Il y a quelques jours nous annoncions le décès de l'éditeur .
Pour lui rendre hommage, la direction du site Les Histoires Sans Fin a demandé à six auteurs de nous parler de lui. Nous les en remercions.
La première fois que j'ai rencontré Xavier Décousus, c'était dans son bureau de la rue Mazarine. Le synopsis très détaillé du premier tome de Krine entre les mains, il a levé les yeux et m'a dit : « pffou, c'est compliqué comme histoire. Et comment vous comptez écrire ça ? » Il s'en est suivi quatre années de collaboration, mais aussi d'amitié. Parce que Xavier ne savait pas travailler autrement que dans un climat de confiance, en se montrant proche de ses auteurs. Je me souviens en particulier d'une journée de juin 2012, chez moi, dans La Vienne. Il avait fait le déplacement depuis Paris pour discuter des corrections du Maître des hybrides. Nous avons bu une bière, mangé quelques plats asiatiques, et beaucoup ri. Il avait toujours tout un tas d'histoires incroyables à raconter. Ces derniers temps, nous élaborions un nouveau projet dont il n'aura pas eu l'occasion de lire les premiers chapitres. Un grand regret. J'aurais aimé le voir s'amuser de certains clins d'œil qu'il aurait à coup sûr relevés, ou me taquiner à propos d'une tournure de phrase un peu trop précieuse. Ce n'était pas que mon éditeur, c'était avant tout mon ami. Il va me manquer. Il me manque déjà.
Stéphane Tamaillon – Décembre 2013
Xavier Décousus a changé ma vie. Il a été le premier professionnel de l'édition à croire en mes écrits, puis à me soutenir, en y croyant pour deux lorsque je doutais. Il était présent, presque au quotidien, derrière chacun de mes livres. Il avait une énergie incroyable et un humour permanent qui rendent son départ encore plus tragique. Personne ne pouvait imaginer qu'il nous quitterait si tôt. Si vite. Il avait ses défauts, aussi, mais j'ai lu quelque part que, si l'amour ne voit pas les défauts, l'amitié les aime. Nous aimions tous Xavier tel qu'il était. Aujourd'hui, nous faisons vivre son souvenir en nous rappelant de tous les moments joyeux passés à ses côtés. Et il y en a eu beaucoup. Nos vies vont à nouveau changer, maintenant qu'il n'est plus là. Il va nous falloir (ré)apprendre à écrire sans lui. Pour qu'il soit toujours fier de « ses » auteurs.
Nadia Coste – Décembre 2013
Difficile de parler de Xavier en quelques lignes. Toujours en verve. Un sens certain de la répartie. Truculent. Une grande vélocité d'esprit. Chaleureux. Fidèle. À l'écoute… Voilà ce qui me vient à l'esprit de but en blanc quand je pense à mon ami. Je garderai les souvenirs les plus personnels pour moi, si vous le voulez bien. Sur le plan professionnel, je peux dire qu'il s'était lancé dans l'aventure des romans Gründ sans à priori, mais non sans passion, et j'ai eu grand plaisir à lui emboiter le pas. Il disait ce qu'il faisait et faisait ce qu'il disait. Il était très proche de ses auteurs. Je n'ai jamais vu un directeur de collection associer d'aussi près les auteurs à la conception de la couverture de leur livre, par exemple. Pendant trois ans, il a expérimenté des choses, découvert et mis sur orbite quelques-uns des talents les plus prometteurs du paysage « jeunesse » actuel. Il avait su créer un vrai laboratoire, un espace de liberté, et fonctionnait beaucoup au « coup de cœur ». Je connaissais moins bien son travail chez Rageot, mais je ne doute pas qu'il y faisait preuve de la même énergie et de la même efficacité. C'est une très grande perte pour nous tous.
Christophe Lambert – Décembre 2013
Les gens qui ont compté, lorsqu'ils nous quittent, n'arrachent pas ce qu'ils ont planté. Xavier était de ceux-là. Lui qui occupait beaucoup d'espace nous laisse un vide. Lui qui avait réponse à tout nous laisse sans voix. Lui qui avait une mémoire phénoménale nous lègue des souvenirs, d'échanges, de promenades, de fous rires. C'est à la joie d'en avoir eu ma part que je mesure ma tristesse aujourd'hui.
Stéphane Daniel – Décembre 2013
Je pense à Xavier, et, au-delà de la tristesse, un mot émerge : jeunesse. Pas seulement la littérature de, non, la jeunesse bouillonnante et joyeuse, celle du cœur et de l'esprit. Xavier, c'est un regard qui pétille, un sourire d'enfant, des histoires à la pelle, un projet par minute, l'attention à l'autre, une énergie communicative. Tout ce qu'il faut à un auteur pour se sentir « chez lui »…
Christine Féret-Fleury – Décembre 2013
Comment ne pas repenser à cette soirée de novembre assez alcoolisée où en compagnie de Jean-Philippe Chabot, nous finîmes la nuit au bord de l'eau. Xavier tomba à la mer vers 4 heures du matin et repartit le lendemain 9 heures au salon d'Aubagne, frais comme un gardon. Nous nous étions un peu perdu de vue ces derniers temps, mais c'était mon ami.
Ta folie va me manquer...
Jean-Luc Luciani - Décembre 2013