Guardian reprend l'ensemble des arguments qui prouvent que les détaillants vont souffrir l'an prochain dans le royaume. Le chiffre annoncé est la perte de 40.000 emplois dans le secteur.
En Angleterre, les cas de faillites d'enseignes et de magasins en centres villes sont légion. Il suffit de se promener dans un centre de grande ville pour se rendre compte au nombre volets fermés et de stores baissés que les détaillants subissent de plein fouet une crise qui ressemble fort à une fin de cycle.
La crise économique qui frappe le royaume depuis 2008 est l'une des principales causes de ces fermetures en cascade, notamment par la baisse des recettes qu'elle a engendrée, mais elle n'est pas la seule. L'augmentation des loyers dans les villes est un mal du pays depuis les années 2000.
Et pourtant, la crise des détaillants anglais ne se limite pas aux dernières années. Selon le journaliste du Guardian, cela fait près d'une génération que la situation des magasins de centres-villes périclite. Après avoir subi la concurrence des magasins en périphérie, où le loyer est moindre, puis l'offensive des boutiques en ligne, la crise économique actuelle semble sonner le glas du commerce « de ville ».
Mais, et c'est le surprenant résultat d'une étude de Mary Portas, les détaillants indépendants s'en sortent bien mieux que les franchises nationales. Une telle situation ferait pâlir en France, imaginez Gibert Jeune en péril face aux libraires de quartier. Impensable.
Les petits commerces se sont adaptés quand les plus gros disparaissent. On se croirait à la fin du Crétacé, quand tous ces gros dinosaures de plusieurs tonnes se sont retrouvés sans ressources et que seuls les petits rongeurs ont pu survivre.
Rien de tel qu'un peu de contact
Et les librairies anglaises sont l'exemple type de cette survie. Elles se maintiennent grâce à des particularités spécifiques aux commerces de quartier. Simplicité, convivialité, contact humain. Bref, les ingrédients de la survie de ces petits commerces sont les mêmes partout.
Il en résulte donc l'apparition de deux marchés complètement paradoxaux. D'un côté les énormes magasins, disponibles en ligne, comme Virgin, Amazon et de l'autre les plus petites boutiques indépendantes.
La réussite des premiers s'explique en premier lieu par leur puissance. Marketing, disponibilité, stocks. Et la survie des deuxièmes par leur « honnêteté », dixit le journaliste.
Il ne reste plus que ces deux approches radicales. Pour des raisons complètement différentes. Et ce qui est au milieu, et qui avant était un compromis idéal, devient aujourd'hui parfaitement obsolète.
Une réalité anglaise peut-elle devenir française ? Pour l'instant non, mais sait-on jamais.