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Federico Tarragoni

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Emancipation

" Nous nous trouvons à un carrefour. Plus nous banaliserons les états d'urgence démocratiques, plus nous assimilerons la liberté à la consommation, plus nous trouverons confortable l'état de léthargie civique engendré par la gestion gouvernementale des risques sociaux (sanitaires, financiers, sécuritaires, climatiques...), plus l'émancipation s'effacera. " F. Tarragoni Aujourd'hui comme avant, l'émancipation suscite chez certains la méfiance. Le réflexe est bien connu : que ce soit dans le domaine du politique, de la famille, de la sexualité ou du travail, les processus d'émancipation conduisent, depuis l'avènement des sociétés modernes, à rompre avec un ordre, avec une tradition pourvoyeuse de sécurités et de confort, et à les remplacer par un saut dans l'incertain). Mais, notre actualité se singularise sur un point : à ce discours anti-émancipation s'en conjugue désormais un autre, qui vise au contraire à s'emparer du mot pour le détourner de son sens originaire. C'est ainsi que l'émancipation est devenue l'un des maîtres-mots des programmes de réformes néolibérales, que l'on trouve derrière l'éloge des émancipés de la start-up Nation, la nécessité pour chacun de " se prendre en main ", de devenir l'entrepreneur de sa vie, de se responsabiliser face à ses échecs et d'assumer les risques de ses choix. Le danger existe donc que l'émancipation devienne le maître-mot du retournement de la démocratie contre elle-même, la clef-de-voûte de la novlangue exprimant la volonté de gouverner sans le peuple. Dans cet essai brillant, le sociologue Federico Tarragoni, après être revenu aux origines latines du mot (l'emancipatio du mineur et de l'esclave) et à ses évolutions sémantiques (émanciper/s'émanciper) au cours des XVIIIe et XIXe siècles en particulier, tente d'arracher l'émancipation à l'oubli et au dévoiement, afin que le mot demeure la quintessence de l'humanité, qu'il continue à désigner ses aspirations vers un monde meilleur.

09/2021

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Sociologie du conflit

Toute société est traversée par de multiples conflits, et c'est cette conflictualité irréductible qui permet aux sociétés de changer dans le temps. C'est ce que démontre ce livre, pionnier sur la question de la conflictualité sociale en France. Son but est tout d'abord de délimiter un champ de recherches, qui ne se confond pas avec la sociologie de l'action collective, mais l'englobe par ses questionnements : comment et pourquoi des conflits sociaux naissent-ils dans une société donnée ? A-t-on affaire à des conflits structurellement différents entre les sociétés traditionnelles et les sociétés modernes, les sociétés industrielles et les sociétés post-industrielles ? Quels effets les conflits produisent-ils sur l'organisation sociale, sur les liens sociaux et sur les processus de socialisation ? Comment les analyser aux échelles "macro" et "micro" ? Comment objectiver leur contribution au changement social ? L'ambition de ce manuel est aussi d'examiner la diversification extrême des conflits sociaux ultra-contemporains (de classe, de race, de genre, post-coloniaux, intersectionnels, urbains, au travail, dans les organisations, etc.), en distinguant plus particulièrement trois familles : les luttes autonomes, les luttes subalternes et les nouvelles luttes à l'heure de la crise climatique.

10/2021

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Le pouvoir d'être affecté

Classiquement, dans l'histoire de la philosophie, les affects ont toujours été compris comme la part de l'involontaire dans l'existence humaine : le sujet les subirait dans une passivité totale. En croisant les regards contemporains de linguistes, sociologues, psychanalystes, philosophes et anthropologues, cet ouvrage entend changer cette approche simpliste et réductrice, notamment en proposant une généalogie de l'illusion d'indépendance du sujet vis-à-vis de ses affects. L'enjeu est de ressaisir au présent les trajectoires des affects. Car ceux-ci ne peuvent pas être appréhendés ni auscultés en faisant abstraction de l'environnement où ils émergent. C'est depuis un certain état des corps, du social, à partir de l'expérience contemporaine du travail, des mobilisations et des résistances et des actes de parole que l'on peut analyser et comprendre les courbures affectives d'un sujet, et c'est par là que ce sujet affecté peut apprendre à faire usage de toutes les ressources de son affectivité.

07/2022