Grande voyageuse, fine connaisseuse des ficelles du monde du théâtre et auteure de plus 40 ouvrages (livres et albums), n'est plus. Grâce à son oeil aguerri sur les cultures étrangères, elle avait publié de nombreux textes, souvent engagés, sur ces cultures que l'on ne connaît que trop peu. Elle est décédée ce jeudi 21 avril.
Née en 1932 à Cernauti, en Roumanie, Béatrice Tanaka (Adler de son vrai nom) quitte le pays de son enfance en 1944, alors que sa famille fuit l'occupation allemande. Le temps de l'enfance et l'adolescence est celui de l'exil pour Béatrice Tanaka : elle vit en Palestine jusqu'en 1947, puis déménage au Brésil de 1947 à 1951, pays dans lequel elle reviendra à plusieurs reprises. Par ses études, Béatrice Tanaka navigue entre le dessin, les langues, la pédagogie et le théâtre. Elle intègre l'Université du théâtre des Nations puis étudie la scénographie à l'Atelier des Décorateurs Maquettistes. Enfin, elle s'intéresse à l'art graphique et suit des cours à l'école Paul Colin. Elle se spécialise dans cette voie à partir de 1955, date à partir de laquelle elle devient maquettiste de décors et de costumes de théâtre.
Elle commence à écrire des articles en 1961. Progressivement, elle se laisse aller au conte et à la nouvelle et s'y adonne avec passion. C'est décidé : sa cible sera la jeunesse. Dès 1969, elle met en place des expositions d'arts et jouets populaires, des dessins d'enfants. Son goût pour la jeunesse se combine avec une autre passion : celle des cultures étrangères. Par les nombreux voyages qui lui ont permis de parcourir le globe, elle acquiert une solide connaissance de ces cultures, notamment celle du Viet Nam. Elle écrit son premier livre : Le Trésor de l'Homme : contes et images, édité chez La Farandole en 1971.
Maquettiste pour le théâtre, Béatrice Tanaka était aussi traductrice. Elle a traduit de nombreux contes et légendes provenant du Brésil, de l'Afrique et de l'Extrême-Orient. Dans les années 1980, elle encourage la création de la collection « Raconte », aux éditions Syros Jeunesse. La collection sépare équitablement les contes traditionnels des contes modernes, écrits en français ou en langue étrangère. La collection disparaît en 1988. Elle a également participé à différentes revues comme Jeunes années ou Gullivore (France), Puffin Post (Grande-Bretagne) ou encore Cricket (États-Unis).
L'auteure/illustratrice était une passionnée et une militante pour les minorités. Elle se définissait comme une « passeuse de contes ». En 1975, elle avait créé en compagnie de plusieurs autres auteurs, la Charte des auteurs et illustrateurs. Auteure assez peu prolixe, Béatrice Tanaka a publié chez plusieurs éditeurs jeunesse, dont l'École des loisirs, Syros, Kaleidoscope, et Albin Michel. Depuis quelques années, elle publiait principalement aux éditions Kanjil. Récemment, elle avait publié en 2015, Contes afro-brésiliens : au pays du Saci.
Joséphine Leroy