Les censiers et les mutations des campagnes du Hainaut français. La formation originale d'une structure socio-économique (fin XVIIe - début XIXe siècle)

Oubliées, sous-estimées, éclipsées : l’histoire de l’art se souvient pourtant d’elles et des oeuvres qu’elles ont produites.

Et Martine Lacas s’est mise en devoir de rendre à ces femmes la place qui leur revenait.
Dans ce nouvel ouvrage, aux reproductions splendides (à souligner !), elle propose un parcours pictural sur deux siècles d’oeuvres et de créatrices.

Docteur en histoire et théorie de l’art, elle a réalisé plusieurs expositions indépendantes.

Des figures étonnantes, des personnalités exceptionnelles : de l’effervescence qui découle de la Révolution française aux premières diplomées qui sortirent de l’Ecole des beaux-arts au début du siècle dernier, ce sont des toiles à découvrir.

Ou comment en finir une fois pour toute avec la femme comme objet d’étude, pour découvrir une vision du monde, autant qu’une représentation.

Fondée en 1938, la Galerie Roger-Viollet dédie ses murs à la conservation des images de nos histoires partagées. Sur des centaines de mètres d’archives, Agnès Grossmann a sélectionné 300 photographies à partir de l’avant Première Guerre mondiale, qui raconte les femmes au XXe siècle.

Pour réaliser cet impressionnant ouvrage, la galerie s’est associée aux éditions Gründ.

Par l’image, ce travail restitue l’évolution de la condition féminine, et en parallèle, ce développement, à l’échelle du monde, de la société du spectacle de la consommation. Photos surprenantes, esthétiques, nostalgiques, édifiantes. Un ouvrage à découvrir pour tous les amoureux de la photographie, comme les curieux et les amoureux des Beaux livres. 

Écrire, dans la continuité : les deux auteurs Fanny Vaucher et Eric Burnand avaient précédemment exploré le XXe siècle, à travers le personnage d’Emma. Ils prolongent ici leur exploration de l’histoire suisse avec Jeanne, un siècle plus tôt.

Née dans une famille paysanne, cette femme raconte les espoirs et les déceptions d’une population, dans le pays de Vaud.

En quatre temps, détaillant les périodes majeures de la vie helvétique — révoltes paysannes début 1800, suivi de la famine de 1816, la guerre civile qui débuta en 1847 pour s’ouvrir sur la révolution industrielle des années 70 — Jeanne raconte ce temps passé.

Une vie douloureuse, de mort et de changements sociétaux, où l’Histoire du canton s’impose à celle d’une famille, comme tant d’autres. La bande dessinée, avec une approche colorée toute spécifique, retrace mieux que tout manuel les crises et bouleversements.

Un récit passionnant.

En même pas 60 ans, exit deux empereurs et deux rois, voilà ce que nous raconte avec son talent habituel Charles-Éloi Vial dans son livre Le siècle des chutes publié aux éditions Perrin.

Avouez que vous aussi vous aimez bien les histoires qui finissent mal ? En tous les cas, on savoure.

Et en plus notre historien a déniché quelques sources inédites qui ne gâchent rien au bonheur de cette lecture !

À offrir, à s’offrir, à lire !

Il y a un an quasiment jour pour jour, je vous conseillais d’offrir ou de vous offrir le tome 1. 

Bonne nouvelle, je n’ai pas changé d’avis et vous conseille tout autant le tome 2. Les femmes d’Henri IV, de Louis XIII et de Louis XIV n’ont pas eu des règnes faciles c’est le moins que l’on peut dire. Mais les reines ne sont pas les seules femmes marquantes de ces périodes, nous rencontrons aussi des frondeuses, des maîtresses, des dauphines…

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Simone Bertière en grande historienne conteuse nous entraîne dans « une fresque magistrale qui conjugue au firmament la rigueur historique avec le grand art du récit ».

Un magnifique cadeau !

Dans Big Fan, 3 histoires se chevauchent. Il s'agit de la biographie du groupe Radiohead, formation rock alternative incontournable aux 30 millions d'albums vendus, de lettres de Bill Madlock adressées à Fabrice Colin, une des rares personnes (en dehors d'irréductibles écumant les forums dédiés à Radiohead sur lesquels l'auteur a pris connaissance du cas Madlock) à s'être focalisée sur Bill Madlock.

Ce dernier avait tiré deux balles au dessus de la foule lors d'un concert de Radiohead le 25 juin 2008 au Victoria Park de Londres. Il pensait que la police du Karma menaçait même Thome Yorke et les siens et a grièvement blessé une personne. Madlock a été interné en psychiatrie, à Grendon. Un troisième récit reconstitue donc logiquement l'itinéraire de Bill Madlock. Big Fan contient une postface de Fabrice Colin, particulièrement éclairante et bienvenue.

Le discours de Bill Madlock est ahurissant. D'ailleurs, Fabrice Colin est légitimement bien incapable d'expliquer la naissance d'une telle folie : Peut-être que Madlock n'a pas pardonné à sa mère d'être une adepte des Beatles. Sans doute a-t-il perçu un écho aux romans apocalyptiques qui peuplaient ses phantasmes de fins du monde dans les textes de Radiohead. Incapable du moindre discernement, Bill Madlock aurait très bien pu porter son attention sur Public Enemy ou sur Chantal Goya, les interprétations tirées de ses écoutes, auraient donné un résultat tout aussi surprenant. « Thom Yorke est le fils caché de George Orwell, de Franz Kafka, de William Burroughs et de Jim Morrisson, chers amis. Transcrite en alphabet morse, la ligne de batterie de Reckoner diffuse un message d'une étonnante clarté, enjoignant tous les Tories d'Angleterre à un suicide de masse. » (p.164)

A cet égard le rapprochement de 1984 d'Orwell et de la chanson Karma Police constitue le matériau de base sur lequel Bill Madlock a édifié des théories exclusives, aussi abracadabrantes qu'irréfutables. Buvant les paroles de Radiohead, vivant au rythme de la musique du groupe originaire d'Abingdon, le décès de sa compagne Karen, elle-même amante de Radiohead, a consolidé l'univers clos habité par Madlock. Il a ainsi assemblé un magma de fabulation rendant la lecture de Big Fan aussi effrayante qu'un tueur en série lâché dans un supermarché, un samedi après-midi.

La biographie de Radiohead rédigée par Colin conserve les annotations apportées par Bill Madlock. Ainsi on peut lire, entre autres : « Ne continue pas à lire ce livre. N'essaie pas de le publier. C'est mon avis, mec. Tu donnes du groupe une image faussée : une image bourgeoise, coincée, hésitante. […] Si c'est pour écrire de telles inepties, tu peux tout aussi bien te lancer en politique ou devenir testeur de somnifères. Vous êtes vivants et je suis mort, ce genre. » (p.136) Ceux qui connaissent bien l'histoire de Radiohead ne trouveront pas forcément de révélations fracassantes dans cette biographie. D'autant plus que la biographie s'arrête à Kid A. Serais-je d'accord avec Bill Madlock ? Est-ce grave docteur ?

L'auteur de Dreamericana et de Sayonara Baby livre avec ce Big Fan une écriture racée, parfaitement maîtrisée qui se paie même le luxe d'une biographie de Radiohead bourrée de clichés journalistiques n'ayant pas échappés à Madlock ! Big Fun ! Sous la plume de Fabrice Colin, Bill Madlock a assurément des airs de Patrick Bateman. Parfois, il nous terrifie autant que Jack Torrance ! Difficile de croire que Radiohead est derrière tout ça.

Retrouvez Big fan ; radiohead, la fin du monde et moi de Fabrice Colin en librairie

Michel, la fin, les moyens, tout ça..., le nouvel album de Pierre Maurel @pietervanmaurel , a déjà fait couler beaucoup d'encre. S'il a bénéficié d'une actualité  (malheureuse et prémonitoire) propice à sa sortie, il doit surtout ces coups de projecteurs à ses qualités intrinsèques qui en font une des plus belles réussites de cette année !

Michel, installé dans sa campagne, voit le paysage et ses habitants souffrir du transport de nombreux yachts allant mouiller sur le littoral, en même temps qu'il se lie d'amitié avec un ferailleur/sculpteur vivant en autosuffisance. Séduit par ce modèle écologique et irrité par les magouilles des puissances financières, Michel ne saura rester les bras ballants.

Pierre Maurel écrit ainsi une enquête humoristico-politique terriblement efficace dans laquelle on s'amuse beaucoup autant qu'on vibre au rythme des investigations du personnage principal. Le dessin, tout en légèreté, allie gestualité et precision: il vibre par l'intensité de la ligne escarpée de la plume qui esquisse le monde avec une grande justesse.

On retrouve avec plaisir la liberté de ton et de création caractéristiques de l'auteur qui font de chaque planche un réel plaisir pour l'œil qui regarde autant que pour l'oeil qui lit, les deux se ressourçant mutuellement.

Ce quatrième tome des aventures de Michel est un polar habité, engagé et enjoué, particulierement bien ficelé, qui promet un très beau moment de lecture.

N'oublions pas les qualités matérielles de l'album, qui participent pleinement à l'expérience de lecture : encore un bel objet soigné par L'employé du moi !