Une étude de la société Plein Sens pilotée par la Drees (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, ministère des Affaires sociales) sur « les modes d’organisations des crèches collectives et les métiers de la petite enfance » met à jour quelques dysfonctionnements.
Un communiqué précise qu'« elle s’appuie sur une enquête qualitative menée auprès de quinze structures d’accueil et des services responsables de la petite enfance [c'est-à-dire des crèches] dans les [7] municipalités où elles sont situées ». Cette étude est le fruit d'entretiens avec le personnel et d'observations sur le terrain.
Elle établit qu'il y a trois fonctions distinctes dans ces établissements : la directrice, l'intervenante auprès des enfants (assistant petite enfance, agent de crèche, auxiliaire de puériculture) et enfin l'éducatrice de jeunes enfants.
Selon l'étude « les intervenantes auprès des enfants constituent le coeur du métier », elles apportent notamment un rythme dans la journée qui est identique tous les jours ce qui rassure l'enfant et l'aide à devenir autonome. Elles évoluent généralement librement dans leur travail. Une autonomie qui est essentielle.
Le poste d'éducatrice de jeunes enfants pose plus de problèmes. En effet, l'étude indique que les éducatrices se trouvent dans « un entre-deux professionnel inconfortable ». Elles sont censées « proposer des activités d’éveil, de concevoir les espaces de jeux et de mettre en question les pratiques professionnelles » cela « avec une approche psychopédagogique [...] axée sur les aspects médicaux sanitaires ». C'est donc un travail très différent des intervenantes.
Educatrice frustrée cherche réconfort
Pourtant, l'éducatrice se retrouve souvent à faire le travail d'une intervenante et pourrait s'en sentir frustrée. En étant dans l'action, son travail d'observation en pâtit forcément et avec « l’analyse censée nourrir la dynamique éducative dont elle a la charge ». Son intégration aux équipes de soins et sa fonction d'encadrement « ne semblent en réalité pas tenables» conclue l'étude.
Hormi, pour les auxiliaire de puériculture les possibilités d'évolution vers un poste de direction sont faibles. Et l'étude met aussi en avant que « Le métier est nerveusement dur et les relations professionnelles peuvent parfois se tendre » pour autant il n'y a pas de « souffrance au travail ». Et cela est évité grâce à une intervention hiérarchique faible, aux gestes ritualisés, et à une « forte solidarité de corps ».
Une mission éducative, oui, mais...
Enfin, il est indiqué que « Le discours (ainsi que les projets pédagogiques écrits) de la plupart des professionnelles de la petite enfance et singulièrement celui des éducatrices de jeunes enfants mettent en avant la mission éducative des crèches ainsi que la part importante du développement des activités pour l’épanouissement et le développement de l’autonomie des enfants.
Les observations réalisées conduisent toutefois à relever un écart entre le discours et les pratiques ». Ainsi, les activités éducatives ne sont pas des activités encadrées mais plutôt « une variable d’ajustement de la journée type » si le personnel est en nombre suffisant.
On pourra télécharger cette étude ici.