Dimension Z Tome 1 : L'homme sans nom

Elvira et Otto, c'est l'adorable histoire d'une gazelle et d'un éléphant, qui filent le parfait amour dans la savane. Les touristes en safari adorent prendre ces tourtereaux en photo au soleil couchant, au bord du point d'eau où il se repaissent.

Jusqu'au jour où un drôle d'animal tombe de la jeep : un petit parasite plat et rectangulaire qui dit s'appeler Siri et montre des images d'un monde bien différent du leur. Un singe bien malin, dont le grand-père a travaillé dans un cirque, va leur expliquer la réalité de ce monde de paillettes et de néons scintillants, celui des humains.

En faisant appel au regard décalé et malicieux des animaux sauvages sur le mode de vie occidental, sur la consommation et le paraître, Martin Balscheit et Max Fiedler proposent une bande dessinée drôle et intelligente, qui met à distance non seulement nos habitudes de Sapiens bien dressés, mais aussi les préjugés et certitudes des animaux grégaires qui croient savoir mieux que tout le monde ce qui est naturel et ce qui est dégoûtant.

Les auteurs parviennent au passage à insuffler aux jeunes lecteurs les espoirs formidables de ceux, humains ou animaux, qui sont prêts à suivre d'autres lois que celles de la jungle...

Les couleurs sont superbes, les animaux adorables : on se laisse embarquer dans cette histoire sans prétention et on se retrouve, petits et grands, à se poser des questions intéressantes. Et à remettre en question des stéréotypes, avec le sourire aux lèvres.

Une BD à glisser dans les bacs des médiathèques et dans les salles de classes, depuis le CE2 sans limite d'âge. On attend le tome 2 pour voir comment Elvira et Otto auront été accueillis dans l'avion au Kenya. Et s'ils parviennent à y entrer...

Des missiles Tomahawk s’écrasent sur le pont High Level d’Edmonton, l’envoyant s’effondrer en trois énormes portions sur la rivière en dessous. Des escadrons américains et russes s’échangent des coups de feu et des grenades dans la cage d’escalier de la tour de Calgary. La population de High Level se révolte, armée de fusil à pompe et de couteau de chasse, luttant contre des envahisseurs venus des Territoires du Nord-Ouest.

Tom Clancy, le maître du roman à suspense technologique américain a choisi Alberta comme décor pour son nouveau roman. Pulp fiction s’est déplacé à Wildrose Country. Cette province du Canada, ainsi nommée en référence à la quatrième fille de la reine Victoria est ainsi devenue le terrain de jeu de l'auteur Tom Clancy.

Ce livre s’intitule EndWar, il est sorti le mois dernier en Amérique du Nord, en parallèle du jeu vidéo. Celui-ci fut écrit sous le pseudonyme de David Michaels, et utilise tous les clichés et stéréotypes du genre. Des éléments que les habitués de l'auteur quelque peu pro-américain retrouveront sans peine. Mais quand la zone de combat met en scène des noms comme Red Deer, la Grande Prairie (tout tourne autour du pétrole évidemment) et Fort McMurray, on se doit de rester alerte et de voir.

Des machines très bien rodées

On ne fait pas suffisamment attention aux livres de Tom Clancy de nos jours, pas plus qu’à la machine littéraire James Patterson, le seul qui produit en moyenne trois titres par an. Clancy et Patterson travaillent quotidiennement avec des collaborateurs selon un processus d’échange constant où ils fournissent l’intrigue et quelques brouillons puis laissent le soin de l’écriture à d’autres. C’est effectivement du scénar sans cervelle, mais cela leur rapporte clairement des millions. On ne peut toutefois ignorer leur popularité. Patterson, à ce titre, a été sacré auteur le plus emprunté dans les bibliothèques britanniques.

L’intrigue se passant dans un futur proche, EndWar nous délivre un récit d’une 3e Guerre mondiale, où les Russes (NdR : si, promis...) lancent une invasion d’Alberta en passant par les Territoires du Nord-Ouest avec la ferme intention de s’approprier les vastes terres pétrolifères et redonner à la Mère Patrie son statut de superpuissance mondiale.

La guerre, rien de plus inspirant...

Le 1er ministre canadien fictif, un Robert Emerson, est décrit comme « aussi faible que conservateur » et ne déroge pas à son statut en restant particulièrement inutile. Avec les forces russes capturant les rues d’Edmonton et de Calgary, Emerson fâche le président américain en refusant de déployer les forces canadiennes dans ce conflit. Il prend le parti que le Canada a plus à y perdre s’il fait quelque chose.

« Et si nous jouons les victimes de deux super puissances démoniaques, nous pourrions bien gagner quelque chose: la sympathie du Monde » déclare ensuite Emerson, preuve de sa realpolitik de poule mouillée. Le compte des cadavres s’envole alors que des « tirs cinétiques » pulvérisent un convoi russe sur l’autoroute menant au nord d’Airdrie, l’action devient alors encore plus tendue quand des terroristes cachent des petits engins nucléaires à Edmonton et Calgary avec un détonateur enclenché sur 48 heures.

Comment tout cela va finir ? On attend sa publication en France pour tout vous en dire...

Le colonel Claus von Stauffenberg a perdu une main droite et un oeil gauche au cours d'un bombardement allié en Afrique du Nord et pour cet homme déjà révolté par les pratiques du Reich, voilà qui coupe court aux derniers sentiments pro-hitlériens. Pour un peu il se serait mis à chanter avec Desnos : « Révolte contre Hitler et mort à ses partisans ! »

Dès lors, il est mûr pour entrer dans une société secrète de conspirateurs, tous réunis pour sauver « l'Allemagne sacrée » et mettre un terme aux agissements du Führer. Mais tout cela n'est pas si simple évidemment : les soldats de l'armée ont prêté un serment de fidélité à leur guide et beaucoup y restent profondément attachés autant que fidèles.

Pour Stauffenberg, le sacrifice consenti à Hitler est déjà trop grand et seul l'obsède le comment de cet attentat. C'est en rentrant dans ses pénates, et voyant ses enfants rejouer les Walkyries de Wagner, qu'il a l'éclair de génie : Walkyrie c'est également le plan de secours prévu par Hitler pour assurer le maintien de l'ordre en cas de crise extrême. Voire, dans l'hypothèse où il mourrait.

Maintenant, reste à s'approcher suffisamment près du Führer pour déposer la bombe...

Une question unique nous vient à l'esprit avant même d'entrer dans la salle de projection : c'est authentique ? Ah... Et c'est une raison pour nous resservir encore du nazi, de la Seconde Guerre mondiale et du Tom Cruise héroïque autant que difforme ? Oui ? Bon. Alors, certes, cette histoire est tout à fait intéressante, montre que tout le monde n'était pas lobotomisé en Allemagne, mais l'on restera sceptique quant au choix de l'acteur principal.

Tom Cruise... Ah, il semblerait qu'il ait injecté quelques fonds dans le film, aussi cela se comprend-il mieux. Mais enfin, qui croit à cette histoire avec Top Gun et Mission Impossible devant les yeux ? Reconnaissons-lui cette scène probablement d'anthologie, où sortant d'un bureau, le manchot va devoir claquer des bottes, lever le moignon et crier : « Heil Hitler ! » Une véritable perle, mais pour le reste.

Le manchot a plus d'une carte dans sa manche

Passablement ennuyeux, plutôt long, ce qui n'est pas sans effet sur le rythme, on appréciera cependant la reconstitution efficace, tout autant que l'on regrettera qu'un Goebbels ou un Himmler ne fasse que figures d'arrière-plan et que Hitler soit un peu neurasthénique... Maintenant, une interprétation farfelue nous est venue : si la cause du colonel est la bonne, mais qu'elle finit avec une exécution sommaire en martyr, ne peut-on pas envisager que ce soit une belle allégorie visant à promouvoir la scientologie ?

Si, observons mieux : Tom Cruise, n°2 de cette secte, incarnant le personnage dont on sait que l'histoire lui donnera raison - et même fera un film sur son action - mais qui est, durant sa vie, contraint de se cacher, d'agir dans l'ombre... Finalement, des années plus tard, on se dira qu'il était dans le juste... autant que la scientologie l'est déjà, mais avoir raison trop tôt, c'est avoir tort...

Si farfelu que ça ? Bon et accessoirement, Walkyrie, vous pouvez vous en passer... Sortie dans les salles le 28 février.

Cette bande dessinée premières lectures est somptueuse visuellement (ces couleurs, cette lumière !!...) et fera aussi fondre les cœurs les plus endurcis. C’est absolument adorable, source de nombreux bienfaits ainsi que captivante, avec plusieurs niveaux de compréhension.

À lire avec votre enfant peut être un bien joli moment tout en pouvant ouvrir des discussions (le thème principal de ce premier volume est la peur), nourrir des réflexions pour bien grandir et se construire… mais en temps qu’adulte le charme saura agir le temps d’une douce régression, tant l’imagerie est belle.

C’est un tome 1 certes, mais néanmoins une histoire complète !

L’info en plus : officiellement en rupture éditeur actuellement, elle sera réimprimée ces jours-ci et est toujours disponible à BDFugue Café Annecy puisque Loïc Clément et Anne Montel seront au Salon de la BD du Lac d’Annecy : SevrierBD, le week-end des 29 et 30 avril !

À noter que le festival s’ouvrira par deux concerts dessinés le jeudi 27 avril sous le pinceau d’Anne Montel, cela se passera au Château d’Annecy et c’est gratuit ! Il sera toutefois nécessaire de réserver vos places sur le site du conservatoire d’Annecy crr.annecy.fr.

Prison de Molène, un hélicoptère militaire décolle. À son bord, Seth, un criminel  extrêmement dangereux, solidement ligoté dans une coquille, surveillé par le policier Luther et son équipe. Cette mission, ordonnée par le gouvernement français, a pour objectif de l'évacuer de l'île pénitentiaire où sévit une violente tempête. Quand le tableau de bord explose et que le pilote perd le contrôle des commandes, le monde pénitentiaire perd celui de Seth…

Dans la mythologie égyptienne, le dieu Seth est le grain empoisonné qui enraye l'harmonie du monde. Il est jaloux, colérique et manipulateur. Il est le dieu du Chaos. Dans , le personnage est de la même (et pire) espèce : caractériel, haineux, assoiffé de sang et de mort. Ambitieux et maléfique, il n'a qu'un but : la destruction du monde. Luther, le seul policier qui avait réussi à le mettre sous les verrous, se remet à le pourchasser malgré les multiples travestissements derrière lesquels se cache ce redoutable caméléon. Les choses se compliquent quand un autre assassin se met à tuer en son nom. Pour Seth qui enrage contre cette usurpation. Mais aussi pour la police qui ne sait plus qui poursuivre… Voilà, en quelques mots, pour le Tome 1.

Le Tome 2, Le don des larmes, qui vient à peine de paraître, reprend le récit haletant de la poursuite de l'insaisissable Seth qui, cette fois, prend les traits humains d'un père qui ne renonce pourtant pas à faire sauter le monde … Mais de qui ce monstre peut-il bien être le père…

La première scène happe le lecteur: un avion explose pour ne laisser qu'un seul véritable survivant. Ce survivant, c'est nous. Alors, attention, sachez que la lecture de ce roman n'est pas anodine ! Le livre n'est plus entre vos mains, mais il est toujours dans votre tête… Nous nous sommes surpris à nous poser les mêmes questions que les personnages du roman quant à la mystérieuse personnalité de Seth, sans jamais pour autant réussir à le cerner… Le pari de Hervé Jubert est relevé : attraper le lecteur dans les filets d'un monde imaginaire, mouvementé et fascinant. Déconseillé à celles et ceux qui veulent garder les pieds sur terre.

Quand découvre qu'il est un Médicus, comme l'était son père, c'est le début d'une incroyable aventure. Initié par l'énergique Mrs Whiters, il apprend qu'il peut voyager à l'intérieur de n'importe quel corps vivant pour le soigner, et explorer les cinq incroyables univers dont nous sommes composés. Hélas, il n'a que peu de temps pour s'exercer à l'Intrusion Corporelle : le chef des Pathologus, les doubles maléfiques des Médicus, vient de s'échapper d'une prison sibérienne. Ce redoutable Prince Noir réunit ses troupes pour semer le mal et régner sur le Monde. Oscar va devoir affronter ces terribles magiciens, alors qu'il est à peine initié.

On pense forcément à Il était une fois la Vie ou au film l'Aventure Intérieure, tant la découverte de l'intérieur du corps humain est drôle et intéressante, mais à Harry Potter aussi, pour le côté jeune sorcier un peu perdu, qui doit combattre le Prince Noir.

Les aventures sont menées tambour battant, même si j'avoue une préférence pour tout ce qui se passe dans le mystérieux manoir de Cumides Circle, plutôt que dans le corps humain. Le jeune Oscar est très sympathique : c'est une tête brûlée, réfractaire à l'autorité, et qui se débat avec ses angoisses. Les personnages secondaires sont attachants (mention spéciale pour la sœur complètement à l'ouest) et les trouvailles savoureuses : j'adore Zizou, l'arbre donneur de coups de tête ou les fourmis qui veulent jouer au base-ball !

La révélation des Médicus est le premier tome d'une série de cinq.

Jun se fait juger dès qu'elle sort pour ses vêtements et son maquillage osés, mais en fait elle n'a aucune expérience romantique. Dès qu'elle voit un garçon, elle se met à fantasmer, à le voir lui sauter dessus et lui faire vivre mille délices...

Mais dans la réalité, elle fixe le vide sans rien dire. Un jour, elle se rend compte que le beau mec qu'elle a croisé à la supérette est son voisin ! Pourra-t-elle dépasser les fantasmes qui l'assaillent et lui parler ?

Une lecture plaisante qui glisse toute seule! Un manga pour rire autant de pour se laisser emporter par les fantasmes de l'héroïne...

Ce premier tome, c'est quasiment une page de Jun se ridiculisant pour une page de fantasmes, un équilibre très appréciable.

Après la série Netflix, c’est grâce au manga que je replonge dans Tokyo Ghoul, de Sui Ishida.

On sort de l’esprit manichéen qui domine parfois dans le fantastique, et l’on plonge dans les aventures de Ken Kaneki, transformé malgré lui ... 

Pour avoir mérité qu’Albert Camus lui consacre un ouvrage, Caligula, bref empereur romain, et troisième depuis qu’Auguste instaura ce nouveau régime, incarna une cruauté et un despotisme tout particulier. Et sa haine pour le Sénat lui attire, de la part de plus fidèles serviteurs de Rome, une critique acerbe.

Caius Maximus Claudius, centurion aux faits d’armes connus de tous, compte parmi les détracteurs. Mais Caligula a le pouvoir, et pour faire taire l’opposant, lui confisque son existence : famille, citoyenneté, possessions… Caius se retrouve réduit à l’état d’esclave. Mais cette déchéance n’est pas assez : pour l’empereur, une ultime épreuve s’impose.

Lors des festivités des Némorales — trois journées de célébrations en l’honneur de Diane, devenues l’Assomption dans la religion catholique — un esclave peut retrouver la liberté. À condition d’échapper à une chasse à l’homme des plus meurtrières.

Un monde antique au despote devenu fou et assoiffé de mort… quelques petits dérapages dans les textes, qui auraient mérité une attention pour éviter de malencontreuses répétitions, mais un concentré de testostérone et de rage de vivre. Hautement recommandable.

Troisième volet autobiographique de Florence Dupré La Tour, après Cruelle puis Pucelle. Découvrir la gémellité vue de l’intérieur de la tête d’une authentique jumelle, dans ses souvenirs d’enfance, sans concession.

Un témoignage d’une sincérité désarmante, parfois acide, grinçant, et qui n’oublie pas de nous emporter en lecture avec beaucoup de plaisir ! Entre fascination, empathie, découverte, ce nouveau diptyque à la fois complète les précédents titres déjà parus tout en ayant une lecture parfaitement autonome. 

Le dessin très expressif vient accompagner l’ensemble, à la fois rendant les passages dramatiques plus abordables mais aussi permettant de réussir régulièrement à sourire ! Encore une réussite.

Le résumé de l’éditeur : « Florence Dupré la Tour raconte la grande histoire d'amour de son enfance : celle qu'elle a vécu avec sa jumelle. Avec son lot de bonheur pur, de souffrance, et de questions relatives à toute relation passionnelle. Comment trouver sa place dans un couple ? dans la société ? Quelle est notre part de féminin/masculin ? Après "Cruelle "et "Pucelle" (tomes 1 et 2), Florence Dupré la Tour continue d'explorer sans concession son enfance dont voici le troisième opus, en deux parties. »

Par Vincent de BDFugue.