Kumbh Mela, le plus grand pèlerinage du monde

Ça y est, c'est le moment de partir, de quitter cette famille qui ne comprend rien à ce qu'elle ressent. Ils ont tout planifié. Ils doivent se retrouver en bas de l'immeuble. Ses parents sont furieux, mais tant pis : sa décision est prise, elle ne reviendra pas en arrière.

Il est là, il l'attend. Elle espérait tellement ce moment ; elle l'aime tant. Mais peu à peu, le doute l'assaille : a-t-elle vraiment envie de le suivre, ce garçon qu'elle connaît à peine ? Doit-elle le faire avec lui ? Ils ont pourtant bien tout organisé lors de leurs discussions sur le net. Il est de toute façon trop tard, maintenant, il faut aller jusqu'au bout. Mais se laissera-t-elle vraiment aller, ou la raison prendra-t-elle le dessus ?

Après Tout ce qui ne nous tue pas, nous entraîne une fois encore dans l'esprit d'une adolescente qui se sent incomprise. Dans quel but suit-elle ce jeune homme rencontré sur le web ? Que vont-ils faire qui provoque d'abord tant d'excitation, puis tant d'appréhension chez la jeune fille ? L'amour ? C'est la première idée du lecteur. Puis le doute s'installe. Si plutôt que l'amour, c'était la mort qui hantait ces deux personnages à la dérive ?

C'est une heure de la vie d'une adolescente que nous suivons avec Tout foutre en l'air, une heure pendant laquelle tout pourrait basculer. À moins que l'espoir en un avenir meilleur change tout au dernier moment...  Un roman de la collection « d'une seule voix » sur le mal-être des ados et les risques des rencontres internet, plein d'espoir finalement. 

Le moment de tirer à pile ou face est enfin arrivé. Tiraillés entre l'angoisse et l'envie, Mouss et son ami attendent le verdict. C'est le narrateur de que le sort choisit. Il se lance alors sur la slackline qu'ils ont installée, en pleine nuit, entre les tours Prélude et Fugue des orgues de Flandre.

Cinquante mètres à parcourir, cinq minutes sur une corde de deux centimètres et demi de large à cent mètres au-dessus du sol, sans la moindre protection. De quoi réfléchir sur la vie, la mort, l'avenir…

Charlotte Erlih nous offre un roman fort et prenant sur l'adolescence et ses angoisses. D'abord euphorisante, la traversée se révèle vite terrifiante. La douleur physique, la peur de la chute, le froid. Mais aussi la réflexion sur cette vie de solitude, cette mère qui l'a abandonné, le foyer… Mouss, lui, au moins, il a une famille qui l'aime et s'inquiète pour lui. Qu'attendre de l'existence dans ces conditions ? Alors, pourquoi pas la mort, à la fois si effrayante et si engageante ? Il suffirait de le suivre ce petit oiseau posé sur la corde. Mais, finalement, l'espoir est peut-être là, au bout de la slackline…

Une écriture puissante, des phrases courtes, ciselées. Un texte court, poignant, bouleversant, dans la droite ligne des romans de la collection « d'une seule voix ».

Au chevet de son père mourant, Atara est troublée par les propos confus qu'il tient et cette vibrante déclaration d'amour à une mystérieuse Rachel, sa première épouse. En retrouvant la trace de cette femme âgée, Atara réveille chez elle un douloureux passé dans la lutte armée clandestine contre les Anglais avant la fondation de l'Etat d'Israël. La rencontre de ces deux femmes bouleversera leur existence et liera à jamais leur destin.

Dans ce roman, Zeruya Shalev explore l'âme humaine et montre comment l'histoire collective d'une société fracturée bouscule les liens privés. Elle interroge la parentalité, le couple, la culpabilité et les silences qui régissent nos vies. Née dans un kibboutz en 1959 et grièvement blessée dans un attentat en 2004, l'auteure raconte l'histoire d'Israël de sa fondation à nos jours à travers les trajectoires brisées de deux femmes ordinaires.

Rachel, nonagénaire, vit depuis cinquante ans dans le désert de Judée, dans une colonie israélienne en territoire occupé. Elle qui a rejoint le Lehi, un groupe sioniste extrémiste, considère avec amertume l'état de division de son pays et est perplexe face au judaïsme ultra-orthodoxe choisi par l'un de ses fils. Elle se raconte à Atara, architecte du patrimoine, qui se fait passer pour une sociologue menant une étude sur les femmes du Lehi. Atara, presque cinquantenaire, est en réalité intéressée par Rachel pour une raison personnelle : son père l'a confondue avec elle sur son lit de mort.

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A travers ces deux femmes, le roman peint le désarroi de la société israélienne dans son entier, entre permanence de la guerre et traumatismes associés, différends idéologiques, politiques et religieux, et pression territoriale. La société est étouffante, entre les colonies en zones occupées, le mur de séparation et le chaos de l'urbanisme. Vivre en Israël, c'est vivre sur un volcan qui peut entrer en éruption à tout instant et vous chasser d'ici.

PrixFrontieres2024 – Dans son dernier livre, Mathias Enard raconte deux histoires différentes mais qui partagent des destins broyés par l'histoire. Des soldats liés par la violence de la guerre et de la désertion.

Dans la première histoire, le soldat fuit une guerre dont on ne sait rien, mais toutes les guerres se ressemblent. Il est toujours un soldat avec ses réflexes et ses souvenirs qui collent à la peau. Dans la seconde histoire, Paul Heudeber est un mathématicien de génie auteur de "Les conjectures de Buchenwald", une oeuvre à la fois mathématique et littéraire écrite durant son internement à Buchenwald.

C'est à travers les témoignages d'amis, de confrères, les lettres adressées à sa compagne et le récit de sa fille unique, Irina, que va se reconstituer sous nos yeux la vie de Paul.

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Irina se souvient des va-et-vient entre les deux Allemagnes pendant l'époque du rideau de fer. Tandis que Maja vit à l'ouest, Paul, communiste et antifasciste convaincu, est resté à Berlin Est. Il déserte le réel pour se plonger dans les mathématiques, mais est-ce que l'infinité des nombres premiers jumeaux peut protéger de la vie et des désillusions ?

En parallèle, on suit les mouvements du déserteur, qui chemine vers la maison abandonnée d'un proche, et rencontre une femme et un âne borgne. Ils tentent de fuir ce qu'on imagine être un bord de mer pour une frontière, au Nord, qu'ils tentent de rejoindre cahin-caha.

Fuir ou slalomer entre les gouttes de l'HIstoire...

Avec le printemps et les longues journées qui commencent à s'installer, l'envie de cultiver, de reprendre en mains un jardin délaissé tout l'hiver ou de créer des décors végétaux, chez soi en intérieur, sur une terrasse ou un balcon, même sans beaucoup d'espace, s'épanouit sans résistance à la lecture de cet ouvrage passionnant qui rassemble une quantité d'idées originales et insolites pour agrémenter son habitat et son environnement de 

Réellement convaincantes, les réalisations d'Emma Hardy (styliste et designer), associant bricolage et plantations,  suscitent un enthousiasme sans frein, invitent le lecteur à se lancer avec impatience dans ses propres compositions, stimulent même son imagination et devraient satisfaire sans difficulté le décorateur comme le jardinier.

Agrémentées de nombreuses photographies, ce beau livre inspire autant qu'il initie, propose des idées accessibles et inattendues pour vous permettre de créer de jolis décors jardinés, assurément repris par votre entourage ensuite, étonné et conquis. C'est un succès garanti !

35 réalisations s'offrent au lecteur, toutes réalisables dans de petits espaces (dedans ou dehors), éphémères ou durables, utilisant au maximum des accessoires de récupération pour les contenants et les matériaux et ceci,  sans techniques particulières. Accessibles même sans être un bricoleur averti.

Une liste minimum d'outils de base indispensables (sécateur, pulvérisateur, gants, petit arrosoir, fourche à main…) et quelques informations sur le drainage, le choix d'un substrat, les semis et les plantes en pot, l'entretien, l'arrosage, l'engrais ou les maladies…suffisent pour vous lancer dans la décoration florale et végétale.

Ainsi du mini-jardin dans des coquilles d'œufs, aux tasses fleuries et cabas de fleurs, en passant par l'assise colorée (un must !), le coffre à lavandes, la valise à fleurs ou les gouttières suspendues, c'est certain, vous allez avoir envie de tout réaliser, d'aménager à la fois votre intérieur et votre extérieur de toutes ces compositions végétales, d'exploiter sans relâche tous les contenants poussiéreux, ébréchés, mis au rencart depuis longtemps et qui s'entassent quelque part chez vous, voués à l'oubli.

Un panier de fraises ou d'aromates, suspendu et à portée de mains, ravira les gastronomes ; judicieux et convoité, c'est évident, il fera son effet auprès de votre entourage.  Ce guide artistique, conçu comme un pas à pas simple a donc de quoi satisfaire un large public, débutant ou confirmé, sans distinction, manuel ou pas, main verte ou non. Juste à la portée de l'amateur du végétal.

Absolument séduisant pour un espace à vivre personnalisé et inédit. Allez-y, jetez-vous à la terre  sans crainte, c'est un plaisir assuré.

Alors que Georges commence à aller à l'école, il constate que les gens autour de lui portent de curieux baluchons. Certains ont le dos courbé sous le poids de leur lourde besace, d'autres sont simplement un peu alourdis. Personne ne semble s'apercevoir de ce qui se trame sur leurs épaules, sauf Georges. Lui n'a qu'un petit baluchon, sans doute le résultat de son petit chagrin lorsqu'il s'est coincé le doigt dans une porte. Lilou, elle, est une petite fille qui impressionne Georges. Il faut dire qu'elle a le cœur bien rempli... peut-être assez pour alléger le poids du baluchon de Georges.
Les tons orange et marron de cet album plongent le lecteur dans une atmosphère tantôt légère, tantôt lourde, en fonction de la variation du poids des baluchons. Les verts et les roses complètent cette gamme de couleur pour offrir des doubles pages qui incitent au rêve. Les mots s'accordent dans ces paysages grâce à leur dimension graphique : variations des tailles, des formes ou des couleurs... Ces jeux sur le visuel entrent en parfaite harmonie et cohésion avec le récit et l'histoire. est un album très poétique, où les textes et les illustrations œuvrent ensemble pour permettre au lecteur de savourer une dimension poétique, qui laisse libre l'interprétation.

Quatre romans, quatre aventures, dans une fresque qui balaye l’Histoire du XVe au XVIIIe siècle. Jean-Christophe Ruffin évoque le choc civilisationnel qui se présente toujours quand des peuples se croisent, se rencontrent ou s’affrontent.

Des ouvrages parus entre 1995 et 2017, ici réunis pour un voyage à travers les époques et les territoires – de la Corne de l'Afrique aux côtes du Brésil, de l'île de Chios à la Sibérie, en passant par Madagascar et l'Egypte..

Un recueil sensationnel, qui réflète la triple carrière de l’auteur : médecin, humanitaire et diplomate.

J'ai également lu et beaucoup aimé le roman Orbital : une journée, seize aurores de Samantha Harvey (traduit par Claro) chez Flammarion, qui se passe dans la station spatiale internationale.

On y suit 6 astronautes qui tentent de continuer leur travail tout en s’interrogeant sur des choses très banales de la vie telles que le mariage, les enfants, le deuil. C’est très beau. Très lent, avec peu d’action, mais beaucoup d’émotions.

Ce livre m’a fait du bien, car aujourd’hui tout doit être rapide, efficace, dans l’instantané (et pareil en littérature). Mais il est bon de prendre son temps parfois, de se poser et de réfléchir, s’interroger. Une très belle découverte.

Les notes de lectures sont proposées par la librairie Un livre à soi.

À l'intérieur de la Station spatiale internationale, six astronautes s'affairent à leurs tâches, submergés par des interrogations existentielles. L'un s'inquiète pour son mariage, un autre rêve d'emmener sa fille dans l'espace, tandis qu'une autre fait le deuil de sa mère.

Si loin et pourtant si proches de la Terre, ces astronautes n'ont jamais autant ressenti leur appartenance à notre planète, tout en se percevant comme ses gardiens. Le temps s'écoule au rythme des orbites autour de la Terre, actrice principale de ce roman qui oscille entre contemplation, mélancolie et humour subtil. Six personnages en quête de sens...

Il compte parmi ces auteurs dont l’œuvre se relit, à plusieurs étapes d’une vie, sans mesurer que le sens évolue avec le lecteur que nous devenons. Ah, cher Marcel…

Alors oui, 2022 consacrée comme année du centenaire, ce sont des publications à foison – et pas une seule pour livrer la recette suprême et secrète de la Madeleine, à la Proust.

Qu’importe : renouer avec les classiques fait du bien. Et cette biographie, de 1994, signée Roger Duchêne nous invite à revoir l’homme et l’œuvre. On y parle d’argent, de sexe, de judaïsme, sans tabou. Un texte qu’on prend le temps de savourer, sans vraiment savoir ce qu’on y recherche.

Juste de prendre le temps…

Et si un sac à main n'était pas l'objet inoffensif que l'on croit ? Si c'était en fait un horrible monstre goulu ? Sinon où passerait tout ce que les mamans y mettent ?

On peut d'ailleurs se demander d'où vient l'attachement des mamans pour ce véritable animal sauvage. Il ne présente pourtant aucun des avantages que peut avoir un animal domestique : ni joueur comme un chien, ni câlin comme un chat, ni joli comme un poisson… juste malfaisant. Et si l'explication était là ? S'il protégeait les mamans des requins qu'elles côtoient au travail ?

Mais à la maison, il faut réussir à le tenir tranquille, en le gavant de vieux jouets, par exemple. Mais ne risque-t-il pas, un jour, de se lasser des jouets et de se tourner vers de la chair fraîche ? Heureusement, la petite héroïne de veille !

Le sac à main des mamans est bien souvent un sujet de fascination et de fantasme pour les enfants. Avec cet album, André Bouchard s'est mis dans la peau d'une petite fille dont l'imagination a transformé cet objet du quotidien en véritable monstre prêt à tout. Ne l'a-t-elle pas un jour surpris sur le point de dévorer son petit frère ?

Les illustrations mêlent habilement la couleur et le noir et blanc pour transformer notre quotidien en un univers farfelu dans lequel l'horreur peut surgir à tout moment. Drôle, plein de situations cocasses, cet album fera rire aussi bien les enfants que leurs parents.

Ryan, le narrateur, est un adolescent qui adore écrire. Il tient son journal et invente sans arrêt des tas d'histoires. Sa meilleure amie, Sarah, est une véritable journaliste en herbe, toujours obnubilée par une enquête ou sur la piste d'un mystère quelconque. Cette fois-ci, ils cherchent ensemble à comprendre pourquoi leur petite ville, si inintéressante, porte un nom à ce point étrange. Ils se mettent également à fouiller la drague, cette énorme machine qui servait il y a quelques années encore à extraire de l'or des profondeurs de la terre. Désormais à l'abandon, elle faisait vivre autrefois toute la communauté. Pourquoi a-t-on renoncé à l'exploiter? Armés de courage, et d'une caméra, nos deux héros vont fouiller l'endroit et y faire une rencontre peu ordinaire qui coûtera presque la vie de Ryan. Sorti du coma mais blessé, ses parents lui interdisent désormais tout contact avec Sarah, jugeant cette dernière responsable de l'accident. Ils le surveillent, le menacent même. Ils semblent avoir, eux aussi, quelque chose à cacher. Mais c'est mal connaître nos héros qui, envers et contre tous, vont poursuivre leurs investigations.

Ce premier tome de , intitulé Psychose et écrit par Patrick Carman, offre deux attraits immédiats très séduisants. D'abord, tout lecteur un brin superficiel et friand de jolies choses se verra conquis par l'aspect «cahier» du livre. On croirait vraiment tenir entre nos mains le journal intime de quelqu'un, ce qui ne manque pas de piquer notre curiosité voyeuriste. Ensuite, et c'est là l'essentiel, nous pouvons prendre part à l'enquête de manière très concrète et originale. En effet, les pages sont truffées de codes, de symboles, de secrets et surtout de mots de passe permettant l'accès, via internet, à des vidéos dignes du fameux «Projet Blair Witch»…

Un village triste et sans animation où les adolescents s'ennuient. Ce village va devenir, en un été, le théâtre d'un jeu dangereux grandeur nature où les lycéens participent afin de gagner une grosse somme d'argent et entrevoir la possibilité de fuir leur vie misérable et sans aucun avenir.

Personne ne sait qui a créé le jeu ni qui en fixe les règles. Les épreuves s'enchaînent et les perdants sont éliminés tour à tour. Cette année, Heather y participe afin de sortir sa mère du mobil-home où elles vivent et fuir un contexte familial compliqué. Dodge, y participe pour venger sa sœur qui est handicapée suite à sa participation à l'an passé.

Ce sera pour eux l'été de tous les dangers !

Il y a un petit côté Hunger Games, mais sans tomber dans la copie outrageuse. On a aimé le rythme, il n'y a aucun temps mort on est pris dès les premières pages dans l'action.  On apprécie surtout l'alternance des points de vue. D'un côté, on vit l'aventure à travers les yeux de Heather, de l'autre côté, le point de vue est donné par Dodge, l'adolescent triste et calculateur. Les personnages qu'ils soient secondaires ou non sont attachants et ont tous leurs histoires propres avec comme point commun une vie morne et vide que ce soit affectivement ou financièrement.

Lauren Oliver a réussi à faire ressentir la tension  au moment des épreuves, si bien que l'on y retient souvent son souffle. Une histoire sacrément bien ficelée sur fond de trahisons, d'amour, de manipulations, et révélations qui devrait ravir les lecteurs. Le style est agréable, l'histoire réaliste et reprend les thèmes chers aux ados, très différents de sa trilogie Délirium.

C'est le roman à lire cet été. Une lecture divertissante Panic, un thriller qui nous garde en haleine jusqu'à la fin !

Laissez-vous saisir par les puissantes peintures des côtes d’Ostende réalisées par Dominique Goblet et publiées au Frémok.

Alors que les vagues viennent s’échouer sur le sable lourd, s’émaille l’écume épaisse et mouvante qui dessine d'obscures formes et contre-formes. Au rythme de ces naufrages successifs surgissent des figures fugitives, apparitions évanescentes d'un corps nu, une femme sexagénaire, découvrant ses formes et ouvrant ses sens à des voyeurs en costard-cravate, hommes-loups venus se repaître et simultanément nourrir ces accès étourdissants.

S'opère alors une chorégraphie visuelle où le toucher de l'oeil ne cesse d'être sollicité : pulsion scopique et lubrique des observateurs tenus à distance mais aussi, et surtout, engluement haptique du regard qui broute la surface des images (comme dirait Klee), savourant les effusions picturales qui donnent à vivre le littoral de Flandre.

Le sens cahote, émerge et disparait pour laisser la sensation survenir, assourdissante et inépuisable comme le grondement du ressac de cette mer hantée.

Narration sibylline mais évocatrice, images denses et hypnotiques, le nouvel album de Dominique Goblet est prenant, entêtant, une lecture qui marque durablement.

Deux amis, un rat et un lapin vont pique-niquer. C'est une excellente idée, que voilà! Bon. Tout ne se passe pas exactement comme prévu. De la pluie, des abeilles, un ver dans une pomme viennent un peu gâcher la fête! Mais tout ça, c'est le point de vue du rat. À ce niveau-là, on pourrait même l'appeler le «rat-leur»!

Pour le lapin, lui, tout va bien! La moindre contrariété est contrebalancée par une bonne nouvelle: la pluie? Pas grave, nous avons un parapluie, des abeilles? Chouette une caverne pour se protéger! Un ver? Pas grave, c'est chouette, il y a aussi du gâteau!

Que c'est embêtant d'avoir quelqu'un qui voit toujours le côté négatif des choses. Alors que pour nous, toute situation peut se résoudre sans problème!

 est vraiment un chouette album qui nous dit en substance que chaque petite chose de la vie peut être vu de deux manières différentes. L'une en bien, l'autre en mal.  nous amuse avec les concepts d'optimisme et de pessimisme. Les jeunes lecteurs choisiront peut-être de changer leur vision de la vie qui les entoure.

Chouette, alors!

PrixFrontieres2024 – Le détachement militaire du col de Roca Pelada, situé dans la cordillère des Andes à une altitude de près de 5000 mètres, domine un paysage désolé et minéral, peuplé de quelques espèces résistantes et de rares autochtones. Deux postes de garde frontaliers, chacun appartenant à un pays différent, se font face dans ce milieu inhospitalier, caractérisé par des conditions extrêmes telles que des orages magnétiques et des pluies de météorites.

La vie quotidienne des soldats est marquée par la monotonie, leurs activités se limitant principalement à l'observation de l'horizon et à la maintenance des bornes frontalières.

L'équilibre précaire de cette routine est bouleversé par l'arrivée d'une nouvelle commandante, la capitaine Vera Brower, remplaçant le commandant Gaitan à la tête de l'un des postes. Ce changement inattendu introduit une dynamique de rivalité et de mystère entre Vera et son homologue du poste opposé, Costa, chacun cherchant à percer les intentions de l'autre. Dans cet environnement hostile et isolé, la frontière entre les deux camps commence à se brouiller, symbolisant une remise en question des préjugés et des animosités entre les deux côtés.

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Ce récit explore les thèmes de l'isolement, de la survie et des relations humaines dans un contexte de tensions géopolitiques, tout en mettant en lumière l'absurdité des conflits territoriaux face à l'immensité et à la beauté brute de la nature sauvage.

Un livre carré en carton résistant abritant un hippopotame rose ? Oui, mais pas seulement. Cet album contient aussi des mots, pas si faciles, disposés face à face et au sens opposé. Nous avons par exemple « positif/négatif, carré/rond, opaque/transparent, etc. ». Le tout permettant à l'enfant de mieux comprendre les contraires et ainsi de mieux les mémoriser.

Un hippopotame rose pour apprendre ? En voilà une drôle d'idée !

Dans ce gros album rigide, parvient de façon très juste à rendre vivant notre hippopotame rose. Aucun texte pourtant, sauf les deux mots que l'animal illustre. L'auteur se sert des couleurs, des tailles, de la matière aussi. En effet, certaines pages sont tactiles comme celles consacrées à « doux » et « rugueux ». La simplicité de cet album lui confère toute sa dynamique. L'ensemble est tout à la fois joyeux, ludique et instructif. Un véritable dictionnaire pour les 0-2 ans ! Nous, on en redemande !

À noter que Mon hippopotame est une réédition et a été sélectionné en 2011 pour le Prix Sorcières du meilleur album. 

J'ai oublié comment ça s'appelle est un recueil de contes/poèmes écrits par Daniil Harms et illustrés par Gérald Auclin.

Les petites histoires sont emplies de malice, drôles tout comme le verbe est riche et soigné. Ces récits d'un autre temps et d'une autre culture (Daniil Harms est un poète russe du début du 20eme) ne souffrent aucunement de ce décalage.

L'absurde dicte ses lois étranges et inattendues et frôle parfois le surréalisme sans jamais se gonfler de symbolisme : le poète s'amuse (et nous amuse) avec des situations qui peuvent faire penser à des nouvelles de Gogol (Le nez en tête).

Gérald Auclin restitue toute la modernité de l'écriture à travers de superbes planches en papier découpé. Il modernise ansi une technique privilégiée par les avant-gardes russes pour les albums jeunesses sans pour autant verser dans le minimalisme qui les caractérisait. La contrainte amène de l'inventivité qui renforce encore la fantaisie des histoires.

"J'ai oublié comment ca s'appelle" est une vraie bouffée de fraîcheur : beau, drôle et intelligent, il se lit et se relit, se feuillete distraitement pour pour s'aérer l'esprit ou se dévore avec application pour en savourer l'esprit.

All These Bodies, de Kendare Blake (trad. Hermine Hémon) est résolument un roman différent de ses précédentes œuvres. Inspiré en partie des crimes commis par le tueur en série Charlie Starkweather et sa petite amie Caril Ann Fugate, ainsi que des meurtres de la famille Clutter au Kansas, il est basé sur des faits réels — auxquels elle ajoute une touche surnaturelle.

L’histoire se déroule en 1958 et 1959, centrée sur une série de meurtres surnommés les "Meurtres exsangues" ou "Meurtres Dracula". Ces crimes ont débuté dans le Nebraska, puis se sont étendus à l’Iowa, au Wisconsin, pour finalement atteindre Black Deer Falls, dans le Minnesota. Les victimes présentaient des plaies similaires, notamment à la gorge et aux poignets : elles étaient vidées de leur sang.

Cependant, les scènes de crime étaient étrangement dépourvues de toute trace d’hémoglobine…
La série de meurtres culmine avec la découverte de Marie Catherine Hale, une jeune fille de quinze ans, retrouvée couverte de sang au milieu des corps de la famille Carlson. Elle sera rapidement considérée comme la principale suspecte des meurtres.

Nous suivons ici Michael Jensen, un jeune homme de dix-sept ans aspirant journaliste. Contre toute attente, Marie choisit Michael pour raconter son histoire, le plongeant dans une quête de vérité, complexe et troublante.

Saluons la traduction d’Hermine Hémon qui rend le style aussi fluide que captivant. Les descriptions détaillées des scènes de crime et des personnages nourrissent l’imaginaire du lecteur, tout en maintenant un rythme soutenu qui incite à tourner les pages.

Blake crée une atmosphère à la fois ancrée dans la réalité et empreinte de mystère. En partageant sa fascination pour les récits de crimes et en expliquant la genèse de son œuvre, elle établit une connexion émotionnelle qui prépare le lecteur à une lecture… déconcertante.

Lucas se rappelle juste à temps que c'est bientôt l'anniversaire de son papa. Ne sachant pas vraiment quoi lui offrir, il demande conseil à sa maman qui lui suggère de lui acheter un bon livre.
Le problème, c'est que Lucas n'a pas la moindre idée de ce que peut être un "bon livre". L'enquête peut commencer ...

s'amuse à nous raconter les péregrinations d'un petit garçon perdu qui veut tout simplement offrir un joli cadeau à son papa. La suggestion de sa mère, loin de lui éclaircir les idées, va plutôt lui embrumer l'esprit. En effet, l'expression "un bon livre", quand on y réfléchit à deux fois, peut revêtir un nombre incalculable de significations.
Lucas, avec une naïveté attachante, va donc demander conseil aux adultes. Tout le quartier va y passer, du boulanger à l'écrivain du coin jusqu'aux passants dans la rue et les réponses vont s'avérer souvent très étonnantes.
Quant à la réponse à cette épineuse question C'est quoi un bon livre ?, vous la trouverez ... ou pas dans ce petit album frais et amusant.

Pelfresne Leïla

Titre : C'est quoi un bon livre ?
Auteur : Emmanuel Parmentier
Illustrateur : Alain Mathiot
Editeur : Editions GRRR... ART
ISBN : 97828913574892

La « Poet Warrior » c’est Joy Harjo, fille d’une mère cherokee et d’un père muscogee creek et poète depuis sa naissance dans la banlieue de Tulsa en Oklahoma. Dans cet ouvrage elle écrit ses mémoires qu’elle lie à certains de ses poèmes.

« Poet Warrior » trace le cheminement d’une personne qui a dû se renforcer face aux violences de son beau-père, aux traumatismes des femmes de sa famille et au racisme. Dans ses poèmes, elle montre l’envers de l’Amérique et chante le quotidien et les traditions de son peuple.

Un indispensable !