Dans Situation provisoire on fait l'amour en grelottant. Il fait froid certes, dans « le studio mal fini » d'une banlieue bucarestoise des années 1960, mais la fébrilité adultérine des amants doit composer aussi avec la froideur de l'« œil immense » du régime qui surveille l'intimité de ses sujets. Épouse faussement bovarienne d'un universitaire obsédé par sa carrière, Letitia Arcan laisse son couple se refroidir pour brûler de plus belle dans les bras de Sorin Olaru, son collègue « conventionnel et précautionneux ». Les amants travaillent tous les deux au service culturel de l'Edifice, institution communiste de propagande, où intrigues, suspicions et duplicités forment les tentacules efficaces du régime politique totalitaire qui s'était emparé du pays après la Seconde Guerre mondiale.