Alors que les maisons d'édition arabes et certaines organisations appellent au boycottage massif du Salon du Livre de Paris, pour un grand nombre d'écrivains arabes la décision reste difficile à prendre.
D'un côté ils sont tenaillés par cette idée que le salon fête l'anniversaire de la création d'Israël, et par la pression qu'exercent leurs pays, les éditeurs et quelques organisations. Participer au Salon du Livre reviendrait à les défier en quelque sorte et à être montré du doigt, particulièrement pour ceux qui vivent dans leur pays. D'un autre côté, comme l'explique Christine de Mazières Déléguée générale du Syndicat National de l'Edition, le Salon du Livre constitue une « vitrine indispensable » pour ces auteurs qui doivent faire connaître leurs livres.
Ainsi des auteurs reconnus ont décidé de passer outre le boycott et de se rendre au Salon du Livre, tels Boualem Sansal, Fouad Laroui, Youssef Jebri, ou encore Maïssa Bey qui nous révèle Le Monde a décidé d'aller au Salon du Livre de Paris « non pas comme citoyenne algérienne, mais comme écrivain ». D'autres viendront mais exprimeront leur désapprobation comme Alaa el-Aswani qui distribuera en silence « des photos d'enfants palestiniens ou libanais victimes de la politique israélienne », nous apprend le correspondant en Égypte du Figaro.
Une confusion qui a pignon sur rue
La confusion entre politique et littérature est bien présente. Quand les organisateurs du Salon du Livre annoncent que l'invité d'honneur de l'édition 2008 est Israël, il ne faut pas entendre le pays ou son gouvernement mais bien la littérature israélienne. Ce que nous rappelait très justement, Jean-Pierre Allali, président de la commission, du CRIF, chargée des relations avec les O.N.G. et le monde associatif, dans l'interview qu'il nous a accordé. Il avait ajouté que « La quasi-totalité des écrivains israéliens présents est avant tout connue pour des positions pacifiques, en faveur de la paix », et que le Salon du Livre ne fêtait pas, à son avis le soixantième anniversaire de la création d'Israël, les dates ne correspondant pas, hormis l'année bien sûr.
Les Droits de l'homme dans l'arène
Reste que selon la Ligue des Droits de l'Homme le problème ne s'arrête pas seulement à une confusion et à un hasard calendaire malheureux. Selon elle, il y a eu des incohérences dans l'organisation même du Salon. Elle dénonce une faute commise par le ministère de la Culture et celui des Affaires Etrangère, à savoir de n'avoir accordé de soutien financier qu'aux auteurs parlant hébreux.
Elle appelle le gouvernement français et les organisateurs du Salon à remédier à cette situation. Pour cela elle propose que « les écrivains israélo-palestiniens s'exprimant en arabe doivent être invités avec leur éditeur de toute urgence » mais elle demande aussi un soutien financier pour faire venir les éditeurs et auteurs palestiniens, afin de rétablir le dialogue. Le billet de la LDH en intégralité se trouve sur le site de nos confrères de bibliobs.com