Zeli Darnault-Orsoni

Si cet album jeunesse grand format, accessible dès 4 ans est le premier livre publié en France de , il n'en est rien de l'illustrateur, bien connu de l'édition jeunesse française (Mouk, Ariol, Colas Gutman…), également auteur de bande-dessinée.

Voici donc l'histoire de Zélie, une petite fille malicieuse qui ne tient pas en place, s'amuse de tout et avec tout. Bref, une petite fille rigolote qui ressemble un peu à Fifi Brindacier; sauf qu'elle est brune.

Que ce soit à l'école ou à la maison, elle est un véritable pitre, n'en fait qu'à sa tête au risque d'agacer tout de même un peu ses parents ou sa maîtresse.

Ainsi, lors d'une sortie scolaire au zoo, Zélie ne peut rester tranquille, fait avec les animaux tout ce que la maîtresse a interdit (exciter, caresser, jouer) et ronchonne lorsqu'arrive la pause déjeuner. Incapable de savourer ce moment de répit et malgré la mise en garde de sa maîtresse, Zélie décide de s'amuser avec le tigre. Elle n'imagine pas alors comment un simple chatouillement peut entraîner une véritable folie à l'intérieur du zoo, bien vite incontrôlable mais ô combien divertissante et très drôle pour les  jeunes lecteurs.

Des illustrations savoureuses, absolument survoltées qui offrent tout son rythme à l'histoire. Des visages d'enfants ronds et attachants, empreints de douceur mais aussi d'espièglerie, des animaux tous plus joyeux et inoffensifs les uns que les autres. Même le tigre semble un peu pataud, aucunement effrayant.

Tout s'agite dans ces pages, semble en mouvement permanent, rend gai et dynamique, plein d'entrain.

Assurément cet album n'invite pas à la sieste, ne prépare sans doute pas le jeune enfant à aller dormir mais comme stimulant, il est impeccable, drôlement efficace. Un vrai moment de détente à partager.

Le ton monte, les protestations grondent et soudain une voix s'élève dans la foule assemblée dans l'école, Zélie s'indigne et s'oppose à l'odieux propriétaire Juste Perrin en faveur de l'instruction pour les filles de paysans. Quel manque de bienséance pour une jeune fille de sa condition ! Dieu sait qu'elle en manque, la pauvre Zélie, ou plutôt « Marie-Azélie », pour sa propre sécurité. Prisonnière du passé de sa petite commune de Basmont-en-Argonne suite à un incroyable pari avec son oncle lunatique, du moins le pense-t-elle, Zélie se retrouve propulsée seule, à la faveur d'une lune étrange, au XVIIIe siècle à l'époque de la Révolution.

Certaines des demandes vitales pour la commune seront rassemblées avec celles d'autres fiefs à l'attention du Roi XVII. L'heure est grave ! Réfugiée sous le toit de l'austère Père Joseph, Zélie ne pourra pas s'empêcher d'écouter son cœur afin de changer les événements du temps lorsque cela se présente. Mais sa lune est de retour ! Verra-t-elle l'avènement de la révolte qui changea un pan de l'histoire de la France et pourra-t-elle se refuser au beau Léandre, des siècles plus âgés que la mignonne ?

Une série de extrêmement prometteuse. L'intrigue est posée sur le premier volume et se déroule en plusieurs parties comme un feuilleton, nous laissant suspendus à l'issu des tomes. L'auteure, férue d'Histoire, a réussi à écrire une histoire dans laquelle nous nous immergeons rapidement et qui permettra aux jeunes lecteurs de vivre un pan mémorable de l'histoire de façon très accessible et agréable. Grâce au personnage de Zélie, ils pourront constater l'écart entre les mentalités de deux époques autour de la société, de la jeunesse et des avancées scientifiques.

L'épisode de la petite Fanchon aux portes de la mort à cause d'une gastro-entérite est un exemple simple, édifiant et terrifiant.  Le passage des Lumières est un titre riche à double sens pour sa nuance Science-Fiction et son avènement loin de l'obscurantisme par la connaissance. Une révolution sociale que les lecteurs suivront donc dans un souffle romanesque et romantique et qui les séduira sur cinq tomes, pour l'instant...

Sara est une petite sorcière, mais elle n'est vraiment pas douée en magie ; elle ne parvient même pas à avoir son premier examen de sorcellerie. Pas facile à assumer quand on est la fille du célèbre enchanteur Orson l'Horrible et de la belle Arabelle. Mais un jour, toute la famille, excepté Sara et son petit frère Pépin, part pour un important congrès. Restés seuls, les deux bambins s'entraînent à la magie quand ils entendent un grand BOUM ! juste devant chez eux. En sortant, ils découvrent un jeune garçon inconscient, un cobra posé sur le ventre, et près de lui, une sacoche de cuir, une flûte de cuivre et un tapis brodé de fil d'or. Et si c'était le bel inconnu dont Sara rêve tant ?

nous embarque dans les aventures d'une petite sorcière vive et pleine de malice, entourée de son petit frère Pépin qui adore la faire enrager, du beau Gali, jeune fakir amoureux d'elle, de Clarinette, jolie princesse, et de Câlin, Croac et Chapeau, les animaux de compagnie dignes d'une famille de sorciers.

Les aventures riches en magie et en péripéties de Paul Thiès, les illustrations très colorées de Maëlle Cheval, la carte de la Forêt des Sources, les « secrets d'une sorcière », le jeu-questions et le glossaire enchanteront les petits lecteurs de cette nouvelle série qui compte pour l'instant deux tomes : Le garçon tombé du ciel et Prisonnier au château.

De courts romans pour débutants qui mêlent sorcellerie, humour, amour, amitié. Après « Plume de pirate », succès assuré pour la nouvelle série de Paul Thiès…

NdR : Le tome 2 est également paru.

Le est une formation musicale de cinq joyeux lurons strasbourgeois venus mettre un « grand bazar » dans leur dernier album. Pour cette fête de la musique, un grand défilé de personnages est à l'honneur, à commencer par son bestiaire, composé de loups et autres poules, ses ogres affamés, son magicien maladroit, et même son super-héros en pleine crise identitaire.

Le groupe est accompagné d'une bonne pléiade d'invités, au profil aussi diversifié que le sont les chansons qui composent l'album. François Morel, les Ogres de Barback, Dick Rivers, Babet (Dionysos), pour ne citer qu'eux, viennent ajouter leur petite touche personnelle dans ce méli-mélo de pop, rap, rock, de musique du monde et de berceuse, sur des textes originaux ou des grands incontournables de la chanson enfantine, dépoussiérés voire complètement métamorphosés, toujours avec humour et entrain.

C'est Clotilde Perrin qui a la responsabilité d'immortaliser cette folle fanfare. Elle apporte à cette galerie de portraits loufoques un peu de douceur et de poésie grâce à des illustrations qui ne manquent pas pour autant d'extravagance et de folie.

Le Grand Bazar du Weepers Circus est un vrai petit concentré de bonne humeur, qui ravira les oreilles des jeunes pousses tant par la modernité de ses arrangements que par la cocasserie des textes. Voilà sans doute la bande son idéale de la route de vos vacances !

Quand découvre qu'il est un Médicus, comme l'était son père, c'est le début d'une incroyable aventure. Initié par l'énergique Mrs Whiters, il apprend qu'il peut voyager à l'intérieur de n'importe quel corps vivant pour le soigner, et explorer les cinq incroyables univers dont nous sommes composés. Hélas, il n'a que peu de temps pour s'exercer à l'Intrusion Corporelle : le chef des Pathologus, les doubles maléfiques des Médicus, vient de s'échapper d'une prison sibérienne. Ce redoutable Prince Noir réunit ses troupes pour semer le mal et régner sur le Monde. Oscar va devoir affronter ces terribles magiciens, alors qu'il est à peine initié.

On pense forcément à Il était une fois la Vie ou au film l'Aventure Intérieure, tant la découverte de l'intérieur du corps humain est drôle et intéressante, mais à Harry Potter aussi, pour le côté jeune sorcier un peu perdu, qui doit combattre le Prince Noir.

Les aventures sont menées tambour battant, même si j'avoue une préférence pour tout ce qui se passe dans le mystérieux manoir de Cumides Circle, plutôt que dans le corps humain. Le jeune Oscar est très sympathique : c'est une tête brûlée, réfractaire à l'autorité, et qui se débat avec ses angoisses. Les personnages secondaires sont attachants (mention spéciale pour la sœur complètement à l'ouest) et les trouvailles savoureuses : j'adore Zizou, l'arbre donneur de coups de tête ou les fourmis qui veulent jouer au base-ball !

La révélation des Médicus est le premier tome d'une série de cinq.

Il y a la ferme avec son étable et ses bêtes auprès desquelles il fait bon trouver un peu de chaleur.

Il y a Sony qui aboie dans la petite cour et qui reçoit trop souvent des coups de pied de Papa.

Papa qui a longtemps été si proche de Marthe avant de s'enfermer derrière une inexpliquée brutalité à l'égard de toute sa famille. Brutalité dont Maman subit les affres en voulant protéger Marthe et Léonce de ces accès de fureur sourde et violente. Brutalité dont Marthe et Léonce veulent protéger Maman qui accumule bleus et bosses.

Au dehors, il y a l'école et ces enfants qui stigmatisent le frère et la sœur, Marthe et Léonce, qui font bloc, soudés comme les doigts de la main, et qui tentent de trouver dans l'enseignement de Mademoiselle Nathalie autant un échappatoire qu'un lieu de survie.

Il y a aussi Myriam, l'amie de Marthe, la voisine qui sait la violence mais ne peut que proposer un peu de baume pour atténuer les douleurs.

Jusqu'au jour où cette violence, atteignant son paroxysme, va définitivement briser ces vies.

Pour faire raconter par Marthe l'enchaînement inéluctable de ce drame, a trouvé le ton juste dans une écriture remarquable de sensibilité, de finesse et de douceur malgré le propos terrible.

Les mots mis bout à bout, sans lien entre eux, traduisent admirablement ce qu'ils ne veulent pas, ne peuvent pas dire tout net. C'est en imaginant « la route de l'autre côté du brouillard » que se raconte une histoire où les mots trop terribles sont elliptiquement remplacés par d'autres qui donnent un sens sans pour autant avoir la brutalité de la réalité.

C'est une sorte de voile posé sur le quotidien avec une élégance extrême qui suggère les émotions plus qu'il ne les raconte (sauf cet amour pour Maman), un peu comme si le film se déroulait sans les acteurs qui resteraient totalement extérieurs à leurs personnages pour éviter d'être broyés par eux.

Pourtant la tragédie est tellement prégnante, depuis tellement d'années, après tant de désespérance, de peur, d'angoisse quotidienne, d'incapacité à se protéger, à anticiper, que les âmes sont irrémédiablement marquées au fer rouge malgré toutes les tentatives de les enfouir.

Les mots utilisés ne sont pas ceux de la réalité mais le leurre est insuffisant. Tout le méli-mélo de mots n'arrive pas à l'étouffer : elle reste là, toujours, froide, inéluctable.

C'est un magnifique texte terrible dont Eschyle, omniprésent, n'aurait pas renié ni l'écriture poétique, ni le caractère tragique.