Elle avait été poursuivie pour avoir « insulte à l'identité turque » dans son livre (Le père et la bâtarde, plus intéressant que son titre français La Bâtarde d'Istanbul, Éditions Phébus), mais on lui rend tout de même ce qui lui est dû en la sélectionnant pour le Prix Orange.
Une nomination méritée, au regard du parcours
Ce prix qui actuellement défraie la chronique en ce qu'il serait sexiste et dévalorisant pour les femmes, compte en effet Elif Shafak dans la liste des lauréates potentielles.
Cette dernière a dû répondre des charges qui pensaient contre elle, et particulièrement d'extraits de son livre et de ses personnages. Pour resituer le contexte, elle évoque, dans les dernières et ultimes années de l'Empie ottoman des morceaux d'histoire durs à admettre.
Massacre des Arméniens
Cette période sombre, située entre avril 1915 et juillet 1916 a connu le massacre et la déportation qui ont conduit à la mort des deux tiers de la population arménienne vivant sur le territoire de l'actuelle Turquie. Si « génocide » vient immédiatement à l'esprit, il aurait par ailleurs été orchestré par les autorités locales, depuis Constantinople, alors nom de la capitale.
Alors que le Tribunal d'Istanbul l'a finalement acquittée en octobre dernier, Elif Shafak avait déclaré avoir « œuvré au rapprochement des peuples arménien et turc ».
Sa présence dans la liste du Prix Orange, montre combien la décision du Tribunal fut sage.