Sun-Ken Rock est un des grands titres de cet été. C'est un manga désopilant, bourré d'action, parfois un peu violent mais jamais gratuitement, et surtout très bien construit.
Ken, un jeune japonais un peu paumé, part en Corée retrouver l'amour de sa vie Yumin, qui est devenue fliquette. Ken compte apprendre le coréen sur le tas est devenir lui aussi policier là-bas, avant d'épouser l'élue de son coeur. Hélas rien ne sa passe comme prévu. Sa candidature au poste de policier est refusée, il ne trouve pas de travail et n'a plus un rond. Un jour, il croise Yumin par hasard et lui fait croire qu'il est devenu producteur pour une société de création de jeu pour consoles next gen.
Yumin ne laisse rien transparaître mais Ken sent bien qu'elle ne croit pas. Pire, le procureur Gan passe par là et invite Yumin à dîner un soir. Plus tard Ken terrasse quelques membres d'un gang qui s'en prenaient à un vil homme. C'est là qu'il est repéré par Park Taesoo, le boss d'un autre gang, qui lui propose de devenir un « gundal » (c'est-à-dire un mafieux coréen). Ken refuse mais Park Taesoo est insistant et finit par lui proposer de devenir lui-même le boss...
Un humour graphique très décalé
Sun-Ken Rock est un titre original qui surprend par sa façon humoristique de traiter le sujet de la mafia coréenne. Avant d'ouvrir Sun-Ken Rock, on s'attend à y trouver des personnages qui se prennent au sérieux et se tirent dessus à tous les coins de rue, avec des scènes très violentes toutes les trois pages. Une appréhension qui disparaît dès les premières pages, effacée par le style graphique très particulier de Boichi. En effet, le mangaka aime à décrédibiliser ses personnages en les déformant de toutes les manières possibles.
Si la technique des personnages SD (super déformés) est un ressort classique de l'humour dans les manga, elle n'en reste pas moins efficace ici, tant le décalage est grand entre l'ambition des personnages et leurs comportements. L'humour dans ce titre est d'ailleurs essentiellement basé sur des codes graphiques (visages desséchés, morve qui s'échappe par les trous de nez, âme qui sort du corps...) convenus certes mais terriblement efficaces tant ils sont décalés par rapport au thème de la mafia.
Des dessins et un scénario parfaitement maîtrisés
Au niveau des dessins encore mais de manière plus générale, Sun-Ken Rock est une belle réussite. Les combats sont fluides et très clairs malgré la profusion de speedlines, les personnages ont vraiment tous leur identité graphique et sont particulièrement soignés quand ils ne sont pas déformés, et les décors fourmillent de détails sans être surchargés. Il faut dire que Boichi est un perfectionniste qui s'attache beaucoup à la qualité du dessin. Et vous aurez un petit aperçu de son travail dans les bonus de fin de tome.
Le scénario quant à lui est un étrange alliage de légèreté et de sujets graves. Le premier tome est vraiment accès sur l'humour et la construction de la bande. Ken sauve quelques opprimés et tout semble plutôt rose, par rapport au thème de base. On s'attend donc à ce que ce manga soit plutôt léger et distractif. Là encore, Boichi nous surprend avec un deuxième tome beaucoup plus sombre et grave.
La technique du chaud-froid
Ken se trouve confronté aux conséquences de ses actes, ceux-là mêmes qui paraissaient plutôt anodins dans le tome 1. Dans la première partie de ce second volet, les personnages SD n'ont plus vraiment leurs places et l'humour et quelque peu laissé de côté pour donner tout le champ à des combats sanglants et à des scènes assez violentes. La deuxième partie est beaucoup plus légère et l'humour est de retour.
Sun-Ken Rock est une des plus belles surprises de cet été. Ce titre tire sa force de cet étonnant mélange d'humour, de légèreté, de violence et de sujets graves. Le mangaka nous fait passer du chaud au froid en un clin d'oeil avec une très grande maîtrise. C'est beau, c'est fort et c'est drôle, bref c'est incontournable et nous vous le recommandons très chaleureusement. Attention ce manga est tout de même déconseillé au moins de 15 ans, et on pourrait rajouter aux âmes sensibles, du fait de la violence de certaines scènes, du caractère explicite d'autres et de quelques passages de nus.
Sun-Ken Rock de Boichi est édité par Doki-Doki. Le tome 1 compte 192 pages, le tome 2 en a 208 et chacun coûte 6,95€. Pour le tome 3, il va falloir vous armer de patience car sa sortie n'est pas prévue avant le 03 décembre 2008. Au Japon la série compte actuellement 6 tomes et elle est toujours en cours de publication.