Random House avait refusé de publier le roman Sherry Jones sur l'épouse de Mahomet, redoutant des montées de violence, alors que l'éditeur l'avait acheté 100.000 $. Une universitaire avait alors prévenu du risque que présentait un tel roman, et malgré les protestations de Salman Rushdie, rien n'y fait.
C'est alors que l'éditeur danois Trykkefrihedsselskabets Library (Bibliothèque de la libre expression) s'est mis en négociations avec l'agent de Jones pour la publication de 'The Jewel of Medina'. L'éditrice Helle Merete suppose que son achat pour 100.000 $ attestent de la qualité du livre et qu'elle « ne pratiquera aucune censure ». Alléchant...
« Je pense que si vous êtes musulman, bouddhiste, chrétien, hindoue ou athée, vous devez être en mesure de supporter les insultes. Il est impensable de dire 'Je suis musulman, alors je suis au-dessus des critiques.' On peut librement se moquer du Christ, ou de toute autre religion. »
Selon elle, le Danemark, depuis l'affaire des caricatures a pris largement conscience de son rôle en tant que bastion de la liberté d'expression. Les négociations devraient s'achever vendredi.
Huit ONG serbes hausse le ton
En parallèle, on se souvient que la Serbie, qui bénéficiait en avant-première de la traduction du livre, avait fait retirer des librairies le roman, en ce qu'il était insultant à l'égard des musulmans. Réaction de huit ONG serbes : « Nous demandons à ce que le livre soit de nouveau accessible aux lecteurs, de façon à ce qu'ils puissent juger par eux-mêmes de sa valeur », rapporte l'AFP.
Dans un communiqué commun, elles tiennent à rappeler qu'aucune religion ne peut s'arroger le droit d'imposer la censure ni d'effrayer les écrivains, éditeurs ou lecteurs avec la menace de châtiments divins. Ou de fatwa, accessoirement, et plus concrètement. L'éditeur avait en effet pour la diffusion de 1000 exemplaires du livre ; le mufti avait alors lancé un appel au calme, non sans avoir auparavant considéré que le livre désacralisé tout ce qui était important aux yeux des musulmans.