Assurément, Jean-Baptiste, qui aura su garder la tête sur les épaules à peu près toute sa vie, ne prêchera plus dans le désert, mais bien entre le rayon surgelé et la fromagerie. Et ce caprice (sûrement pas des dieux) provient de la Société biblique de Genève qui scellera l'alliance commerciale avec des supermarchés au tarif miraculeux de 1,50 €.
Loin de susciter l'enthousiasme étymologique des foules, la question dans les milieux protestants se pose à travers la voix de Réforme : la parole de Dieu vaut-elle un camembert, même pas AOC ? Catherine Coroller de Libé a googlé la toile pour trouver divers échantillons de Bibles bradées. À partir de 13 € et jusqu'à 2000 € (en vente sur eBay, à finir dans 3 jours et demi) on peut consommer de l'apôtre et du prophète et des Rois et des Nombres. Des nourritures terrestres qui n'auraient pas manqué d'amuser Gide...
Le directeur de l'association à but non lucratif, Jean-Pierre Bezin, annonce la couleur : « Nous voulons faire découvrir la Bible à de nouvelles personnes, qui ne l'ont encore jamais lue ». Auchan, Leclerc et Cora se feront ainsi les prêcheurs de la Bonne Parole, vendant certains de 550 000 exemplaires déjà édités. Quant à nos voisins suisses, l'idée ne fait pas recette, puisqu'on ne trouvera cette version qu'en librairie.
Pour le prix d'un café donc, on disposera de 800 pages, d'une reliure qualifiée de solide, le tout tiré en deux temps : un premier stock de 350 000 vite épuisé et secondé par un autre de 200 000. « Nous étions en rupture de stock à mi-octobre. Donc on en a retiré 200'000 exemplaires. Nous avons été agréablement surpris du résultat », confesse Jean-Pierre.
L'exportation de la parole divine perpétuera son message d'amour en Suisse, donc, en France itou, mais aussi au Canada et en Afrique francophone. La Société, plutôt protestante estime qu'elle pèse 40 % de parts de marché. Elle s'est également dotée de deux autres versions, l'une de 25 000 mots, en vocabulaire limité et l'autre en français pour les nuls de 3500 mots.
Et pendant ce temps, il y en a un qui attend toujours qu'on le décroche de sa croix...