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Cinéma

Fictions nationales. Cinéma, empire et nation en Ouzbékistan (1919-1937)

L’Union des républiques socialistes soviétiques formait-elle un empire ? Comment les États-nations d’Asie centrale – et l’Ouzbékistan en particulier – ont-ils émergé et comment se sont-ils consolidés à la veille de la Seconde Guerre mondiale ? Comment se traduit la violence stalinienne dans la région ? C’est en étudiant le cinéma de fiction produit dans l’entre-deux-guerres en Ouzbékistan que Cloé Drieu répond à ces questions et expose précisément les mécanismes d’assujettissement, tant institutionnels que symboliques, de la périphérie ouzbèque au centre moscovite. En effet, le film, parce qu’il est au coeur d’enjeux politiques et économiques, mais aussi parce qu’il relève de la construction d’imaginaires, tant nationaux qu’impériaux, est un fil conducteur singulier. De 1924, date de naissance politique (création de l’Ouzbékistan soviétique) et cinématographique (réalisation du premier film de fiction), à 1937, date de la terreur stalinienne mais aussi du passage au cinéma parlant, le film suit les circonvolutions de l’histoire tragique des premières élites nationales dans le premier tiers du XXe siècle. Comment les cinéastes ouzbeks se sont-ils emparés de la caméra ? Quels regards ont-ils porté sur l’aventure révolutionnaire ? Comment l’ont-ils traduite cinématographiquement ? Et, finalement, comment ont-ils perdu, temporairement, l’usage de la « parole cinématographique » ? Fruit d’une dizaine d’années de recherches sur des documents filmiques et administratifs consultés dans les archives nationales ouzbèques ou dans divers sites archivistiques à Moscou, cet ouvrage offre un regard neuf sur l’histoire du cinéma soviétique, en s’intéressant à un cinéma national inconnu jusqu’alors. Mais surtout, en privilégiant un regard décentré pour donner la priorité à la périphérie, il permet de saisir la constitution des grandes matrices idéologiques, encore majoritairement à l’oeuvre aujourd’hui. En abordant les questions de domination, d’hégémonie et de violence, d’empire et de nation, de résistance et de consentement, il s’insère pleinement dans les débats actuels des sciences sociales.

07/2013

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Sports

Le football méditerranéen

Depuis ses origines remontant au début du XXe siècle, où l'Olympique de Marseille et le Football Club de Cette (rebaptisée Sète en 1927) s'honoraient déjà de rivaliser dans leur style typique et coloré avec les riches précurseurs de la capitale, le football sudiste eut tôt fait de s'installer aux premières loges. En témoignèrent assez vite les éclatants succès de l'OM gagnant 5 Coupes de France avant 1939 et par-dessus le marché une 6e en 1943, trophée que le régime de Vichy ne voulut jamais lui remettre ! Et ceux de l'inoubliable FC Sète, lauréat de 4 triomphes (dont le premier doublé national en 1934), et qui fut, à l'initiative de son grand dirigeant Georges Bayrou, le premier club français à s'ouvrir pleinement au football étranger. Puis il y eut, aussitôt après la seconde guerre mondiale, le non moins fameux OGC Nice qui s'offrit dix ans durant une hégémonie sans pareille (4 Championnats et 2 Coupes). Avant que reparaisse, entre pleurs et rires durant vingt ans, l'inimitable autant qu'indestructible OM de l'ère moderne. Celui aujourd'hui honoré d'un 9e Championnat en plus de son record en Coupe de France (10 victoires à ce jour) et, bien entendu, de son mémorable triomphe européen qu'il fut le seul en France à s'être adjugé. Est-il besoin de l'ajouter, on aima beaucoup l'autre étoile sudiste de première splendeur que fut durant cinquante ans l'AS Monaco, aux 7 victoires en Championnat et aux 5 Coupes de France, sans parler de ses deux finales européennes. Et l'on eut aussi l'AS Cannes, le SC Bastia et les « deux » Montpellier – qui gagnèrent l'un et l'autre la Coupe à soixante ans d'intervalle – sans oublier celui qui aura pour ainsi dire été le prince sans couronne de cette épopée, le non moins attachant Nîmes Olympique de l'ère Firoud.

09/2010

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Droit

Principes des négociations pour servir d'introduction au droit public de l'Europe

Admiré à l'égal de Rousseau par les révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle, utilisé comme référence par les apprentis diplomates dans toute l'Europe, Mably (1709-1785) est l'un des philosophes des Lumières qui a le plus influencé la pensée du XVIIIe siècle sur les relations internationales. Les Principes des négociations (1757) s'inscrivent dans le débat sur les relations entre les Etats qui parcourt toute l'époque moderne. La contribution de Mably est capitale. Les Principes des négociations contribuent à fixer une norme de même importance, dans le domaine restreint des relations entre les peuples, que L'Esprit des Lois pour l'ensemble de la réflexion politique des Lumières. Le projet de Mably est de fonder une science morale des négociations. Il s'agit de montrer qu'au-delà des événements et de l'action des passions des hommes d'Etat, il existe des éléments objectifs qui déterminent les relations entre les peuples. La critique mablienne de l'ordre européen est une remise en cause globale de la politique internationale de son temps. Elle ne se contente pas d'une condamnation morale des pratiques de la diplomatie d'Ancien Régime, mais cherche en profondeur les causes structurelles des conflits qui ensanglantent l'Europe et le monde. Ces facteurs premiers des guerres entre les puissances, Mably les trouve dans l'organisation des Etats et dans une politique économique d'accumulation primitive. La société internationale et le modèle de l'Etat-nation qui lui sert de base traversent aujourd'hui une crise de redéfinition. Cette phase historique de transition réactualise la problématique de la paix et de la puissance au centre de l'œuvre de Mably. Bien que vieux de plus de deux siècles, le programme mablien de justice, de modération et de transparence dans les relations internationales peut encore nous aider à penser les dialectiques de la puissance et du droit, de l'hégémonie et de la régulation, de la politique et de la morale.

04/2001

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Sciences historiques

Les guerres d'Indochine et du Viet-Nam

Après la création de l'Union indochinoise en 1887, la France entreprend un vaste plan de modernisation du pays, avec la création de routes, voies ferrées, ports, établissements scolaires, services de santé publique, exploitation du charbon, réorganisation de l'agriculture, etc. Le pays est prospère quand survient la Seconde Guerre mondiale qui bouleverse l'équilibre de la région qui subit l'hégémonie japonaise et de ses alliés. En 1945, les Français se réimplantent dans le pays, mais ils doivent lutter contre la guérilla communiste qui réclame l'indépendance. La tentative de médiation du général Leclerc échoue. Pendant huit ans, le corps expéditionnaire français se bat contre le Viêt-minh. Malgré l'aide matérielle américaine qui se met en place à partir de 1950, les Français ne peuvent se maintenir et ils reçoivent le coup de grâce à Dien Bien Phu en mai 1954. Desservis en métropole par une opinion publique indifférente au conflit, des hommes politiques corrompus et des syndicats qui fraternisent avec l'ennemi, les militaires sont lâchés par le pays. Les accords de Genève en juillet 1954 consacrent l'indépendance de l'Indochine, avec le Laos, le Cambodge et la partition du Viêtnam en deux Etats : la République populaire du Viêtnam au nord du 17e parallèle et un régime démocratique au sud. Dès le départ des Français, les Américains soutiennent le régime en place. Ils envoient des conseillers militaires et instruisent l'armée sud-vietnamienne. Petit à petit, le pays, qui connaît une grande instabilité politique, s'installe dans la guerre. Les Américains sont de plus en plus nombreux et on a besoin de tellement d'hommes qu'on fait appel à la conscription. Le conflit est impopulaire aux Etats-Unis et dans le monde. Malgré sa puissance et l'utilisation de moyens considérables, l'Amérique ne peut maintenir sa présence et les derniers Américains quittent le pays en mars 1973. Le Nord poursuit l'offensive qui s'achève le 30 avril 1975 par la prise de Saigon. Après trente années de guerre, le Viêtnam réunifié déplore deux millions de morts.

01/2016

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Sciences politiques

Rapport contre la normalité

Les manifestations très agressives autour du " mariage pour tous " auront révélé la profonde homophobie d'une bonne partie de la population française. L'assez nette distribution des partis politiques concernant ce projet de loi a remis en évidence une relation très forte entre sexualité et politique. En 1971, cette évidence n'en était pas une. Il faut imaginer une France beaucoup plus archaïque dans ce domaine, beaucoup plus homogène et moins diversifiée dans la représentation qu'on lui impose et qu'elle se doit de donner d'elle-même. Mai 68 fut l'expression d'un refus collectif de cette paralysie organisée de l'imagination : cette société était plus diverse qu'on ne le lui donnait à penser. Très vite, des voix féministes puis homosexuelles se lèvent pour ne pas laisser la 'réalisation de leur espoir de libération (la Révolution) aux seuls hommes hétérosexuels. C'est le cas du Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire dont voici le manifeste très inspiré par le mouvement " provocateur," de l'Internationale situationniste créé par Guy Debord. Ce mouvement proposait une stratégie qui avait tout pour plaire aux futurs gays exacerbés : interventions spectaculaires, détournement d'oeuvres artistiques, souvent érotiques, politisation générale et inversions épistémologiques. On retrouvera la même veine dans les six numéros de la revue Le Fléau social (1972-1974) dirigée par Alain Fleig (groupe 5 du FHAR) ainsi que dans celui de la revue Recherches de mars 1973 intitulé " Trois Milliards de Pervers - Grande encyclopédie des Homosexualités ". Près de 40 ans plus tard, la réédition de ce texte devenait éminemment utile et nécessaire. Il peut en effet, recontextualisé, servir l'histoire des mouvements queers préoccupés d'hégémonie, d'impérialisme, de luttes de classes, de genre et de sexualité, d'hétérosexisme, d'immigration, d'homonationalisme, d'intersectionnalité en résumé, mais aussi de plaisir et de sexe : une approche que le FHAR désignait alors comme une " conception homosexuelle du monde ".

06/2013

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Géopolitique

Un regard du Japon sur les relations internationales. Relations entre pays démocratiques en Asie et Europe

Aujourd'hui, la montée des puissances autocratiques, comme la Chine, et le déclin relatif des puissances démocratiques, comme les Etats-Unis, exercent une forte pression structurelle sur la stabilité du système international. La Chine guidée par Xi Jinping poursuit son chemin vers l'établissement de l'hégémonie mondiale de l'empire du Milieu. L'objectif de sa stratégie, "Une nouvelle route de la soie", est le contrôle, le monopole de tous les systèmes d'infrastructures ainsi que les moyens de transport sur le continent eurasien entre l'Asie orientale et l'Europe, puis par ce biais, la construction d'un nouvel ordre, système mondial à la chinoise. Il faut que les démocraties industrielles arrêtent l'expansion de leurs relations économiques avec la Chine, en quête de profit commercial, en fermant les yeux sur sa concurrence déloyale, sa suppression des mouvements démocratiques, surtout les droits de l'homme des groupes ethniques minoritaires, et sa violation flagrante des règles internationales. L'indulgence de la part des puissances démocratiques envers le comportement chinois débridé, pourrait simplement réconforter son ambition mondiale. Il est grand temps que les puissances démocratiques libérales, l'Europe, le Japon, le Canada et les Etats-Unis se réunissent pour réagir et résister à l'ambition chinoise afin de défendre la démocratie, les règles internationales et les droits de l'homme, et surtout le système international et les valeurs universelles que les Européens ont construits depuis plusieurs siècles. Puisque l'Asie orientale est en passe de devenir bientôt le centre de gravité mondial sur le plan économique, scientifique et technologique, et que les Etats-Unis sont à la dérive, le renforcement de la coopération, de la coordination stratégique entre l'Europe et les démocraties en Asie orientale, dont la principale puissance démocratique libérale est le Japon, est essentiel. La consolidation de cette relation stratégique est la clé pour l'avenir de la communauté internationale fondée sur les valeurs démocratiques.

02/2021

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Sociologie politique

Elites, élections et transformation du politique au Mali

Comment penser les enjeux démocratiques, les rapports de pouvoir et les incidences des dynamiques globalisées dans un contexte rural ouestafricain contemporain ? Comment cerner cette tension entre " modernité " et " tradition " face aux enjeux vitaux des ressources naturelles et de leurs accès ? Comment saisir le " vivre-ensemble " de groupes ethnicoprofessionnels foncièrement différents mais amenés à se partager un même espace, tout en étant confrontés à la singularité environnementale du Delta intérieur du fleuve Niger au Mali ? Comment comprendre cette fascinante capacité l'adaptation, non sans violence, des populations et de leurs élites face aux bouleversements rapides et aux basculements politiques impulsés depuis le sommet de l'Etat ? Qui sont ces élites politiques locales ? Ancrée dans une ethnographie fine et fouillée, cette monographie explore ces questions à partir de l'étude de cas de Youwarou, une petite localité du Delta intérieur du fleuve Niger au Mali. Début des années 1990, le Mali vit un basculement politique qui se concrétise par la décentralisation de l'Etat, l'instauration du multipartisme et des élections communales, largement promus par les bailleurs de fonds du Nord. En éclairant les transformations du politique à Youwarou, depuis cet ancrage local et rural, cet ouvrage s'interroge sur les enjeux démocratiques contemporains et les injonctions normatives formulées par l'Etat malien et les bailleurs de fonds internationaux. L'auteure explore l'articulation pragmatique entre une politique publique visant la démocratisation et une hégémonie de fait des élites politiques locales. Cet ouvrage explore la façon dont les autorités traditionnelles se reconfigurent au fil du temps long et comment ces élites se maintiennent au pouvoir captent diverses rentes des ressources naturelles et du développement. Cet ouvrage s'intéresse aussi aux dynamiques de contrepouvoir et à l'imaginaire politique local construit par les multiples récits de fondation de la localité. Cet ouvrage revisite ainsi l'idée du " local " et du " global ", en apportant une contribution à une anthropologie politique contemporaine des modes de gouvernance locale en Afrique de l'Ouest.

03/2021

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Economie (essai)

L'ordre mondial en mutation. L'ascension et la chute des nations

Dans L'ordre mondial en mutation, Ray Dalio, auteur du best-seller Les principes du succès et investisseur légendaire ayant passé un demi-siècle à étudier les économies et les marchés mondiaux, examine les périodes économiques et politiques les plus turbulentes de l'histoire. Il explique pourquoi l'avenir sera probablement radicalement différent de ce que nous avons connu de notre vivant - et propose des conseils pratiques pour bien gérer le changement. Il y a quelques années, Ray Dalio a remarqué une convergence de circonstances politiques et économiques qu'il n'avait jamais rencontrées auparavant : des dettes énormes associées à des taux d'intérêt nuls ou quasi-nuls, ayant conduit à une gigantesque impression monétaire dans les trois principales devises de réserve du monde ; des conflits politiques et sociaux importants au sein des nations, en particulier aux Etats-Unis, en raison des plus grandes disparités de richesse, de politique et de valeurs que l'on ait vues depuis plus d'un siècle ; et l'apparition d'une nouvelle puissance mondiale (la Chine) venant défier l'hégémonie des Etats-Unis et l'ordre mondial existant. La dernière fois qu'une telle convergence a eu lieu, c'était entre 1930 et 1945. Cette prise de conscience a poussé Ray Dalio à étudier les schémas et les relations de cause à effet qui ont accompagné tous les changements majeurs, en termes de richesse et de pouvoir, au cours des 500 dernières années. Dans cet ouvrage remarquable de la série des Principes, Ray Dalio présente à ses lecteurs une étude complète des plus grands empires - notamment ceux de la Hollande, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis -, et met en perspective le " grand cycle " qui a déterminé les succès et les échecs de tous les grands pays du monde au cours de l'histoire. Il révèle les forces intemporelles et universelles sous-jacentes à ces changements, et les utilise pour se projeter dans l'avenir, en proposant des principes concrets pour se positionner face à ce qui nous attend.

03/2024

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Urbanisme

Regards sur le paysage urbain

Dans l'imaginaire commun, la notion de paysage demeure fermement attachée au monde rural. A contrario, il reste complexe de définir ce que pourraient constituer les paysages urbains. Ce processus, auquel contribue l'émergence des sciences sociales et leurs conversations avec les champs artistiques et littéraires s'intensifie avec le développement des imaginaires et des techniques de diffusion des représentations de la ville, que ce soit par la gravure, la photographie, l'imprimé à bas coût ou le roman populaire, puis par le cinéma, la vidéo et les modélisations 3D. Ces représentations des paysages urbains disent les usages comme les systèmes de dominations, la formalisation des paysages coloniaux autant que l'hégémonie du paysage-marchandise dans la ville capitaliste, mais aussi les paysages de loisirs ou ceux façonnés par les revendications d'un droit à la ville. Ouvrage collectif sous la direction de Lise Lerichomme (Artiste et enseignante-chercheuse en arts plastiques à l'Université de Picardie Jules Verne et au Centre de recherches en arts et en esthétique de l'Université d'Amiens) et Sophie Suma (maîtresse de conférences contractuelle en Histoire culturelle de l'architecture et de la ville à l'Institut national des sciences appliquées (INSA Strasbourg) et docteure en arts visuels et architecture, elle enseigne également les études visuelles et le Design à la Faculté des Arts de l'Université de Strasbourg). Contributions de Daniel Payot ("Regards et légendes de paysages") ; Lise Lerichomme ("Paysages sociaux") ; Katrin Gattinger ("Le mobilier urbain comme figure d'ajustements artistiques du politique" ; Guillaume Bonnel ("La ville invisible") ; Caroline Guittet ("Construire la mémoire sociale des paysages urbains : quel photographe pour quelles représentations ?? ") ; Bruno Steiner ("Le paysage à l'essai à Strasbourg : entre grand récit manifeste et explorations situées") ; Sophie Lapallu ("Comment vivre en ville ?? Quand l'art descend dans la rue : les Street Works") ; Sophie Suma ("Le mall comme paysage") ; Vivien Philizot ("Le Colorama de Kodak et la construction du regard dans le paysage urbain" ; Sarah Calba et Olivier Crocitti ("La tâche de Sketch-up").

04/2022

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Philosophie

Eloge du sommeil à l'usage de ceux qui l'ont perdu

Pourquoi dormir quand il y a tant à faire ? Le sommeil à l'ancienne n'est-il pas dépassé, enterré par les réseaux sociaux, les boutiques et les agendas ouverts 24 h sur 24 ? L'urbanisation nous conduit à un temps uniforme, à une illumination permanente de l'environnement, à une succession de stimulations irrésistibles. Faire une pause, oui. Dormir, plus jamais ! Aujourd'hui, la valeur du sommeil est devenue relative, elle n'est plus gravée dans le marbre de la nuit. II faut donc rappeler sa vertu et sa magie, célébrées dès les premières civilisations humaines. Le sommeil est d'abord ce remède intérieur que s'octroie le corps en s'alignant sur le rythme cosmique. Il nous permet aussi de faire l'expérience troublante d'un oubli de nous-mêmes, d'une abdication de la conscience qui nous donnerait un avant-gout de l'absolu, tout en nous offrant une morale de l'action, un exercice spirituel de la réserve et du détachement. Enfin, dormir crée un lien unique entre les êtres, qu'il s'agisse du couple d'amoureux qui s'observent, ou des veilleurs indispensables au repos de tous, et qui font peut-être du sommeil le fondement de la cité et de la concorde. Cet éloge souhaiterait montrer combien le sommeil est un ressourcement et un art de vivre. Il propose une promenade à travers des siècles de littérature, de philosophie et de sagesses du monde : de l'hindouisme à Shakespeare, de Montaigne à Nietzsche, de Freud à Pessoa... Mais aussi un panorama des dernières connaissances scientifiques sur la valeur et les bienfaits du sommeil. En intermède, quatre éloges originaux sont enfin signés par de grands auteurs contemporains : Alexis Jenni (prix Goncourt 2011), François Garde, Martin Page et Sophie Divry. Sous la direction de Dalibor Frioux, un manifeste engagé contre l'hégémonie d'une vie a flux tendu, pour défendre le plus intime de nos espaces de liberté.

10/2017

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Musique, danse

Les cygnes du Kremlin. Ballet et pouvoir en Russie soviétique

En Russie, durant l'époque tsariste, le ballet classique était peut-être le symbole le plus évident de la culture aristocratique. Il disparut par la suite, avec les autres arts, dans le sillage de la Révolution d'octobre, sous le régime soviétique, qui voulut conformer le ballet impérial à ses objectifs de révolution culturelle et de rééducation du peuple. Pourtant, comme le montre l'essai de Christina Ezrahi, l'ambitieuse tentative des autorités demeura vaine. Les Cygnes du Kremlin offre une captivante vue d'ensemble du conflit qui opposa la politique à l'art choreutique, pendant les cinquante premières années de l'ère soviétique, sujet pour ainsi dire occulté dans l'historiographie de la danse. L'auteure révèle comment les directeurs et les artistes des deux plus grandes compagnies de ballets russes - celle du Théâtre Mariinslry de Saint-Pétersbourg et celle du Théâtre Bolchoi de Moscou - résistèrent courtoisement mais avec fermeté à l'hégémonie culturelle soviétique de ces années-là. Malgré les contrôles auxquels ils étaient soumis, ils parvinrent à préserver les formes originelles et les traditions de leur glorieux passé artistique, en leur conférant même une vitalité accrue. Ces modèles esthétiques et techniques insufflèrent une énergie nouvelle au ballet russe, qui devint le fleuron des conquêtes culturelles soviétiques et éblouit le public occidental, même pendant les années difficiles de la Guerre Froide. Ce livre est le résultat de recherches menées dans des dizaines d'archives et de synthèses de nombreuses interviews d'artistes, de dirigeants et de personnages de premier plan de l'époque. L'ouvrage de Christina Ezrahi propose aux lecteurs le premier bilan éclairant de ce qu'il advint des ballets russes pendant la période soviétique, en suivant pas à pas leurs luttes pendant l'ère post-révolutionnaire, en documentant l'apogée de leur splendeur - l'" âge d'or " des années cinquante et soixante - et en reconstituant les productions monumentales mises en scène pour célébrer, en 1968, le cinquantième anniversaire de la Révolution.

01/2017

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Sciences politiques

Pensée et politique dans le monde arabe. Contextes historiques et problématiques, XIXe-XXIe siècle

Cet ouvrage expose les multiples facettes de la pensée politique arabe depuis le XIXe siècle, inscrite dans la richesse d'une culture trop méconnue. Avec ce vaste panorama, vivant et érudit, Georges Corm atteste la vitalité de cette pensée et des grandes controverses qui l'ont traversée. Il montre que ses acteurs, loin d'être fi gés dans le carcan théologicopolitique décrit par certains récits canoniques sur les Arabes et l'islam, ont souvent exprimé une pensée critique forte, sur les plans religieux et philosophique, anthropologique et politique. Inscrivant l'œuvre de ces penseurs dans le maelström des bouleversements géopolitiques et socioéconomiques ayant marqué le monde arabe depuis deux siècles, il explique comment les puissantes hégémonies externes, militaires, académiques et médiatiques ont contribué à marginaliser la pensée critique arabe. Cela a facilité l'installation hégémonique de la pensée islamiste, instrumentalisée par certains régimes arabes comme par leurs protecteurs occidentaux. En retraçant finement les avatars successifs du nationalisme arabe moderniste, confronté à partir des années 1950 au double défi de la création de l'État d'Israël et de la manne pétrolière, Georges Corm donne les clés pour comprendre les révoltes libertaires arabes de 2011, ainsi que les contre-révolutions et interventions externes qui les ont suivies. Un guide précieux pour se familiariser avec la complexité de la pensée arabe, exposée ici de façon claire et exhaustive. Un guide d'autant plus utile que le retour à la paix dans la région dépend largement de la reconnaissance de la puissante dynamique de cette pensée à la fois critique et profane, loin de l'image politico-religieuse sclérosée qui en est souvent donnée.

04/2015

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Histoire internationale

Le concert européen. Aux origines de l'Europe (1814-1914)

On a beau jeu de pointer les grands conflits militaires qui ont frappé l'Europe entre la défaite napoléonienne et la Première Guerre mondiale, mais on ne pense presque jamais à tous ceux qui ont été évités. On oublie que l'Europe n'a pas attendu le traité de Rome (1957) pour s'organiser. Si le système européen né en 1814-1815 fut au début dirigé contre la France, celle-ci a rapidement rejoint les quatre premiers garants de l'ordre international : Grande-Bretagne, Autriche, Prusse et Russie. Ce qu'on a appelé le « concert européen » devait ainsi fonctionner jusqu'en 1914, permettant à notre continent de se transformer profondément dans une paix relative, sans catastrophe majeure. Se concerter, se réunir pour apaiser les tensions avant qu'elles ne dégénèrent devient une habitude pour les diplomates, les ministres et les souverains. Le XIXe siècle est ponctué de rencontres où les Européens apprennent à se parler (en français). Faire accepter des limites aux hégémonies, gérer les effets des mouvements révolutionnaires, contrôler au mieux (ou au moins mal) l'idée d'Etat-nation et l'aspiration à l'unité (Italie, Allemagne) ou à l'indépendance (Grèce, Bulgarie, Serbie, etc.), discipliner la compétition coloniale, définir un comportement face à l'effondrement de l'Empire ottoman. Voilà un bilan largement positif. Jusqu'à ce que le système s'enraye et qu'éclate l'affrontement généralisé. Toute cette histoire trop oubliée, mais qui a des accents étonnamment modernes, méritait d'être racontée dans sa totalité sous la plume vivante et érudite d'un diplomate doublé d'un historien. C'est l'une des faces cachées du XIXe siècle qui est révélée ici.

09/2009

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Critique littéraire

Les espaces intimes féminins dans la littérature maghrébine d'expression française

Le choix de traiter des espaces intimes de la féminité dans la littérature maghrébine de langue française s'est imposé au vu des changements historiques de grande envergure qui se sont produits ces dernières années au sein des sociétés maghrébines, et dans le monde arabe en général, avec l'avènement de ce qu'on a coutume d'appeler maintenant "le printemps arabe". Ces profondes mutations nécessitent une étude du statut de la femme dans ces sociétés, tel qu'il se manifeste dans la production littéraire. Ce volume se propose de faire le point sur le statut de la femme au Maghreb, tel qu'il est métaphorisé dans le système littéraire ; certaines thématiques reviennent comme un leitmotiv dans la majorité des essais, témoignant ainsi de leur centralité et de leur pertinence, chaque contribution apportant un éclairage différent sur la question et oeuvrant à une mise au point susceptible d'élaborer une synthèse des modélisations diverses et plurielles de la femme en tant que sujet et objet narratif, et donc discursif', de cette même littérature. Ce n'est pas pur hasard, mis à part les essais sur Ben Jelloun et Zaoui et quelques références à d'autres écrivains-hommes de renom, comme Dib, Feraoun, Boudjedra, si tout le volume manifeste, principalement, les expressions variées de l'écriture féminine d'origine maghrébine, qui connaît un grand essor ces dernières années, autant au Maghreb que sur le territoire français. Ces romancières oeuvrent, non seulement à la réappropriation de la parole féminine, mais aussi à un redressement historique, puisque la part de la femme dans les mouvements et guerres de libération avait été occultée par les hégémonies installées dans ces pays au lendemain de la colonisation.

11/2014

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Science-fiction

Mission sur Ernam. Sauvetage d'une planète

L'histoire se déroule dans un endroit de l'univers où deux énergies sont en opposition : la matière et l'Esprit. La planète " Ernam " est depuis des générations sous une emprise maléfique et est aujourd'hui au bord de l'anéantissement. Chez les Ernamiens, l'instinct de survie et le respect de la programmation cosmique de l'univers s'étaient effondrés. Ils avaient perdu toute notion du sacré au bénéfice d'une science de plus en plus asservie au malin. Un monde pris en charge par une industrie et des sociétés pharmacologiques invalidantes. Elle a besoin d'aide pour s'en tirer. Des êtres évolués lançaient dans l'espace des signaux de détresse qui furent captés sur "Efmi ", un astre lointain. Les plus courageux de cette planète décident de lui venir en aide. Les Efmiens envoient leurs meilleurs techniciens, ingénieurs et scientifiques afin d'infiltrer cet astre qui est sous la coupe de créatures issues d'une autre partie de l'univers. Leur mission consiste en un voyage de 40 jours à travers des régions de l'espace semées d'embûches. Certains étaient assez audacieux pour s'opposer aux dirigeants de la planète. Almanès, un commando de talent, choisit de suivre la voie de l'Esprit et organisa la résistance. Mais les escouades de nuit et leurs méthodes de torture aux ordres d'une hégémonie tyrannique ont eu vite fait de décourager les opposants. Par l'utilisation des médias et par une politique d'oppression impitoyable, les Décideurs maintiennent leur domination appuyée par leurs Conseils. Sur la planète Efmi, grâce aux pouvoirs de l'Impératrice, de la télépathie et de la "lecture", il fut révélé que ces dominateurs n'étaient pas ce qu'ils semblaient être. Ils appartenaient à un tout autre ordre génétique... Le plan implique l'infiltration clandestine de plus de 1 000 Efmiens dans la société ernamienne. C'est alors que le danger réel commence. Les sauveteurs n'ont pas la tâche aisée. Ils se voient confrontés à de grandes difficultés qui se révèlent être l'épreuve finale pour la mission sur Ernam.

11/2010

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Histoire de l'art

Création plastique d'Haiti. Art et culture visuelle en colonie et post colonie

Ce livre étudie l'univers de la création plastique d'Haïti dans la durée, depuis l'arrivée, en 1492, des premiers conquérants espagnols sur ce territoire, tiers occidental de l'île qu'ils avaient rebaptisée Hispaniola. Pour mener son enquête, Carlo A. Célius interroge, déborde et renverse les discours et les représentations énoncés depuis l'Europe occidentale, qui ont, en continu, qualifié et classé toute création artistique non européenne à l'aide de critères propres au domaine des beaux-arts. L'histoire des modes de figuration proposée ici est aussi celle de l'accaparement, de l'exploitation et de la transformation d'un territoire, une histoire de migrations, de sujétion et d'extermination de populations. C'est une histoire de luttes, de libération et de reconfiguration sociétale ; une histoire des images et des imaginaires, de leurs échanges et de leurs confrontations. Dans cette enquête historique au long cours, qui emprunte tour à tour à l'histoire de l'art, à l'esthétique, à l'anthropologie et à la sociologie, l'auteur nous propose une approche plurielle de la figuration en colonie et postcolonie qui, au-delà des seuls beaux-arts, prend en compte l'ensemble de la culture visuelle. Du portrait aux dessins rituels du vodou et à l'iconographie catholique, des illustrations publiées dans la presse aux marques de scarification sur le corps des captifs africains réduits en esclavage, il met en lumière la complexité et les enjeux du visuel, les conflits qu'il génère, les phénomènes d'appropriation et de réappropriation. Carlo A. Célius démontre comment a pu s'édifier une hégémonie des beaux-arts dans un tel contexte et comment, à un moment donné, celle-ci a été ébranlée. Cet ouvrage revisite la notion d'art : il historicise les échelles de valeurs qui la constituent et les dynamiques sociales, politiques et culturelles à partir desquelles elle évolue. A l'aide d'un cadre conceptuel renouvelé, les lectrices et lecteurs pourront (re)découvrir les principales caractéristiques des courants artistiques du xxe siècle haïtien et apprécier quelques traits distinctifs de la nouvelle scène.

05/2023

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Cinéastes, réalisateurs

Correspondance 1918-1955

Ces 210 lettres inédites nous mettent face à deux personnages de l'histoire du cinéma, que tout paraît opposer : Abel Gance est un metteur en scène pour qui l'expression " septième art " semble inventée, Charles Pathé est un industriel soucieux de réunir le grand public. Leurs âges (Charles Pathé est de vingt-six ans l'aîné), leurs métiers et façons de faire des films sont a priori différents. C'est pourtant cette opposition, nourrie d'espérance, de partage, de fidélité, parfois de désillusion et de colère, qui fait la singularité et la richesse de leur relation - entretenue durant près de quarante ans. Leurs échanges débutent à la fin de la Première Guerre mondiale, alors que l'hégémonie du cinéma français est fortement ébranlée par l'extension des studios américains. En 1918, Abel Gance, fort du succès de ses premières réalisations, commence à être reconnu par ses pairs. Charles Pathé est quant à lui un industriel renommé, mais sa multinationale, créée en 1896, a essuyé d'importantes pertes de marchés. Tandis que l'un est au début de sa carrière, l'autre cherche le moyen de conserver sa place. Cependant, les vues de l'industriel et du cinéaste ne sont pas si éloignées. Charles Pathé trouve en Gance un auteur qui lui permettra de poursuivre ses réflexions et même de les appliquer. Quant au metteur en scène, chef de file de l'avant-garde française, il n'oppose pas création et cinéma commercial et s'appuie sur celui-ci pour trouver des capitaux. De J'accuse (1919) à La Roue (1923) puis Napoléon (1927), les projets naissent et s'accomplissent avec ferveur. Mais les réalisations pharaoniques de Gance, en pleine crise du cinéma, ne sont pas sans créer de frictions. Les ressentiments éclatent quand l'heure des comptes arrive. Le passage au cinéma sonore, marquant la fin de la démiurgie de Gance ainsi que le retrait des affaires de Charles Pathé, laisse place aux écrits mélancoliques. C'est dans l'expression mouvante de leur sensibilité et de leur pensée du cinéma que cette correspondance, miroir des enjeux de son temps, prend tout son intérêt.

06/2021

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Immigration

Des classes dangereuses à l'ennemi intérieur. Capitalisme, immigrations, racisme

"L'"immigré" fonctionne [... ] comme un extra­ordinaire analyseur des régions les plus obscures de l'inconscient". C'est par cette citation de Pierre Bourdieu que s'ouvre cet ouvrage, qui se propose de contribuer à écrire une contre-histoire de la France au prisme des immigrations et du racisme, constitutifs de son identité. Des premières immigrations au 19e siècle, à l'islamophobie et aux accusations de "communautarisme" et de "séparatisme" , en passant par les Trente Glorieuses et la guerre d'Algérie, Saïd Bouamama propose une large réflexion historique sur les liens entre race, immigrations et construction nationale. L'enjeu de cette contre-histoire de France est bien résumé par son auteur : "Les questions liées à l'immigration, à ses héritiers français et aux quartiers populaires sont au coeur de la bataille pour l'hégémonie culturelle relancée de manière offensive par la classe dominante depuis le tournant ultralibéral de la décennie 1980. La bataille idéologique est incessante, prend sans cesse de nouveaux visages. Elle prend en premier lieu la forme de la diffusion de "nouvelles théories" - grand remplacement, choc des civilisations, crise migratoire - dont le point commun est d'acclimater l'opinion publique à une approche culturaliste des faits sociaux et ainsi d'invisibiliser les causes sociales et économiques de réalités données. Elle se concrétise en second lieu par des discours polémiques, dont le double point commun est la production d'une peur sociale, d'une part, et la désignation d'un ennemi porteur d'un péril pour notre sécurité, pour la République, pour la laïcité, pour le droit des femmes, ? etc. , d'autre part. L'objectif de ce livre est de contribuer à la riposte contre cette interprétation fallacieuse de l'histoire et du présent. Il s'agit en premier lieu de resituer les questions dans leurs véritables cadres - historiques, économiques, politiques. Il s'agit en second lieu, par un travail de remise en perspective historique et d'analyse critique, de déconstruire les principales polémiques initiées par les idéologues des classes dominantes ? : intégration et assimilation, seuil de tolérance, communautarisme et séparatisme, islamo-gauchisme, ? etc".

10/2021

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Beaux arts

Leo Castelli et les siens

" Je ne suis pas marchand d'art, je suis galeriste " avait coutume de répéter Leo Castelli. Il a régné sur l'art contemporain international pendant plus de quarante ans, au point d'en changer toutes les règles. Après avoir vécu dans de grandes villes d'Europe (Trieste, Vienne, Milan, Budapest, Bucarest et Paris), aux prises avec les convulsions historiques du siècle, ce grand bourgeois dilettante rejoint les États-Unis en 1941, où il ouvre sa propre galerie à New York, en 1957, à l'âge de cinquante ans. Fasciné par les artistes, ses " héros ", il découvre les grands Américains des sixties (Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Frank Stella, Roy Lichtenstein, Andy Warhol, James Rosenquist), et les mouvements esthétiques (le Pop Art, l'art minimal, l'art conceptuel), qu'il insère dans le cours de l'histoire de l'art. Organisée à l'européenne et gérée à l'américaine, la galerie Castelli invente la première forme de globalisation du marché de l'art et devient une institution incontournable. En quelques années, le galeriste transforme le statut de l'artiste aux États-Unis, assurant à l'art américain, pendant près de quatre décennies, une absolue hégémonie sur la scène internationale. Les consécrations à la Biennale de Venise pour Robert Rauschenberg en 1964, et Jasper Johns en 1988, sont de nouveaux coups de maître pour Castelli, jusqu'à ce que le marché de l'art américain s'emballe dans la fièvre de la montée des prix. Pourtant, derrière la personnalité d'un personnage érudit, affable et médiatique, se cache une histoire beaucoup plus complexe et mystérieuse qu'il ne le laissait paraître. Grâce à de nombreux entretiens réalisés dans le monde entier et à des documents d'archives inédits, Annie Cohen-Solal, biographe de Sartre et auteur de " Un jour ils auront des peintres ", nous transporte d'Italie en Hongrie, en Roumanie, en France et aux États-Unis, pour raconter la passionnante trajectoire du galeriste, découvrant que sa fonction ressemblait étrangement à celle de ses propres ancêtres, et de ces agents qui travaillaient auprès des Médicis, dans la Toscane de la Renaissance.

10/2009

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Géopolitique

L'Ukraine et le basculement du monde

"Une fois écartée l'explication manichéenne, issue des agences de com' américaines et répandue dans toute la presse occidentale, d'un conflit lu comme l'agression des "gentils ukrainiens" par de "méchants russes" en mal de territoire, plusieurs lectures sont possibles de cette guerre : guerre historique et géopolitique d'abord, suite aux visées polonaises et allemandes sur l'Ukraine depuis le XIXème Siècle, reprises par les USA dès 45, et plus encore après 91 et la chute de l'URSS, théorisées par Zbigniew Brzezinzski dans "Le grand échiquier" , guerre internationale et même mondiale, et guerre diplomatique, puisque l'ensemble des pays du monde ont été sollicités à l'occasion des sanctions (et très peu les ont acceptées), guerre économique, où les intérêts des oligarques locaux et la contrebande d'armes sont loin d'être absents, guerre financière, autour de la recherche par les russes d'une alternative au système SWIFT, guerre du gaz, du blé et des matières premières, guerre médiatique bien sûr, guerre militaire, et enfin, guerre idéologique et culturelle, puisqu'à travers elle, deux systèmes de pensée et deux "modes de vie" s'affrontent, l'un profondément matérialiste et progressiste, l'autre profondément spiritualiste et conservateur. Aujourd'hui, l'issue militaire n'est pas encore connue. Cependant, la supériorité d'artillerie des russes (avec un rapport de tir de 20 pour 1) et leur maîtrise quasi totale du ciel, sont telles que la victoire ukrainienne semble bien peu probable. Pour le moment, ils tiennent grâce à la colossale capacité de soutien financier américaine, mais pour combien temps ? Mais le plus important est ailleurs : ce conflit se produit au moment d'une métamorphose du monde, et il l'accélère puissamment. C'est de la fin de l'hégémonie occidentale, et de l'avènement d'un ordre beaucoup plus international et multipolaire qu'il s'agit. Quelles sont ses chances d'aboutir ? Quel rôle, différent, pourraient y jouer les USA ? Et la faible Europe ? Et l'Inde et la Chine ? Et les monarchies du Golfe ? Et le reste du monde, Asie, Afrique et Amérique latine ? Quelque chose de totalement nouveau se prépare. C'est cela, surtout, que nous devons tenter d'anticiper" .

04/2023

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Architecture

Architecture en Algérie de 1830 à nos jours

Cet ouvrage, richement illustré, présente l'évolution historique des lieux, des édifices et des acteurs de l'architecture et de l'urbanisme en Algérie de 1830, fin de l'hégémonie ottomane au Maghreb, à l'aube du XXIe siècle, dans un pays ayant recouvré son indépendance depuis un demi-siècle. Il met en lumière la créativité des réalisations, les expérimentations techniques et l'importance de l'héritage matériel et culturel. Le but de ce livre est de décrypter ce passé afin de donner des pistes de recherches et d'analyses pour l'avenir. S'articulant autour de 1962, date de l'indépendance, l'ouvrage est rythmé par décennies. Ainsi, il met en évidence : - l'importation du modèle européen dans les villes, où l'architecture locale fut parfois malmenée ; - à la charnière des XIXe et XXe siècles, avec la frénésie pour les expositions universelles et coloniales, le goût pour l'orientalisme qui permit le sauvetage de quelques édifices ou ensembles urbains ; - durant les années 1930, la construction dopée par la célébration du centenaire de la conquête de l'Algérie et influencée par l'Art déco en vogue ; - après-guerre, l'émancipation de l'Algérie, qui devint un terrain d'expérimentation fabuleux pour les nouveautés architecturales et constructives du Mouvement moderne ; - à l'indépendance, l'édification de quelques projets importants confiés à des architectes internationalement reconnus, comme le brésilien Oscar Niemeyer, puis l'intégration des premiers architectes algériens dans les ministères, les administrations ou les organismes étatiques, permettant des réalisations parfois inspirées de l'architecture ottomane ; - depuis les années 1990, le virage libéral de l'Etat algérien, qui impacte le statut des architectes qui, toujours plus nombreux, ouvrent des agences privées dans les grandes villes. L'ouvrage met ainsi en évidence de nombreuses réalisations architecturales remarquables, pas seulement celles des principales villes d'Algérie que sont Alger, Oran et Constantine, mais de tout son territoire, comme à Orléansville (Chlef), Ghardaïa. Ce livre, véritable voyage dans l'histoire de l'architecture, constitue une référence pour les architectes et tous les curieux désireux de prendre conscience des efforts de l'administration algérienne et des architectes, algériens et étrangers, pour dépasser les empreintes du colonialisme et écrire une architecture ayant sa propre identité.

12/2023

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Philosophie

Scénarios de la mondialisation culturelle. Tome 2, Civilisations, cultures, conflits

La mondialisation pose à nouveau tout à la fois la question de la civilisation dans son rapport moderne à la barbarie et celle des cultures saisies dans leur rapport de coexistence plus ou moins pacifique. Civilisation et culture ne sont pas des concepts univoques bien définis, mais des notions indicatives de problèmes à définir, facilement transformables en choses en soi, en substances fixes. Une approche nominaliste préalable s'impose pour ne pas être victime de l'illusion du primordialisme qui se donne des entités primordiales engagées dans une gigantomachie. Cette approche permet de dégager les enjeux politiques. Au sein d'un monde déchiré par la guerre globale et les états de violence interethniques, la civilisation est considérée comme enjeu d'un choc. La civilisation occidentale, dominante, se juge par la bouche de certains interprètes directement menacée par d'autres rivales, notamment la civilisation islamique. Les accusations d'impérialisme ne sont pas nouvelles. Depuis le 11 septembre 2001 la tentation est grande pour les leaders occidentaux de récuser l'accusation en faisant valoir la menace terroriste et de donner à leur hégémonie une diction civilisatrice exclusive. S'opère un usage rétorsif de l'incrimination de barbarie. En fait, il importe de déconstruire la notion asymétrique de civilisation en prenant la mesure de la barbarie immanente à la mondialisation capitaliste et de distinguer entre islamophobie politiquement injustifiable et critique légitime des religions. L'enjeu est d'empêcher que la problématique confuse du choc des civilisations ne se transforme en prophétie auto-réalisatrice. La même opération de déconstruction s'impose pour la notion de culture : elle se prête à une autre essentialisation qui passe par l'acceptation relativiste du pluralisme culturel qui désormais est une donnée de nombreuses sociétés. Ce relativisme est contesté par l'idée de culture majoritaire opposée à celle de cultures minoritaires qui accompagnent les phénomènes migratoires irréversibles de la mondialisation. La thématique dominante est celle des identités différentes en conflit potentiel. Le racisme xénophobe d'Etat gagne de nombreux pays dont la France, il rejette les minorités culturelles sur leur différence culturelle et légitime une politique de guerre civile préventive à l'encontre des minorités terrorisées accusées de se transformer en communautés terroristes ennemies. L'enjeu est cette fois d'éviter la guerre de majorités prédatrices contre ces minorités. Le recours ne peut être que politique, c'est celui de la transformation des luttes identitaires en conflits sociaux pour une égalité interculturelle.

02/2011

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Histoire de l'architecture

Enseigner l'architecture aux Beaux-Arts (1863-1968). Entre réformes et traditions

L'histoire de l'enseignement de l'architecture à l'Ecole des beaux-arts au XXe siècle semble connue des historiens de l'architecture et des architectes qui, pour la plupart, ont arpenté les couloirs de cette prestigieuse école. Malgré son évidence et l'ampleur des archives disponibles, ce sujet n'avait jamais été abordé de front sur cette longue période. Certains auteurs s'étaient intéressés au XIXe siècle, durant lequel l'établissement s'était forgé une réputation internationale, d'autres aux bouleversements qu'il a subis en 1968. Mais, entre la réforme mise au point par Viollet-le-Duc en 1863 et la disparition de la section d'architecture, il y avait un vide que cet ouvrage propose de combler. A partir de l'analyse de documents d'archives originaux et d'un corpus jusque-là épars, ce livre fait le choix d'un regard croisé entre histoire réglementaire et pédagogique pour traduire l'évolution et les continuités d'un enseignement, et évaluer les aptitudes de l'institution à questionner ses traditions académiques au fil du temps et à se réformer. Visant à dégager une lecture historique à propos de la "doctrine" de la section d'architecture, à vérifier son soi-disant endormissement et sa capacité à intégrer la modernité, il offre une synthèse, libérée de toute polémique, de l'évolution de la formation des architectes en dégageant des moments de basculement, de crise ou de stabilité provoqués par des phénomènes d'ordre institutionnel, historique ou professionnel. Le récit revient sur l'hégémonie et l'apogée de l'institution au tournant du XXe siècle et met en avant les vicissitudes d'un "système Beaux-Arts" qui, assujetti par l'Académie, étend ensuite ses ramifications au sein d'écoles régionales prises dès leur origine dans la tourmente d'un long conflit entre Paris et la province. Il raconte l'aboutissement d'une double réforme à la croisée des sphères professionnelle et scolaire durant le régime de Vichy et aborde enfin l'amplification de malaises profonds et latents qui caractérisent l'ultime période de la section d'architecture. Du berceau parisien aux antennes provinciales, des débuts glorieux aux difficultés grandissantes, des enjeux pédagogiques à ceux de la profession, du cours de théorie aux concours d'émulation, l'ouvrage propose une lecture inédite de la longue et difficile mue de la section d'architecture à l'Ecole des beaux-arts au XXe siècle.

02/2022

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Islam

Islam et islamisme. Evolution, actualité et questions, toutes voiles dehors

Cet ouvrage d'analyse historique vient jusqu'aux portes du présent. L'auteur est un spécialiste des mouvances de pensées à travers l'histoire. Il scanne l'islamisme sans langue de bois et apporte une réflexion nouvelle à la faveur d'un regard sur les liens secrets de l'Islam dès ses débuts et de nos jours. Il analyse l'Islam sous tous les angles et soulève d'importantes questions. Ce livre aborde sans tabous, l'histoire et les origines de l'Islam et de l'islamisme, celle de Mahomet, des premiers Mahométans, les mouvances secrètes et occultes, les liens avec le Wahhabisme, le Salafisme, la réalité des Frères musulmans et du madhkalisme. La Richesse de l'Islam et sa diversité sont une chose. Les actes et les projet de l'islamisme politique, d'un grand califat mondial, c'est autre chose. Sans islamophobie, avec lucidité et respect, l'auteur invite à s'interroger, à réfléchir et a la vigilance qui s'invite devant un certain choc entre les civilisations du 21e siècle. L'histoire de l'islam s'inscrit, selon certains auteurs et chercheurs, dans une vision hégémonique au cours des siècles, bien qu'elle ait connu un Age d'Or qui laisse rêveur. L'hégémonie caractérise toute mouvance de pensée à vocation universaliste. En soi c'est légitime. Il s'agit de partager une pensée. Cela dit, on assiste à l'évolution d'un intégrisme qui n'ambitionne pas moins que de dominer le monde sous l'angle politique. Il ne s'agit plus de religion au sens strict. Cet intégrisme, que portent notamment les frères musulmans, qui ne représentent pas l'islam, appelle à l'éradication de valeurs au profit de la loi d'Allah interprétée par eux, par tous les moyens, y compris les perfides techniques de la taqiya, de la tawriya et du kitman, sur lesquelles l'auteur revient dans son texte. Ce n'est pas le message coranique révélé, ni celui du prophète Mahomet, qui réformera et modernisera la société de son temps. Les souhaits réactualisés de moderniser l'islam postulent une réforme de l'intérieur. L'autre branche de l'option serait d'adapter la modernité à l'islam des fondamentalistes, clous du cercueil de l'Occident des Lumières. Un islam des Lumières représenterait un progrès pour l'humanité en sa diversité constructive.

09/2023

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Histoire de France

Les deux vies du général Foy (1775-1825). Guerrier et législateur

"Guerrier législateur", Maximilien Sébastien Foy (1775-1825) a connu une apothéose avec ses funérailles qui auraient rassemblé 100000 personnes sur le pavé parisien. Partant d'une interrogation sur les raisons de cette affluence, le présent ouvrage propose la biographie d'un personnage dont l'oubli dans la mémoire collective questionne sur sa dimension historique. Le général Foy appartient à une génération qui, optant pour une carrière militaire dès le début de la Révolution française, connaît une rapide ascension sociale. Servant dans les armées révolutionnaires puis napoléoniennes de 1792 à 1815, l'homme a gravi les échelons, mais non sans à-coups. Dénoncé comme " modéré " en 1793, ce partisan des Girondins n'échappe à la guillotine que grâce au 9 Thermidor. Mais sa proximité avec le général Moreau le rend suspect aux yeux de Napoléon Bonaparte, d'autant plus qu'il vote contre le consulat à vie puis contre l'établissement de l'empire. Affecté à des postes secondaires, il est envoyé dans la Péninsule ibérique où il reste de 1808 à 1813, conscient de participer à une "guerre inglorieuse ". L'écroulement de l'Empire et la Restauration l'amènent à se rallier à Louis XVIII, mais son attitude pendant les Cent Jours le rend à nouveau suspect aux yeux du pou-voir. Bifurquant alors vers une carrière politique, élu député de l'Aisne en 1819, le général Foy devient l'un des chefs de l'opposition libérale. Son talent d'orateur lui vaut une popularité immédiate. Personnalité du Tout-Paris, il fréquente les salons, les ateliers des artistes en vue, les théâtres et l'opéra. Ses relations avec le monde de la banque facilitent son élévation sociale et son enrichissement. Jean-Claude Caron donne donc à voir les multiples facettes de l'homme public comme de l'homme privé, défenseur de la liberté et de la propriété, soucieux d'être un " bon mari " et un " bon père ". Luttant pour que les valeurs de 1789 deviennent le socle de la France postrévolutionnaire, le général Foy entend qu'elles garantissent la stabilité sociale et confortent l'hégémonie politique du monde des notables auquel il appartient. Ni " héros " du roman national ni simple protagoniste de l'histoire, cet homme au double talent incarne la transition entre deux époques, quand la France passe de l'Ancien Régime aux débuts du système parlementaire, par le glaive et par le verbe.

08/2014

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Religion

Miraculé de Dachau. Témoignage

Prisonnier à Dachau, Kazimiers est choisi comme cobaye dans le service du médecin-chef SS. Il livre un témoignage vibrant d'amour et de pardon et une réflexion sur l'homme d'une grande profondeur. Extrait de son ouvrage : Les hivers à Dachau furent une période de tourments indicibles dans l'enfer du camp, mais ils furent aussi une période de grandeur : le temps de la souffrance héroïque et de l'héroïsme du service, qui ne recula jamais devant le sacrifice de la vie. Les modalités et les actes furent différents. Comment les raconter tous ? Mais ce n'est pas là le plus important. Après tout, les noms de leurs auteurs sont inscrits dans les cieux (cf. Lc 10, 20), tout comme leurs actes. Car il n'est pas d'amour plus grand que celui-là : donner sa vie pour ses amis (Jn 15, 13). Ces paroles de Jésus ont été prononcées par l'Eglise à propos du premier Saint Prisonnier canonisé. Comme elles étaient justes ! Ils resplendissent comme des étoiles au firmament, et puisse le ciel, par leur intercession, se pencher sur la terre, oeuvre du Dieu-Amour, afin qu'elle ne soit plus dévastée de manière aussi horrible par l'homme obsédé par la haine... . Ni la vie ni la mort ne peuvent être soumises à l'hégémonie de la technique ou privées de leurs caractéristiques pleinement humaines. Ici l'homme ne peut reconnaître d'autre puissance en dehors du pouvoir souverain du Créateur. La vie et la mort ne sont pas seulement une question de guerre mais, à l'ère de la technique, surtout de paix. Combien de personnes ont-elles été tuées ? A ce propos aussi la technique se perfectionne. Combien reconnaissent une ingérence non humaine dans le mystère de la vie à son début ? Ici les progrès de la technique sont carrément d'une évidence solaire. Ainsi la technique devient de plus en plus parfaite, mais l'homme croît-il ? L'homme, ami de la technique, s'allie même contre la vie, avec elle. De cela c'est lui qui est responsable, certes pas la technique. L'homme reste toujours homme. Puisse-t-il donc l'être toujours, avec la conscience que son humanité n'a pas de prix et que la dictature de la technique est pleine de dangers.

09/1997

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Vie chrétienne

Le catholicisme contemporain en péril. Ces questions essentielles qu'il lui faut affronter

Les inquiétudes qui pèsent sur le destin européen et mondial du christianisme ont franchi le seuil de la dramatique : crise mordante de la foi, déficit culturel brutal de sa mémoire bimillénaire, déritualisation globale, dénaturation du sacerdoce, effets-retard d'un anti-intellectualisme exacerbé. L'auteur les décline lucidement, tout en relevant leur corrélation avec la marche vacillante des sociétés contemporaines : crise anthropologique inédite, emprise numérique, montée en puissance des oligarchies, communautarisation des comportements, hégémonies politico-religieuses. Les signes de l'alerte étaient depuis longtemps nombreux et convergents. Ils se manifestent aujourd'hui selon leur caractère aggravant, irréductible aux préoccupations qui avaient jusque-là traversé la grande histoire de l'Eglise et des peuples. En finir avec la rhétorique des consolations autant qu'avec les marchands du pire, dénoncer les effets du Malin en embuscade pour aiguillonner une espérance qui ne diffère pas : l'impératif est proportionné à l'exercice de discernement qu'impose, en plusieurs régions du globe, un contexte de dernière chance. A l'écart des réponses précipitées, alors qu'il est rivé entre périls et résistances, l'avenir du catholicisme se jouera non pas dans l'affichage candide d'une "proposition" , mais dans l'énergie évangélique de l' "invitation" . Sur cette voie seule, une renaissance spirituelle est pensable au sein d'une humanité qui attend, au milieu des troubles, une révélation. Le Père Philippe Capelle-Dumont, philosophe et théologien, professeur des universités, doyen honoraire de la faculté de philosophie de l'Institut catholique de Paris, chercheur associé à l'université de Paris-Sorbonne, président honoraire de la Conférence mondiale des facultés de philosophie des universités catholiques, ancien vicaire épiscopal, est président d'honneur de l'Académie catholique de France. Auteur d'une cinquantaine d'ouvrages dont certains sont traduits en plusieurs langues, il a reçu le Grand Prix du cardinal Grente de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre.

02/2022

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Consulat

Le Consulat de Bonaparte. La fabrique de l'Etat et la société propriétaire 1799-1804

CNLPeuples – Le Code civil, le Conseil d'Etat, la Légion d'Honneur, les préfets, les lycées... ces institutions familières ont en commun d'avoir été créées, refondées ou redéfinies sous le Consulat, le régime qui est issu du coup d'Etat de Bonaparte (1799) et auquel succède l'Empire (1804). Alors que le pouvoir législatif était le coeur de la Révolution française, il est laminé en 1799 et remplacé par un pouvoir exécutif omnipotent, concentré dans les mains d'un homme qui en fait sa chose. La centralisation administrative, telle que nous nous la représentons aujourd'hui, prend sa source dans la dictature de Bonaparte . Elle rompt avec la logique "décentralisatrice" mise en oeuvre depuis 1789 et renforcée par le Gouvernement révolutionnaire en l'an II. Aussi, ce que l'on nomme abusivement "le centralisme jacobin" devrait être désigné comme le "centralisme bonapartiste" . Le processus de centralisation s'accompagne d'une confiscation de la démocratie. Les décisions prises sont hors du contrôle du peuple, alors qu'il est prétendu souverain. L'administration se substitue alors à la politique, le fonctionnaire remplace l'élu et le citoyen est réduit au statut d'administré. Les experts choisis par Bonaparte sont les seuls habilités à définir l'intérêt général et les politiques censées l'incarner. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen disparaît et la référence à la république, de plus en plus formelle, n'a pour seule fonction que de légitimer le régime. L'ordre social repose sur le propriétaire qui a le "droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue" , le patron dominant ses ouvriers, le mari sa femme et le père ses enfants. La dictature de Bonaparte entend "dépolitiser" la nation et s'appuie sur la surveillance policière et la mise en place d'un régime où la liberté de la presse n'est plus qu'un mot. Le Concordat avec le Pape "recléricalise" la France et fait des prêtres les auxiliaires du pouvoir. Le culte du Chef de l'Etat et les valeurs militaires de l'ordre, de l'obéissance et de l'honneur sont érigés en culture politique dominante. A l'extérieur, le Consulat de Bonaparte est marqué par la construction d'une hégémonie autoritaire sur les peuples "libérés" par les armées françaises (Hollande, Suisse, Italie du Nord, Allemagne rhénane) et par une réaction coloniale sanglante en Guadeloupe et à Saint-Domingue, accompagnée du rétablissement de l'esclavage en 1802. Aujourd'hui, la société propriétaire et les stigmates "bonapartistes" de la Constitution de la Ve République - la monarchie républicaine, la "verticalité du pouvoir" , le législatif marginalisé - suscitent la critique et interrogent la nature de notre "démocratie" et ses dysfonctionnements.

11/2021

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Pléiades

Oeuvres romanesques. Tome 2, Vers le phare ; Orlando ; Les Vagues ; Flush ; Les Années ; Entre les actes

Cette édition propose, dans des traductions pour la plupart nouvelles, tous les livres de fiction publiés par Woolf ou, pour Entre les actes, au lendemain de sa mort : dix romans, et un recueil de nouvelles, Lundi ou mardi, qui n'avait jamais été traduit dans notre langue en l'état. S'y ajoutent les nouvelles publiées par l'auteur mais jamais rassemblées par elle, ainsi qu'un large choix de nouvelles demeurées inédites de son vivant. Les nouvelles éparses qui présentent un lien génétique ou thématique avec un roman sont réunies dans une section Autour placée à la suite de ce roman. On trouvera ainsi, Autour de "Mrs. Dalloway", un ensemble de textes dans lequel Woolf voyait "un couloir menant de Mrs. Dalloway à un nouveau livre" ; ce "nouveau livre" sera un nouveau chef-d'oeuvre, Vers le Phare. Romans et nouvelles, donc, mais ces termes ne s'emploient ici que par convention. Woolf en avait conscience : "Je crois bien que je vais inventer un nouveau nom pour mes livres, pour remplacer "roman". Un nouveau ... de Virginia Woolf. Mais quoi ? Elégie ? " L'élégie, qui a partie liée avec la mort, est une forme poétique, et le roman, chez Woolf, emprunte en effet à la poésie ("Il aura une part de l'exaltation de la poésie"), aussi bien qu'à l'essai et au théâtre ("Il sera dramatique"), jusqu'à un certain point ("mais ce ne sera pas du théâtre"). Play-poem, "poème dramatique", qualifiera Les Vagues ; essay-novel, "roman-essai", désigne Les Années ; Flush et Orlando partagent la même indication de genre : a Biography, ce qui ne dit à peu près rien de ces deux livres, mais confirme qu'il faut ici renoncer aux catégories reçues et, plus largement, considérer d'un oeil neuf tout ce qui semblait définir le romanesque : "Le récit peut-être vacillera ; l'intrigue peut-être s'écroulera ; les personnages peut-être s'effondreront. Il sera peut-être nécessaire d'élargir l'idée que nous nous faisons du roman". Elargir : rompre avec la continuité chronologique, en finir avec l'hégémonie de la représentation, faire du vécu subjectif de la conscience la véritable matière du roman. Woolf le reconnaissait, elle n'avait pas le don de la réalité : "J'immatérialise le propos. . ". Il s'agissait moins pour elle de bâtir des intrigues que d'isoler des "moments d'être", déchirures éclairantes dans l'obscur tissu d'une existence, témoignant "qu'une chose réelle existe derrière les apparences". "Je rends [cette chose] réelle en la mettant dans des mots. Ce sont mes mots et eux seuls qui lui donnent son intégrité ; et cette intégrité signifie qu'elle a perdu le pouvoir de me faire souffrir".

03/2012

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Pléiades

Oeuvres romanesques. Tome 1, Traversées ; Nuit et jour ; Lundi ou mardi ; La Chambre de Jacob ; Mrs Dalloway

Cette édition propose, dans des traductions pour la plupart nouvelles, tous les livres de fiction publiés par Woolf ou, pour Entre les actes, au lendemain de sa mort : dix romans, et un recueil de nouvelles, Lundi ou mardi, qui n'avait jamais été traduit dans notre langue en l'état. S'y ajoutent les nouvelles publiées par l'auteur mais jamais rassemblées par elle, ainsi qu'un large choix de nouvelles demeurées inédites de son vivant. Les nouvelles éparses qui présentent un lien génétique ou thématique avec un roman sont réunies dans une section Autour placée à la suite de ce roman. On trouvera ainsi, Autour de "Mrs. Dalloway", un ensemble de textes dans lequel Woolf voyait "un couloir menant de Mrs. Dalloway à un nouveau livre" ; ce "nouveau livre" sera un nouveau chef-d'oeuvre, Vers le Phare. Romans et nouvelles, donc, mais ces termes ne s'emploient ici que par convention. Woolf en avait conscience : "Je crois bien que je vais inventer un nouveau nom pour mes livres, pour remplacer "roman". Un nouveau ... de Virginia Woolf. Mais quoi ? Elégie ? " L'élégie, qui a partie liée avec la mort, est une forme poétique, et le roman, chez Woolf, emprunte en effet à la poésie ("Il aura une part de l'exaltation de la poésie"), aussi bien qu'à l'essai et au théâtre ("Il sera dramatique"), jusqu'à un certain point ("mais ce ne sera pas du théâtre"). Play-poem, "poème dramatique", qualifiera Les Vagues ; essay-novel, "roman-essai", désigne Les Années ; Flush et Orlando partagent la même indication de genre : a Biography, ce qui ne dit à peu près rien de ces deux livres, mais confirme qu'il faut ici renoncer aux catégories reçues et, plus largement, considérer d'un oeil neuf tout ce qui semblait définir le romanesque : "Le récit peut-être vacillera ; l'intrigue peut-être s'écroulera ; les personnages peut-être s'effondreront. Il sera peut-être nécessaire d'élargir l'idée que nous nous faisons du roman". Elargir : rompre avec la continuité chronologique, en finir avec l'hégémonie de la représentation, faire du vécu subjectif de la conscience la véritable matière du roman. Woolf le reconnaissait, elle n'avait pas le don de la réalité : "J'immatérialise le propos. . ". Il s'agissait moins pour elle de bâtir des intrigues que d'isoler des "moments d'être", déchirures éclairantes dans l'obscur tissu d'une existence, témoignant "qu'une chose réelle existe derrière les apparences". "Je rends [cette chose] réelle en la mettant dans des mots. Ce sont mes mots et eux seuls qui lui donnent son intégrité ; et cette intégrité signifie qu'elle a perdu le pouvoir de me faire souffrir".

03/2012