Sous le joug

Il ne faut pas confondre : crier seul dans l'espace parce qu'un alien se trouve à bord de votre navire et qu'il va vous pondre un rejeton dans le bide, lequel accomplira seul sa gestation avant de vous crever l'abdomen et finir par vous tuer avec les membres de votre équipage... et crier seul dans l'espace parce qu'on s'est donné un coup de marteau sur le doigt en voulant planter un clou.

Ben non. C'est pas du tout pareil.

Quel égoïsme ! Quelle prétention d'ailleurs que de se dire qu'un alien nous a choisis pour pondre et que, oui, nous sommes les missionnaires de l'espace élus... Forcément, après on ne se sent plus de joie et l'on ne partage pas les repas de la cantine avec les autres...

Bon, dans tous les cas, le livre d'aujourd'hui devrait résoudre la question éternelle : dans l'espace, à quoi sert de crier ? Et surtout, perdue dans une nef qui erre à travers l'espace, à quoi sert d'espérer un monde accueillant.

Retrouvez la chronique du jour, La nef des fous de Paul Richard Russo.

Chaque samedi, nous vous proposons de retrouver le meilleur de l'actualité. Sur l'ensemble de la semaine, nous vous offrons de retrouver les sujets choisis par nos lecteurs, suivant leurs préférences et des thèmes traités les plus sollicités. Ce choix ne se veut pas une liste exhaustive, mais bien plutôt une sorte de condensé de ce qui a marqué la semaine à travers les thématiques que nous abordons, littérature, éducation nationale, bibliothèques, etc.

La Bavière, en accord avec la communauté juive allemande va autoriser la réédition du livre d'Adolf Hitler, Mein Kampf.

Dans un collège du Rhône, trois jeunes sont violemment agressés au couteau par un de leurs camarades : l'attention du pays se focalise sur la ville de Meyzieu.

La mère du romancier Michel Houellebecq va sortir un livre pour remettre quelque peu les pendules à l'heure, et se rendre ce que son fils lui a pris.

Mardi :

La maison d'édition Penguin négocie un livre avec la chanteuse très agressive par moment : Amy Winehouse.

Valérie Pécresse déclare la guerre à l'absentéisme des étudiants dans les universités. Autre solution ? Plus de bancs et d'espaces verts pour les attirer ?

Avis aux amateurs, le dernier livre de la série Star Wars est disponible... gratuitement, en téléchargement et aux formats audio, ebook ou PDF. Même pour la France ! La classe...

Mercredi :

Vent de réforme et de tempête : Xavier Darcos a présenté les programmes scolaires et leur révision pour les classes de primaire.

Phénomène intéressant, voire stupéfiant : comment capter la radio avec un livre et changer de stations, en tournant les pages.

Erreur qui a failli coûter cher à l'éditeur d'Harry Potter : les mémoires du bon roi Soleil Louis XIV n'étaient pas tout à fait authentiques.

Jeudi :

Hilary Clinton sur le devant de la scène, quand la poétesse Maya Angelou lui apporte son soutien. « Un espoir pour les États-Unis », selon elle.

L'événement tragique de Meyzieu pointe du doigt un comportement violent et dangereux, le massacre de masse, qui nous viendrait des USA.

Surproduction littéraire : mais que font les éditeurs. Un long cri d'alarme et d'inquiétude frappe la communauté, non pas de l'anneau, mais du livre...

Vendredi :

13.000 €. Pour du tourisme. Et en France, qui plus est. Voilà une sacrée récompense qui accompagne le prix littéraire Ondaatje.

1.300 bougies de soufflées pour le mont Saint-Michel, et pourtant aucun signe apparent de gâtisme ou d'incontinence. Un anniversaire à fêter dignement !

Le projet de loi relatif aux archives a été adopté. Quelles en seront les conséquences et les risques, les atouts et les avantages ?

Un jour, le soir de Giacomo Nanni  nous plonge dans une déambulation mélancolique dans les rues de Paris où un personnage désargenté se trouve au bord du gouffre. Les souvenirs éthérés des jours précédents nous révèlent progressivement le drame qui a brusquement épuisé ses maigres réserves financières.

Le dialogisme des précédents ouvrages de Giacomo Nanni cède la place au monologue qui nous plonge directement dans les pensées d'un seul personnage.

L'auteur développe un système énonciatif subtil proche de l'album illustré où le texte et l'image (et les images) sont physiquement désolidarisé(e)s mais dialoguent narrativement. Il opère ainsi un décalage qui s'accorde particulièrement bien à cette histoire à la rencontre entre les genres, à cette construction à rebrousse temps qui donne à ce drame social des allures de polar.

Les dessins, comme toujours avec Giacomo Nanni, sont magnifiques. On retrouve le style qu'il emploie depuis maintenant plusieurs années mais il réalise cette fois les diverses trames colorées à la main. On retrouve ainsi des espaces de flottement graphique qui incarnent particulièrement les errements du personnage. Les images se posent ainsi en miroir de ce récit atmosphérique où les pages incandescentes illuminent le regard tandis que les ambiances plus feutrées, souvent teintées de bleus, ramènent au trouble et à la distance au monde du personnage.

De Chroniquette à Histoire de ma fuite jusqu'au sublime Acte de Dieu qui a marqué un véritable tournant, chaque album de Giacomo Nanni se vit comme une expérience de lecture singulière et compose ainsi une des œuvres les plus passionnantes à suivre.

L'Ete est arrivé ! Les lois de l'été et de l'enfance sont claires, simples, un vrai manuel pour en profiter jusqu'à son solstice. Le règlement le dit, t'amuser, tu devras !

Sur ces journées de jeux où ton frère aîné sera le maître du jeu impitoyable, ne pas oublier de chaussette rouge sur la corde à linge, cela attire les lapins rouges géants.

Pendant les chasses d'étoiles filantes au filet à papillons, ne pas se munir de parapluie pour cette pluie-là et surtout, bien tenir son bocal.

Lors d'un jeu, ne jamais contredire l'arbitre, c'est comme ça, c'est ton frère aîné.

Autre règle, se faire de nouveaux amis, de préférence, avec des boulons, des armures, des antennes, c'est plus drôle.

Mémo : ne pas oublier de franchir le haut mur d'imaginaire et contempler le coucher du soleil qui sonne la fin de la journée de jeux.

Quiconque contreviendra à ses lois, ne s'amusera pas.

Tic tac tic tac, l'heure tourne, ne soyons pas en retard pour les rendez-vous avec l'imaginaire !

 de est un voyage imaginaire aux facettes mystérieuses et merveilleuses.

Le début de l'histoire suggère la nostalgie des étés et des bons moments de jeux partagés. Les jeunes lecteurs se trouvent rapidement plongés dans un univers fantastique surprenant où les robots vous partagent une partie de tennis, les aliens en armure vous piquent des fraises géantes, des corbeaux vous disputent la dernière olive du plat. Quelle imagination ces enfants !

La fantaisie est d'un humour presque pince-sans-rire, les deux frères toujours au « centre » des aventures en présence. Les jeunes lecteurs ne manqueront pas de se placer dans le rôle du grand frère ou du plus petit, victime de l'autorité du premier, la loi du « c'est mon jeu, c'est moi qui commande » est bien connue, mais à la fin, cela se finit bien, car les jeux entre frères (et sœurs!) s'apprécient ensemble.

Les deux frères apprécieront la fin de journée devant la télévision, côte à côte, comme une douce récompense de cette journée folle, l'aventure épinglée sur les murs. Les grands et petits apprécieront le talent graphique de Shaun Tan, son non-sens, son lapin rouge peut être vu comme un clin d'œil à l'univers fou d'Alice.

Shaun Tan a reçu pour l'ensemble de son œuvre le « Prix Astrind Lindgren » en 2011.