M. Allali bonjour. Les appels au boycott se multiplient concernant le Salon du Livre à Paris, et le CJM (voir notre actualité) s'est même exprimé sur le sujet, estimant qu'une intervention des auteurs français aurait été la bienvenue.
Jean-Pierre Allali, crédits Crif
Jean-Pierre Allali : Oui, effectivement, une réaction émanant des auteurs en vue serait souhaitable, mais tout n'est pas perdu, car il reste encore quelques jours avant l'ouverture du Salon. Une prise de position commune apporterait un élément supplémentaire. Cela dit, il faut surtout se réjouir de ce qu'aucun auteur important n'a justement appelé au boycott, parmi ceux qui apprécient peu la politique d'Israël.
ActuaLitté.com : Mais que penser de cet appel au boycott ? Ne se trompe-t-on pas de cible ?
Jean-Pierre Allali : Eh bien, c'est justement là que le bât blesse. La quasi-totalité des écrivains israéliens présents est avant tout connue pour des positions pacifiques (voir l'exemple d'Amos Oz), en faveur de la paix. On n'a pas invité pour le Salon du livre la fine fleur de l'extrême droite israélienne. Certes, le président sera présent, mais cela n'en fait pas une réunion politique pour autant. Shimon Peres penche d'ailleurs bien plutôt du côté de la réconciliation. Au sein du CRIF, nous nous trouvons devant un problème assez incompréhensible.
« La quasi-totalité des écrivains israéliens présents est avant tout connue
pour des positions pacifiques, en faveur de la paix. On n'a pas invité
[...] la fine fleur de l'extrême droite israélienne. »
ActuaLitté.com : Aaron Shabtaï, poète israélien, a déclaré, je le cite, qu'il refusait l'invitation au Salon, n'estimant pas qu'un « État qui maintient une occupation, en commettant quotidiennement des crimes contre des civils, mérite d’être invité à quelque manifestation culturelle que ce soit ».
Jean-Pierre Allali : Voilà. J'ignorais cette intervention, mais elle manifeste clairement la confusion qui règne. L'invitation des auteurs a pour but de leur permettre d'exprimer leur point de vue, en qualité d'écrivain. Je pense que cet appel au boycott ou ces refus de venir confondent l'invitation d'un auteur avec l'invitation d'une classe politique.
Vous voyez, il semblerait incongru qu'au cours d'une manifestation sportive où Israël est présent, on boycotte, mettons les Jeux olympiques du fait que l'État y participe. Cela s'est déjà vu par le passé, mais les joueurs d'une équipe ont simplement refusé de jouer contre l'équipe d'Israël, ils n'ont pas boycotté la manifestation dans son intégralité. La réaction me semble, pour le Salon du Livre, quelque peu disproportionnée..