Ma pochette de gommettes. 100 animaux de la mer

L’écriture chirurgicale de Sally Rooney, la totale solitude de l’adolescence, la ténuité des gestes, l’autre comme un possible soi-même à reconnaître ou à choisir. La distance et l’acuité de cette écriture sont hors de la commune littérature, tout en pratiquant une évidente simplicité du verbe.

Un premier chapitre au scalpel comme une version avec commentaire d’un épisode de série avec audio description; c’est sans doute cette déroute, d’une paradoxale grande modernité, qui m’a happée dès les premières pages.

Normal people est traduit par Stéphane Roques.

Et évidemment, regardez la série, avec deux acteurs absolument siderants.

Dans l'obscurité les mains se crispent, se tendent, les corps s'impatientent attendant le nouveau miracle que Madame Savoya est sur le point d'accomplir. La jeune Velvet ne sait que penser. De toute sa bienveillance, l'ancienne blanchisseuse souhaite remercier celle qui changea son destin en la prenant à son service. Velvet essaye de chasser ses doutes à chaque nouvelle mission d'espionnage demandées de Madame Savoya auprès de la concurrence, croire de toute sa foi au pouvoir mystique et incroyable de messager de l'au delà de sa richissime bienfaitrice. Charlie, son ami d'enfance, tente de la dissuader de rester dans cette belle demeure et affirme que les médiums ne sont tous que des escrocs chasseurs de grandes fortunes. George, le bel assistant de Madame, lui fait chavirer le cœur et porte en Mme Savoya une confiance indéfectible. Il est un esprit qu'elle ne souhaite pas voir apparaître en tout cas, celui de sa crapule de père que a laissé couler par le fond, emportant avec lui dans la rivière les souffrances infligées. Velvet ne sera donc plus Kitty. Elle se tourne avec conviction vers cette nouvelle chance dorée qui s'offre à elle d'améliorer sa condition. Mais bientôt les masques vont tomber et d'autres crimes se dévoiler!

En écrivant Velvet, Mary Hooper se posait de nombreuses questions sur le spiritisme après avoir assister à différentes séances. Les fans de l'auteure noteront sa fascination évidente pour les magiciens charlatans, sujet déjà abordé dans La maison du magicien chez Gallimard jeunesse. Mary Hooper arrive à se renouveler tout en tournant autour de son sujet fétiche. Velvet est la représentation d'une «cendrillon» évoluant dans une forme de conte de fée sociale. Les conditions difficiles de son enfance suffisent à expliquer son désir de s'en sortir. Néanmoins, cette dernière reste moralement protégée des tentations qui s'offrent à elle et elle n'est pas prête à tout sacrifier au nom du confort. Elle est courageuse, naïve et attachante. Les lecteurs s'identifieront peut-être à cette demoiselle réalisant finalement que l'amour est là où l'on sait regarder.
Les Grandes Personnes nous offre vraiment régulièrement de belles lectures. Un vrai gage de qualité et de plaisir.

 Au cours de ces voyages au Japon, Isabelle Boinot fut sensible aux personnes âgées, les Otoshiyori, qui continuent malgré les années de travailler et de se rendre dans leurs lieux habituels. Elle les observe alors, s’abreuve de leur distance, de leur sagesse et de leur beauté et les dessine au milieu de leur environnement.

Elle déploie alors un répertoire de formes, des pâtisseries aux cafés traditionnels, choses vues et retranscrites avec affection et une pointe de mélancolie.

En plus de nous faire voyager à la rencontre de ces belles personnes, Isabelle Boinot interroge aussi le Japon et nos sociétés occidentales : en effet, livrant un travail presque ethnographique, elle raconte la vie et la vision d’un groupe humain souvent invisibilisé, les vieux.

La douceur du témoignage met à jour avec subtilité des conditions de vie difficiles où, par exemple, certains se voient dans l’obligation de continuer à travailler jusqu’à 70 ans.

Otoshiyori, sous-titré « Trésors japonais », est une ode à la vieillesse pleine de tendresse et soutenue par des images fines et délicates. Un beau moment de lecture !

Dès la première page de City Crime Comics, on se trouve hapé dans les atmosphères énigmatiques concoctées par Teddy Goldenberg.

Dans ces courts récits (qui s'étendent sur quelques pages à peine), il initie des situations relativement banales qui dérivent à une vitesse étonnante dans l'absurde.

Cette manière d'introduire des archétypes pour mieux les subvertir peut faire penser à David Lynch, Michael Kupperman ou le Massimo Mattioli des B Stories : quand la série B dévie vers le fantastique et que se déploie alors un univers dont l'opacité se confronte à l'élégance du langage.

La logique achope, le monde vacille, et l'on perd pied, savourant pleinement l'humour qui se love dans l'irrationnel, socle instable et permanent de ces histoires.

Le dessin oscille entre une maladresse assumée, inattendue et pleine de vie, et un sens de la composition qui confère à chaque planche une force centrifuge. Les teintes pastels et surréalistes soulignent la profondeur des noirs et leur menace sourde d'envahir l'espace pour finalement élaborer des images lumineuses comme seule peut le permettre l'impression risographique.

Soulignons ici le très beau travail réalisé par les éditions Fidèle qui, d'Insula volume 1 de Vincent Longhi à Sleepless de Melek Zertal en passant par Échos de Maria Medem, proposent un catalogue passionnant ouvert vers une approche poétique et expérimentale de la bande dessinées teintée par les plages de couleurs grésillantes de la risographie.

Qu’est-ce donc que de créer ? Oh, la jolie question que développe Patrice Pluyette dans ce nouveau roman.

Et d’adopter le prisme d’un jeune cinéaste, pour tâcher d’y trouver une réponse. Il est juste que s’attaquer à une adaptation de Roland furieux de L’Ariosto, pour sa première aventure cinématographique n’est pas chose aisée. Mais quand les éléments s’en mêlent et vous placent des bâtons, devenus d’énormes rondins dans les roues…

Affublé d’une équipe de tournage calamiteuse et intenable, d’acteurs dont le talent réside plus dans l’incompétence crasse que dans l’interprétation, voici un ouvrage plaisant. Il se meut en making-of surprenant des aléas d’une production audiovisuelle, dont l’avenir est plus que compris. 

J’étais très inquiet, cette fois-ci, la situation nous échappait pour de bon.

Aussi, bien que ce film soit voué à l’échec, comme son titre le laisse entendre, notre cinéaste n’en incarne pas moins un idéal chevaleresque — à l’image de Roland. Lequel, comme on s’en souvient, périt à Roncevaux, brisant son épée mythique Durandal. Mort au champ d’honneur pour défendre sa patrie… un sacrifice ultime que l’on ne demandera pas à ce jeune créateur.

Claire, une jeune surdouée de 16 ans, est le nouveau souffre-douleur des étudiantes de l'université de Morganville. Il faut dire que la jeune fille n'a pas la langue dans sa poche, et qu'elle humilie par inadvertance la cruelle et toute puissante Monica, dont les connaissances frôlent dangereusement le néant. Pour échapper aux représailles, Claire s'installe en ville, dans une grande et vieille maison, en compagnie de trois colocataires. Mais sous leurs airs de joyeux drilles, la jeune fille découvre que Shane, Michaël et Eve portent chacun un lourd secret qui les empêche de s'ouvrir aux autres. Pire encore, elle comprend que les habitants de Morganville vivent dans la terreur, sous le joug oppressant des vampires. Or Claire et ses amis n'ont aucun protecteur…

instaure une atmosphère étouffante, angoissante à souhait, extrêmement efficace et distille un suspens franchement haletant: est un excellent page-turner! Les mystères se mêlent, et viennent semer le trouble dans les sentiments que Claire éprouve pour Shane le ténébreux. Les dangers sont de plus en plus menaçants, et jusqu'à la fin (et quelle fin!), le lecteur vit dans une fiévreuse tension. Une très bonne lecture.

Un tout petit album est paru aux Editions Thierry Magnier il y a quelques semaines et c'est certainement l'un de plus drôles qu'il m'ait été donné de lire ces derniers mois.
d'Alexandra Pichard raconte comment Dominique, la moule domestique de Herman, décide de quitter la maison suite à l'émission «Thalassa».
Dominique éprouve alors un grand chagrin et trouvera peut-être du réconfort auprès de Marie-Claude une huître de la région de Noirmoutier.
La fin est une surprise teintée d'humour noir, les très jeunes lecteurs pourront ainsi apprendre que les histoires ne finissent pas toujours bien...

Tom Harvey est un garçon de seize ans qui vit dans un quartier mal famé de Londres. Un jour, alors qu'il rentre de l'école, il reçoit sur le crâne un Iphone tombé du trentième étage. De retour de l'hôpital, il se sent différent voire complètement bizarre. Il ne perçoit plus son environnement extérieur comme avant, il a l'impression de tout comprendre à une vitesse vertigineuse et d'accéder à des choses dont il ne soupçonnait même pas l'existence. Il réalise alors que des morceaux du téléphone sont restés incrustés dans son cerveau et qu'il pense et agit comme un vrai ordinateur. Son monde s'est élargi aux limites du cybermonde. Cela veut dire qu'il est capable de lire et d'envoyer des sms et des mails dont il n'est ni le destinataire ni l'expéditeur, de prendre en photo des images que sa mémoire visuelle a enregistrées, il peut accéder à des fichiers ultra-confidentiels et à des informations qu'en temps normal il ne connaîtrait pas. De plus, ses capacités physiques se déploient. Tout cela devient extrêmement utile puisque la fille dont il est amoureux depuis toujours vient de se faire agresser…

de Kevin Brooksmêle la science-fiction à la réalité contemporaine de nos villes. Là où la seule loi appliquée est celle du plus fort et où la violence urbaine fait partie du paysage quotidien des personnages, un espoir naît à travers un personnage juste et courageux. L'histoire est captivante et intelligente. L'auteur commence chacun des chapitres par des citations qui ouvrent l'histoire et interroge la frontière entre le bien et le mal. Cela devient très utile quand on essaye de comprendre le monde quand on a 12 ans et plus…

Tous les matins, le papa de Damien lui dit de terminer son bol de lait. Tous les matins, Damien lui répond qu'il n'aime pas la peau qui flotte sur son chocolat. De tout façon, le petit garçon n'a pas faim. Le monde qui l'entoure lui a coupé l'appétit. Les mots tsunami, terroristes, catastrophes aériennes, famine, guerres trottent dans sa tête après être tombés dans son bol par l'intermédiaire de la télévision. Alors, dans un monde pareil, à quoi bon grandir ?

est un petit livre tout à fait exceptionnel. En effet, en quelques 40 (petites) pages, son auteur réussit à nous faire rentrer dans la tête d'un petit garçon et à nous montrer le monde à travers ses yeux.
Tous les matins, Damien regarde les informations en prenant son petit déjeuner et chaque jour la misère du monde pèse un peu plus sur ses frêles épaules. Au delà de la question de l'impact des images et de la télévision sur nos enfants, Mikaël Ollivier raconte avec beaucoup de poésie combien il peut être difficile pour un enfant d'appréhender le monde qui l'entoure. Loin des clichés où d'un côté les enfants seraient gentils et de l'autre les adultes méchants, il utilise sa plume pour nous conter une histoire touchante, originale et pudique. Une histoire pour grandir et comprendre tout simplement.

Écrit par Robert Venditti et illustré par Juan Doe, Clones (The Surrogates dans sa version originale) suit l’humanité dans un futur proche où la technologie permet la création de créatures de synthèse. Hommes et femmes ont la possibilité de contrôler des robots à distance pour vivre leur vie quotidienne.

Dans un monde sombre, l’inspecteur Harvey Greer, qui enquête sur la mort d’un de ces habitacles à forme humaine et découvre un complot visant à les détruire tous. Au fil de l’enquête se dessinent des forces puissantes abritant, évidemment, de bien sombres secrets.

Et si cette société futuriste, où l’humanité vit par procuration, n’était finalement qu’un vaste mensonge ? 
Adapté en film en 2009, The Surrogates est devenu Clones, avec cette couverture reprenant l’affiche — et un Bruce Willis splendide.

À l’heure des transhumanismes les plus délirants, cette perspective d’un transfert de conscience dans une machine a plus de saveur encore. Surtout quand on se souvient que la BD est sortie voilà près de 20 ans…

Tout helléniste qui se respecte illustra cette citation de Churchill, « de la sueur, du sang et des larmes », en traduisant cette phrase attribuée à tort et à l’historien grec Xenophon (430 à 354 av. J.-C.), contemporain de Platon : « Ουκ έλαβον πόλιν, αλλά γαρ ελπίς εφή κακά. » Car, phonétiquement, elle se prononce : « Ouk elabon polin, alla gar elpis ephè kaka… »

Hilarité dans les rangs. Consternation aussi.

Dans la collection Pataquès de Delcourt, Karibou poursuit son entreprise de déstabilisation scientifique. Après la Salade César et Waterlose avec Josselin Duparcmeur, le duo s’empare de la mythologie avec Troie Zero. 

Le tout, option humour Fabcaro : une vignette unique, déclinée en saynètes sans le moindre mouvement. Ou comment Beckett aurait pu être drôle. Mais pas que. Heureusement. Le pitch est connu : Ménélas, dans la mélasse, depuis que bonne poire, il a vu filer Hélène — alors que c’est plutôt Pénélope qui tisse d’ordinaire.

Or, le vil Alexandre Pâris a conquis le cœur de la belle grâce à sa recette du kebab. Conclusion, branle-bas de combat chez les Achéens : direction Troie, pour sauver l’honneur. Rien de moins évident, considérant l’équipe de bras cassés qui l’accompagnent — ou comme le dirait Ulysse : « Vaudrait mieux pas être trop à cheval sur l’horaire… »

Troie zéro, irrévérencieux, burlesque, délicieux. Un moment de bonheur Et toute ressemblance avec un score de match de coupe du Monde de 1998 serait totalement fortuite : c’est pour le plaisir du calembour, aucun Brésilien n’a été humilié durant l’aventure.

Yasuro et Misuko forme un couple comblé. La vie vient de leur offrir une magnifique petite fille qu'ils nomment Aya. La fillette grandit et montre une grande inclination pour la musique. Mais un jour, assistant à un spectacle avec son père, une révélation s'impose à elle. La musique ne lui suffit plus. Elle apprendra à danser et deviendra une Geiko, une Geisha de Kyoto. Envers et contre tout, Aya s'apprête à accomplir son destin.

Magnifique histoire illustrée de dessins subtils et délicats, est un album stupéfiant de poésie et de délicatesse.
Dorothée Piatek y conte le destin contrarié d'une petite fille devenue femme dans la grande tradition des drames orientaux et plonge le lecteur dans un Japon envoûtant. Les odeurs, les couleurs, les sensations qui se dégagent de l'histoire sont sublimées par les illustrations de Magalie Fournier entre rondeurs enfantines et fresques délicates.
Geishas, Maikos, samouraïs, riches admirateurs et directrices de maisons de Geiko aux fourbes desseins, peuplent le parcours d'Aya jusqu'à son tragique et émouvant dénouement.
Les éditions Petit à Petit nous offrent avec Blanc, un album d'une grande qualité que l'on pourrait presque ranger dans la catégorie beaux-livres et une immersion dépaysante et fascinante dans le Japon d'Edo. Un seul mot s'impose : Arigatai !

Leïla Pelfresne

Depuis le temps que je louchais sur Rockyrama... La grande force de cette revue, qui pèse aussi sur son prix assez élevé, selon moi, c'est le design, la mise en page, un goût pour le visuel qui donne, à lui seul, envie de regarder plus de films, de séries, d'images tout simplement.

Les textes et articles de la revue ne sont pas à écarter, bien entendu. Ils allient qualité, fluidité, des angles assez audacieux et une accessibilité certaine, qui correspond à une certaine cinéphilie qui privilégie la découverte à l'érudition - c'est mon sentiment.

Rockyrama n°34 vient de paraitre, avec Les Simpson, The French Dispatch de Wes Anderson, Alex Cox, Get Back...

Certains l’attendent parce qu’il apporte la saison des grillades ! Boris, un ours blanc, souhaite surtout profiter de sa bouée et de son maillot de bain pour se jeter à l’eau. Sauf que, pas de chance : l’été n’est pas là, en réalité, il neige, et c’est l’hiver. Que faire ? Attendre ? Oui, mais comment ?

Ah, le désir… chose complexe s’il en est, tonneau des Danaïdes toujours à remplir car percé. Et une fois satisfait, le voici de nouveau contrarié – et contrariant. Belle leçon dans cet album, où l’on apprend que le moment présent importe probablement plus que la quête de l’après.

Carpe Diem, sans se préoccuper de la météo !

 
Ah, les troquets de mon enfance, quand je sirotais ces lait-fraise, attendant que vienne mon tour de jouer à Pong : qu’avait-on inventé de plus épuré (le flat design n’a qu’à prendre des cours d’histoire) que ces deux lignes opposées se renvoyant un pixel… 

Nikopek et moi devons avoir enduré les heures de supplices avant de s’emparer des commandes de la borne d’arcade — sauf que lui en a tiré une bande dessinée aux limites de l’horrifique, certes, mais résolument plongé dans une folie meurtrière. 
Fallait pas lui prendre sa place.

Vers la fin des années 80, dans la morne et paisible ville de Rosebud (Montana, pour qui aurait des envies de géolocalisation), une famille entière est assassinée. Consternation : la radio locale en fait ses choux gras tandis qu’au commissariat du coin, Gavin, ado bossant dans une boutique de location de vidéos, vide son sac devant les enquêteurs.

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Affaire facilement classée ? Pas vraiment : le visage balafré du gamin aurait dû leur mettre la puce à l’oreille. D’autant qu’il les avait charitablement prévenus : ses confessions n’auront rien de la promenade de santé. 

Dans cette ambiance nocturne quasi constamment, on plonge dans un récit où les références ne manquent pas (Metallica for ever !). Au croisement du satanisme lugubre et du jeu vidéo – car, tout s’articule autour d’une borne d’arcade délicieusement désuète — Arcadium frappe fort. 
Les couleurs oppressent, le rythme joue aux montagnes russes… insert coin, sans hésitation.

J’irai te tuer dans tes rêves, par Yu Masuko et Kakeru Ninomae, chez @pika_edition.

Un thriller surnaturel en 4 tomes, entre enquête policière et vengeance implacable. Un rythme effréné et des dessins délicats qui ne rendent les meurtres que plus subtils. Une expérience entraînante à dévorer de toute urgence !

La petite sœur de Wataru a été assassinée. Huit ans plus tard, les coupables, mineurs à l’époque, sont remis en liberté. Wataru s’est juger de leur infliger la même souffrance qu’ils ont fait subir à sa sœur. Le destin serait-il de son côté ?

Notre héros se découvre la faculté de pénétrer les rêves des gens durant son propre sommeil et s’y influer sur la réalité. Il a entre ses mains la clé du crime parfait, si l’ingénieux inspecteur Misumi voulait bien ne pas y regarder de trop près…

J’irai te tuer dans tes rêves nous entraîne dans sa spirale infernale, subtil mélange de Death Note et du Comte de Monte-Cristo.

Qu'il est beau, Madones et Putains de Nine Antico, publié chez Aire Libre.

Dans cet album, l'autrice dresse trois portraits de femmes s'enracinant dans l'Italie du XXeme siècle. Elle associe alors une réelle rigueur documentaire à une grande liberté narrative qui lui permet de mêler des faits historiques à d’autres évènements plus anecdotiques ou ouvertement fantasmés.

Toutes les péripéties, réflexions et annotations didactiques, faits, rêves ou débordements, élaborent des histoires pleines de vie où le tragique se mêle au cruel pour offrir un point de vue saisissant sur la condition des femmes dans le jardin de l'Europe il y a quelques années à peine. 

Cet album se veut donc militant, certes, mais cette portée s'épanouit à travers un lyrisme saisissant, et l’invention déployée par l’autrice n’est pas sans évoquer le cinéma d’Antonioni ou de Pasolini. Tour à tour comique, dramatique, ironique, voire sarcastique ou fantasque, elle sait savamment varier les tons pour développer un langage poétique singulier. 

Graphiquement, les pages gagnent en matière, en texture, pour accumuler une grande force visuelle. Proposant des mises en pages sans cesse innovantes, Nine Antico témoigne d’un réel sens de la composition dans sa gestion des équilibres plastiques dans la page.

La séduction n’est donc pas seulement littéraire, mais se meut parfois en pulsion scopique lorsque certaines images fulgurantes captent l’œil qui s’abîme dans la délicatesse de la représentation. 

Ah, les vampires : une histoire de quenottes qui se conjugue si bien avec la fin du monde et les ambiances apocalyptiques. Particulièrement celles reposant sur une destruction méthodique de l’écosystème naturel, au niveau mondial. 

Tout commence voilà 500 ans, lors de la révolte d’une populace asservie par un vampire ancien : le château pris d’assaut, voici le maître des lieux exterminé par des villageois enragés. Mais l’irruption d’une soucoupe volante va provoquer un léger changement dans leurs plans — tout en permettant à Mirka, fille du vampire, de s’échapper. 

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Dans un avenir proche, malgré notre transition vers les énergies renouvelables, la situation mondiale reste précaire. Cependant, certains éléments persistent, comme la capacité des youtubeurs à générer des revenus en tournant en dérision les individus les plus excentriques : Reggie Steambunk, spécialiste de la désinfox (ou de la vidéo putaclic, c’est selon), compte parmi ces vestiges de notre XXIe siècle.

Et sa dernière interview avec Wallace666 devrait rapporter gros : le bonhomme est convaincu que des champignons humanoïdes ont pris possession de notre planète. Comment une baronne vampirique laisserait son cheptel d’humains finir entre les pattes de corps fongiques sans réagir ? 

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Des personnages au grotesque assumé et au ridicule fini (et inversement), mènent cette aventure tambour battant, toutes voiles dehors, et dents debout. Un trio savoureux pour une BD qui ne l’est pas moins. Invasion hystérique et humour grinçant au rendez-vous : oubliez les gousses d’ail…

Yawara est la nouvelle étoile du judo. Personne ne résiste à son ippon-seio-nage qu'elle travaille sous la bride de son grand-père depuis sa naissance. Mais au fond, elle voudrait surtout vivre sa jeunesse, étudier à l'université et sortir avec un beau garçon...

Le petit ami ou la médaille d'or aux JO ? Comment pourrait-elle choisir ?

Le grand classique de Naoki Urasawa, l'incontournable et accrocheuse saga de jeunesse de la charmante Yawara! Dans une super édition grand format avec des couvertures redessinées par l'auteur.

Les souvenirs de deux amis, qui ont trop tôt quitté l’auteur. « Celui qui vit dans la mémoire de ceux qui restent, ne meurt jamais », promet le dicton. Emanuele Trevi l’illustre de manière sublime. Les disparus n’existent pas pour simplement conter leur existence et leurs actes : Deux vies les raconte simplement, pour paraphraser Montaigne, « parce que c’était eux ».

Pia Pera et Rocco Carbone et Emanuele Trevi : trois amis, deux vies et une histoire, dans un récit qui fut salué par le Prix Strega 2021 (équivalent du Goncourt en France).

Pia, sublime et presque éthérée, Rocco, renfrogné et bourru. Deux personnalités magiques – si différentes, pourtant, mais complémentaires, diablement.

A travers eux, Trevi nous fait parcourir dans un splendide voyage la littérature – ou bien est-ce une aventure littéraire qui se déroule ? Deux auteurs d’exception, qui étaient promis à un avenir fantastique, s’ils n’avaient pas quitté si tôt ce monde. Des existences fulgurantes.

Aujourd'hui, c'est la rentrée des classes. Jenny n'est pas enthousiaste. Heureusement, son perroquet Jack est là pour la motiver. Enfin prête, Jenny enfourche son balai – ah oui ! Jenny est une jeune sorcière ! – et file à l'école. Mais quelle n'est pas sa déconvenue quand elle découvre à la place de sa charmante institutrice Mlle Gribouillis, l'horrible Mrs Dragona ! Mais qu'est-il donc arrivé à Mlle Gribouillis ? Jack et Jenny sont là pour le découvrir !

et aident les enfants à faire leur premiers pas en anglais grâce à ces petits albums bilingues (parution simultanée de Let´s go to school with Jenny and Jack ! et Let's play with colours with Jenny and Jack !) : si l'histoire est en français, les bulles de dialogues au sein des illustrations sont en anglais. L'enfant acquiert ainsi quelques mots de base : school, teacher, pen, book… pour le livre sur l'école, red, yellow, blue… pour le livre sur les couleurs, et quelques formules : good morning, let's go, have a nice day…

Vous êtes mauvais en anglais ou n'avez pas un très bon accent ? Pas de souci : l'histoire complète en audio est à télécharger sur le site de Nathan ou via le flash code qui figure dans le livre.

Les dessins tout en couleurs d'Elsa Fouquier illustrent à merveille l'univers de la petite sorcière et de son inséparable perroquet : poignées de porte et tapis en forme d'araignée, pieds de commodes en forme de pieds de monstres, plantes carnivores…

Une collection ludique et instructive pour débuter l'apprentissage de l'anglais.

Il n'est pas toujours aisé d'occuper ses enfants intelligemment le week-end et pendant les vacances. Heureusement, vous offrent 366 (il ne fallait pas oublier les années bissextiles !) expériences simples et amusantes à faire tout au long de l'année.

À chaque double page un thème et quatre à six expériences ou activités s'y rapportant. Des thèmes à l'aspect très sérieux : Cristaux de sel, Résistance au mouvement, Test des acides et des bases, Lumière réfractée… D'autres d'apparence plus futile : Avions en papier, Cerfs-volants, Fais de la musique, Fais des bulles… Mais toujours un seul but : apprendre et comprendre le monde qui nous entoure en s'amusant.

Une expérience est proposée, avec des dessins pour aider à la réalisation : observer la fonte de trois glaçons, l'un saupoudré de sucre, l'autre de sel, le troisième de poivre ; souffler dans des bouteilles de formes différentes remplies plus ou moins d'eau ; fabriquer un téléphone à ficelle ; faire germer des haricots… Le résultat est ensuite donné (pratique si vous ne pouvez pas faire l'expérience ou si vous la ratez), suivi des explications scientifiques.

Des expériences à la portée de tous, à réaliser avec des objets du quotidien. Le livre idéal pour faire découvrir la physique et les sciences naturelles aux enfants de 5-6 ans, approfondir les connaissances des écoliers, ou faire aimer les sciences aux collégiens les plus réfractaires. Les sciences comme on aimerait qu'elles soient enseignées à l'école !

Voilà l'histoire de Rex. Et Rex, voyez-vous, il en a plein la truffe qu'on lui parle comme à un bébé ! Oui, vraiment, il en a ras la gamelle des “où il est mon ti chien! Hein ? Où il est mon toutou !” et autres “Tu veux un susucre ? Hein ?” Il n'en peut plus, de cette vie de chien, et se prend à rêver. Il se verrait bien en papillon pour s'envoler si haut que sa niche ne serait plus qu'un point ridicule. Ou bien en poisson, pourquoi pas, pour faire trempette. Tout y passe, dans sa tête: chat, chauve-souris, caméléon, vase ou coussin, bonnet pourquoi pas! Tout, tout sauf cette vie de clébard, quoi ! Mais quand il tombe museau à museau avec la jolie chienne du quartier, il se demande si changer est une si bonne idée...

Mon ti chien est un livre si joyeux qu'on en remue presque la queue ! , dans son style inimitable toujours sobre et efficace, se fait traducteur canin et nous invite à regarder le monde depuis la moquette. Merveilleusement servie par les crayonnés habiles d', cette histoire rigolote fera la joie des lecteurs de tous poils ! Alors “on va chercher, hein, on va chercher le gentil livre dans la librairie ! Allez on y va ! Mais oui on y va !”

Micah est une jeune métisse de 17 ans, androgyne, étrange et solitaire. Elle a la particularité d'être très rapide en course à pied et d'avoir un odorat particulièrement développé. Elle nourrit aussi un intérêt tout particulier pour la biologie et pour Zachary. Zach qui a du charisme, une belle popularité et une petite amie officielle très riche. Zach qui va l'aimer à l'insu de tous et se faire assassiner atrocement. Micah est tout l'opposé de Zach. On la trouve bizarre, mystérieuse et néfaste. Surtout après la mort inexpliquée du jeune homme et la révélation de leur liaison. Comment penser qu'elle n'y est pour rien? C'est une menteuse pathologique, compulsive, professionnelle. Elle passe son temps à crier au loup, peut-être pour faire taire celui qui sommeille en elle.

Avec , dresse le portrait d'une jeune fille dans laquelle tout le monde peut se reconnaitre, au moins dans une certaine mesure. Le phrasé est cru, sec, réaliste. Le rythme du récit, soutenu et saccadé, surprend. L'histoire en elle-même a des allures de course. Le lecteur devra faire preuve d'endurance et de souffle face aux accélérations subites de l'aventure et les variations d'intensité. Micah étonne, construit et défait tout à coup au gré de ses mensonges. Elle n'est jamais là où on l'attend et nous emmène hors des sentiers battus. Un bon livre, donc. Sans mentir.

Lucy fait des cauchemars. Des cauchemars si terrifiants que la jeune fille se réveille trempée au matin… Et quoi de plus humiliant que de faire pipi au lit, quand on est au lycée, et qu'on partage une chambre avec sa meilleure amie? Pour se protéger de ces rêves prémonitoires, Lucy pratique la magie et grave des bougies, brûle des herbes et fait des incantations. Mais nuit après nuit, l'angoisse monte: les cauchemars concernent son amie Drea. Lucy sait que la mort se rapproche, mais elle ignore comment sauver son amie. Par le passé, elle a échoué une fois déjà à sauver une fillette… Alors quand Drea commence à recevoir les appels téléphoniques d'un détraqué, Lucy panique.

L'ambiance de est réellement angoissante, et le lecteur, pris au piège par la panique de la jeune narratrice, se questionne jusqu'au bout sur l'identité du psychopathe. Le suspense mis en place par est oppressant: un thriller fantastique efficace. Trois autres tomes suivent.

Le livre se concentre sur la relation entre Lily et Ryle, vivant à Boston. Tous deux ont connu des enfances difficiles. Tôt dans leur mariage, Ryle commence à abuser physiquement de Lily. La manière dont les victimes perdent la capacité de voir clairement leur situation est bien expliquée.

Cependant, Ryle est dépeint comme quelqu'un voulant être bon mais tourmenté. Les deux premières agressions sont spontanées, mais la troisième est pré-méditée et cruelle, résultant d'une jalousie envers un ex-petit ami de Lily. Malgré la brutalité, il montre des remords. Plus tard, Lily découvre qu'elle est enceinte, mais décide finalement de divorcer.

Bien que le roman (trad. Pauline Vidal) ait été qualifié d'honnête, voire de beau, il expose en réalité des structures comportementales d'une masculinité toxique. S'il romantise les signaux d'alerte et présente un message anti-féministe. À moins qu'il ne faille lire en filigrane tout autre chose...