Dans un mouvement similaire à celui impulsé en France, l’Italie cherche à réduire le nombre de ses provinces. Ces organismes gouvernementaux locaux composent l’ensemble du territoire d’une région. Or, depuis un vote du 30 juillet 2015, ces autorités locales seraient progressivement fusionnées, remplacées par des métropoles. Au détriment de certains acteurs publics.
Bruno Cordioli, CC BY 2.0
Si la Sicile fut la première des 20 régions du pays à abolir les provinces, ce mouvement ne se fera pas sans crise, alerte l’Associazione Italiana Biblioteche (AIB). Les bibliothécaires du pays assurent que la perspective de ces regroupements aura un impact fort sur les bibliothèques et leurs services. Par conséquent, sur les usagers.
À Milan se déroulaient ce 17 et 18 mars une série de conférences, Les bibliothécaires à l’époque de Google, avec notamment l’intervention de Sari Feldman, présidente de l’American Library Association. Et en trame de fond de ces rencontres, la réforme institutionnelle appliquée en Italie était sur toutes les bouches.
De fait, fusionner des provinces revient à tenter de faire des économies sur les effectifs et les personnels dans les établissements de prêt. Or, cette perspective ne laisse personne de marbre : dans de nombreuses bibliothèques publiques, on découvre que le champ d’application n’a pas, ou peu, été préparé. Moralité, en découle une désorganisation dangereuse pour les personnels et les usagers.
« Avec la disparition des provinces, c’est un soutien fondamental à l’ensemble du réseau de bibliothèques, bien développé dans le nord et le centre, ainsi qu’en Sardaigne et dans différentes régions du sud, qui est mis en danger. Les bibliothécaires, véritable moteur des bibliothèques, pourraient être littéralement expulsés », explique l’AIB.
Plus de 400 personnes actuellement en service dans les établissements seraient invitées à profiter d’une mobilité nouvelle. Ce qui implique de quitter leur actuel lieu de travail, pour être rattachées à d’autres établissements, ailleurs dans la région. Et ce, sans prendre nécessairement en compte leur qualification professionnelle. Car il s’agirait de l’unique manière de sauvegarder leur emploi. (via Libreriamo)
Des licenciements seront donc mis en place, si les mutations ne sont pas acceptées.
Une situation dont le Sénat en France s’était fait l’écho, quand la question du regroupement des régions avait été débattue.
«Enfin, comme en France, ce sont les finances qui constituent le nerf de la guerre de la réforme régionale. Les régions italiennes se sont vu transférer le produit d’impôts d’État perçus sur leur territoire, et accorder la possibilité de créer des impôts nouveaux.
Malgré tout, leurs recettes ne semblent pas croître au rythme de leurs charges. Dans ce domaine, le point de vue des régions les plus riches n’est pas celui des régions les plus pauvres. L’écart Nord Sud ne s’est pas résorbé en Italie, et plusieurs de nos interlocuteurs ont souligné la nécessité de concilier le fédéralisme et le principe de solidarité », indiquaient les sénateurs.
On n’a pas nécessairement tout découvert encore dans ce que le rassemblement des régions occasionnerait.
Matteo Renzi, Premier ministre italien et chef du gouvernement, avait largement poussé cette réforme, a été saisi par Enrica Manenti, présidente de l’AIB, le 13 octobre 2015. Elle interpellait le Premier ministre pour dénoncer la situation à venir, et « la profonde inquiétude, et la consternation » des bibliothécaires. « La contraction drastique des ressources économiques et professionnelles a conduit une grande partie de notre pays à une réduction et une détérioration de la qualité des services », ajoutait la présidente.
« Il semble que vous ne réalisiez pas que votre réseau de bibliothèques provinciales est une infrastructure culturelle, d’information, essentielle pour le tissu social de notre pays. Cette infrastructure doit continuer de fonctionner et devrait même se développer pour apporter un niveau d’accès à l’information, à la culture et à la connaissance, le tout à un stade suffisant pour un développement communautaire durable et l’épanouissement de l’individu. »