Les délais de publications et de diffusion signent aujourd'hui la marque d'une édition qui reste dépendante de réseaux anciens aux délais incompressibles. Et si des acteurs tentent de se distinguer dans ce domaine, en proposant quelques percées, la joint-venture entre Perseus Books Group et The Beast Daily, outre qu'elle débouchera sur l'avènement de Beast Books, va mettre un coup de pied dans la fourmilière.
L'idée globale est de réduire au maximum les délais classiques de l'édition, entre le moment où le manuscrit est accepté par l'éditeur et celui où il se retrouve en librairie. Dans un schéma classique, un auteur peut mettre une année ou plus pour soumettre un manuscrit. Et l'on ajoutera neuf à douze mois pour que l'ouvrage imprimé arrive dans les points de vente. Des délais qui peuvent impacter la réussite d'un livre, arrivé trop tard en regard des attentes du public. Toute la problématique soulevée voilà déjà un an, et que l'on aborde enfin aujourd'hui.
Avec la société Beast Books, on réduirait à quelques mois l'ensemble de cette chaîne du livre : quatre à douze semaines pour la rédaction du livre et quatre de plus pour la publication en version numérique. La plupart des publications de Beast Books seraient de 40.000 mots, soit 150 pages, et porteraient sur des questions politiques ou culturelles, qui ont besoin de réactions rapides, explique Tina Brown. Pour elle, l'intérêt est de ne plus rater le coche pour des ouvrages qui surgissent trop tard sur le marché.
Diffusion large mais coller à l'actualité
Profitant du réseau de diffusion de Perseus, qui couvre les frais d’édition et distribuera les ouvrages, la nouvelle maison entend également placer ses livres sur les plateformes de vente comme Amazon ou Barnes & Noble. En réduisant ainsi le temps de latence entre l'arrivée du livre et sa sortie, la maison pourrait profiter d'une réactivité qui ravivera l'intérêt du public. On entend trop qu'au moment de la sortie d'un livre, ce dernier a perdu son lectorat, analyse un cabinet de consultants dédié à l'édition.
Fort de son expérience sur le net, The Daily Beast, journal consulté par trois millions de visiteurs uniques chaque mois, comprend bien toute la nécessité d'une virevolte efficace et rapide. Et si les contenus repris d'articles publiés sont alors vendus sous forme numérique, Tina ne redoute pas le moins du monde que les lecteurs se détournent de l'acte d'achat. Ces contenus supplémentaires, sous forme de synthèses portent en eux une valeur ajoutée certaine...