Sommes-nous en mesure

Le Paris dans lequel nous sommes immergés n'a rien de commun avec celui que l'on connaît. Cela en devient troublant

HISTOIRE - Quelque part dans une contrée qui fera peut être partie, dans un lointain futur, de ce qui sera appelé l’Europe, dans un temps qui s’écoule autour de la dernière grande glaciation, Grande de Néandertal a emménagé dans une caverne où, avec son groupe, elle va passer l’hiver.

ROMAN ETRANGER - Yiyun Li nous enfonce avec une tranquille et pourtant formidable honnêteté dans la complexité de son intériorité. Nous découvrons ses rouages, absolument uniques, ceux qui disent ce qu'elle est derrière tout ce qui cache. Ses béances aussi. Et par milliards, ses questions. Qui suis-je ? Pourquoi écrire ? Pourquoi vivre ? Pourquoi mourir ? Un livre profond qui nous grandit.

ROMAN FRANCOPHONE – Depuis son autodissolution en 73, la Gauche prolétarienne, tel un Pôle Emploi révolutionnaire, a offert de belles reconversions. Il y eut Benny Levy (rabbin sartrien), Olivier Rolin (écrivain primé), André Glucksmann (père du fils), Gérard Miller (Grosse tête), Serge July (donneur d’avis), Alain Geismar (jospinien égaré) mais aussi : Jean-Pierre Martin, désormais universitaire et écrivain, qui sort un nouveau roman aux Éditions de l’Olivier (2020), intitulé Mes fous. Cours vite, camarade !

Un livre pour maigrir. Encore, pourrait-on dire ? Ce petit recueil de conseils et d'astuces prétend proposer des recettes qui font du bien et permettent encore les plaisirs de la table. Il recommande d'adopter de bonnes habitudes, plutôt faciles à maintenir, de comprendre les mécanismes de prise et de perte de poids pour éviter des erreurs d'association d'aliments, de continuer à manger de tout mais de manière équilibrée et en quantité raisonnable. 

Que Pierre Lemaître ait obtenu le prix Goncourt est sans doute une bonne chose. C'est l'opportunité idéale pour qu'un plus grand nombre de lecteurs se tourne maintenant vers ses ouvrages précédents,  des romans policiers plutôt enthousiasmants.

Sublime littérature que ce texte de Fabienne Swiatly. Du côté des hommes nous propose de suivre la vie d’une femme à travers les silhouettes masculines qui l’ont traversée. D’homme en homme, de chapitre en chapitre, celle-ci se déroule sous nos yeux, morcelée, depuis le premier monsieur, malsain, qui se glisse certains soirs dans la chambre de la fillette de 4 ans jusqu’à ceux des histoires d’amour plus ou moins récentes, plus ou moins ratées...

POLAR - Excellente et prolifique dramaturge, Noëlle Renaude abandonne ici les planches du théâtre. Une telle expérience, aussi protéiforme, faite de rigueur et de sens de la mise en scène, lui permet une bascule parfaitement maîtrisée dans la littérature de genre, en imposant un style unique. Dans une petite ville de province, le narrateur est un jeune garçon que nous suivrons jusqu’à… Non, ne pas trop en dire. 

BANDE DESSINÉE – La terre, le futur, tout est glacé et il ne reste de la surface que les contes que l’on se transmet au chaud dans les entrailles de la Terre. Un vieil homme raconte une légende. Celle des Ombranes. Créatures du crépuscule, elles sont apparues de nulle part et depuis, elles parcourent la terre en quête d’une aube inconnue et rêvée.

Tu mourras moins bêtevulgarisation scientifique.

Étrange et palpitant roman que celui d’Astrid Manfredi. Nous sommes loin du lisse, d’une littérature policée. Dès le commencement de son livre La petite barbare, l’auteure nous fait pénétrer dans un monde où chaque mot retentit quasiment comme un tir de boulets de canon. L’univers de la prison devient le nôtre, l’enfance de la barbare c’est ainsi que la surnomme ses codétenues nous étreint, nous angoisse et nous bouleverse. Sa rage de vivre et sa volonté de résilience nous prennent aux tripes. Nous sommes piégés par les mots remarquablement bien choisis de l’écrivaine décrivant le quotidien d’un univers carcéral dont nous ignorons tout.

Mario Tramontane vient de prendre sa retraite et voudrait bien, maintenant, trouver un éditeur qui accepterait de publier l’ouvrage qu’il a écrit. Mais le sujet est de nature assez confidentielle et les refus se multiplient.

En ouvrant les pages du premier roman de Catherine Gucher, vous allez apercevoir sans difficulté des ciels immenses, bleus, rouges ou noirs, de grandes plaines où paissent des chevaux Appaloosa, des forêts de sapins Douglas, des routes accidentées sillonnées par quelques buggies amish ; vous allez même deviner les sommets des quatre montagnes,  bref, ETRE au Colorado.

MEMOIRES - Si elles existent, on imagine les colères de Patrice Robin silencieuses. L’homme est apaisant, son écriture riche de son dépouillement. Ses livres — une dizaine en vingt ans, presque tous chez P.O.L. — sont des poids légers, catégorie de boxe convenant à son physique poids plume.

ESSAI - S'il est un sujet sur lequel on peut considérer que les vérités d'aujourd'hui ne seront pas celles de demain, c'est bien nos origines : Homo, Sapiens de son petit nom, fait bien des mystères pour nous laisser entrevoir son parcours avant de parvenir à ce que nous sommes aujourd'hui.

ROMAN ETRANGER – La Somme de nos folies mène à la grande folie du monde ? Qui sait... C'est surtout la vie sans fard dans ses multiples vérités que nos petites folies nous montrent. Auyong, Mary Anne, Beevi et leurs douce déraison nous ouvrent leur univers. Le microcosme d'une ville de province de Malaisie aussi lointain que familier. Improbable…

ESSAI – Anne-Laure Buffet, dans son dernier ouvrage, intitulé Les Mères qui blessent, se libérer de leur emprise pour renaître nous livre un écrit d’une qualité remarquable. Ce qui frappe, tout d’abord, c'est la construction de la pensée de l’auteur. Puis vient le regard tout à fait particulier qu’elle porte sur le thème qu'elle analyse avec acuité, aborde, décrit, et découpe quasiment au scalpel.

BANDE DESSINÉE – Comme chaque jeudi, ActuaLitté et les librairies Momie vous donnent rendez-vous pour une escapade dans le monde des bulles. Parmi la sélection de cette semaine, deux coups de cœur qui retracent les périples d’héroïnes complètement décalées. Entre une sorcière qui collectionne les conquêtes et un duo de femmes un peu mystiques, dans quelle voiture monteriez-vous ? 

POESIE - Personne n’a jamais dit que la poésie était morte. Empoussiérée, reléguée voire oubliée, en revanche, sans doute. Aussi, les lecteurs de romans ne sont pas toujours lecteurs de poésie — et inversement. Les auteurs de romans ne sont pas tous quant à eux, tant s’en faut, des poètes. Simon Johannin, si. Le deuxième recueil de poèmes de Simon Johannin a paru en octobre dernier aux éditions Allia. Nous sommes maintenant nos êtres chers est en lice pour le Prix de l'Instant.  

La narratrice n’est jamais nommée, pourtant c’est l’entièreté de sa vie qu’elle offre à travers le voile de la mort. Son passé, ses pensées, ses espoirs et ses déboires, mais aussi une vision de l’humanité — crue, accusatrice, féroce. Son récit débute avec la fin de sa vie : le souhait de disparaître, ces moments où elle imagine comme s’y prendre, puis le saut sur les rails, devant un train à Paris, cette ville devenue son refuge face à une enfance d’une violence inouïe.

Au sortir de la lecture de Birthday Girl (trad. Hélène Morita) avec laquelle Haruki Murakami m’avait ravi, j’ai voulu poursuivre ma découverte de ses autres écrits. Sur les conseils de mon libraire, je suis donc reparti avec, dans ma poche, Des Hommes Sans Femmes, un recueil de nouvelles (trad. Hélène Morita) de cet auteur dont j’avais tant apprécié les talents de narrateur.

Fraternité, Sens du devoir etHumanité.Josef Kjellgren

Septembre est déjà sur les rails, et la rentrée avec. De notre côté, nous entamons doucement nos lectures de la rentrée littéraire. Nous serons peut-être un peu plus absentes car nous travaillons sur un gros projet à côté, qui nous prend énormément de temps ! On vous en parlera dès que l'on aura un peu avancé ! En attendant, voici nos premiers coups de cœur de cette rentrée !

Igor est un loup qui vit dans la forêt. Jusque-là, rien d’anormal. Mais c’est aussi un loup qui connaît ses classiques. Pas question pour lui de finir comme ce fameux congénère « avec un fusil pointé sur le museau et des cailloux dans le ventre ».

A quelques mots près, ce nouveau titre paru chez L’Arche, va bien à la dramaturge Alexandra Badea : « Celle qui regarde le monde »…et nous le rend. Mais il y a quoi à regarder, au juste ? Les personnages de ses pièces, jouées tout de suite en France ou sur des scènes européennes, ce sont des gens ordinaires, des quidams croisés sur Internet, dans une réunion de travail, dans des avions, dans la rue. Les regarder droit dans les yeux, appréhender leurs doutes, leurs mensonges, leurs combats, on ne l’ose pas souvent. Alexandra Badea, si. Et c’est puissant.

BANDES DESSINEES - A l’orée de l’âge adulte, Lili, 20 ans, est en rupture de ban. Elle joue dans un groupe de rock, ne va plus en cours et a emménagé avec son petit ami Johannes. Le soir du nouvel an, alors qu’elle se produit sur scène, il lui fait faux bond.

BANDE DESSINÉE – N’allez pas voir dans la publication de cette chronique, à quelques heures des déclarations présidentielles, un lien avec la situation de merde que nous vivons. Ou alors, avec une amorce de ce genre, tentons-nous de noyer les soupçons dans le poisson ? Qui sait ? Eh bien, justement, EUX, ILS SACHENT !