Quatrième roman traduit en français, ce court récit de , s'il n'a pas la profondeur des précédents ( Le peigne de Cléopâtre , Les oreilles de Buster, Toujours avec toi) possède néanmoins une tonalité réjouissante, drôle et assez noire à la fois, suffisamment ambigüe pour faire naître un certain malaise et laisser le lecteur un peu déstabilisé au final et déconcerté.
Sara et Björn, un jeune couple issu de la ville emménage à la campagne avec une chatte, Michka. A peine installés, ils rencontrent leurs voisins les plus proches, Agneta et Lars, sympathiques et accueillants. Ils ont aussi un chat, Alexander, maître d'un vaste territoire.
Si les voisins s'entendent plutôt bien au départ, s'invitent et partagent quelques activités communes, les chats, eux, se déclarent ennemis d'emblée. Progressivement, la mésentente animale influe sur les rapports humains, l'ambiance conviviale se désagrège insidieusement et l'inquiétude guette bientôt les nouveaux arrivants, d'autant plus qu'il existe, à propos de cet endroit, des histoires anciennes assez terribles.
Ou comment un petit coin de paradis se transforme en un lieu menaçant et plein d'angoisse, bascule dans le cauchemar, l'horreur et la folie. Sans oublier, tout de même, l'humour noir, salvateur.
Les scènes successives et rapides, très visuelles, offrent à l'histoire un rythme agréable et les personnages, rendent compte, sans beaucoup d'exagération, à peine caricaturés, des relations de voisinage qui dégénèrent, de la méfiance qui s'installe, de la jalousie incontrôlable et malveillante, du calme relatif de la campagne ; le tout avec une cruauté pleine de charme et de coups de griffes plutôt bien vus et sanglants.
Par ailleurs, si vous êtes curieux des chats en littérature, l'ouvrage de Bérangère Bienfait, Brigitte Bulard-Cordeau et Valérie Parent, Les chats des écrivains (Folio) paru récemment également entre naturellement en résonance avec l'histoire de Maria Ernestam et prolonge, avec intérêt, l'attention portée aux chats par les écrivains.
"L'homme en un sens s'est vraiment civilisé quand il a accepté le chat à ses côtés." (Frédéric Vitoux)
Issus du Dictionnaire des chats illustres, plus de cinquante portraits de chats, tous romanesques, hantent ainsi les pages de nombreux écrivains. Ainsi de Bébert à Barre de Rouille, inspirateurs de Céline ou Huysmans, des nombreux chats de Poe ou de Hemingway aux chatons d'Anne Frank, tous ont accompagné leurs maîtres dans leurs écrits, à la fois personnages, muses ou simples compagnons, omniprésents et confidents. De Colette à Courteline en passant par Brassens ou Twain, il n'y a pas de maison sans chat, ni de littérature d'ailleurs.
"A fréquenter le chat, on ne risque que de s'enrichir". (Colette).
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