La Grande aventure du bitcoin et de la blockchain

Bienvenue dans un monde où les sentiments sont interdits. Fini l'amour, l'amitié, la peine, la crainte, la pitié... Plus de conflits, de querelles, de guerre... La société prône le contrôle et la sécurité de la « Bible » des hommes : Le Livre des trois S : sûreté, santé et satisfaction.

La paix est assurée par le Protocole : une intervention chirurgicale pratiquée sur le cerveau des adolescents de 18 ans afin de détruire toute émotion. Dès leur plus jeune âge, ils vivent dans la peur d'attraper le delirae, le sentiment amoureux et ses effets secondaires : stress, anxiété, peur, maux de ventre, etc. Grâce au Protocole, ils deviennent froids, insensibles et sont « couplés » afin de satisfaire et servir au mieux la société.

Léna, 17 ans, vit à Portland, chez sa tante. Elle doit passer son Protocole, comme Hana, sa meilleure amie. Ensemble, elles profitent du temps qu'il leur reste avant cette intervention qui signera sans doute la fin de leur amitié. Elles bravent les interdits, sortent après le couvre-feu, participent à des soirées où des jeunes gens des deux sexes se mélangent… Léna va connaître les premiers émois amoureux avec Alex, un Invalide qui n'a pas encore subi son Protocole. Pourquoi n'ont-ils pas la liberté de s'aimer ? Qu'y-a-t-il derrière les barbelés de la ville ? Exaltés par leur amour, ils vont tenter de s'échapper pour rejoindre la Nature, où des hommes vivraient libres…

 de est une référence dystopique. J'attendais avec impatience le troisième et dernier tome du combat de Léna dans sa quête de liberté. Et comme à son habitude, Lauren Oliver offre un roman de qualité avec actions et rebondissements. Les relations entre les personnages se complexifient. Certaines péripéties et revirements de situation sont de vraies surprises et prouvent une nouvelle fois le talent de l'auteure. L'échiquier politique qui se dessine au fil de l'histoire est subtil et captivant avec partis politiques, alliances, complots, trahisons et soif de pouvoir.

On peut regretter le manque d'éclaircissements dans le dénouement de la trilogie. Lauren Oliver préfère le symbolisme aux réponses concrètes que peut espérer le lecteur. Cependant, les images sont fortes et le poids des mots est là. Le lecteur est submergé par la puissance des actions des dernières pages et prend part à la rébellion.

La trilogie Delirium de Jana Oliver est brillante et implacable. Un véritable coup de cœur !

Un petit bémol : le choix des couvertures françaises, peu attrayantes...

Parfois j’ai du mal à me plonger dans un bon roman, car je ne suis pas totalement concentrée, j’ai du mal à rentrer dans l’histoire, à retenir le nom des personnages. Quel plaisir alors de se plonger dans de la non-fiction !

J’ai lu récemment Vivre pour les caméras : ce que la téléréalité a fait de nous de Constance Vilanova, publié chez Lattès dans leur nouvelle collection « Nouveaux jours », des textes de socio très abordables.

J’avais déjà lu Les hommes hétéros le sont-ils vraiment ? de Léane Alestra et je trouve ces textes extrêmement intéressants, bien documentés, qui interrogent sur des concepts très contemporains et dont je ne me sens pas étrangère.

Les notes de lectures sont proposées par la librairie Un livre à soi.

Il y a près de vingt-cinq ans, la téléréalité faisait son apparition sur nos écrans pour ne jamais les quitter. Souvent jugée trop populaire ou abrutissante, elle a été délaissée par les médias traditionnels, reléguée au rang d'angle mort. Pourtant, diffusée à l'heure du goûter, elle a imposé une nouvelle esthétique, mêlant réalité reconstituée et intimité factice.

Elle a instauré des codes de communication désormais omniprésents, utilisés par tous, des influenceurs aux politiques. Constance Vilanova, spectatrice assidue depuis l'âge de dix ans, n'a jamais cessé de suivre ces émissions. Devenue journaliste, elle explore les raisons de notre mépris collectif pour ce phénomène.

Son enquête nous plonge au cœur de cette industrie : culte de l’individu, aspiration à la célébrité, banalisation de la chirurgie esthétique, apologie du clash et du harcèlement, romantisation des violences sexistes et sexuelles. Pendant que nous détournions le regard, la téléréalité a conquis les réseaux sociaux, continuant d’exploiter et d’amplifier les failles de notre société.

Laissez-vous saisir par les puissantes peintures des côtes d’Ostende réalisées par Dominique Goblet et publiées au Frémok.

Alors que les vagues viennent s’échouer sur le sable lourd, s’émaille l’écume épaisse et mouvante qui dessine d'obscures formes et contre-formes. Au rythme de ces naufrages successifs surgissent des figures fugitives, apparitions évanescentes d'un corps nu, une femme sexagénaire, découvrant ses formes et ouvrant ses sens à des voyeurs en costard-cravate, hommes-loups venus se repaître et simultanément nourrir ces accès étourdissants.

S'opère alors une chorégraphie visuelle où le toucher de l'oeil ne cesse d'être sollicité : pulsion scopique et lubrique des observateurs tenus à distance mais aussi, et surtout, engluement haptique du regard qui broute la surface des images (comme dirait Klee), savourant les effusions picturales qui donnent à vivre le littoral de Flandre.

Le sens cahote, émerge et disparait pour laisser la sensation survenir, assourdissante et inépuisable comme le grondement du ressac de cette mer hantée.

Narration sibylline mais évocatrice, images denses et hypnotiques, le nouvel album de Dominique Goblet est prenant, entêtant, une lecture qui marque durablement.

« Il a fallu que le seul coup d’un soir de ma vie soit mon nouveau patron... »

Trompée par son fiancé après des années de relation, Yu Jian, rédactrice dans un magazine de mode, décide de partir sur un coup de tête à Paris où elle y rencontre un beau Coréen avec qui elle passe la nuit. Son premier coup d’un soir ! Pas le temps de pouvoir avoir son nom, elle s’enfuit le matin même en lui laissant un simple mot de remerciement.

Les ennuis commencent quand elle retrouve ce bel inconnu dans son bureau. C’est son patron ! Pire encore, il a l’air de, non seulement se souvenir d’elle, mais en plus d’être assez agacé d’avoir été laissé en plan...

Édition papier du Webtoon du même nom, The Runaway mélange comédie et amour, et plaira à tous les fans de romance. Un livre qui se lit facilement, qui fait sourire et rire.

Une héroïne à la personnalité assez maladroite et sans filtre, un patron aussi froid qu’irrésistible, un voisin papa célibataire complètement craquant, un ex un peu trop collant : il y a tous les ingrédients nécessaires pour réussir une bonne comédie romantique.

Wren est un reboot. Elle est morte, ainsi que ses parents, de trois balles dans la poitrine. Elle est revenue à la vie après 178 minutes. Elle revient plus forte et résistante aux émotions et douleurs. Plus un humain est mort depuis longtemps, plus il sera surhumain s'il devient un Reboot. Wren est la plus forte d'entre eux, une véritable arme létale, ce qui fait d'elle le meilleur soldat de la SHER.

Wren forme les nouvelles recrues et obéit sans se poser de question jusqu'à l'arrivée de Callum un nouveau qui va tout bouleverser. Il est encore très humain, lui n'est mort que 22 minutes. Le fait qu'il a des émotions et des sentiments dérange les autres Reboot. Victime de moquerie et de bizutage, il reste pourtant optimiste. Malgré tout, Wren va s'attacher à lui et l'aider. Mais, si elle n'arrive pas à le former, elle devra le tuer. Il va lui ouvrir les yeux et elle, bizarrement, se sent vivante à ses côtés.

est le premier tome d'une nouvelle trilogie revisitant le mythe du zombie. C'est également une dystopie très originale. Un virus qui terrasse quasiment toute la population, un gouvernement muet sur le sujet, des gens manipulés, une rébellion, de nombreux rebondissements : voilà les ingrédients de ce  premier tome.  

On entre dans le vif du sujet dès les premières pages et l'on fait connaissance avec  des personnages très profonds. C'est aussi l'occasion de réfléchir sur la question de l'humanité et notamment ses dérives comme le racisme.

Premier livre très réussi de Amy Tintera, l'intrigue y est bien ficelée et au fil des pages la tension devient insoutenable. Vont-ils réussir à mener à bien leur mission ou vont-ils échouer ? C'est bien simple, une fois ouvert, on ne le lâche, pas et une fois fermé on est déjà dans l'attente de la suite…

Le tome 2 est prévu pour le 10 septembre 2014.

Voici un abécédaire des plus inventif et étonnant que nous ayons vu !
Ce pop-up (livre en 3D) est une vraie découverte de l'alphabet pour vos enfants et re-découverte pour vous.
Chaque lettre est soigneusement mise en valeur et vous donne envie tourner la page pour explorer la prochaine.
Un moyen amusant de faire apprendre l'alphabet à vos enfants !

Abc-3d Marion Bataille
envoyé par milkshak3. - Films courts et animations.

Critique de AntineaMCS, originellement publiée sur Babelio, partenaire de l'opération.

#PrixPorteDoree23 – Une lecture dont on ne sort pas indemne. Bleu nuit est la couleur du ciel et de la mer du Liban, ce Liban qui hante le narrateur, celui de son enfance, de sa mère, de la guerre. Le lecteur le comprend à la toute fin du livre et peut rassembler, un à un, les fragments épars dans les différents chapitres pour prendre la mesure de toute sa vie de souffrance.

Le monologue de celui qui se dit un « homme foutu » nous le montre d'abord enfermé dans son appartement parisien, puis vivant à la rue, dans un périmètre autour du cimetière du Père Lachaise.

Mais ces quelques lignes ne rendent pas compte de l'originalité de ce deuxième roman de Dima Abdallah, de la sensibilité de son écriture, de l'humanité des personnages qu'elle nous permet de rencontrer, des moments tous simples de bonheur d'une vie qu'elle nous fait vivre.

Ce roman est aussi celui des rues de Paris aux noms évocateurs (rue du Repos, rue des Partants, rue du Retrait, etc.) qui résonnent de manière particulière dans la vie du narrateur, celui des odeurs et des couleurs qui le et nous submergent, des citations d'auteurs (Aragon, Céline, Gary, Duras, etc.) avec lesquels il dialogue.

Le roman est sélectionné dans le cadre du Prix de la Porte dorée 2023.

Emma a 17 ans et plus un cheveu sur la tête. Souffrant d’alopécie, elle a été victime de harcèlement scolaire. Pour lui permettre de se reconstruire sa famille, prends un nouveau départ loin de ces sombres souvenirs direction Strasbourg.

Emma est prête à tout reprendre à zéro accompagné d’une nouvelle alliée, sa précieuse perruque…

Un roman lumineux et positif qui traite de sujet aussi sérieux que la maladie, les relations toxiques ou le harcèlement avec justesse et ce qu’il faut d’humour décapant.

Maëlle Desard jongle entre scènes fortes, flash back et instant plus léger avec habilité au travers d’un quatuor de personnages hauts en couleur et d’une rare profondeur. Une belle surprise…

Le final tant attendu du magistral Dededede est enfin là ! Et vous ne serez pas déçus.

Dans Dededede, les aliens ont envahi la Terre… ou du moins, leur vaisseau est arrêté au-dessus de Tokyo, menaçant. Personne ne connaît les dangers réels de cette menace et les habitants poursuivent leur quotidien ordinaire, sans se douter que la fin de l’humanité est proche. Nous suivons le quotidien de deux lycéennes excentriques dans ce monde qui peut se lire comme une métaphore du Japon post-Fukushima.

Dans ce volume final, tous les fils narratifs sont bouclés, le déchirement apocalyptique atteint son paroxysme, et avant de mettre le point final à sa série, Inio Asano nous rend une dernière fois tous nos personnages favoris. Un concentré d’émotions, un homage à la banalité des humains, et surtout un chef d’œuvre graphique. Incontournable !

Pour avoir mérité qu’Albert Camus lui consacre un ouvrage, Caligula, bref empereur romain, et troisième depuis qu’Auguste instaura ce nouveau régime, incarna une cruauté et un despotisme tout particulier. Et sa haine pour le Sénat lui attire, de la part de plus fidèles serviteurs de Rome, une critique acerbe.

Caius Maximus Claudius, centurion aux faits d’armes connus de tous, compte parmi les détracteurs. Mais Caligula a le pouvoir, et pour faire taire l’opposant, lui confisque son existence : famille, citoyenneté, possessions… Caius se retrouve réduit à l’état d’esclave. Mais cette déchéance n’est pas assez : pour l’empereur, une ultime épreuve s’impose.

Lors des festivités des Némorales — trois journées de célébrations en l’honneur de Diane, devenues l’Assomption dans la religion catholique — un esclave peut retrouver la liberté. À condition d’échapper à une chasse à l’homme des plus meurtrières.

Un monde antique au despote devenu fou et assoiffé de mort… quelques petits dérapages dans les textes, qui auraient mérité une attention pour éviter de malencontreuses répétitions, mais un concentré de testostérone et de rage de vivre. Hautement recommandable.

A l'heure où le numérique prend une place incontournable dans le quotidien des jeunes, est-on réellement conscient du pouvoir d'Internet? Adam Henderson, 15 ans, est un petit génie de l'informatique, de son repaire «Le Caveau» situé dans l'arrière-boutique de son père, il créé des logiciels, des caméras de haute technologie qu'il rêve de vendre à des sociétés comme Microsoft ou Apple. Sa passion, il la partage avec trois amis, Lewis, Finn et Emily, ensemble ils fondent le groupe des pour tester les inventions de Adam. Suite à une mission qui a échouée et au piratage de ses données par un client de son père, Adam comprend qu'on l'observe et qu'il va devoir se confronter à plus fort que lui: le Glyphmaster. Une mission d'espionnage qui va le mener jusqu'à une salle d'interrogatoire de la police.

Nous le savions, les éditions Bayard aime les livres interactifs (voir Skeleton Creek), Patrick Carman nous en propose ici un nouveau : en parallèle de l'interrogatoire que subit Adam, des codes secrets entrecoupent le récit qui donnent accès à des vidéos inédites sur Internet. Le lecteur devient lui aussi un tracker, décryptant les énigmes du Glyphe, découvrant les inventions de Adam (pas de panique, on peut aisément comprendre le récit sans avoir accès à ces vidéos qui sont retranscrites dans des appendices à la fin du roman). Même si le principe de quatre héros, as de l'informatique, prêts à accepter n'importe quelle mission n'est pas novateur, il faut souligner le choix du type de narration: l'interrogatoire de Adam par un agent de police qui laisse présager que quelque chose de très grave s'est passé. Un premier volume qui tient en haleine, où l'on se laisse surprendre à passer des heures à décrypter les énigmes sur Internet. Réveillez l'espion qui sommeille en vous!

Vivement le tome 2 … courant 2013!

Les Sauvenature, deux frères et leur sœur, explorent le monde avec leurs parents qui tournent des documentaires animaliers. Ils sont cette fois en Guyane française, et découvrent par hasard des traces de tortues luths, une espèce protégée et en voie de disparition. Mais quand ils reviennent sur la plage dans l'intention de les filmer, ils comprennent que quelqu'un a volé les œufs des tortues pour les revendre! Révoltés, les Sauvenature mènent l'enquête. Mais le coupable n'est pas celui que l'on croit, et les enfants vont se trouver confrontés à un problème inattendu.

Un petit roman abondamment illustré par , pour les enfants qui commencent à lire tous seuls. L'action est rythmée et l'écriture parfaitement adaptée à son public. ne se contente pas de jouer la carte écologie, il introduit dans son histoire les difficultés rencontrées par une population locale très pauvre. Une bonne façon d'amorcer des discussions avec les enfants, sans tomber dans les clichés faciles. En fin d'ouvrage, un court dossier permet de faire le point sur la situation des tortues luths.

A noter: les Sauvenature font l'objet d'une série animée qui passe actuellement à la télévision.

Dans un village de Corée, se trouve une très belle jeune fille. Vraiment, sa beauté est sans pareille. Mais cette jeune fille pète tout le temps ! Et lorsqu'elle se rend chez son époux, elle a beau se retenir durant quelques temps, elle est obligée de péter, péter, péter... tant et si bien qu'elle envoie valser toute la maison! Pour la belle famille, pas question d'avoir une belle fille péteuse! Chassée, la jeune fille est bien triste. Sera-t-elle un jour de nouveau acceptée?

Évidemment, aujourd'hui et dans notre société, les mariages ne sont plus arrangés, les êtres ne sont pas jugés sur leurs défauts et la cupidité n'est pas vantée. Mais les valeurs sont différentes dans les contes traditionnels de Corée et il est intéressant de découvrir d'autres mœurs grâce à cette histoire pleine d'humour racontée par . Les illustrations nous plongent rapidement dans cette civilisation différente et le rire est alors bien présent à chaque prout de la jeune femme. En lisant Princesse Prout, dépaysement et rires garantis!

On leur a donné des sobriquets pas toujours bienvenus ni très habiles. Elles furent même affublées d’expressions hasardeuses, autant que vulgaires…

Les menstrues, mot que le patriarcat mondial — à l’exception, peut-être, du corps médical — se refuse à employer, sont au cœur d’une bande dessinée pour le coup à contre-courant.

Souvenez-vous : le nez de Cléopâtre, raccourci, la face du monde en aurait été changée. Et si les hommes connaissaient un cycle menstruel comme celui de l’appareil reproducteur féminin ? Utopie ? Dystopie ? Uchronie ? Ou plus simplement une tentative pour ouvrir les yeux des lecteurs, tout en donnant matière à rire aux lectrices ?

À travers des saynètes bouclées en deux ou trois planches, voici LA bande dessinée à mettre dans toutes les mains pour rendre l’humanité moins bête. Un féminisme bien senti, livré, et c’est regrettable, sans protège-slip pour homme. On aurait vraiment bien ri…

Le livre se concentre sur la relation entre Lily et Ryle, vivant à Boston. Tous deux ont connu des enfances difficiles. Tôt dans leur mariage, Ryle commence à abuser physiquement de Lily. La manière dont les victimes perdent la capacité de voir clairement leur situation est bien expliquée.

Cependant, Ryle est dépeint comme quelqu'un voulant être bon mais tourmenté. Les deux premières agressions sont spontanées, mais la troisième est pré-méditée et cruelle, résultant d'une jalousie envers un ex-petit ami de Lily. Malgré la brutalité, il montre des remords. Plus tard, Lily découvre qu'elle est enceinte, mais décide finalement de divorcer.

Bien que le roman (trad. Pauline Vidal) ait été qualifié d'honnête, voire de beau, il expose en réalité des structures comportementales d'une masculinité toxique. S'il romantise les signaux d'alerte et présente un message anti-féministe. À moins qu'il ne faille lire en filigrane tout autre chose... 

Cette semaine j’ai lu Révolutionnaires ! Tome 1 - Les princes Misère.

En 1792, Célénie est une jeune fille de la noblesse. Au cours d’un trajet en voiture, sa mère est tuée
par des sans-culottes.

Le tuteur de Célénie réussit à l’aider à s’échapper des truants, et part chez la dernière personne de sa famille son oncle. Elle y découvre ainsi que c'est lui qui a commandité l'attaque, et apprend qu’il
veut sa mort pour toucher l'héritage de ses parents. 

Intelligente, l’enfant s'enfuit et tente de survivre à l'aide de trois autres enfants qui vivent dans les rues de Nantes. Pourchassés, pauvres, et sans défense, ces enfants doivent lutter pour leur liberté.

Il sortira dans une petite semaine, alors patience pour qui n’a pas la chance de l’avoir déjà en main. Le roman de de Jean-Paul Delfino, c’est David et Goliath retrouvés — avec un homme hors d’âge — Jonas — confronté à des pouvoirs publics qui ont décidé d’expulser de chez lui.

Et la confrontation qui se cristallise autour de sa demeure provoque des prises de positions fermes : les pour, les contre…

Comprenez, il faut bien laisser à la modernité (et son goût démesuré pour la possession, l’achat, la consommation), le soin de s’exprimer. Comment s’embarrasser d’un gêneur qui dérange ?

L’éditeur (Éditions Héloïse d'Ormesson) évoque une fable écologiste, certes. Jean-Paul Delfino brosse surtout le portrait d’une société poussée dans ses retranchements, où seul l’insurrection aurait sa place. Il évoque le vivre-ensemble, avec les personnages improbables que la vie charrie.

C’est splendide.

« Ceux qu’elle aime, elle les dévore. » Maren, abandonnée à l’âge de 16 ans se lance dans un Road Trip à travers l’Amérique de la fin des années 90. Seulement voilà, elle est différente. Depuis sa plus tendre enfance, elle est incapable d’être aimée sans dévorer en retour, littéralement…

Sur sa route, elle croisera un mystérieux jeune homme, qui remettra en question toutes ses convictions.

De rencontres en romance, d’incertitudes en contradictions, de voyages en découverte de soi, à la recherche d’un père qu’elle n’a jamais connu, Maren finira par se trouver elle-même et peut être trouvera-t-elle enfin la place qui est la sienne.

Bones and All a été adapté au cinéma par Luca Guadagnino.

Les mamans ont-elles toujours des enfants parce qu’elles en ont envie ? A Cali, dans les années 1980, la touchante petite Claudia a de bonnes raisons de se poser la question. Sa maman, une Emma Bovary des temps modernes, s’ennuie profondément dans sa vie conjugale, avant d’entamer une relation passionnelle avec un autre sous les yeux de sa fille.

L’histoire d’amour est impossible, l’amant prend la fuite, et Claudia voit sa mère sombrer peu à peu. Comment faire remonter la pente à celle qui ne vous a jamais réellement aimée ?

Un livre léger, de prime abord : le soleil, les plantes vertes, la Colombie … Avant de basculer dans une torpeur dérangeante, où le précipice est omniprésent, où l’on plaint Claudia autant que sa maman, qui n’a rien trouvé de mieux que le whisky et les magazines pour s’éloigner de cette vie dont elle n’a jamais voulu.

Ne vous fiez pas à sa jolie couverture qui donne envie de l’emmener sur la plage, Nos abîmes, Prix Alfaguara en 2021, est bouleversant.

Papa Ours et Petit Ours profitent d'une belle journée ensoleillée pour se promener dans la forêt quand soudain… prouout ! Papa Ours lance un pet tonitruant. Petit ours s'offusque : comment peut-on faire une chose pareille ?

Au fil de leur balade, les deux ours rencontrent Souriceau, Lapin et Renard. Mais que se passe-t-il aujourd'hui ? Tout le monde a des flatulences et y va de son pet, plus ou moins sonore. Petit Ours est bien choqué par le comportement de tous ses amis. Et pourtant, lui aussi finira par faire parler son derrière. Et ce ne sera pas lui le plus discret !

Les tout-petits ne résisteront pas à cet album cartonné qui parle d'un de leurs sujets de prédilection : les pets ! Les dessins simples et colorés de fourmillent de détails.

Les enfants  pourront s'amuser à y rechercher l'abeille et le papillon qui suivent la famille Ours au cours de sa promenade. Mais ils se délecteront surtout des « prout » de nos cinq petits amis qu'ils entendront réellement puisque Prout prout !est un livre sonore. Crise de rire assurée !

Pour les 70 ans du classique de Ray Bradbury, Fahrenheit 451 (trad. Jacques Chambon et Henri Robillot), Denoël propose une réédition collector de cette flamme dans la nuit : belle couverture signée Emmanuel Lantam, et une préface d’Hervé Le Tellier. Dans ce futur où lire est un crime, le maître de la SF ne se contente pas de décrire une chasse aux livres, mais peint le portrait d'une humanité ayant renoncé à sa propre profondeur.

Guy Montag, pompier pyromane, n'est pas seulement le protagoniste, mais le miroir d'une société éteinte, préférant les écrans vides. Sa rencontre avec Clarisse, lueur d'espoir, le met face à une réalité brûlante… Avec une économie de mots mais une richesse de sens, Bradbury nous rappelle que la véritable chaleur vient de l'illumination intérieure.

Ray Bradbury, architecte de l'imaginaire, trace les frontières entre réalité et fiction. Sa plume, à la fois poétique et incisive, dessine des mondes où la critique sociale se mêle à la magie. À travers ses récits, il questionne, émerveille et nous invite à entendre. Bradbury, plus qu'un écrivain, est un pont entre rêve et réflexion.

Belle édition pour sa bibliothèque.

Il compte parmi ces auteurs dont l’œuvre se relit, à plusieurs étapes d’une vie, sans mesurer que le sens évolue avec le lecteur que nous devenons. Ah, cher Marcel…

Alors oui, 2022 consacrée comme année du centenaire, ce sont des publications à foison – et pas une seule pour livrer la recette suprême et secrète de la Madeleine, à la Proust.

Qu’importe : renouer avec les classiques fait du bien. Et cette biographie, de 1994, signée Roger Duchêne nous invite à revoir l’homme et l’œuvre. On y parle d’argent, de sexe, de judaïsme, sans tabou. Un texte qu’on prend le temps de savourer, sans vraiment savoir ce qu’on y recherche.

Juste de prendre le temps…