Annie Abitbol

J'avais parlé ici il y a quelques semaines de La Place d'Annie Ernaux. Autre autrice qui se raconte, autre récit d'un deuil, L'année de la pensée magique de Joan Didion.

L'écriture pour tenter de comprendre, d'analyser ses réactions, d'expliquer peut-être un comportement face à la perte de son époux, John Gregory Dunne, auteur également. Vieux réflexe de journaliste que Didion mobilise ici comme une protection, sans doute.

Quelque chose à quoi se raccrocher... Malgré l'aspect personnel évident, je me suis investi sans retenue dans la lecture. Le texte est paru chez Grasset dans une traduction de Pierre Demarty.

Cette année la maison d'édition Point va fêter ses 40 ans. Et d'ores et déjà, on nous annonce un printemps à l'actualité dense pour fêter dignement cet anniversaire.

Tout d'abord un petit retour sur les publications précédentes s'impose. Et pour faire un point sur les livres essentiels de son catalogue l'éditeur proposera 4 guides thématiques recensant chacun 40 livres. On pourra donc se fier aux guides Pensez lisez (40 livres pour rester intelligent), Bon pour le moral (40 livres pour se faire du bien), Le guide du polar (40 livres pour se faire peur) et The guide (Les 40 livres de chevet des stars).

Point va aussi lancer un théma Nouveau western avec 6 romans, va relancer les Grands discours avec ceux de Malraux, Mandela, Aung San Suu Kyi, Ytsak Rabin et Yasser Arafat. Pour 2010, la Comédie Française va jouer Desproges. À cette occasion, Point proposera de (re)découvrir le texte du spectacle avec Le doute m'habite. Un autre auteur sera aussi à l'honneur, il s'agit de Edgar Hilsenrath dont les oeuvres seront éditées en poche.

Enfin, on pourra aussi découvrir une toute nouvelle collection « mots pour mots » dirigée par les frères Poivre d'Arvor qui mettra en exergue des textes se répondant, qu'ils soient philosophiques, scientifiques, qu'il s'agisse de plaidoiries, de joutes dialectiques ou de correspondance amoureuse. un communiqué précise : « Mots pour mots se propose de mettre côte à côte ces textes, parce que la vérité est souvent dans la confrontation ».

Cette année les Schtroumpfs, adorables petits lutins bleus créés par peyo, fêteront leur cinquantième anniversaire. À cette occasion et tout au long de l’année vous aurez le droit de schtroumpfer à toutes les sauces avec un nouvel album, un projet de film, un projet de série, des expositions et un euro tour. Schtroumpfs alors !

Les Schtroumpfs ont cinquante ans mais leur langage existait bien avant leur première apparition dans le journal de Spirou, en tant que personnages secondaires dans une bande dessinée nommée Johan et Pirlouit, le 23 octobre 1958. En effet leur papa, Pierre Culliford (de son vrai nom), schtroumpfait déjà avec Franquin. Tout a commencé lors d’un dîner entre les deux hommes, Peyo qui ne devait pas trouver le plat assez salé à son goût demanda à Franquin de lui passer la salière, sauf que le mot ne lui revenait pas. Alors abandonnant tout espoir de le retrouver, il lui demanda de lui passer le « schtroumpf » et Franquin de lui répondre « Voilà, je te le schtroumpfe ! ». Ah si Gargamel avait su ça, il aurait certainement trouvé l’ironie de la chose assez salée. Revenons plutôt à la première apparition de nos lutins préférés. L’épisode de Johan et Pirlouit où ils apparurent se nommait à la base la flûte à six trous mais fût renommé bien vite en la flûte à six schtroumpfs devant le succès de ces petits personnages. Enfin ils eurent droit à leur propre série à partir de 1959.

En collaboration avec l’UNICEF, la famille de Peyo qui détient les droits, organise un euro tour. Eh oui ! Les Schtroumpfs vont enfin quitter leur forêt pour visiter notre belle Europe. Du 20 janvier (c'est-à-dire aujourd’hui) jusqu’au 23 octobre (la date anniversaire) ils visiteront 20 villes européennes, se glissant la nuit dans vos jardins. En effet un de ces matins il se peut que vous trouviez une petite figurine de Schtroumpfs toute blanche devant votre porte. Charge à vous par la suite de lui donner vie et de la peindre. Mais si vous n’en trouvez pas, rassurez-vous vous pourrez en acheter une. Le lendemain de « l’invasion » se tiendra dans chacune des villes visitées une exposition en plein air nommée « 50 ans des Schtroumpfs ». Enfin une statuette géante, dix fois plus grande que les autres, sera décorée par une célébrité ambassadrice de l’UNICEF et sera vendue aux enchères le jour de la date anniversaire des Schtroumpfs. Tous les fonds récoltés lors de cette opération seront reversés à l’UNICEF.

Et ce n’est pas tout un film en 3D pour le cinéma est en projet avec la Paramount, ainsi qu’une série télé de 26 épisodes sur le même format. Et vous devriez avoir une grande surprise ! Allé, je ne vous le cache pas ce n’est plus un secret, il devrait y avoir plus de Schtroumpfettes. Le journal de Spirou ne restera pas non plus les bras croisés puisqu’il publiera un numéro spécial Schtroumpfs. Une exposition se déroulera au Centre Belge de la Bande Dessinée (CBBD) du 10 juin au 16 novembre avec pour nom « L’union fait la Schtroumpf » dont l’approche sera « c’est dans leur fragilité individuelle que les Schtroumpfs trouvent leur force ».

Enfin le 26ème album des Schtroumpfs, tiré à 200.000 exemplaires (en français uniquement pour l’instant) est sorti le 18 janvier, dessiné par Pascal Garray, avec Thierry Culliford (le fils de Peyo) et Alain Jost pour coscénaristes, sous le titre évocateur de « Les Schtroumpfs et le livre qui dit tout », aux éditions Le Lombard. Une nouvelle aventure de nos petits lutins bleus préférés très attendue et dont nous ne manquerons pas de faire la critique la semaine prochaine.

La première page à peine tournée, voici qu’une brise d’une folle élégance me décoiffe. L’originalité et la fraîcheur tonique de devrait réconcilier râleurs et boudeuses avec ces fichues histoires d’amour, qui comme chacun sait, finissent mal en général.

Anne Weber nous raconte à la première personne le retentissant fiasco de sa relation avec celui qu’elle nomme « le chevalier ». Pour mieux prendre du recul et se moquer de sa naïveté, elle emprunte en effet le vocabulaire typique des contes de fées, allant jusqu’à se flanquer d’un double autobiographique aux allures de Clochette, tout en ancrant son récit dans un cadre contemporain.

Les étapes obligées s’enchaînent, de la rencontre fortuite au premier rendez-vous puis vient la déclaration d’amour et enfin les projets, qui sont à la relation amoureuse ce que Charybde est à Scylla : l’écueil contre lequel se heurte la force de nos convictions.

Le miroir se fissure et les alouettes s’échappent à mesure que les rebuffades, reculades et désertions du chevalier déroutent la princesse. Là où le bât blesse ? LA question, celle qui a le pouvoir de transformer le couple en syncrétisme : l’enfantement d’un héritier. Le chevalier et la princesse décident de s’engager dans une course contre la montre. L’horloge biologique de la princesse tourne, il n’y a pas de temps à perdre pour fonder cette famille de rêve.

Las, les dernières secondes avant minuit résonnent dans le vide et sonnent le glas de la fécondation in vitro. Le chevalier a tourné casaque, ses flèches encore dans le carquois.

Sa dernière lâcheté en travers de la gorge, la princesse se met en quête de la vérité et démasque sous ces habits de chevalier un crapaud couvert de pustules purulentes. Telles les Érinyes, elle se transforme alors en vengeresse acharnée pour dénoncer à la face du monde l’odieuse duperie du chevalier.

Cette mise en forme légère et comique donne un éclat éblouissant au récit qui de surcroît étincelle par la simplicité et la justesse de la description des états d’âme de cette femme, à la précision clinique.

Retrouvez Tous mes vœux de Anne Weber, en librairie

Après avoir déjà beaucoup écrit, Anne-Marie Garat (né en 1946 à Bordeaux) s’est lancée dans la peinture d’une fresque sur le XX° siècle. Publiant Dans la main du diable (Actes Sud, 2006) qui se déroule avant la première guerre mondiale, elle poursuit son œuvre en 2008 avec L’Enfant des ténèbres (Actes Sud) où les personnages sont pris dans la montée des totalitarismes en Europe.

Passionnée de cinéma qu’elle enseigne à l'université de Paris I, Anne-Marie Garat s’est fait connaître en 1992 avec la publication d’Aden (Prix Femina). Depuis, sa plume n’a cessé de courir sur le papier. Bibliobs est allé à la rencontre de cette personne attachante. Découvrez cette rencontre sur le site littéraire du Nouvel Obs.