« Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, a salué l’esprit d’ouverture et de responsabilité des industries musicales », peu après l'annonce faite hier par le président de Warner que de supprimer les verrous numériques qui peuplaient son catalogue de musique, pour les plateformes de la Fnac et de VirginMedia.
On ne s'étonnera pas de ce mouvement d'humeur joyeuse, puisque justement, c'est en prévision de la loi Création et Internet, que les DRM ont été supprimés. Une loi qui envisage déjà de couper la ligne internet plutôt que de coller une amende, au fraudeur pris en plein téléchargement.
Or la ministre s'esbaudit : « C’est donc une très large part de l’offre numérique de musique qui sera disponible sans verrous pour les internautes français, avant même le vote définitif de la loi « Création et Internet », prévu au premier trimestre à l’Assemblée nationale. »
Merci de me simplifier le boulot
Et de féliciter « la filière musicale pour ce geste en direction des consommateurs, très significatif puisqu’il anticipe de plus d’un an la mise en œuvre des engagements souscrits par les maisons de disques à l’occasion de l’accord de l’Élysée du 23 novembre 2007 ». C'est donc avec un an d'avance que Warner s'engage, main dans la main avec le ministère dans la direction de matin et lendemains qui chantent et fleurent bon la sanction.
Pour les ebooks, les DRM sont réglementaires ?
Mais si Mme Albanel salue « la détermination à offrir aux internautes une offre légale attractive de musique et de films, qui soit une véritable alternative au piratage », elle semble passer sous silence la présence de DRM sur l'offre pour le moment moribonde de livres électroniques, dont quelques rares éditeurs présentent des titres qui se comptent sur deux ou trois paires de mains. Alors que l'on retrouve même dans ces propos les paroles avancées par Bruno Patino dans son rapport sur le livre numérique.
La mémoire dans la poche, et la poche close
Mais c'est également oublier un peu hâtivement de la part de la ministre que la loi DADVSI, de 2006 avait pour fer de lance et piliers ces fameuses mesures de protection numérique. On se souvient qu'à l'époque, c'est M. Donnedieu de Vabres qui soutenait efficacement cette politique de verrouillage.
Pourtant, en septembre 2007, cette même ministre avait relancé le débat sur leur efficacité, alors que Denis Olivennes, alors président de la Fnac, se voyait confier par Nicolas Sarkozy une commission chargée d'étudier la possibilité d'une offre de téléchargement légal.