Cela faisait 45 ans qu'il oeuvrait, bon gré mal gré, et comme cela arrive pour les personnes âgées, le Quid est tombé malade. Malade de l'Internet - Honte à lui - notamment à cause de l'édition en ligne consultable gratuitement depuis 1997 ? Malade de Wikipédia, cette source d'informations constante dont les étudiants netophiles sont friands ?
Voilà qui semble tragique à quelques encablures de la fête où le gros barbu gorgé de Coca-Cola s'apprête à convoler vers les chaumières endormies... Car aux questions les plus insensées ou les moins courantes du moins, le Quid apportait une réponse. Sa mission, il l'avait acceptée, comme l'on reçoit le fardeau d'un sacerdoce : fournir 2200 pages et plus de 2 millions d'informations pour moins de 30 euros, dans sa version 2007, évidemment.
Qui orchestre donc cette mise à mort, et à qui profiter le crime ? Eh bien Robert Laffont. Sur le site quid.fr pas assez de visiteurs, en version papier il est trop lourd, trop peu manipulable. La messe est dite. Mais le contrant entre les éditions et les auteurs, la famille Frémy a également vu son achèvement.
Pourtant Farbrice, le fils gémit : « Leur décision nous a plongés dans la plus totale stupéfaction» Dans cette affaire, c'est en effet 90 % du chiffre d'affaires qui prend la fuite. Et Yves Garnier, directeur du département dictionnaires et encyclopédies de Larousse de blâmer Wikipédia : « L'information n'y est ni fiable, ni cohérente, ni hiérarchisée, mais il y a un auteur au pied de chaque article, et aucun éditeur n'est aujourd'hui capable d'investir assez pour rivaliser avec Wikipedia. »
Seule dans sa chute ?
Pas franchement puisqu'aux dernières nouvelles, Universalis, qui rame pour vendre 3000 de ses ouvrages, contre 20 000 durant les glorieuses, est aussi sur la sellette. De nouvelles formes de diffusion sont à rechercher, comme la consultation gratuite de l'encyclopédie Larousse pour les acheteurs du dictionnaire en version 2008. Ou faut-il se tourner vers l'Universalits junior, pour les 7-12 ans, dont les 10 volumes se braderont 552 € ?
L'édition est en crise. Wikipédia pourra-t-elle assumer le rôle de super media libre et fiable, quand elle est modifiable à loisir et quasi incontrôlable