnelles, les formes du travail et de la production, la diffusion des savoirs, l’emprise technologique, la réappropriation des savoir-faire, l’autonomie créative, la préservation des biens communs, les modes d’action collaborative....
De la culture du Libre à l'esprit du temps !
Sébastien Broca raconte d’abord l’histoire du Libre, en décrivant les bouleversements techniques et sociaux qui ont poussé certains informaticiens, en premier lieu Richard Stallman, à revendiquer une autre manière de faire de la programmation. Au fil de l’ouvrage, Broca nous fait aussi entrer au cœur des pratiques de systèmes comme Linux, Debian, Wikipedia…
Mais les pratiques des hackers demeureraient totalement incompréhensibles si elles ne pouvaient être rattachées à un certain nombre de normes, de principes et de convictions grâce auxquels elles sont investies de signification. Les valeurs du Libre portent notamment sur l’autonomie dans le travail, la créativité et la libre circulation de l’information. Sébastien Broca les analyse une par une et nous montre à quel point elles peuvent nous servir de modèle.
En effet les pratiques du logiciel libre sont souvent orientées vers des questions bien précises, qui concernent notre quotidien : la vie privée, la surveillance, la neutralité du Net, et quelquefois les droits de l’homme et les libertés politiques. Elles sont aussi au cœur de la transformation du travail.
L’activisme libriste permet d’éclairer au maximum les lieux de pouvoir, en informant aussi largement que possible sur les textes législatifs en préparation, voire en publiant des documents démontrant les tractations secrètes ayant lieu dans les sombres allées du pouvoir. D’un autre côté, il vise aussi à préserver la sphère privée du regard des entreprises ou des États...
Le logiciel libre – et en particulier le principe du copyleft – est aussi la matrice d’une critique du droit de la propriété intellectuelle qui s’est répandue dans toute la société. Le militantisme libriste, tel qu’il s’est déployé à partir de la fin des années 1990, a fait des émules. C’est souvent en référence à son exemple et en profitant de son expérience que se sont construites des mobilisations portant sur d’autres objets : l’accès aux médicaments génériques dans les pays du Sud, la promotion de l’accès ouvert aux publications scientifiques, la protection des semences paysannes contre les variétés hybrides intégrant une information génétique brevetée, etc.
De la lutte contre les brevets logiciels à celle contre l’Acta, les libristes ont développé un engagement militant, qui ne se limite pas à défendre le logiciel libre mais s’étend donc à des causes plus générales. Le livre de Sébastien Broca le montre magistralement et concerne aussi tous ceux qui veulent savoir comment faire entendre leur voix aujourd’hui !