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Alain Gerber

Extraits

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Critique littéraire

Alain

« Beaucoup connaissent Robbe-Grillet mais qui connaît Alain ? Il ne s'agit pas ici de livrer une biographie d'A.R.-G. Ni de revenir sur les sujets abordés par lui dans ses Romanesques, ailleurs, et par moi dans Jeune Mariée (Nouveau Roman, combats littéraires ou politiques, cinéma, etc.). Mon projet est plus limité : mettre en lumière certaines facettes de notre vie de couple, mettre l'accent sur quelques aspects de sa personnalité saisis à travers nos objets intimes ou quotidiens et, par touches successives, compléter de son versant conjugal son image publique. Sans plus. » Catherine Robbe-Grillet

10/2012

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Autres philosophes

Alain Badiou par Alain Badiou

Né d'une rencontre avec une classe de lycéens belges, ce livre incarne l'accomplissement d'un défi : celui qui consiste, pour un philosophe célèbre pour l'ambition et la richesse de son travail, à en proposer une introduction qui n'en perde pourtant jamais la pointe. C'est ce défi qu'a relevé Alain Badiou dans ce petit livre, mêlant entretiens et textes inédits, qui parcourt avec autant d'allégresse que de pédagogie plus de soixante années de publications, et traverse la totalité des domaines dans lesquels sa pensée s'est illustrée : ontologie fondamentale, mathématiques, politique, poésie ou amour – non sans multiplier les digressions en direction des grandes figures de l'histoire de la philosophie. A l'heure où l'oeuvre d'Alain Badiou est enseignée et commentée dans les universités et les grandes écoles du monde entier, il était temps qu'on dispose d'une boussole fiable afin de s'orienter dans son fantastique foisonnement. On la tient entre les mains.

02/2021

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Linguistique

Salut, Alain ! Hommage à Alain Rey

Alain Rey était un génie des mots et un conteur hors pair. Ses textes, ses chroniques et ses prises de parole sont un vrai trésor. Ce livre souvenir en restitue le meilleur, pour vous enchanter avec ses histoires de mots, ses engagements, ses passions et surtout son amour d'une langue française vivante et ouverte sur le monde. Alain Rey était un génie des mots et un conteur hors pair. Ses textes, ses chroniques et ses prises de parole sont un vrai trésor. Ce livre souvenir en restitue le meilleur, pour vous enchanter avec ses histoires de mots, ses engagements, ses passions et surtout son amour d'une langue française vivante et ouverte sur le monde. Le père du Dictionnaire historique de la langue française le savait bien : derrière chaque histoire d'un mot, il y a l'histoire tout court. Décrire les mots, c'est bien sûr collecter et reconstituer des savoirs au moyen d'un immense travail d'enquête, mais c'est aussi raconter des époques, des manières de penser, capter un air du temps. Une cinquantaine de personnalités de tous les horizons apportent leur témoignage avec émotion : Alain Passard, Big Flo et Oli, Daniel Pennac, Erik Orsenna, Gaël Faye, Jack Lang, Laurent Baffie, Mona Ozouf, Renaud... et bien d'autres encore, pour dire à l'unisson " Salut Alain ! ". Ce livre veut rendre hommage aux multiples facettes de l'insatiable conteur de notre temps. Réunissant un large éventail des meilleurs textes d'Alain Rey, entretiens, anecdotes, coupures de presse, photographies... Il recompose le récit d'une vie passionnante et passionnée et invite à une promenade réjouissante au fil des mots. Ouvrage préparé et coordonné par Maya Lavault, professeure agrégée de lettres modernes et docteure en littérature.

10/2021

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Beaux arts

Alain Fleischer

Alain Fleischer est l'auteur d'une oeuvre abondante et multiforme de photographe, plasticien, cinéaste et écrivain. Couvrant plusieurs décennies et abordant des sujets aussi nombreux que diversifiés - le réel et son envers, le temps et le mouvement, l'amour et l'érotisme, l'utopie... -, les entretiens réunis dans ce volume soulignent combien Alain Fleischer est un artiste du projet : chez lui, les idées prédominent et trouvent à s'exprimer dans des techniques et des formes adaptées, qu'il s'agisse d'un film, d'une installation ou d'un livre. Ils montrent aussi, comme en témoigne Le Fresnoy, école d'art conçue et dirigée par l'artiste, que son oeuvre de créateur est inséparable de celle d'un passeur.

10/2020

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Chanson française

Alain Bashung

64 PAGES DE PHOTOS RARES OU INEDITES Claude Gassian a photographié Alain Bashung à l'aube des années 1980 jusqu'à la fragile fin sacralisée par les Victoire de la musique, à l'hiver 2009. Capable de fulgurances électrisée comme de lyrisme romantique osé, malaxant les sons comme les mots et risquant l'humour sans jamais filtrer avec le calembour, Bashung incarne l'aristocratie paradoxale d'un rock français pavé, mais jamais coupé de ses origines métisses, américaines, révisées à coups de jeux de mots allitérés francaouis, de Kurt Weill et de Georges Delerue, de Buddy Holly et de Léo Ferrré en passant par Gainsbroug et Manset, sans jamais être autre que parfaitement original, dandy ténébreux habité par les fantômes obsédants du rock qui l'ont précédé et soucieux d'en prolonger la préciseuse alchimie en faisant à son tour lui aussi, "hennir les chevaux du plaisir"

09/2023

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Critique littéraire

Alain-Fournier

Le nom d'Alain-Fournier, pseudonyme d'Henri-Alban Fournier (1886-1914), reste attaché au Grand Meaulnes, roman publié en 1913. Mort le 2 septembre 1914, à la lisière du bois de Saint-Remy, il est l'auteur d'une oeuvre plus ample - correspondance, nouvelles, poèmes, chroniques et critiques - sur laquelle s'appuie Ariane Charton, nous donnant une image très vivante d'un écrivain marqué par son enfance campagnarde. Ami de Jacques Rivière. Alain-Fournier veut trouver la présence du monde au fond de l'âme et ne jamais la disjoindre de son idéal. Rêvant d'être marin "pour faire des voyages". affirmant "se jouer du monde avec la moindre de ses pensées", il ne voulait pas créer des personnages "moraux ou sympathiques, mais d'abord penser à les faire vivants".

02/2014

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Critique littéraire

Alain-Fournier

De la vie brève d'Alain-Fournier, l'histoire a retenu un unique chefs-d'œuvre, Le Grand Meaulnes. Tombé au champ d'honneur à l'âge de vingt-sept ans, le jeune auteur a pourtant laissé derrière lui une grande quantité d'écrits : poèmes, récits, articles, et surtout d'innombrables lettres où l'on peut découvrir, presque au jour le jour, le parcours d'un homme aux prises avec la création d'un univers singulier, tendu vers la recherche de l'absolu. Derrière la figure de l'éternel adolescent rêveur se dessine ici un autre Alain-Fournier, amant passionné, soldat héroïque, journaliste infatigable dialoguant avec les plus grandes plumes de son temps, d'André Gide à Charles Péguy. La rencontre avec Jacques Rivière, son condisciple au lycée Lakanal et futur directeur de la N.R.F., qui épousera plus tard Isabelle, la sœur bien-aimée de l'auteur, la confidente et la complice, fut décisive. Cette amitié exemplaire entre deux esprits de premier ordre suscitera une correspondance, véritable chronique de l'époque en même temps que modèle du genre. Dans cette grande biographie d'Alain- Fournier, Violaine Massenet dresse un portrait charnel et habité de l'écrivain. Au-delà des légendes, elle a cherché à restituer la vérité intime, mais aussi les révoltes et les tentations, de l'auteur du Grand Meaulnes.

09/2005

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Beaux arts

Alain Kirili

Né en 1946, Alain Kirili vit et travaille à Paris et New York. En 1972, il expose pour la première fois à la galerie Sonnabend à Paris. Sa sculpture actualise les moyens et les matériaux traditionnels (terre cuite, plâtre peint, fer forgé, bronze). Il transforme également des matériaux contemporains tels que l'aluminium et la résine. La diversité des médiums et la dimension spirituelle de la création sont aussi des traits caractéristiques de son oeuvre comme l'ont montré par exemple ses collaborations avec des musiciens de jazz américains. Ses sculptures figurent dans de nombreuses collections privées et publiques telles que le Museum of Modern Art de New York, le musée Ludwig de Cologne, la collection Raymond Nasher de Dallas, les musées de Grenoble et de Saint-Etienne. Parmi les commandes publiques qu'il a réalisées, on peut voir ses sculptures Grand Commandement blanc à Paris, dans le jardin des Tuileries et Ascension (récemment installée) à l'abbaye de Montmajour. Robert C. Morgan a un Master of Fine Arts en sculpture et un doctorat en philosophie de l'art. Il est critique d'art et écrit dans un grand nombre de revues internationales et de magazines professionnels. Il est rédacteur à Sculpture Magazine, New York Arts et Tema Celeste (Milan) ; il collabore également à Art News. Il est en outre l'auteur de catalogues et de monographies. Parmi ses ouvrages récents, citons Art into Ideas : Essays on Conceptual Art (1996), The End of the Art World (1998), Bernar Venet, 1961-1970 (1999), Gary Hill (2000) et Bruce Nauman (2002). En 1999, il obtient le premier prix Arcale de critique d'art, à Salamanque, et il est élu membre du jury du prix Unesco à la biennale de Venise. Robert Morgan est également poète et artiste ; il vit et travaille à New York mais voyage aussi dans le monde entier. Il occupe les fonctions de professeur adjoint des beaux-arts au Pratt Institute et de conseiller du doyen au Rochester Institute of Technology de New York.

09/2002

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Histoire de France

Alain Peyrefitte

Alain Peyrefitte, l'homme des records ? Un champion toutes catégories en matière de réussite personnelle, sociale et intellectuelle ? C'est l'impression que donne son curriculum vitae : résistant à dix-neuf ans, normalien à vingt, énarque à vingt et un, secrétaire d'ambassade à vingt-quatre, consul général à vingt-neuf, sous-directeur à trente, député à trente-trois, ministre à trente-sept, académicien à cinquante et un... Il faudrait y ajouter les 1 800 000 exemplaires de Quand la Chine s'éveillera, les dix-sept années de présidence du comité éditorial du Figaro, les trois volumes du C'était de Gaulle, et on serait encore loin du compte. Alain Peyrefitte fut en réalité bien plus que cela : un philosophe de la politique plus qu'un homme politique, un écrivain de premier ordre qui sut faire de sa vie publique une incomparable matière première. C'est en effet de son quotidien de maire, de conseiller général ou de ministre qu'il a tiré ses réflexions les plus profondes, ses vues d'avenir les plus fécondes - Le Mal français lui valut d'être qualifié de Tocqueville du XXe siècle. À travers toutes ses réussites, Alain Peyrefitte fut pourtant un mal-aimé. Auteur de la première loi de libéralisation de l'audiovisuel, il passe encore pour le ministre de la censure. Garde des Sceaux dont l'œuvre législative est pour l'essentiel intacte, beaucoup ont vu en lui un pourfendeur des libertés. La présente biographie redonne sa véritable dimension à un homme qu'on reconnaîtra bientôt comme l'un des personnages marquants de la seconde moitié du siècle écoulé.

09/2002

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Musique, danse

Lester Young

" Le génie de Lester Young tient pour une large part à son lyrisme - paradoxal, puisqu'il traduit une sorte d'exubérance désespérée ou de mélancolie euphorique, comme si la nostalgie pouvait être constructive et le passéisme futuriste. Mais il relève aussi de son aptitude à conjuguer l'excitation (voire la frénésie) et l'indolence (voire l'assoupissement), au point qu'il devient impossible de les distinguer. Il aura détenu, plus qu'aucun autre jazzman en ce siècle, le secret de la volubilité paresseuse et de l'abandon pugnace. Avec la simplicité la plus grande, dans la transparence la plus absolue, il aura su faire de son art une énigme, donnant corps à la chimère qui hante comme un spectre toute l'entreprise poétique depuis Rimbaud. " C'est cette énigme qu'explore et éclaire Alain Gerber, en évoquant, à partir de nombreux enregistrements, la destinée artistique d'un des plus grands saxophonistes ténors de la musique afro-américaine avec Coleman Hawkins, Sonny Rollins, Stan Getz et John Coltrane. L'artiste dans la et dans sa société apparaît ici : l'enfant qui reçoit de son père, musicien lui-même, un enseignement strict et se produit sur scène avant l'âge de douze ans, le réfractaire qui tâte de la prison militaire, et celui dont une crise cardiaque causée par l'abus d'alcool interrompt la vie, dans sa cinquantième année. Beaucoup de ses partenaires apparaissent dans cet ouvrage : Count Basie, avec lequel il joue à de nombreuses reprises, Billie Holiday à qui le lient une admiration et une amitié exceptionnelles, et Coleman Hawkins, prédécesseur, rival révéré au saxophone ténor. A partir de sa fascination raisonnée pour le seul être qui, depuis Tchekhov, " a donné tant de bonheur à ses semblables en leur inspirant tant de mélancolie ", l'érudition musicale et la finesse du talent littéraire d'Alain Gerber lui font réussir une gageure : s'approcher au plus près de la définition du style en musique.

08/2000

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Littérature française

Paul Desmond et le côté féminin du monde

Il aimait brûler les cigarettes par les deux bouts. Il aimait le scotch Dewars avec une ardeur juvénile, et puis rentrer chez soi de travers, au petit matin, se réveiller au milieu de l'après-midi et chercher à tâtons ses lunettes à monture d'écaille, et contempler sa gueule de bois dans le miroir de la salle de bains, avec le sentiment du devoir accompli. Il aimait à l'extrême tuer le temps avec douceur. Mourir sans impatience. Discuter à perte de vue. Parler littérature, poèmes, ballets, cinéma, comédie. Mais, par-dessus tout, il aimait les femmes. Exalter le côté féminin du monde était sa mission sur la terre. Il composait des airs pour qu'on ait - prétendait-il - l'impression de voir Audrey Hepburn pénétrer dans la pièce. Petites amies ? Non : brèves rencontres... L'une chassait l'autre. Souvent même, il en courtisait de front plusieurs. Mais courir plusieurs lièvres à la fois est le moyen rêvé de n'en attraper aucun. Cet homme n'aura tant aimé la chasse que pour le mélancolique réconfort de rentrer absolument bredouille. Elles étaient sa fumée sans feu. Et sa musique racontait ce prodige, cette dissipation chatoyante, cette infécondité splendide. A.G.

10/2006

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Littérature française

Je te verrai dans mes rêves

" Je crains de ne pas être modeste au point de contester que, en matière de jazz, je m'y connais un peu. Assez en tout cas pour ne pas ignorer, en principe, l'existence d'un des interprètes majeurs d'une musique à laquelle j'ai consacré tant de nuits, tant d'émissions, tant de livres. Dans cette mesure, ma surprise ne fut pas mince le jour où, dans une trattoria vénitienne où nous déjeunions, lui et moi, Woody Allen lança dans la conversation le nom d'Emmet Ray. D'après le cinéaste, ce guitariste n'avait pas rencontré le succès de son vivant, il ne figurait dans aucun dictionnaire et sa contribution phonographique se limitait à quelques faces de 78-tours, jamais rééditées et désormais inaccessibles. Dans une certaine mesure, j'étais donc excusable d'être passé à côté de son oeuvre, mais dans une certaine mesure seulement... Car, à en croire mon interlocuteur, cet homme était un génie. D'un genre un peu particulier sans doute, mais un génie malgré tout. Pareille lacune de ma part, je l'avoue, blessait mon amour-propre. En même temps qu'elle piquait ma curiosité. Les génies obscurs sont fascinants à un double titre : les peintres sans galériste, les écrivains sans éditeur, les musiciens sans producteur - tous ceux dont on s'est aperçu trop tard qu'ils avaient manqué, avec une ponctualité tenant du prodige, tous les rendez-vous que la gloire leur avait fixés, et qui auraient pu bouleverser leur existence (ainsi que celle d'un certain nombre de leurs contemporains). De retour à Paris, j'ai donc mené ma petite enquête sur le "cas" Emmet Ray. L'expérience fut très loin d'être décevante. Mais comment serait-on déçu par un personnage que Woody Allen, l'un de ces heureux "menteurs qui disent toujours la vérité", aurait pu - et peut-être était-ce le cas - avoir inventé de toutes pièces ? ", A.G.

03/2011

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Littérature française (poches)

Jours de brume sur les hauts plateaux

Sur un piton rocheux dominant les marécages et les brumes de la Cochinchine, une poignée de soldats a pour mission de garder le fort Eleuthère. Une mission des plus tranquilles depuis qu'est achevée la colonisation du pays... Au point que lorsque le capitaine Marceau, commandant du lieu, reçoit son avis de mise à la retraite, il ne doute pas que c'en est fini du fort Eleuthère. Cependant, ni le jeune aspirant Viramyllis, ni le rude adjudant Chabarasse ne l'entendent de cette oreille. Durant les six semaines précédant le départ de Marceau, ils vont s'évertuer à démontrer que le piton demeure un point stratégique capital, menacé par des hordes rebelles. Même si, en définitive, ne surgit du brouillard qu'une jument, celle sur laquelle Marceau s'éloignera pour toujours... Alain Gerber a écrit un livre subtil, caressant des personnages égarés qui trouvent un sens à la vie au fin fond d'une région désolée, hallucinatoire.

03/2003

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Littérature française

Insensiblement (django)

A la libération, les G.I. répandus partout dans Paris n'ont qu'une question à la bouche : " Where is Django ? " Sa renommée a franchi l'Atlantique depuis belle lurette. Mais pas lui. A cause de la guerre. La paix revenue, invité par Dulie Ellington en personne, il s'embarque enfin pour l'Amérique. terre natale de la musique qui l'a rendu célèbre : le jazz. Pourtant. au fond. que lui importe, à lui qui a grandi dans une roulotte, que le jazz ait vu le jour ici ou là ? Le jazz est partout. Ou plutôt : il est au bout de ses doigts. Le jazz est à lui, que ce soit à New York ou Paris. Ce qui, à sa connaissance. n'existe en revanche qu'à Paris. c'est la fille aux veux noirs pour laquelle il a joué sans rien dire au Hot Feet, place de Clichy. Mais des veux noirs peuvent-ils suffire à fixer un gitan ?

03/2010

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Littérature française

Lady Day. Histoire d'amours

Ce roman est bâti autour du personnage de la plus grande chanteuse de l'histoire de la musique afro-américaine au xxe siècle, née, selon les documents officiels, le 14 février 1915 au General Hospital de Philadelphie, et que l'on connaîtra successivement sous les noms d'Eleanor (ou Eleanora) Fagan, Gough, Fagan encore, puis Eleanor Halliday et enfin Billie Holiday. Comme dans Louie, Chet et Charlie, l'histoire que je raconte s'inspire d'événements réels, librement interprétés et mis en scène : c'est-à-dire filtrés par l'imagination et composés entre eux en fonction d'un projet littéraire qui ne vise pas en priorité la reconstitution des faits, d'ailleurs incertains en bien des cas, au terme des nombreuses enquêtes menées jusqu'ici. La plupart des personnages que je convoque dans ce livre ont existé. En revanche, à l'exception de quelques rares phrases qui furent effectivement prononcées, l'ensemble des propos tenus ou cités par eux dans leurs monologues intérieurs est de pure fiction (ce qui ne signifie pas de pur arbitraire), comme les tempéraments et les caractères auxquels ils renvoient. Cette histoire commence à New York, le 19 mars 1959, quatre mois, presque jour pour jour, avant la mort de l'héroïne. On enterrait ce jour-là l'homme avec qui, parmi tous ceux qu'elle rencontra, elle entretint les relations les plus innocentes et les plus énigmatiques, les plus profondes et les plus désincarnées : le " Président " des saxophonistes ténors, Lester Young. Huit jours plus tôt, le 11 mars, elle avait participé à l'ultime séance d'enregistrement de sa fertile carrière avec l'un de ses très fidèles partenaires, 1e trompettiste Harry Edison, et ils avaient gravé, entre autres, une version du standard There'll Be Some Changes Made : " Quelques changements vont se produire ".

08/2005

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Littérature française

Le central

Belfort, place Corbis, au café Le Central, par une lumineuse journée des années 1960. Certains viennent pour être vus, d'autres pour boire en cachette. Ici le verbe haut, là le regard bas ; en terrasse on fête un événement, dans un recoin près du bar on tâche désespérément d'en oublier un autre. Mais se rencontre-t-on vraiment ? Ou n'y a-t-il qu'un écrivain pour donner à la foule son incroyable densité, rappeler que derrière chaque visage se cache une vie entière ? Il est là quelque part qui observe, réinvente la comédie humaine en miniature, et s'attache à ce que vous ne voyiez plus jamais les cafés de la même manière...

04/2012

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Musique, danse

Miles Davis et le blues du blanc

" Ces vrais résidus de poubelle du type My Funny Valentine, ces camelotes d'un autre temps écrites à l'usage des Blancs ! " : ainsi Miles Davis qualifia-t-il en 1975, un jour de colère, les standards empruntés au répertoire de la chanson populaire et de la comédie musicale, dont il avait été pendant plus de vingt ans le plus troublant des interprètes. Il leur devait en grande partie sa gloire et sa fortune. Il leur avait fait l'amour avec plus de ferveur, de tendresse et d'imagination qu'aucun trompettiste avant lui. Comment et pourquoi en vint-il à les agresser, et pas seulement en paroles, à les démantibuler, à leur lancer de l'acide au visage, avant de les exiler de sa musique pour très longtemps ? C'est la principale question que posent ces pages d'où se dégage peu à peu la figure fascinante d'un créateur qui, ne voyant dans l'éternité " rien d'autre que l'éphémère toujours réinventé ", terrorisé à l'idée que l'air du temps pourrait souffler la flamme de son génie si son génie restait en place, n'a cessé de fuir son reflet et de fausser compagnie à son ombre (à sa lumière aussi !). Quitte à se chasser lui-même des paradis successifs auxquels il avait accédé. Au moins ne l'aura-t-il fait que pour en gagner de plus inouïs. " Critique à la notoriété transatlantique - a écrit Paul Benkimoun dans Le Monde - Gerber possède, comme les musiciens qui le fascinent, cette impressionnante assise technique qui lui permet de canaliser une imagination profuse. Il nous révèle les vérités secrètes du jazz, dissimulées sous notre nez, et suscite en nous le sentiment de voir énoncé ce que nous n'aurions pas su exprimer. "

01/2003

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Musique, danse

Bill Evans

Comment faire le portrait in jazz de Bill Evans, dont une image, devenue son emblème, a couru le monde : un homme dont les traits baignent dans l'ombre qu'il se fait à lui-même ? A travers son parcours jalonné de rencontres et de confrontations avec des partenaires à sa mesure, Alain Gerber évoque ce maître qui voyait dans le piano un accès à la musique, davantage intéressé par l'esprit qui pense jazz que par l'instrument qui joue jazz. Il aurait donné sa vie pour déchiffrer l'énigme de l'harmonie entre le logique et le viscéral. Le feeling dont il fait sa force motrice, le mène, à travers les écueils de l'émotion véhiculée par la musique, vers ce qui meut la musique elle-même.

08/2001

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Littérature française

Louie

Quand même, j'aimerais bien savoir d'où je tiens cette attirance pour les pistons. Peut-être ce blues à casser les carreaux que Buddy Bolden avait jadis joué devant moi, accompagné par Jelly Roll Morton, dans la maison de Lulu White. D'un seul coup, j'avais eu, sans bien comprendre ce qui m'arrivait, la révélation que la musique n'est pas simplement des cortèges, des loulous, des rires, des caresses dans les coins et des noubas chez le coiffeur, mais aussi une solitude et une sorte d'attentat. Du pavillon de Golden avait jailli une vérité qui faisait peur à voir, mais c'était quand même la vérité toute nue. Le grand Armstrong raconte aussi La Nouvelle-Orléans, l'odeur de magnolia et le riz aux haricots rouges, les docks, le premier cornet acheté à crédit, la fanfare du foyer pour enfants. On entend Satchmo rire, chanter, blaguer. Il descend de scène, il vient nous serrer dans ses bras, nous confier les années de misère où il vendait du charbon à la criée. Et quel diable s'est glissé dans la peau du trompettiste ? Un romancier aux rythmes électrisants, " un homme, écrit Siné, qui prend sa plume et la trempe dans son cœur pour parler de jazz ".

08/2002

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Littérature française

On dirait qu'on serait...

" Dans ta vie, tu peux jouer la comédie tant que tu veux, à condition de ne pas faire semblant. Il faut jouer, mais seulement pour de vrai... " " C'est aussi simple que ça, mon petit vieux ", aurait pu ajouter le Patron, faux Jouvet d'un conservatoire de banlieue, à son ancien élève, Maurice Truchot, dit Momo, qui a appris auprès de lui à faire l'acteur dans le rôle le plus répandu qui soit dans le métier, celui de comédien sans rôle. Momo dont ce récit évoque l'enfance franc-comtoise avec ses rituels dominicaux, la passion du cinéma, les cours d'art dramatique, l'amour muet pour Valentine, le service en Algérie, le happening de Mai 68, jusqu'à cette tournée théâtrale digne du Capitaine Fracasse. Autant d'occasions, pour l'éternel apprenti acteur, de situer les limites de sa propre existence avec une vie imaginaire. Et après que chacun aura joué ce qu'il était pour devenir ce qu'il jouait, peut-être, s'il n'est pas trop tard, la vraie vie pourra-t-elle commencer et le rideau se lever ? Dans ce roman d'apprentissage, Alain Gerber mêle comme jamais virtuosité narrative et succulence du style et des mots.

08/2000

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Musique, danse

Frankie, le sultan des pâmoisons

Avec Frankie, le jazz sort des clubs et des boîtes de nuit de Harlem ou de La Nouvelle-Orléans. Ses liens avec la mafia et le clan Kennedy, son mariage tumultueux avec Ava Gardner - cent fois sur le point de rompre, cent fois raccommodé - et sa fréquentation de Hollywood font de Sinatra l'incarnation d'une certaine Amérique, de sa face claire mais aussi de sa face obscure, et du fameux rêve qu'elle n'a pas fini d'inspirer. Auteur de grands romans consacrés à Louis Armstrong, Chet Baker, Billie Holiday ou Miles Davis, Alain Gerber a largement contribué à faire entrer le jazz dans l'Histoire. Aujourd'hui II fait entrer l'Histoire dans le jazz

09/2008

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Littérature française

Miles

Mon vieux m'a demandé : "Tu sais ce qu'est un oiseau moqueur, fils ? " Il n'a pas attendu que je dise non. "Il n'a pas de chant à lui. Il imite le chant des autres espèces, c'est tout ce qu'il sait faire. Est-ce que tu as parcouru tout ce chemin pour m'apprendre que tu allais devenir un oiseau moqueur, Miles ? Si c'est le cas, tu peux tout de suite t'en retourner d'où tu viens. En revanche, si tu as l'intention de chanter ta propre chanson, je te bénis. Je te bénis, quoi qu'il puisse t'arriver". .

08/2007

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Musique, danse

Clifford Brown. Le roman d'un enfant sage

Bien des musiciens de jazz, parmi les plus célèbres, ont mené une vie de bâton de chaise, où figuraient en bonne place l'alcool, les drogues, les comportements asociaux et les frasques sexuelles. D'aucuns en ont conclu que leur génie ne pouvait s'épanouir que grâce à ces excès ou à ces dérives. Ce livre les étonnera. Il trace le portrait d'un garçon qui - fils respectueux de parents extrêmement méritants, puis musicien plein de raison, lucide, appliqué, déférent à l'égard de ses aînés, discipliné dans sa vie comme dans son art - n'en devint pas moins l'un des improvisateurs les plus flamboyants et les plus féconds de sa génération. De surcroît, " ce mouton à cinq pattes, cet enfant sage dans la cour des enfants terribles " a bel et bien existé. " Il s'appelait Clifford Benjamin Brown. Il jouait de la trompette, et il en jouait mieux, beaucoup mieux, follement mieux que la plupart des fous. " Est-ce d'avoir trouvé la mort à vingt-cinq ans, dans un accident de voiture, qui lui a conféré après coup l'aura d'un ange foudroyé ? Fascinés par sa quête tranquille de la perfection et cette façon, tout aussi sereine, qu'il avait de viser l'inaccessible, les créateurs majuscules auxquels il s'est un jour ou l'autre mesuré (Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Miles Davis, Fats Navarro, Sonny Rollins, Art Blakey, Max Roach...) ont tous vu en lui, de son vivant déjà, quelqu'un d'un peu miraculeux. Alain Gerber raconte ici l'histoire de " Brownie ", ses rencontres et ses traverses. Mais aussi, à sa manière habituelle faite d'intime compréhension, il décrit une entreprise esthétique sans pareille et saisit la musique du trompettiste dans le mouvement qui lui confère sa grâce et la rend aussi actuelle aujourd'hui qu'à l'époque où on la découvrait.

03/2001

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Littérature française

La hache

Un sous-lieutenant français se trouve affecté avec trois autres soldats dans la zone occupée par l'armée d'un pays imaginaire qui pourrait être situé en Europe de l'Est, sans doute de confession orthodoxe, car ll y a un pope au village. II est logé dans une ferme où habitent un fermier, sa femme et sa fille adolescente. Un crime de guerre a eu lieu dans cette région, mais on ignore quels en sont les coupables. L'officier passe son séjour entre l'ennui de cet exil, dans un lieu peu hospitalier, avec les autochtones dont il ne parle pas la langue et les soldats placés sous ses ordres avec lesquels il n'a rien de commun. Il imagine qu'un jeu de séduction s'instaure avec la jeune fille, bien vite interrompu par le père qui pour couper son bois manie une hache au fer étincelant. Peu à peu se révèle la vérité sur ce qui s'est passé dans ce village, avec la découverte d'un charnier. Connue toujours chez Ahtin Gerber, l'intrigue a moins d'importance que la psychologie extrêmement subtile des personnages, la narration jouant sur les non-dits, les ellipses, les silences. Rien n'est clairement révélé, tout est suggéré, laissant au lecteur le soin de combler les vides du récit. Tout cela servi par un style inimitable, que porte une écriture belle et limpide.

04/2019

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Musique, danse

Dans la lumière qui se retire

Hudson "Huddie" Ledbetter dit "Lead Belly" ou "Leadbelly" – Ventre de plomb : Chanteur, guitariste, éventuellement pianiste et accordéoniste, mais aussi compositeur et parolier. Légende vivante du folk. Lemmon Jefferson, dit "Blind Lemon" – L'Aveugle-à-la-peau-de-citron : Guitariste et chanteur ambulant, compositeur de toutes ses mélodies, auteur de tous ses textes. McKinley Morganfield, dit "Muddy Waters" – Le Mangeur de boue : apparaît comme le bluesman qui, mieux que tout autre, incarne à la fois l'unité et la diversité du blues de l'après-guerre. Sam Hopkins, dit "Lightnin" (Eclair) – L'Eclair : Son jeu de guitare remarquablement articulé est d'une souplesse et d'une éloquence exceptionnelles. John Lee Hooker – Mr Boom Boom : Harmoniciste occasionnel, mais surtout guitariste et chanteur, créateur d'innombrables thèmes, Aucun autre bluesman, jusqu'ici, ne s'est montré supérieur à lui. La provocante impureté de son jeu, de son chant, c'est l'essence même du blues en ce qu'elle a de plus pur, c'est-à-dire, en l'espèce, de plus trouble. Robert Leroy Johnson – Le Fils préféré du Diable : Eternel don juan, galvaudeux impénitent, héros tragique et créateur de génie. Il fut le principal ouvrier d'une transition entre le style acoustique et rural dont il était nourri et le blues électrique destiné à triompher, à partir de 1948, dans les grands centres urbains. Chester Arthur Burnett, dit "Howlin Wolf" – Le Loup hurlant : Il possédait une voix sombre et puissante, propre à glacer les sangs. Il jouait de l'harmonica, tâtait de la guitare, mais son principal instrument c'était son corps. Marion Walter Jacobs, dit "Little Walter" – Petit Walter : a réinventé l'harmonica au tournant des années 40 et 50, en explorant sans relâche et en exploitant sans contrainte les possibilités de l'amplification électrique. Il n'en demeurera pas moins l'un des visionnaires les plus et les mieux inspirés du blues de l'après-guerre.

07/2017

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Littérature française

Astakos

N'allons pas croire que notre homme entretenait l'obsession du souvenir qu'il laisserait derrière lui. De la postérité, il se souciait comme d'une guigne. " Ce n'est pas elle, ironisait-il, qui me donne à manger ! " Par surcroît, il en fut toujours conscient, les générations futures thésauriseraient son apport après son trépas. Aussi eût-il été bien près de les accabler de son mépris, s'il n'avait réservé ce traitement à ses contemporains, dont, guidé par l'expérience comme par l'observation au jour le jour, il ne se formait pas une image très flatteuse. Du haut en bas de l'échelle sociale, il avait beau chercher, il ne trouvait pas une âme à exempter de sa réprobation. Le roi, selon lui, n'était qu'un pleutre, s'abritant derrière des prêtres et des gendarmes pour déployer de grands airs et imposer ses quatre volontés, prompt en outre à mettre au compte de son charisme personnel les hourras qu'il devait à la brutalité de sa garde, chaque fois qu'il s'exhibait à la populace. Qui, à part eux-mêmes, aurait bonne opinion des personnages dont toute l'activité en ce monde est de s'enrichir à millions grâce aux dérisoires économies de ceux qui travaillent pour de bon et qu'ils ruinent sans scrupule, si l'occasion se présente et s'ils y entrevoient seulement, pour leur propre situation, un hypothétique intérêt ? Qui dilapiderait son affection en faveur de capitaines d'industrie qui, ayant mené leur établissement à sa perte, jugent néanmoins, applaudis par leurs pairs, que leur spectaculaire incompétence est d'un plus grand prix et mérite donc un plus considérable salaire que, mises ensembles, toutes les créations des artistes, toutes les découvertes de la science, toutes les tangibles merveilles nées des songes philosophiques et de l'extravagance des poètes ? Aux aristocrates, le percussionniste reprochait de faire ostentation des privilèges, dividendes et prébendes que ni leurs talents, ni leurs efforts n'auraient pu leur assurer, ainsi, dans le même ordre d'idée, que de se croire supérieurs à lui sans posséder la moins exceptionnelle de ses aptitudes.

10/2017

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Littérature française

Fumées d'automne

La Pescheria est l'un des derniers libres territoires des expropriés de Venise : les Vénitiens. Les mouettes chapardeuses vous y frôlent. Les marchandises qu'on y expose ravivent la mémoire de l'ancienne opulence, des anciens comptoirs, de l'ancien empire. Elles sont comme les offrandes d'un passé glorieux aux survivants du déclin. "Vous ne le reconnaîtriez pas si vous le rencontriez ici !" La Comtesse, qui a fait la connaissance du restaurateur sous les arcades du bâtiment, raconte en riant que, devant les bourriches d'huîtres et les coquillages, les oursins, les pyramides de langoustes, de crevettes, de gambas et de scampi, de granceole, de cappelunghe, de crabes (parfois mous : moeche), de calamars, devant le thon frais débité "en tranches rouges" que chantait Théophile Gautier, devant les bancs de bars, de soles, de seiches, d'anguilles, de trilles, de turbots, de gobies, de queues de lotte, de rougets, d'esturgeons, de sardines, de dorades des Pouilles toutes luisantes, flanquées d'espèces plus insolites, le terrible Giuliano lui-même se sent intimidé. Elle évoque aussi ces visiteurs, amoureux fous de la ville, qui, bien que logés à l'hôtel, ne peuvent se retenir d'acheter quelque chose, afin de se donner l'illusion de participer à la vie locale, de réaliser en miniature et à l'éphémère un vieux rêve, à jamais compromis, de s'établir un beau jour quelque part, campo San Margherita par exemple, campo San Polo, ou sur les Zattere, encore si songeuses, ou, juste en face, dans la douceur cafardeuse de la Giudecca, d'où l'on assiste au miracle permanent de la ville-théâtre. Ils iront plus tard rendre à la mer ce précieux talisman.

03/2017

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Littérature française

Charlie

C'est le roman d'une époque où la musique était le havre des déshérités, le roman d'un jazz man promis aux huées, puis touché par la grâce dans une ville ivre de blues. Qui se souvient que Charlie Parker brilla d'abord par ses couacs ? Que le futur Bird naquit plutôt vilain canard ? Que le fils à maman, tyrannique, paresseux et hâbleur, n'avait rien pour réussir ? Qui sait aujourd'hui quel cauchemar de médiocrité, le génial saxophoniste dut secouer pour se fuir, se trouver ? Lui, bien sûr, ne pensait qu'à rafler la timbale et finir sous les hourras. Mal barré, Charlie, mais quand même assez inspiré pour voir le jour à Kansas City. Les Noirs y étaient mieux reçus qu'ailleurs ; le quartier des plaisirs accueillerait bientôt les aventuriers du swing, chassés des métropoles américaines par la Dépression. En 1920, il est loin le temps où Benjamin Singleton, le " Moïse noir ", exhortait ses frères de couleur à quitter les plaines du Mississippi pour faire d'une " ville à vaches " leur terre promise. De tous les coins du pays, on vient faire la fête à Kay Cee. On s'y abrutit de musique, d'alcool et de haschich. Pendant la crise, la cité a trouvé le moyen de prospérer grâce au truculent Thomas joseph Pendergast, le politicien le plus corrompu d'Amérique, et grâce au zèle des mafias qui se partagent le gâteau avec lui. Les années folles mordent sur les temps difficiles. Chaque nuit est une noce sans fin. C'est dans cette jubilation rebelle et générale que " l'Oiseau " prend son essor, sous l'œil incrédule d'Addie, la mère abusive ; de Rebbeca, la fiancée coquette ; dans l'ombre de Coleman Hawkins, Lester Young, Count Basie. Le saxophoniste a dix-huit ans quand, bientôt couronné, il quitte sa ville pour mettre le monde à ses pieds. Il s'en va d'un côté, Gerber de l'autre, comme si le romancier, cette fois, n'avait voulu dévoiler que les années sombres, et rappeler ainsi qu'à travers Charlie Parker l'énigme de la création nous adresse son sourire le plus narquois.

01/2005

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Musique, danse

Jack Teagarden. Pluie d'étoiles sur l'Alabama

" Le 15 janvier 1964, Weldon Leo Teagarden meurt d'une crise cardiaque dans une chambre d'hôtel de La Nouvelle-Orléans où, comme toujours, il ne faisait que passer... Personne n'était là. Personne, sinon peut-être les ombres familières engendrées par les ombres anonymes, ces ombres sans mystère qui s'allongent quand le soleil descend... " Mais avant d'en arriver là, quelle route, quelles pistes entremêlées avait-il empruntées, celui que de prestigieux musiciens, à commencer par Louis Armstrong, ont considéré comme l'un des plus singuliers trombonistes du jazz classique, voir comme le plus irremplaçable de tous ? Sa vie fut une histoire blanche cousue de fil noir, à partir du moment où, très tôt dans son enfance, dans la petite ville de western texan où il avait vu le jour, il rencontra le gospel que des nomades de la misère et de la foi, éternelles " personnes déplacées " par leur négritude, promenaient de campement en campement. Plus tard, quelque part du côté de Houston, ce serait le blues qu'il trouverait sur sa route. Le blues sous la forme, raconte Alain Gerber, d'une " ombre bleue qui s'échappe d'une Bessie Smith égorgée du dedans par sa chanson ". Après quoi, " M. T ", comme on le surnommait, fut à jamais un transfuge béatement égaré entre les couleurs de peau, les communautés, les styles de jazz, la tradition et le futurisme. Écartelé, aussi, entre les rodomontades et les renoncements, l'angoisse et la frivolité, entre les défis et les dérobades, une formidable propension à la nonchalance et de formidables aptitudes à se surpasser. Jusqu'au jour où, pour citer encore l'auteur de cet ouvrage, il rejoindra " l'ombre que fait le silence quand il retombe ". " Si Alain Gerber est aujourd'hui notre plus précieux conteur de jazz, c'est parce qu'il sait faire vivre tous ces jeux d'ombres et de lumières qui font la vie des musiciens poètes. Lui aussi est un faiseur de pluie d'étoiles sur l'Alabama. " Gilles Anquetil

01/2003

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Littérature française

Blues

Dans les bastringues de la Nouvelle-Orléans retentit une musique jamais entendue. Ni celle du blanc ni celle de l'Afrique. mais celle du noir déporté en terre américaine. Y résonnent les échos des lames de charrues creusant la terre, des haches dans les forêts, des maillets contre les rochers. des balais dans la poussière, des ustensiles de cuisine. Au Point que ses accords semblent dater d'avant la musique même. On l'appelle le blues. Nehemiah en est un des premiers virtuoses. Esclave, il avait le droit de jouer sur le piano de ses maîtres quand ces derniers exhibaient "leur nègre musicien ". A la défaite de l'armée confédérée, affranchi et lâché comme tous ses semblables sur les routes du Sud dévasté, il n'a eu de cesse de trouver un instrument bien à lui. Mais si sa soudaine liberté n'a pas encore fait du noir d'Amérique l'égal des blancs, le génie de la musique v suffira-t-il ? Si le blues vrille le cœur, n'est-ce pas parce qu'il dit exactement le contraire ?

10/2009