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Solmaz Sharif

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Poésie

Mire

Pour ceux qui l'ont vécue, une guerre n'est jamais terminée, toute image mentale lui doit quelque chose, sans elle les images des êtres n'ont pas d'ancrage. Solmaz Sharif embrasse l'histoire récente : la guerre Iran-Iraq, les attaques américaines au Moyen-Orient, Guantanamo... , parce que c'est avant tout son histoire. Née en exil, elle cherche à la fois sa mémoire et son foyer et la guerre est comme un lien naturel au monde. "Mire" est un tableau virtuose de poèmes, de listes, de fragments et de séquences, Sharif rassemble les récits éparpillés de sa famille plongée dans des conflits qui la dépassent mais la plongent dans la destruction. Livre en errance, en migration permanente, en quête d'abri, d'une femme qui n'est chez elle nulle part, qui mesure la distance qui la sépare des êtres perdus. Dialogue morcelé avec des images, Solmaz Sharif nous force à regarder les morts en face, les cadavres d'écoliers, les civils bombardés, les mosquées détruites, le poids de chaque homme. Elle nous force à identifier les corps inertes de notre histoire. "Mire" est saturé par la violation constante de l'intimité, les fouilles au corps, les intrusions policières, les mises sur écoute, les ségrégations. En sécurité nulle part, que ce soit dans le présent ou dans les souvenirs, le rêve américain est une solitude et une déception, avec des uniformes prêts à enfoncer votre porte à chaque instant. Sharif montre aussi comment la violence s'exerce contre le langage. Elle injecte dans son livre des mots tirés du Dictionnaire Militaire Américain ; qui viennent faire exploser le rapport à l'autre, elle expose les euphémismes dévastateurs utilisés pour stériliser la langue, contrôler ses effets et influencer notre résolution collective. Il s'agit de vivre avec "le langage qu'ils ont fait de notre langage", dans l'abîme qui sépare les individus que nous sommes des histoires racontées. Que faut-il tirer de l'abîme pour faire exister son histoire, ses proches emprisonnés et disparus ? Où peut-on porter son histoire dangereuse car sensible comme un champ de mines, précise comme un dictionnaire de termes qui désignent des mises à mort dans l'intervalle de la mire à l'écran, l'ordre de tirer et l'impact. Mais Un élan de survie, une sensualité limpide nous signalent la présence d'une conscience lumineuse, un étonnant apaisement.

05/2019

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Poésie

Douanes

Les douanes sont ces lieux qui n'en sont pas, dans les ports et les aéroports, où l'on contrôle la légalité de ce que l'on emporte avec soi au moment de passer la frontière. Ce sont des lieux où l'on vous demande d'où vous venez, qui vous êtes, ce que vous faites. Ou ce que vous venez faire ici. Solmaz Sharif semble écrire à partir de l'impossibilité de répondre à ces questions. Elle semble écrire à partir de la difficulté de ce passage des frontières, d'un territoire à un autre, de la mémoire au présent, d'une identité à l'exil. Dans "Mire" , son extraordinaire premier livre, Sharif se servait des termes du dictionnaire militaire américain pour évoquer la violence de l'état, la violation de l'intimité et les guerres impérialistes. Plus de dictionnaire ici, mais la difficulté d'un apprentissage solitaire, un "gribouillis" d'alphabet, des rayures sur des ardoises d'école, ou le décryptage phonétique du persan. Plus de "mire" précise, létale, face aux agents de sécurité, face au pays hostile, mais un "regard oblique" , louche, déformé qui guette l'arrivée d'une mère dans le miroir convexe des couloirs de l'aéroport. Seule face à ses origines perdues, irrattrapables, passagère en sursis dans la grande caravane de l'occident, Sharif interroge ses racines iraniennes, qui ne sont que des racines inconnues, des souvenirs inventés, un passé recomposé. Elle est "d'ailleurs" , que ce soit à Shiraz, la ville de ses parents, ou en Californie, où elle vit. Un ailleurs qu'elle a malgré elle "appris à être" . Solmaz Sharif revendique une poésie politique - ne dit-elle pas dans un poème que "toute nation déteste ses enfants" ? - et une position de femme considérée comme une barbare dans un pays de colons. Passer une frontière, est acquis pour les uns, impossible ou douloureux pour les autres, confinés derrière les barrières. "Visa" vient de "voir" nous dit-elle, et c'est ce regard qu'elle démultiplie tout au long de ces "douanes" : l'oeil noir des caméras de surveillance, le regard d'un amant sur son corps nu ou celui des policiers quand elle se déshabille, les souvenirs dans le rétroviseur, les prisonniers politiques à la télévision, tout ce que notre origine sociale ou ethnique nous autorise à voir, ou nous oblige à imaginer. A rebours de cette Amérique de synthèse droguée aux produits dévitalisés, à la richesse monétaire et au voyeurisme, Sharif retrace les rites anciens de ses ancêtres, et opère, à l'image des anciens tanneurs chassés en périphérie des villes à cause de la puanteur et qui décharnaient les peaux des bêtes pour produire du cuir, une forme de desquamation du poème, qui détache la chair émotionnelle de l'os de son identité. Comme ses ancêtres elle fabrique avec des mots des seaux de cuir qu'elle plonge dans le puits du passé pour en faire remonter un "reflet" de soi-même. Elle retourne chercher tout ce qu'elle avait soustrait d'elle faute de pouvoir "supporter de le regarder". L'exil peut-il prendre fin, lui qui vous touche jusque dans votre intimité, dans votre refus d'être touché, tant il vous habitue à "perdre même la perte" , tant tout retour est impossible quand on vient de "nulle part" ? Solmaz Sharif raconte le passage, le franchissement, une identité en quête de paysage, des cyprès, un chemin de pierres, un signe de la main.

10/2023

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Histoires du soir

Le lapin shérif

Haut comme trois pommes, Olivier a toujours l'impression qu'on ne le voit pas, qu'on ne l'entend pas. A l'école, il reste invisible de peur que ses camarades ne le trouvent pas drôle, pas intéressant. Alors quand vient le jour de Mardi gras et que sa maman lui confectionne un déguisement de lapin, Olivier est persuadé que tout le monde va se moquer de lui et que ce sera trop la honte dans la cour de récréation...

02/2021

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Livres 3 ans et +

Cars. Martin Shérif

Avant d'aller se coucher quoi de mieux qu'un merveilleux conte Disney ? Après la lecture d'un texte court et simple, les tout-petits s'endormiront avec de jolies images plein les yeux.

01/2017

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Policiers

Secoue-toi, shérif !

Un idiot de village et une jeune Mexicaine enceinte furent les premières victimes. Dans ce patelin texan où tout le monde se connaissait, où vertu et turpitude se disputaient jusque là tranquillement la première place, le shérif, "un gars de la ville", se sentait complètement paumé. Mais la violence montait.

12/1985

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Littérature française

La Fille du shérif

Vingt ans après la disparition de Marcel Aymé, le meilleur hommage que l'on pouvait lui rendre était de réunir ces nouvelles. Elles dormaient dans ses dossiers ou n'avaient connu pour la plupart qu'une existence éphémère dans la presse. On retrouvera ici tous les éléments de la palette de l'écrivain. La satire politique et sociale, l'humour, l'art de surprendre, la vie à Montmartre et le monde des studios de cinéma. La province est présente aussi, croquée sur le vif. Le personnage de Martin, que l'on retrouve un peu partout dans l'oeuvre d'Aymé, est présent dans deux nouvelles. Dans l'une d'elle, Martin "tous les soirs, sous le coup de huit heures, (...) changeait de sexe pour, le lendemain matin à huit heures, revenir au masculin". C'est dire que le fantastique n'est pas absent de ce recueil. Curieux mélange où l'on reconnaît l'art inimitable du grand nouvelliste.

10/1987

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