Alix senator Tome 3 : La conjuration des rapaces

À retrouver en librairie Le Petit Pape de Boucq, de retour chez Fluide Glacial après plus de dix ans d'absence (il fallait bien dessiner l'incroyable Bouncer).

Des gags en quelques planches prenant pour héros un pape minuscule, bête à manger du foin d'hostie, mais plein de bonne volonté. C'est idiot, souvent absurde, politiquement impardonnable, et très peu catholique.

Mais quel dessin ! Boucq, comme Daniel Goossens, soigne au moins autant ses décors et les tronches de ses personnages que ses gags. L'album vaut le détour, rien que pour le plaisir évident que Boucq prend à dessiner le souverain pontife et sa clique, dans les décors disproportionnés du Vatican.

C'est avec un grand plaisir et beaucoup d'impatience que nous avons ouvert le troisième tome de Detroit Metal City de Kiminori Wakasugi. Encore une fois, ce titre nous fait rentrer dans l'univers complètement déjanté du death metal. C'est toujours aussi drôle, toujours aussi efficace, un vrai bijou.

Negishi a reçu une lettre de Jack Ill Dark l'ancien empereur du Death Metal que Negishi... pardon Krauser avait ridiculisé lors de son passage au Japon pour sa tournée « World destruction tour ». Negishi apprend que Jack a arrété le death metal pour devenir jazzman. Avant de quitter le Japon, il avait désigné Krauser comme son successeur et lui avait donné sa guitare. Dans cette lettre Jack demande à Krauser de s'occuper de sa fille en visite au Japon.

Negishi se voit contraint d'enfiler son costume de Krauser en pleine journée et de se balader ainsi en plein centre-ville. La fille de Jack, Kenny Ill Dark n'est pas seulement venue visiter le Japon et elle profite d'être en compagnie de Krauser pour le tester. Les quiproquos et situations angoissantes s'enchaînent pour Negishi mais il parvient à convaincre Kenny qu'il mérite bien la guitare que lui a donnée Jack. Le problème c'est que Kenny était aussi venue pour recruter des groupes pour un grand battle. Negishi fait ce qu'il peut pour ne pas signer le contrat mais évidemment un concours de circonstances fait croire à Kenny qu'il a bien signé. Le voilà maintenant obligé de participer avec DMC au Satanic Emperor, le plus trash des festivals de death metal...

Krauser prend le pouvoir

Que dire de Detroit Metal City ou DMC pour les intimes... c'est du bonheur, les planches sont truffées de comique de situation et d'humour à prendre au second degré. C'est original, c'est bien construit, et c'est aussi un bon défouloir. Qui n'a jamais rêvé de se grimer tels les Kiss, de se balader comme ça dans la rue et de dire toutes les obscénités qui lui passent par la tête... Personne ? Ah bon...

Plus sérieusement, ce troisième tome est une belle réussite. L'auteur arrive à conserver sur la durée la folie de son personnage principal, et l'humour décapant qui font le charme de cette série. Plus que ça Kiminori Wakasugi s'amuse même a accentuer par très légères touches la schizophrénie latente de Negishi. Et on sent bien que petit à petit Krauser prend de plus en plus d'importance en lui. On pourrait presque dire qu'il est en train de prendre le pouvoir, pour notre plus grand plaisir. En fait, on a l'impression que même s'il ne sent rend pas encore compte Negishi apprécie le monde du Death Metal et son personnage de Krauser.

Jagi et Camus font leurs shows

Cette légère orientation du personnage principal, laisse envisager des épisodes délectables. Les personnages secondaires sont aussi à l'honneur dans ce troisième tome. On verra un Nishida (alias Camus le batteur des DMC) tour à tour têtu, colérique et charmeur (enfin à sa manière) mais qui ne se départira pas de son côté apathique et mystérieux. Il aura notamment son heure de gloire durant un battle mémorable. Wada (Jagi le guitariste de DMC) ne sera pas non plus oublié avec une confrontation avec des fans et un superbe numéro de torche enflammée.

On ne vous en dévoilera pas plus pour vous laisser le plaisir d'être surpris par ce très beau tome de Detroit Metal City. Bon vraiment le seul problème, c'est que ça se lit vite et que l'on en redemande tout de suite. Il faudra attendre encore un peu pour le tome 4 en essayant de ne pas se mettre du maquillage partout sur le visage et de ne pas tout casser dans sa maison. Bon en même temps le tome 4 devrait sortir demain.

Detroit Metal City tome 3 de Kiminori Wakasugi est édité par 12 Bis. Vous pourrez vous procurer ses 224 pages de folie, d'humour et de bonheur pour 6,50 €.

Ce troisième tome du Sabre de Shibito de Missile Kakurai (pour les dessins) et de Hideyuki Kikuchi (pour le scénario) est une belle et grande surprise. Si le premier tome nous avait laissés curieux mais un peu perplexes, et le deuxième tome intrigués mais en attente, le tome 3 lui nous a conquis.

Shibito a découvert l'entrée d'une grotte poussé certainement par une sorte de souvenir vaporeux. Les compagnons de route de ce dernier vont pouvoir s'y reposer un peu. Un décide pourtant de le suivre à l'intérieur de la grotte. Il s'agit de Kinzô l'apothicaire toujours à la recherche d'un peu d'or. Il n'y trouvera pas ce qu'il escomptait et manque de faire écraser par un mystérieux samouraï de deux mètres de haut.

En fait, de samouraï il s'agit plutôt d'un automate. Et ce que recèle la grotte est encore plus troublant. On y trouve entre autres des armes de guerre d'une autre époque. De notre époque. Kinzô ne voit pas bien comment cela peut fonctionner et quel est l'intérêt de ces armes qui ont l'air trop massives pour être efficaces sur un champ de bataille. Shibito, lui ne dit rien mais semble en savoir plus...

Le tome que l'on attendait

Voilà enfin, le tome que l'on attendait ! Celui qui lance l'histoire et nous accroche définitivement aux pages du manga. Si les précédents tomes manquaient d'un héros fort et charismatique du fait du réveil un peu long de Shibito, ce troisième tome nous sert l'imminence du réveil complet de celui-ci. L'histoire commence à se développer de manière intéressante et de nouveaux éléments sont mis en place. Le tome 3 relance très agréablement ce titre qui aurait encore pu basculer dans une lecture insipide.

Petite précision ce tome se compose de deux parties. La première est la continuation de l'histoire des deux tomes précédents, et la deuxième est une préquelle. Cette deuxième partie qui coupe l'histoire principale nous laisse sur un double suspens intenable et ne pas attaquer le tome 4 dans la foulée serait bien difficile.

Une préquelle qui arrive à point nommé

Cela dit le moment était idéalement choisi pour glisser la préquelle, et on comprend enfin quel type d'homme était Shibito, et on entrevoit le destin qui lui est réservé. Beaucoup de questions y trouvent leur réponse comme la raison de l'éclair de lucidité qui a frappé Shibito lorsqu'il a affronté la princesse du clan Kaguragi ou encore la spécificité de son sabre. Un point qui a son importance quand même puisque le manga s'intitule Le sabre de Shibito.

Au niveau des dessins on appréciera le charac-design et particulièrement les expressions du visage très réalistes et finement esquissées. Certains arrières-plan et décors sont plutôt bien fouillés avec des détails bien nets. Le tout reste dessiné dans un style assez clair et si les trames sont un peu plus utilisées le mangaka nous gratifie quand même à l'occasion de quelques-uns de ses très bons crayonnés. Les combats enfin sont toujours aussi clairs et dynamiques.

Le Sabre de Shibito tome 3 est donc la révélation que l'on attendait. Le personnage principal prend corps et l'on attend un bel héros, de nouveaux éléments de l'intrigue se mettent en place, et un petit coup d'oeil astucieux vers le passé nous permet de saisir un peu mieux les événements qui vont avoir lieu. Le dessin comme toujours est de bonne qualité.

Le Sabre de Shibito tome 3 de Missile Kakurai (au dessin) et de Hideyuki Kikuchi (au scénario) est édité par 12 Bis. Et vous pourrez dévorer ses 192 pages pour 6,50 €.

C’est l’histoire de Satan, d’un vampire, d’un enfant ogre, d’un homme qui a peur d’être seul avec lui-même, d’un chat noir qui se prend pour l’ombre d’un blanc… bref ce sont des histoires qui se frottent au surnaturel et nous entraînent à la dérive, loi de toute rationalisation.

Difficile de vous affirmer que l’on a une réelle chair de poule en fermant le livre, mais La dimension fantastique tome 4, c’est avant tout une recueil de onze nouvelles, pour s’effrayer gentiment, au contact d’auteurs que l’on fréquentait jadis.

Le tout résumé dans une critique d’Outre-Tombe, qui sent le soufre, le sang et la sorcellerie.

Mario ? Mario ? MarrAaaaaaaaargh !

- BAM -

Victor - Tiens, Nico est entré dans le bureau de Mario.
Clem'- Tu dis ça pour le cri ou le bruit de chute lourde que l'on vient d'entendre ?
Victor -  Parce que j'ai vu Mario filer, y'a une dizaine de secondes... Il paraît qu'il a investi dans une nouvelle bibliothèque. Il a dégotté ce truc chez un libraire anglais. Bookman, ça s'appelle.
Clem'- Charmant. C'est grand comme un homme et large
comme deux, ça... 1m70 sur 80 cm... Et les trois sont frères ? Mario aime pas séparer les familles ?

Victor -  Nan, c'est juste que les types lui ont fait un prix s'il les prenait tous les trois...
Clem'-  Ah ouais.
Victor - De 1200 euros pièce, il a obtenu 1100 euros chaque, frais compris.
Clem'- Presque une affaire, quoi.
Victor - Si on veut... Mario a laissé un mot pour Nicolas disant que comme on était quatre, il allait chercher le dernier Bookman.
Clem'- Ben on pourra faire des concours de belote dans ce cas.

Le premier tome de Bokurano de Mohiro Kitoh nous avait franchement étonnés pour ne pas dire destabilisés. Le deuxième tome avait confirmé nos impressions, nous tenions dans les mains un drame psychologique avec des mecchas. Le troisième tome reste sur la même optique apportant au passage des éléments nouveaux et creusant les rapports entre certains personnages.

Le fait de se savoir condamné a plongé Isao Kako dans une profonde dépression. Il n'ose plus sortir de chez lui, et tremble à l'idée d'être appelé par Truckifouette pour aller se battre. D'ailleurs c'est à ce moment que Truckifouette fait son apparition pour lui annoncer qu'il va bientôt devoir prendre les commandes de Zearth. Kako refuse mais Truckifouette ne lui laisse pas le choix.

Avant de partir, il lui révèle aussi que Yosuke et Chizuru sont en très bon terme. Et qu'il devrait faire ce qu'il rêve de faire avant de mourir, histoire de ne rien regretter. Kako, dont les capacités de jugement ne sont plus ce qu'elles étaient, décide de se rendre chez Chizuru. Il compte coucher avec elle de grès ou de force, mais la petite Chizuru n'est pas la jeune fille fragile que l'on imagine.

Peur et vengeance

Si le tome 2 de Bokurano était consacré à la dignité. Le tome 3 lui est centré sur la peur et la vengeance jusqu'à la folie aveugle. Des personnages qui paraissent stables succombent tout à coup à des ressentiments. Avec une mort annoncée en toile de fond les enfants ne parviennent pas vraiment à dominer leurs pulsions. Kako est obsédé par sa peur de la mort qui le paralyse d'un côté et lui fait envisager de faire des actes répréhensibles envers des personnes qu'il apprécie.

Quant à Chizuru, elle sombre dans un besoin de vengeance viscéral qui va l'aveugler et lui faire détruire une partie de la ville au mépris des innocents qui se trouveront sur son passage. Innocents abusés dont elle a elle-même fait partie un jour, et c'est d'ailleurs le moteur de sa soif de vengeance. Vous l'aurez compris ce troisième tome de Bokurano est tout aussi dur que les précédents. Mohiro Kitoh n'épargne personne et n'hésite pas à rentrer dans des sujets très sensibles. La prostitution était évoquée dans le tome précédent, dans ce tome on aborde la pédophilie.

De lourdes pertes humaines

En dehors, des drames personnels des personnages principaux, il y a aussi le drame des pertes humaines lors des combats de Zearth. Très peu traité jusque-là, il prend dans ce tome une place plus importante avec notamment l'intervention de l'armée. En effet, les enfants sont identifiés comme étant les pilotes du robot. Et l'armée compte bien faire en sorte que le nombre de morts lors des combats n'aille plus crescendo. Le problème c'est que les armes humaines sont inefficaces contre les envahisseurs et que seuls les enfants sont habilités à piloter Zearth. L'avenir est entre les mains d'enfants parfois instables, ce qui ne devrait manquer de créer des tensions.

Encore une fois Mohiro Kitoh nous régale avec un troisième tome entre troubles émotionnels et psychologiques sous fond de mort pour les personnages et risque de grand cataclysme pour l'humanité avec déjà de nombreux morts. Nous rappelons que c'est un manga dur et qu'il s'adresse à un public averti.

Bokurano, notre enjeu tome 3 de Mohiro Kitoh est édité par Asuka. Et vous serez happés par ces 224 pages pour 7,95 €. Le tome 4 devrait sortir le 12 décembre.

Après une terrible et ravageuse épidémie de peste animale, les humains se sont vus dans l'obligation de ceinturer la Terre d'un gigantesque mur. Au sud, des terres désolées et des animaux féroces, au nord, les Hommes qui survivent dans des villes surpeuplés où les pauvres vivent dans la fange et les riches en hauteur, dans des quartiers protégés. C'est dans une de ces villes que Ellie, 12 ans a disparu il y a 1 an. Tout le monde la croit morte, seul Mika, son jumeau garde espoir. Quand on lui propose à l'école de participer à un nouveau jeu vidéo et qu'on l'oblige à boire des "boissons vitaminés", le jeune garçon sent que sa quête pour retrouver sa sœur va commencer et que les étranges pouvoirs qu'il semble développer devrait l'y aider. Mais la vérité se trouve de l'autre côté du mur ...

Voilà un excellent roman d'anticipation que nous offre les Editions Pocket jeunesse. Dans la droite lignée des classiques du genre mais avec une modernité étonnante, est une très bonne surprise. Parfaitement ancré dans le réel, ce roman aborde par le biais de la science-fiction des thèmes qui résonneront dans l'esprit des lecteurs tels que la répartition des richesses, la malbouffe, la protection de l'environnement entre autres. Par ailleurs, en positionnant une partie de son récit dans un univers où les loisirs vidéo ludiques ont une importance capitale, sait capter l'air du temps et s'en servir pour enrichir la fiction. Les personnages principaux sont très attachants et c'est un vrai plaisir de les suivre dans ces aventures au suspense savamment élaboré.

Amateurs de science fiction mais aussi profanes du genre, n'hésitez plus et plongez-vous dans ce premier tome captivant et très prometteur pour la suite!

Les éditions Dupuis ont eu l'excellente idée de réunir en album les histoires courtes dessinées par Benoît Feroumont autour de sa série Le Royaume. Certains scénarios sont de lui, d'autres sont signés par Maïa Mazaurette ou Clara Cuadrado, les histoires tiennent parfois en une seule planche, d'autres nous embarquent pour quelques pages.

Je l'avoue volontiers, quand un bouquin me plaît, j'ai du mal à le quitter, je finis par lire tous les détails de l'ours, jusqu'à l'ISBN et le lieu d'impression. Un jour, je lirai carrément le code barre. Du coup, c'est un plaisir de retrouver Anne et son moyen-âge aux couleurs chaudes, les gros oiseaux bavards et tous les abrutis du Royaume, que j'ai adoré découvrir au fil des premiers albums.

Ces histoires-ci sont plus légères, moins ambitieuses peut-être, les jeunes lecteurs vont les adorer et les adultes, comme moi, ne pourront pas s'empêcher de les conserver à côté des 6 autres titres de la série (et du volume intégral étonnant, dont la chronologie est expliquée dans ce septième album, qui est en réalité le huitième, une fois qu'on a tout compris, mais qu'on peut lire quand on veut...)

Le Royaume reste une des séries tout public les plus drôles et légères de la décennie écoulée. Si vous ne la connaissez pas encore, foncez découvrir Anne, la pâtissière médiévale la plus rebelle de l'univers.

Et je le dis et le répète, le dessin de Benoît Feroumont est canon : aussi familier et arrondi que le moyen-âge de Johan et Pirlouit, mais avec une expressivité et une nervosité qui rendent irrésistible son héroïne culottée.

Dis Mario, c'est quoi ce sac de nourriture pour chiens dans ton bureau ?
Mario : Ah, c'est rien, c'est parce que ma tante a un ongle incarné.
Victor : ...
Mario : Et donc je m'occupe de son toutou.
Victor : ... (re)
Mario : Mais pour pas le traumatiser, je lui aménage un espace sain et qui lui rappellera chez ma tante.

Clément : Tu m'arrêtes si je me trompe, mais tu ne comptes pas recréer une pizzeria dans la rédaction, hein ?
Mario : Non, c'est pas cette tante-là. C'est l'autre, celle qui travaille à la SPA.
Victor : Mes pilules ! Mes pilules ! Mon COEUR !!!!

Cécile : On va avoir un chien ?
Mario : Oui, mais on pourra pas le garder. Il restera avec nous un ou deux...
Victor : JOURS ?
Mario : ...mois, le temps que ma tante sorte de l'hôpital pour son ongle incarné.
Victor : Aaaaaaaaaaah

Nicolas : On peut pas avoir un peu moins de bruit !
Cécile : Nico, on va avoir un chien ! Pour un ou deux mois.
Mario : Comme elle l'a acheté récemment, je sais pas trop comment il va réagir. Parfois, au sortir de la SPA, ils sont un peu agressifs...
Clément : Ouais, ben sors-le de sa cage, parce que j'ai comme l'impression qu'il a besoin de se dépenser un peu.
Victor : Naaaaaaaaaaaaan ! La moquette.
Cécile : Tiens, c'est amusant, il se frotte sur ma nouvelle bibliothèque... Il est en train de jouer avec... Il est en train de monter dessus... Il est en train de...
Clément : Oui, c'est donc un mâle...
Cécile : Mais... il va tout salir mes livres !
Nicolas : Si j'étais toi, je m'inquiéterais moins des livres que pour le reste du mobilier. Dis, il a quel âge ?
Mario : Celui de l'insouciance ?
Clément : Et de la puberté, avec option je grimpe tout ce qui est à ma portée ?
Mario : En tout cas, c'est une chance que je ne t'aie pas acheté une version chat de la bibliothèque.
Nicolas : Pourquoi ? Ils se seraient chamaillés ?
Mario : Non, je ne pense pas. Mais il aurait peut-être mordu.

Clément : Ouais. Sûrement. Bon, en attendant, c'est toi qui nettoies ? Parce que sur les huit livres que ton clébard vient de tenter de féconder, y'a deux manuscrits que je devais présenter la semaine prochaine à des éditeurs.
Mario : Ben... On peut dire que le chien les a abîmés...
Nicolas : Ou alors que c'était un premier jet ?

T'as vu ce reportage sur le World Trade Center, hier soir ?
Nicolas - Ouais.
Clément - C'est flippant tout de même, non ?
Nicolas - Ouais.
Clément - Je veux dire, ça pourrait donner des idées à des gens super pas stables dans leur tête.
Nicolas - Ouais.
Clément - Et qui voudrait reproduire ces attentats, pour assouvir une pulsion destructrice terrible...
Nicolas - Euh... Ouais...
Clément - Parce qu'on est tout de même entouré de fous à lier et de personnes pas super recommandables, sans même que l'on s'en rende compte.... Sans parler de ceux que l'on ne soupçonnerait même pas d'avoir des idées semblables dans la tête, mais qui pourraient AVOIR ENVIE DE FAIRE PAREIL !
Nicolas - Attends, tu essayes de me signifier quelque chose, là, hein ? J'ai toujours été super psychologue pour démasquer ce genre de choses...
Clément - Ouais... psychologue... Mais t'avais pas tes lunettes, ça doit être pour ça...
Victor - Non mais c'est pas possible de bosser dans tel chantier !
Nicolas - Victor, il t'arrive quoi ?
Victor - L'autre grand malade qui jette des bouquins sur sa nouvelle bibliothèque en forme de building, en hurlant qu'il refait l'attaque du World Ptolomeo Center, sur fond de moteur d'avion... J'en peux plus, je me casse !
Nicolas - Avions ? Buildings ? Bouquins ? Grand Malade ? OÙ EST MARIO ?
Clément - Ben tu vois, j'ai essayé de te prévenir, en douceur... Mais t'es long à décoller, hein.
Mario - Je suis King Kong, je vais gravir l'Empire State Building avec mon otage, que je dévorerai sans scrupules...

"Boum"

Mario - Ah, Clém... Nico est émotif ? Il tombe toujours dans les pommes.
Clément - Et attends de lui annoncer les 1.256 € qu'a coûté ton mini building, je pense qu'il grimpera au plafond...

CLÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉMENT !
Clément : Tu es obligé de crier ?
Mario : Euh... non ?
Clément : alors pourquoi cries-tu ?
Mario : Je crie toujours quand je suis ému. Et là, l'émotion m'étreint.
Clément : M'en fiche. Dégage, je veux rien savoir...

Mario : Oh, tu es bougon, aujourd'hui, je sens que tu as besoin de te détendre. Tiens, c'est le bras de Cécile dans le tiroir de ton bureau ?
Clément : Hein ? Mais, non, c'est un tube de carton...
Mario : Hmmm, ça me paraît tout de même louche qu'il sorte de cette manière.
Clément : C'est simplement parce qu'il est trop grand, Mario. Et toi, en revanche, tu l'es juste pas assez pour mener une enquête. Ou alors, si, pour découvrir qui a fini le café sans en racheter... Suivez mon regard.
Mario : Ben, tout le monde sait que c'est moi... Ça n'a rien de merveilleux...

Clément : La journée va encore être longue, tiens ! Alors que me vaut ta présence gênante pour le boulot et incommodante par le bruit ?
Mario : Hier soir, Nicolas m'a emmené voir un film. Il devait aller à la Comédie française, mais finalement, il a préféré y envoyer sa copine toute seule.
Clément : Passionnant... C'est gentil d'être passé, mais j'ai encore quelques articles à finir...
Mario : Nan, mais je t'ai pas tout raconté du film... blablablablabla blablablablabla blablablablabla

(près de 45 minutes de détails plus tard)

Mario : Blablablablablabla... et c'est là que j'ai vu la trace.
Cécile : Je crois qu'il dort, là, Mario.
Mario : Ben faut le réveiller, je vais reprendre du début... Surtout que c'est vraiment après les 01 premières minutes du film que tout commence. Et là, y'en a super trop à raconter.
Clément : Hé, Ah ! NON ! J'ai... euh j'ai tout suivi...
Mario : Je le savais que quand il ferme les yeux, c'est pour se concentrer... C'est comme Victor. Sauf que lui, il ronfle en plus...
Cécile : Et donc, la marque ?Mario : C'est ce qui m'a fait penser à la bibliothèque de Yanko...
Clément : Hein ? Le meurtrier était caché dans la bibliothèque ?
Mario : Euh... je sais pas. Je sais plus qui a tué qui. En fait, je sais plus s'il y avait un mort. Mais dans tous les cas, je me suis souvenu qu'autour des corps morts, on faisait des dessins... Alors j'ai fait pareil pour ma nouvelle bibliothèque.
Cécile : Ouais, surtout que Victor vient juste de faire refaire la peinture.
Clément : C'est pas grave, de toute façon Mario a jamais su dessiner.
Mario : Oui, mais ce sont pas des dessins de cadavres, ce sont des consignes d'utilisation.
Cécile : Ah, oui... Un peu comme une notice ?
Mario : Non, plutôt comme les manuels avec des dessins dans les trucs qu'on peut acheter...
Cécile : Ouais, parfois c'est pas facile, quand même...

Une musique aux accents vaguement rugissants retentit dans les locaux (cliquer sur le lien pour se mettre dans l'ambiance)...

Vas-y Clément, essaye de faire rentrer le tome 8 de l'Universalis en hauteur !
Cécile : Moi je verrai plutôt le Pleïade de Proust en perpendiculaire du Larousse 2008...
Nicolas : Ou alors tu peux toujours mettre les librio 2 € en bloc pour faire un carré ici...
Clément : Nan, vous n'y connaissez rien... Regardez, le Quid 2006 placé entre le Robert encyclopédique et le Gaffiot, ça débloquera ensuite le Harrap's et Collins...

Mario : Oui, mais dans ce cas, tu vas te retrouver bloqué avec l'intégrale de Balzac...
Clément : En même temps, si tu n'avais pas fait couler le tube de colle dessus, on ne serait pas obligé de gérer les 17 tomes en un seul...
Mario : Beuh...

Cécile : Après on peut tenter de faire rentrer l'Harlequin à côté du Sade, non ?
Nicolas : Ouais. Ce sera du meilleur goût. Et ensuite tu vas coller les 120 journées de Sodome et Gomorrhe par-dessus la Bible au prix du café ?
Clément : Bon, faut reconnaître que c'est pas évident cela dit...
Cécile : Non, on est dans l'impasse, là.

Mario : Non, je suis sûr qu'on peut faire une ligne de plus... dépêche-toi, sinon le Gaffiot va tomber sur le aaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Trop tard, t'as un gros trou, là ! C'est foutu maintenant.
Nicolas : Ouaip, c'est mort.

Victor : Dans ce cas, on peut peut-être se remettre au travail ? C'est pas que cette bibliothèque Tétris soit particulièrement inutile, mais je trouve qu'elle diminue sacrément le rendement...

Mario : On a le temps pour une dernière partie, quand même...
Clément : Ouaip. Je renverse tout. Nico, relance la musique et on recommence... Faut bien reconnaître, Mario, que de toutes celles que tu nous as ramenées, elle est plutôt sympa, celle-ci...
Mario : Oui, et puis à 1.500$ les 10 blocs, finalement, c'est pas si cher..

Cécile : Ben Victor, tu t'étouffes ?
Nicolas : Non, là tu vois, c'est la nostalgie du jeu vidéo qui le prend. Le côté rouge, c'est son communisme latent...

Tatsu l'immortel, le coriace yakuza, s'est converti... En homme en foyer. Et il prend sa tâche avec autant de sérieux que s'il risquait de se faire couler dans du béton pour désobéissance !

Dans son petit tablier rose et avec son regard de tueur, Tatsu continue ses frasques pour notre plus grand plaisir. On ne se laisse pas du contraste entre le dramatique des paroles et la banalité des actions. On rit encore comme au premier tome !

Que ce soit au camping comme à l'anniversaire du boss rival, Tatsu aura toujours des astuces de professionnel à vous proposer. Le dessin de Kousuke Oono est toujours aussi soigné - un vrai régal pour les yeux.

Le tome 3 de Lorsque nous vivions ensemble vient clôturer magistralement cette saga orchestrée par le grand maître Kazuo Kamimura. Après nous avoir dépeint l'insouciance de l'amour qui unit Kyôko et Jirô dans le tome 1, nous avoir entraînés dans le côté sombre de celui-ci et avoir déchaîné la tempête de la passion dans le tome 2, le mangaka nous réserve encore de belles et fortes émotions avec ce dernier opus.

Jirô et Kyôko vivent de nouveau ensemble. La passion qui avait conduit à l'explosion de folie du tome 2 semble s'être calmée. Le couple va-t-il prendre en maturité ? À ce stade, il ne reste plus que deux options à Jirô et Kyôko, un engagement ferme et définitif ou la rupture. Mais pour l'heure Kyôko a encore besoin de se remettre de son passage en clinique psychiatrique. Les saisons passent, elle reprend des forces, et le couple tente de panser les cicatrices qu'il s'est infligées.

Une conclusion éblouissante

Que dire de ce troisième tome si ce n'est qu'il apporte une conclusion à la hauteur de la série, c'est à dire tout simplement éblouissante ? Encore une fois, on appréciera l'habileté avec laquelle « le génie de l'ère Shôwa » conduit son scénario, la force des dialogues, la profondeur des thématiques et cette ambiance qu'il sait installer dès les premières pages. Une ambiance légèrement différente sur chacun des tomes, comme un dégradé de couleur avec une trame identique qui les parcourt tous en filigrane. Dans ce dernier opus, plus calme, on sent que l'heure de la maturité est arrivée mais on sent aussi que l'incompréhension est toujours là. Pire que cela, le manque de communication. Tout cela est installé par fines touches qui amènent vers un dénouement d'une grande beauté.

Les poèmes de Kamimura apparaissent peu voire quasiment pas. Si sur les deux précédents tomes, le mangaka avait habitué ses lecteurs à se laisser bercer par un poème leitmotiv, ici ils se sentiront déstabilisés. Il manquera quelque chose, un sentiment tout à fait en accord avec la tonalité de l'histoire. Le poème leitmotiv reviendra deux fois à la fin de l'ouvrage, et les deux fois il sera lu avec toute la force que l'auteur a su y insuffler dans les tomes précédents, le tout rehaussé par le sens qui lui sera donné dans ce dernier volume. On trouvera aussi çà et là telles de petites pépites d'or d'autres petits poèmes de Kamimura.

Au niveau du dessin, « le créateur d'estampes de Shôwa » est au sommet de son art. Certaines planches sont de véritables oeuvres d'art se suffisant à elles-mêmes, portant toute la signification de la situation ou transcendant l'histoire. Dans les vignettes, chaque objet, chaque chose est à sa juste place.

Une véritable oeuvre d'art

Le charac-design est plus splendide que jamais. Avec un dessin pourtant assez minimaliste, le mangaka arrive à donner de la profondeur aux sentiments de ses personnages. Il peut en quelques traits leur faire exprimer des sentiments ambigus, contradictoires, ou terriblement forts. En fait, son dessin est à lui seul un langage de première importance. Il lui permet de montrer la vérité du coeur derrière des mots mensonges, ou encore la force d'un sentiment quand un personnage n'arrive pas ou ne veut pas parler. Tout simplement grandiose.

On donnera aussi une mention particulière aux couvertures des trois tomes. Chacune d'elles représente à merveille, la tonalité du tome qu'elle représente. Un très beau travail de la part de Kana même si la couverture du tome 3 en dit peut-être un peu trop sur l'histoire... On saluera aussi le passage la belle exposition Kamimura montée par Kana au Salon du livre.

Le tome 3 de Lorsque nous vivions ensemble de Kazuo Kamimura apporte une conclusion à la mesure de ce que l'on pouvait attendre de cette merveilleuse oeuvre. Autant au niveau du scénario, des dialogues, des poèmes que du dessin, on touche au grand art. À la fin de la lecture de ce tome, on peut envisager l'histoire dans son ensemble et voir toute la force et la cohérence de celle-ci. Et on peut le dire sans détourner les yeux Lorsque nous vivions ensemble de Kazuo Kamimura est une véritable oeuvre d'art d'une force et d'une beauté bouleversante.