Après « Martin roi » et « En terre hostile », , analyste financier, pénètre l'univers de la boxe féminine et convainc plutôt bien.
A la lecture de ce roman, il n'est pas impossible que certaines images du film « Million dollar baby » vous traversent l'esprit même si, Norina, la narratrice n'a peut être pas la force ni la pugnacité, ni même le destin tragique de Maggie Fitzgerald.
Une femme qui boxe, ce n'est pas courant, cela suscite l'attention et la curiosité et le portrait de cette jeune femme, au parcours chaotique mais attachant, retient le lecteur grâce à une écriture vigoureuse, un rythme tonique et rapide, même si la fin, trop hâtive déçoit un peu cependant. Même si les personnages secondaires manquent de relief.
Norina ne connaît pas la douceur maternelle et existe, se revendique par son agressivité, sa hargne et ses ressentiments. Peu encline à communiquer, elle s'exprime par la force. Tout est puissance en elle, impulsion et rébellion. « Self made woman », elle s'éloigne rapidement de son père et apprend la vie à la force de ses poings.
D'institut de redressement au travail à la chaîne dans une usine de poulets, elle se forge une identité, affirme sa personnalité de femme battante et apprend peu à peu à canaliser sa colère et sa violence à travers des combats de boxe. Prise en charge par un entraîneur confirmé, elle devient professionnelle, perd et gagne, connaît de rares moments de gloire, quelques rencontres humaines sincères qui l'aident à se construire, à devenir femme puis mère.
A travers de courts chapitres, un style sec, acéré, elle retrace des événements importants de sa vie, crie son amertume, sa douleur aussi, ses échecs et ses souffrances, tout ce qui la construit au fil des années, sans détours. A vif.
Le lecteur oscille entre scènes d'action et d'émotion sans ennui ni temps mort jusqu'à ce que la fin ne vienne le surprendre brusquement et trop précipitamment.
En quelques lignes, Norina, bascule de vie à trépas, comme si l'auteur voulait en finir au plus vite avec son héroïne alors que pendant quelques centaines de pages, il a su créer un vrai personnage romanesque. C'est bien dommage, le lecteur ressent alors une certaine frustration à être ainsi dépossédé de son héroïne, prend de la distance avec l'histoire, reste en retrait et éprouve même une certaine froideur à l'égard du destin de Norina, trop vite expédié pour qu'il y soit réellement sensible.
Trop d'années écoulées en si peu de pages, ôtent une certaine crédibilité à l'ensemble du roman. Une cassure nette qui met K.O. le lecteur.
François Prunier a manqué une victoire de peu.