Publié pour la première fois en 1998 (chez Atout Editions), Couverture dangereuse est un récit policier empli de fins détails (à l’image d’un cristal habilement ciselé) mais qui nous immerge dans un univers totalement déjanté…
Résultat, au départ, il est difficile de rentrer dans l’intrigue. La masse d’informations transmises, au sein desquelles le lecteur doit faire un sérieux tri, a tendance à nous perdre dans ses propres méandres.
Résumons un peu. Red Colman, héros et alcoolique notoire, dirige paisiblement son ranch dans l’Arizona lorsqu’il est appelé soudain à rejoindre sa femme qui assiste à un congrès à Nice sur les organisations humanitaires.
Il ne se fait pas prier et prend l’avion pour aller rejoindre sa femme Susan, très active au sein de l’association humanitaire USA (United Solidarity of America). A l’aéroport, une femme l’accueille sous le nom de sa femme…mais ce n’est pas elle. Même si Red est sûr de son jugement, il passera la nuit avec la belle Dawn.
Une arrivée à Nice plutôt surprenante :
Le lendemain, alors qu’il se trouve sur la terrasse d’un café, une fusillade éclate. Red s’en sort tant bien que mal tandis qu’il perd le contact avec sa supposée femme au cours de l’attaque. Une chose est certaine, elle est pourtant vivante également.
Red Colman tente d’oublier ces événements, tous plus incompréhensibles les uns que les autres. Sans sens pour lui, sans sens pour les lecteurs. Et soudain, c’est la rencontre. Une actrice ratée éprise de liberté : Marylin, en train de tourner un film dans les rues niçoises.
Red Colman, paisible paysan, objet d’une chasse à l’homme sans concession :
Notre héros est forcé d’admettre qu’il est victime d’une folle machination. On en veut à sa vie. Même s’il ne comprend pas pourquoi, il doit fuir. Ses poursuivants sont à ses trousses avec des moyens plutôt démesurés par rapport à notre pauvre Red, toujours au bord du coma éthylique…
Accompagné de Marylin, il va retourner aux Etats-Unis et tenter de comprendre qui sont ses agresseurs et qu’est-ce qu’ils lui veulent. C’est le début d’un road-movie digne des plus grands chefs-d’œuvre d’Hollywood…les images en moins… Cela vous donnera l’occasion d’apprécier que pour un bouseux de l’Arizona, il ne se débrouille pas trop mal face à de redoutables agents doubles…
Un roman en forme de scénario :
Même si le style d’écriture déstabilise sur les premières pages, le suspense nous ramène vite à oublier une surcharge de détails pas toujours utiles. Assez décousue, cette écriture colle au personnage de Red Colman. Imprévisible, impressionnant de résistance et doté un caractère en dents de scie.
Une fois que l’on est pris dans l’intrigue, on se prend pour ce pauvre Red Colman, bouffé par l’alcool et le désir de comprendre ce qui lui arrive. Et l’on aurait qu’une seule envie, qu’un excellent cinéaste reprenne l’histoire proposée par Philip Le Roy.
Ce n’est sans doute pas par hasard si l’auteur, né en 1962 à Toulouse, est un passionné de cinéma. De musique aussi. Et l’on assiste de ce côté, pour les amateurs, à de sympathiques échanges entre les classiques américains plébiscités par Red comme musique de fond pour ses aventures et les airs « frenchies » chantonnés par Marylin qui n’a d’américain que son surnom.
Un auteur passionné, à la culture hétéroclite :
Philip Le Roy s’est fait connaître en 1997 avec Pour adultes seulement qui reçut le Prix du Polar à Toulouse. Déjà amoureux des courses-poursuites, ce roman mettait en scène deux jeunes filles traquées à mort. Mais avant d’écrire, Philip Le Roy a beaucoup voyagé. Il a eu l’occasion de s’ouvrir à de nombreux horizons professionnels : de commercial à publicitaire en passant par serveur ou encore agent de voyages.
Couverture dangereuse est un livre à mettre entre les mains des amateurs de récits policiers. L’écriture, presque maniérée, picturale, crée une ambiance par touches successives. A travers la brièveté des chapitres, les changements de lieux sans crier gare, la succession de points de vue différents sur une même scène, Philip Le Roy déploie tout son savoir-faire technique pour nous entraîner dans une intrigue qui roule vite, très vite. A vous de suivre.